Réalité numéro 106 du mercredi 29 septembre 2004 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 106 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
LE POMPIER PYROMANE DJIBOUTIEN : UNE COMÉDIE DE L’ONU
Pour l’homme pragmatique, le cas concret qui crève les yeux vaut mieux que toutes les démonstrations et toutes les théories à prétention intellectuelle. Comme quoi les grandes vues de l’esprit se confirment ou se démentent dans les faits les plus brutalement réels. Ainsi, une instance aussi prestigieuse et solennelle que celle d’une session de l’assemblée générale des Nations Unies peut parfois offrir un raccourci saisissant de toutes les difficultés qu’il y a à instaurer un ordre international stable, régi par la primauté du Droit. Tous ceux, prompts à dénoncer l’impérialisme dans le fait que les États-Unis d’Amérique s’érigent en gendarme du monde, au grand dam de cette instance de concertation multilatérale qu’est l’ONU, devraient modérer leur vertu bien-pensante en considérant dans toute sa dangereuse indécence la dernière représentation du chef de l’État djiboutien sur cette scène.
La bienséance diplomatique, la distance médiatique et l’opacité géostratégique autorisant toutes les prestations démagogiques, le premier responsable des malheurs du Peuple Djiboutien s’y est fendu d’un discours dont la grandiloquence le dispute à l’irréalité. La première scène de sa péroraison consistait à asséner que tout allait pour le mieux chez lui : grâce à sa conduite éclairée, Djibouti serait, conformément à une légende aussi tenace que fausse, un havre de paix pour l’ensemble des âmes qui y vivent et y cohabitent. Dans la deuxième scène, celui qui a réduit l’action politique à la dimension d’un spectacle tout à sa gloire, a sorti sa sempiternelle tirade selon laquelle tous les efforts du régime qu’il dirige seraient tendus vers la consolidation des conditions d’un développement durable, au plus grand bénéfice de ses concitoyens. Troisième acte : ayant pratiquement tout réussi chez lui (Paix, Démocratie et Développement), il s’attellerait courageusement à pacifier ses voisins. D’où, cerise sur le gâteau en guise d’épilogue, il se promeut bras droit de Koffi Annan le temps de cette représentation, afin que la communauté internationale lui reconnaisse la stature de grand de ce monde digne, du prix Nobel de la paix.
Il y a quelque chose de pourri en ce royaume, comme disait l’autre. Même si l’ONU est un peu plus qu’un « machin », son assemblée générale n’est ni un confessionnal où l’on expie ses pêchés, ni un tribunal où l’on condamne les crimes. Pourtant, dès les deux premières scènes, l’honorable Dame aurait gagné en crédibilité et en sérieux à lui rappeler, que, pour s’obstiner à refuser d’appliquer un accord de paix, il reconduit de façon irresponsable les causes d’un conflit civil : Monsieur, vous êtes pyromane chez vous! Et ce n’est certainement pas en détruisant le socle fondamental de la coexistence sociale que l’on peut prétendre oeuvrer à l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens. Surtout lorsque corruption et concussion sont les deux mamelles d’une mauvaise gouvernance entrée dans les mœurs publiques. Tout naturellement, aurait dû s’inquiéter l’oreille attentive amie des peuples opprimés, celui qui met le feu chez lui est disqualifié pour oser dire éteindre celui de son voisin.
Tel est donc le dilemme des Nations Unies : établir un ordre international pacifique entre les États tout en tolérant les désordres nationaux au sein de chaque État, en permettant à des dirigeants illégitimes, coupables de toutes les violations chez eux, de se poser en donneurs de leçons et de disserter sur le sort de la planète. Dans ces conditions, comment la superpuissance américaine peut-elle s’autoriser à laisser une telle bouffonnerie internationale décider de sa riposte contre les agressions qui la blessent dans sa chair ? Elle est tout aussi persuadée que sa sécurité ne sera certainement pas renforcée par le soutien aux régimes impopulaires.
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Brèves nationales
Affaire Borrel : Neuf ans après…
Le mystère de cette ténébreuse affaire, qui empoisonne les relations franco-djiboutienne, s’éclaircit-il enfin ? Selon des informations diffusées par Radio France International, le juge français en charge du dossier Borrel aurait convoqué pour la semaine prochaine à Versailles (région parisienne) le Procureur de la République et l’avocat français, résidant à Djibouti, du Chef de l’Etat djiboutien. On se souvient que ces deux personnalités, maintenant accusées de subornation de témoin, s’étaient rendues il y a quelques mois à Paris, où elles avaient participé à une tapageuse conférence de presse pour soutenir mordicus la thèse du suicide du juge Borrel, retrouvé mort en octobre 1995 dans les environs du Goubet. Les observateurs notent que, pour l’heure, les autorités djiboutiennes naguère promptes à réagir à tout nouveau rebondissement de cette affaire vieille de neuf ans, observent un mutisme complet cette fois-ci. Comme l’avocat français du Président de la République, Le Procureur de la République de Djibouti se rendra-t-il à la convocation du juge français ? Nul ne le sait. Affaire à suivre…
Politique politicienne : Le RPP tiendra-t-il congrès ?
Des sources proches de l’ancien parti unique toujours au pouvoir indiquent que la formation du Chef de l’Etat prépare un congrès extraordinaire pour la première semaine du mois d’octobre afin, dit-on, de discuter de « choses sérieuses ». Preuve que le sérieux a souvent fait défaut à ce club fermé de dignitaires d’un régime insouciant et irresponsable. Pourtant, l’homme de la rue n’a pas manqué de relever qu’une fébrilité inhabituelle s’est emparée de ces usurpateurs depuis quelques semaines. L’incessant défilé des 4×4 rutilantes enregistré aux alentours de leur nouveau siège-mabraz sis, ce n’est pas un hasard, en lieu et place de l’ancien dancing Mocambo depuis quelque temps semble laisser croire que ces messieurs s’agitent pour quelque chose. En tout cas, la population semble mépriser par avance cette énième gesticulation politicienne.
Pénuries nationales : Croissance des délestages électriques
Alors que la presse spécialisée dans la fabrication des illusions d’Etat s’échine à faire croire que la croissance économique devient durable et prometteuse, le citoyen lambda non pourvu d’oeillère constate au contraire une nette et dangereuse dégradation de ses conditions de vie. Ainsi, les quotidiens et fréquents délestages électriques, toujours en vigueur dans la plupart des quartiers de la Capitale, et ce malgré l’éloignement de la saison chaude, en disent mieux que tous les discours sur le délabrement avancé de nos infrastructures publiques sous ce régime prédateur. Tant que notre pays ne sera pas en mesure d’assurer l’approvisionnement durable des usagers en matière d’énergie électrique, toutes les gesticulations cherchant à accréditer le sérieux d’un quelconque progrès ou développement seront impitoyablement démenties par les faits, et les faits restent têtus. N’en déplaise aux fabricants de ténèbres, la réalité crève les yeux, surtout dans l’obscurité… imposée.
Infrastructures routières : Quel développement régional ?
Les usagers de la route Tadjourah-Randa crient à nouveau leur colère. Cette route reliant le chef-lieu à cette station climatique et longue de quelque 35 kilomètres, était une fierté régionale après son bitumage réalisé par les Travaux Publics dans les années 80. Sa lente et nette dégradation à partir de 1994, principalement à cause de la mauvaise gouvernance qui a supprimé ou détourné les crédits d’entretien des routes et des pistes, en a fait une misérable piste cahoteuse, abandonnée aux crues des oueds. Les rares tentatives de réhabilitation partielle ne durent que le temps d’une visite présidentielle éclair. Fatigués de l’esbroufe et du mépris officiels, les transporteurs régionaux de cette voie de communication oubliée en appellent bruyamment et en vain aux pouvoirs publics. Nul doute que leurs voix ne seront entendues que le jour d’une véritable alternance démocratique. D’ici là, il leur reste à tirer les conclusions de ce mépris officiel qu’on leur oppose depuis dix ans. Naturellement placés aux côtés des opprimés méprisés et oubliés, nous accompagnerons tout mouvement de protestation concrète. Agissez !
Gestion des deniers publics : L’opacité distinguée ?
Enième provocation d’un régime ayant érigé le mépris de la chose publique en système de gouvernement, le journal gouvernemental « La Nation » nous apprend dans son édition de jeudi dernier que le Président de l’opaque Chambre de Compte et de Discipline Budgétaire a été décoré par le Premier ministre, eu égard au mérite et à l’efficacité de l’institution qu’il préside. Décidément, le ridicule ne tuera jamais ce régime de tous les abus, osant distinguer une structure opaque dont même les mal-élus avaient tenu à dénoncer le fonctionnement ésotérique. A quand une antenne locale de l’ONG Transparency International chez nous ? Cette vénérable et efficace institution internationale, spécialisée dans la lutte contre la corruption d’Etat, aurait trouvé un filon ici. Comble de l’ironie, il ne se passe pas une semaine sans que l’on apprenne que des sous-fifres accusés de malversations financières ont été brièvement interpellés puis relâchés. Nous osons suggérer de commencer par le haut de la pyramide, les résultats seront sans nul doute probants. A bientôt, l’ouverture de ce chantier pharaonique !
Courrier des lecteurs
A QUAND LA CÉRÉMONIE OFFICIELLE D’INTRONISATION
DU NOUVEAU SULTAN DE GOBAAD ?
Nous avons reçu le texte ci-dessous reproduit il y a plusieurs semaines de cela. Avant de le publier, nous avons sérieusement enquêté sur le sujet, par respect pour les traditions nationales durement malmenées par les dignitaires de ce régime. Voici la réaction d’un des premiers concernés, M. Issé Ali Mohamed.
On se souvient qu’en Mars 2003, une réunion importante inter-debné fut convoquée sous le haut patronage par son excellence le Ministre de la Défense dans son domicile du plateau de Serpent : objectif, préparatif d’intronisation du nouveau Sultan de Gobaad.
Ont pris part à cette réunion :
– Des représentants de tous les services confondus
– Des employés des Établissements publics autonomes et entreprises privés
– Des représentants des différents corps Militaires, gendarmerie, AND et société civile, Associations .
Comme je viens de préciser ci-haut, les discutions qui ont duré presque toute la journée, ont portés sur le préparatif de la prochaine proclamation officielle d’intronisation du nouveau .Sultan en l’occurrence Monsieur Ali Mohamed Loïta dit « Boko » qui prend la succession de. son frère défunt Mr Hassan Boko .
L’ouverture de la séance a été prononcé par son excellence Mr le Ministre de la Défense Mr Ougouré Kiflé qui a longuement mis accent sur la nécessité d’ organiser une collecte de fonds pour couvrir les dépenses éventuelles afférentes lors de cette manifestation importante d’investiture du nouveau Sultan de Gobaad, tels que le déjeuner officiel, achat de Khat et rafraîchissement des autorités venues des différents Districts et localités Administratifs du Pays . Selon toujours son excellence, la modalité et la périodicité de prélèvements sur salaire seront effectuées en fonction de catégorie des contribuables; c’est à dire montant imposé par personne et le nombre de Mois à payer.
Près de 3/4 de recettes récoltées seront consacrés à la construction d’un local F4 qui servira le futur siège du nouveau Sultan. Ce propos a été favorablement accueilli par les participants mais pourvu qu’il soit concrétisé. Ensuite, le conseil devait choisir les responsables chargés de récoltes de fonds parmi les participants. Les travaux de récoltes de fonds ont débutés aussitôt dans la première quinzaine du Mois de Mars 2003. Près d’un Million de nos francs aurait été encaissée dans le filet. Des Mois ont passé, bientôt des années et rien de concret.
Dans leur initiative entreprise à l’insu du nouveau Sultan Mr Ali Boko, qui a succédé conformément au Loi traditionnelle, son frère défunt Hassan Boko décédé en 2002, les instigateurs de ce projet fictif se sont livrés à une collecte de fonds auprès de tous les membres de la communauté Debné sans l’accord préalable des parties concernées, voire les membres de la famille du Sultan. Il est clairement établi aujourd’hui que ce projet de récolte de fonds organisé par le Ministre de la Défense et ses collaborateurs constitue une opération portant atteinte aux prestations et la solidarité coutumière traditionnelle toujours en vigueur au sein de notre communauté.
D’après quelques éléments d’enquête que j’ai pu recueillir sur le terrain’ auprès de certains témoins impliqués dans la collecte, une bonne partie de fonds récoltés aurait déjà été détourné à de fins personnels par le Ministre et ses collaborateurs .
Agissant en qualité du fils et proche collaborateur chargé de protocoles du Sultan, je dénonce vigoureusement cette action qui porte préjudice à la dignité du chef suprême de la communauté Debné.
Mr Issé Ali Mohamed, dit « Boko »
Hommages et témoignages
Message de condoléances de l’Action du Tchad pour l’Unité et le Socialisme
Au nom de notre Parti, l’Action du Tchad pour l’Unité etle Socialisme (ACTUS) et en mon nom personnel, j’adresse nos condoléances à la famille du Président Ahmed Dini Ahmed. Figure emblématique de la lutte pour l’indépendance de Djibouti, de la démocratie et de la justice, le Président Ahmed Dini Ahmed a consacré toute sa vie à la lutte pour ces idéaux. Pendant son exil à Paris, tous les militants africains luttant contre les régimes dictatoriaux imposés aux masses populaires de nos pays respectifs par la France, ont apprécié son militantisme, son humilité, sa modestie, sa détermination et sa rage de débarrasser son pays de la dictature familiale incarnée successivement par les Présidents Hassan Gouled Aptidon et Ismaël Omar Guelleh.
Notre continent ne saurait, indéfiniment, s’accommoder de cette inacceptable et inhumaine situation où les puissances impérialistes « démocratiques » cautionnent, soutiennent financièrement, politiquement et militairement les dictateurs à Djibouti, en RCA, au Tchad, au Togo, en Mauritanie, au Congo-Brazzaville, au Cameroun. Les hold-up électoraux, cautionnés par les puissances impérialistes et la France, sont une assurance tous risques et un permis d’exterminer nos peuples pour ces dictateurs. La disparition sur le champ de bataille du Président Ahmed Dini Ahmed, l’un des fondateurs du FRUD et de l’ARD, est une grande perte pour toute l’opposition de Djibouti. Notre Parti, l’ACTUS, souhaiterait que tous les militants de l’opposition puissent unir leurs efforts afin de continuer le combat exemplaire et ininterrompu du Président Ahmed Dini Ahmed et pour que puissent triompher les nobles idéaux pour lesquels il s’est sacrifié. Avec toute notre solidarité militante.
Le Secrétaire Général, Dr Ley-Ngardigal Djimadoum
AHMED DINI AHMED : UN HOMME PAS COMME LES AUTRES
Par Ahmed Ibrahim (12 septembre 2004).
C’était une journée chaude telle que la connaissent la plupart des Djiboutiens durant la canicule du mois de juillet. La foule se pressait devant une estrade érigée à l’annexe de la LPAI sis à l’avenue Gamal Abdel Nasser. Tout d’un coup, le brouhaha de la foule s’éleva en clameur, dans ce chamboulement total, sont arrivés à mes oreilles de petit gamin, des phrases en rime. La foule répétait de façon lancinante « Waa Dini iyo dinta » : littéralement « Dini c’est l’homme de la religion ». J’essayais tant bien que mal de me faufiler dans la foule afin de percevoir ce « Dini ».
Arrivé devant l’estrade, la vision de cet homme longiligne à la peau très foncée et au verbe magique parlant somali avec aise ne me quittera jamais. Ainsi, je venais, avec la rétrospective, de rencontrer un des plus grands héros de notre pays : feu Ahmed Dini. Cet homme, fils du pays Afar, visionnaire précoce, homme de principe, homme d’honneur, homme de courage, reste le symbole d’une république, et d’un pays que je partage avec lui.
Il est minuit en ce jour du 27 juin : les projecteurs des journalistes n’aveuglent pas cet homme, fraîchement élu Président de la première Assemblée d’une République nommée Djibouti. Il se lève avec des pas qui semblent poser l’historique du moment et se dirige vers le perchoir de l’assemblée nationale. Dans un ton calme qui ne trahit pas la solennité du moment, le premier fils de cette terre que, d’après certains adages, le chacal lui-même ne traverse pas sans avoir fait sa prière auparavant, prononce la phrase pour laquelle tant d’héros sont morts : « … la République de Djibouti, une, indivisible et souveraine est née… ». Ainsi, est sortie la république de la bouche de Ahmed Dini.
Dini, a été trahi par son honnêteté, son intégrité et sa piété. Dans un monde où les intrigues, les trahisons et les volte-face sont de règle, Dini, lui, n’a voulu compromettre aucune de ses qualités, soudé par sa piété. Dini fut doublement victime : les Afars ne lui avaient jamais pardonné d’avoir apporté crédibilité à un Gouled dont ils se méfiaient à juste titre ; les Somalis n’ont pas su reconnaître et exprimer leur gratitude à un homme sans la caution duquel la république de Gouled aurait été livrée à la Comorienne avec un bout de désert grand comme la partie sud du territoire, comme pays et république.
Dini, fidèle à ses principes, n’a pas voulu cautionner la tournure dictatoriale que Gouled a donnée à la nouvelle république. C’est avec mépris qu’il a claqué la porte au sieur de « Beit al Wali » autographeur de décrets à la chaîne. Ainsi, Dini Premier ministre ne pouvait supporter le rôle de figurine à la Barkat Gourad qu’on lui réservait. Ce départ fulgurant fut suivi d’une longue traversée de désert qui l’amènera de l’exil à son passage vers l’au-delà aujourd’hui.
Ahmed, avec Mohamed Ahmed Issa dit Cheiko, fait partie de ces grands hommes Afar à qui notre pays doit ériger des panthéons « … A la Nation reconnaissante, ces illustres héros… ». Au revoir Ahmed, que Dieu te réserve Son Paradis Éternel. A défaut d’une reconnaissance officielle d’une république que tu nous as offerte, sortie droit de ta bouche et fruit de tes sueurs, tu resteras pour nous autres Djiboutiens et enfants de l’Indépendance, un des plus grands de notre histoire, au même titre que Harbi et Gashamaleh.
AHMED DINI, UNE CONSCIENCE NATIONALE
Au delà des nombreuses réactions de compassion suscitées ici et là par la disparition récente de Mr Ahmed Dini Ahmed, il en est surtout une dont la nature mérite beaucoup plus l’attention que toutes les autres car interpellant par simple devoir le bon sens civique. Il s’agit évidement de la réaction officielle étant donné le caractère véritable du destin national conféré au défunt uniquement par notre propre histoire politique. Sachant aujourd’hui ce qu’elle fut, laissons à l’histoire et au peuple d’en juger comme aimait justement le faire cet homme d’exception dont les djiboutiens, à juste titre, ressentirent douloureusement la mort comme un deuil national.
Un homme politique, dit on souvent, est celui qui se trouve déjà là où l’opinion le suivra bien plus tard. Ainsi de Ahmed, parti incompris en décembre 1977, s’en remettant confiant à l’inexorable marche de l ‘Histoire pour attendre patiemment ses compatriotes jusque vers la fin du siècle dernier le rejoindre finalement pour transformer ensemble son dernier essai électoral en janvier… 2003 dans un nouveau millénaire! Car ironie de l’histoire, conférer insidieusement au tout début de l’Indépendance le statut d’ennemi de la République à l’endroit de celui-là même à qui revint pourtant l’honneur et surtout le privilège de la proclamer fut le principal péché originel commis par la jeune république qui venait de naître entre ses mains.
Un péché qu’elle expia hélas douloureusement au prix fort de ses enfants et auquel l’artisan des justes causes, étranger à cette querelle subie parmi ses cailloux chez lui à Obock réussit pourtant à y mettre un terme avec la signature d’ Accords de Paix et de Concorde Civile, Pour saluer sa mémoire, juste deux dates, deux réalités et surtout deux vérités. Interrogé en 1975 par Abdillahi Hadji sur la BBC au sujet des torts des affrontements à Djibouti ville pendant son séjour à Kampala où avait lieu le sommet africain de l’OUA, Dini, tout naturellement avec ce sens inégalé de la répartie opposa la simple réalité à l’insinuation du journaliste auquel avec rare pédagogie, il dispensa un véritable cours de politique intérieure: « S’il vous plaît, ne parlez pas d’Afars ni d’Issas au sujet de ces malheureux affrontements. Parlez plutôt de partisans et de non partisans de l’indépendance» pour ainsi reconnaître logiquement à tout le monde le crédit de la lutte pour l’indépendance. Et pour détribaliser les enjeux. N’en déplaise aux thuriféraires d’hier pourfendeurs, aujourd’hui, Dini indépendantiste en chef et universaliste, était certes oui un Afar mais d’abord dans leurs yeux. « Un juif, disait Sartre, est d’abord juif dans les yeux des autres». Aujourd’hui, beaucoup devraient changer de vision à tout égard. Plus récemment encore souvenons-nous simplement : “Tandis que nous nous efforçons de nouveau aujourd’hui, d’Obock à Yoboki en passant par Arhiba de cimenter le socle du destin de la communauté nationale, ils font tout le contraire».
L’Histoire combattante des peuples s’est toujours affranchie des factices artifices du présent en ce sens que, même si elle pactise hélas parfois au fil du temps avec quelques diables et autorise autres troubadours folkloriques sur le devant de la scène, pour autant, elle ne loge jamais à la même enseigne le sacré et le profane.
Lumumba et Mobutu, De Gaulle et Pétain, Allende et Pinochet, Mandela et autres …Buthelezi de circonstances. Parce que tout simplement l’idéal de justice et de liberté s’inscrit dans l’ordre naturel des choses tandis que les sociétés sont irrémédiablement appelées à changer.
Pour preuve, citons ce courageux mobilisé venu avouer à Dini en campagne à Ali-Sabieh, en janvier 2003, d’avoir pillé sa maison à Obock, “ Papa, disait-il, ils m’ont floué sur ta personne, Pardonne-moi s’il te plaît, Je ne croyais pas que tu étais comme ça”! Ce ne fut certes pas …une pleureuse comme tous ces “qabri ammaan” aux arrnes de crocodiles d’il y a deux semaines.
Malgré le vide patent, l’erreur aujourd’hui serait de regretter la perte de cette figure nationale uniquement pour cause d’imminence du calendrier électoral, Président de la république, sans méprise, feu Idi Amin l’a été aussi et en a fait son dada. Ce n’est pas cela l’important. Sans conteste, Dini valait mieux: la caution morale de tout un peuple, une “National Consciousness pour qui, faire évoluer les mentalités importait uniquement” comme l’a si bien rappelé Christophe Farah. II n’y aurait pas plus bel hommage de croire vraiment possible comme lui à l’avènement d’un État de Droit capable de bâtir une identité nationale pour une communauté de destin djiboutienne en prenant rendez-vous avec l’Histoire. A ce prix là, non seulement la sienne mais la mémoire nationale sera réhabilitée par la reconnaissance que la nation toute entière doit à ses justes fils, A lui iyo qaar kalo badane. Officiellement ce jour là.
Bobé Farah. Djibouti
COMMENTAIRES
C’est parce que nous sommes intimement convaincus que tous les Djiboutiens aspirent fondamentalement à la paix et à la réconciliation nationale que nous sommes tous aussi persuadés, qu’ensemble, nous mettrons rapidement en échec les tentatives divisionnistes de ce régime antinational. Parce que nous sommes fiers d’être Djiboutiens.
LA RÉDACTION
Café de Paris : un Septembre noir djiboutien
A l’heure où, des crimes sont dénoncés sous d’autres cieux, et que l’Accord de Paix du 12 mai 2001 prévoyait la lutte contre l’impunité des crimes de guerre, il nous a semblé utile, parce que nous sommes convaincus que la conscience nationale se construit dans la douleur et son dépassement par la Justice et la Mémoire, de rappeler un épisode tragique de notre Histoire nationale. En effet, il y a un peu plus de quatorze ans, au prétexte d’un odieux attentat contre les intérêts français, qui n’arrangeait que le régime en place, des centaines de représentants d’une même communauté ont été sauvagement torturées. Sans que les véritables auteurs de ce crime, ni les commanditaires, ni leurs mobiles, n’aient été formellement identifiés. Par respect pour toutes les victimes innocentes de toutes les exactions d’État.
C’était au début du mois de septembre 1990. De retour de vacances estivales dans son Hexagone, la communauté française, militaires, coopérants expatriés et leurs familles, était au grand complet. La température de notre ville étant encore élevée, les terrasses des cafés ne désemplissaient pas, surtout au début des week-ends, lorsque les militaires entament leur tournée dans ces lieux paisibles, avant d’écumer discothèques et autres bistrots à leur convenance.
Personne n’avait songé que ce jeudi 19 septembre 1990 serait celui de tous les dangers, de tous les malheurs, pour des centaines de familles. Seuls les milieux du renseignement français, avait-on dit, savait depuis deux mois au moins qu’un attentat anti-français se préparait, sans aucune autre précision sur le lieu, ni sur le moment. C’est donc dans ces circonstances que l’acte odieux allait être perpétré.
Lancée de la portière d’un taxi, selon la version officielle, des grenades offensives avaient atterri sur la terrasse du «Café de Paris », moins meurtrières certes que les autres explosifs qui avaient été utilisés au « Palmier en Zinc » en 1977 (6 morts), à « l’Historil » en 1987 (12 morts) ou plus tard au quartier 7 bis (5 morts). Cet attentat a néanmoins fait un mort, dramatique puisque la victime était un petit enfant, et grièvement blessé plusieurs autres innocents consommateurs attablés cette soirée-là.
Minutieusement programmée depuis au moins un an, aussitôt cette phase réalisée, l’étape suivante consistait le plus naturellement du monde à trouver des «coupables» pour ce crime odieux. Ce ne sera pas un individu, ni un groupe, mais une communauté nationale entière qui sera d’emblée désignée comme coupable par le régime : c’est la fameuse piste Gadabourcy. Les foudres de la dictature s’abattaient alors sur des centaines de familles. Pendant plusieurs semaines, toutes les brigades de la Gendarmerie, en passant par l’affreuse « Villa Christophe » et autres lieux d’horreurs, prendront en charge jeunes et moins jeunes, femmes comme hommes, parfois des foyers entiers, pour les soumettre aux plus horribles traitements de la torture et autres traitements corporels inhumains.
Humiliés et blessés, des centaines d’innocents, juste parce qu’ils appartenaient tout simplement à la communauté Gadabourcy, subiront un traitement qui les traumatisera physiquement et psychologiquement à vie. Ces torturés seront à la merci de la barbarie de l’appareil répressif d’un régime cruel dont la véritable nature répressive et ses pulsions agressives étaient ainsi réactualisées.
A la fin des années 80, le régime djiboutien étant à son apogée, l’euphorie suscitée par la chute certaine des dictateurs des deux grands pays voisins qui lui faisaient de l’ombre, et la fascination d’une « sagesse » que lui procurait la présidence de l’IGAD, ne pouvaient que lui offrir la situation rêvée de notre îlot dans cette région troublée, désormais à sa merci. Le mobile de l’acte odieux du « Café de Paris » relève donc de la politique régionale de notre pays dont le régime était animé en ces temps-là par un expansionnisme compromis.
Le régime tenait ainsi à confirmer la balkanisation des tribus, clans, ethnies qui devaient être les premières victimes de l’aliénation de chacun d’eux pour les réduire à des objets mises à la disposition de sa folie démesurée. Raison pour laquelle l’implication active du régime Gouled dans la déstabilisation et la décomposition de la région se devait, bon an mal an, se répercuter sur notre communauté nationale.
Une obsession qui ne découle que de ses propres agressions permanentes, en ce sens que d’autres actes avaient précédé celui du « Café de Paris », où des nationaux de ce même clan avaient fait l’objet de rafles et tués le long de la frontière Djibouto-somalilandaise, en plus de la mise à sac à Balbala de leurs biens pour une valeur estimée à près de 300 millions FD.
Suivirent les tortures des jeunes de cette même tribu de 1989 à début 1990 et l’arrestation de tous les sages de cette communauté, internés dans des camps militaires, tant dans la région de Dikhil que de celle de Tadjourah. Pratique expérimentée par le système colonial contre tous les nationalistes et davantage amplifiée par la dictature issue de l’indépendance.
Le comble de ce machiavélisme au service du crime organisé avait même osé, lors des législatives de 1992, amener et filmer dans leurs quartiers originels, certaines victimes pour leur faire déclarer qu’elles n’avaient rien à reprocher à l’Etat qui les avaient pourtant sauvagement torturées.
Cette mise en scène qui rappelle fortement les manoeuvres des dictatures communistes était destinée à mettre un terme aux revendications des sages de cette communauté meurtrie qui, ayant rencontré l’ancien comme l’actuel Chef de l’Etat, leur avaient demandé de situer les raisons de ces crimes gratuits. Le mutisme du pouvoir prévaut encore à ce jour tant sur le mobile de cette barbarie sans nom que de l’indemnisation des familles.
Pour l’heure, outre les morts suite aux tortures et autres sévices constatés par Amnesty International et un avocat de la place, les rescapés se composent d’exilés et d’handicapés physiques et psychiques dont certains n’ont plus la capacité de procréer. Pour les rares d’entre eux qui ont eu le courage de porter plainte contre l’Etat djiboutien, démunis de moyens financiers pour choisir librement un conseil, la justice leur désigne d’office un avocat de la place qui se trouve être comme par hasard celui de la Présidence.
Même si la presse nationale indépendante et les journaux étrangers aient cité toute l’ampleur que revêtaient les horreurs subies physiquement, psychiquement et matériellement par les cibles désignées dans l’affaire du «Café de Paris», il est important de rappeler ici, qu’aucune des personnes victimes n’a jamais été inculpée pour ce crime odieux!
Dès l’indépendance, la diabolisation de Dini n’augurait rien de bon pour la consolidation de l’Unité Nationale et la coexistence pacifique entre les diverses composantes de la communauté djiboutnne, les attentats perpétrés dans la Capitale, sans mobile, demeurent odieusement nombreux. Pourtant jamais élucidés, ces actes barbares ont toujours fait des victimes directes et indirectes.
Malheureusement pour les successeurs, l’affaire du « Café de Paris » demeure être le démon qui hante encore le régime en place. Il reste toujours d’actualité, sans qu’à aucun moment, les Gadabourcy comme toutes les victimes « clanifiées » n’aient bénéficié du plus simple pardon officiel, en ce 14ème anniversaire de ce qui fut un crime organisé par un pouvoir sur une frange de sa propre communauté nationale. Aux citoyens Djiboutiens de méditer sur ces victimes parmi beaucoup d’autres.
Lu pour vous
A L’HEURE DES COMPTES
Par Francis KPATINDÉ
Jeune Afrique l’Intelligent
n° 2277 du 29 août au 4 septembre 2004
PEUT-ON PASSER L’ÉPONGE SUR DES CRIMES « politiques » au Nom de la réconciliation nationale, de la paix retrouvée ou de la Realpolitik ? Doit-on accorder le pardon à des despotes et à leurs séides, alors même que ces derniers refusent avec ostentation de se repentir et, pour certains, « assument » au grand jour leurs forfaits passés ? Doit-on effacer la responsabilité d’Augusto Pinochet dans la liquidation, entre 1973 et 1990, de milliers d’opposants « communistes et gauchistes », oublier la brutalité, le sadisme et le professionnalisme de ses zélés serviteurs ?
Dans ce débat, vieux comme le monde, la Cour suprême du Chili vient de trancher, en décidant, le 26 août, de priver Pinochet de son immunité, ouvrant la voie à un éventuel procès pour violation des droits de l’homme. Grâce à cet arrêt, historique, pris à une courte majorité, neuf magistrats ayant voté pour, huit contre, l’ancien dictateur, aujourd’hui âgé de 88 ans et atteint, à en croire ses avocats, de « démence sénile », devra rendre des comptes, non pas devant un tribunal international, généralement suspecté de parti pris « droits-de l’hommiste », mais, comme naguère, en Centrafrique, un certain Jean-Bedel Bokassa 1er (et dernier), devant la justice de son pays. Il faut s’en féliciter.
Les avocats des victimes et les proches des « disparus» espèrent pouvoir établir la responsabilité du tombeur de Salvador Allende dans le fameux plan « Condor », cette alliance objective entre les régimes militaires sévissant à l’époque en Amérique du Sud pour l’élimination de leurs opposants respectifs, avec le concours des polices secrètes des différents pays.
La porté de la décision des superjuges de Santiago va bien au-delà des frontières du Chili. Elle prend fait et cause pour ceux qui, en Afrique, en Asie, en Europe, en Amérique et ailleurs, refusent obstinément de confondre amnésie et amnistie, immunité et impunité, de passer par pertes et profits, au nom d’une prétendue paix civile à préserver, les années sombres, les supplices, les pogroms.
Responsables de leurs actes, les exécuteurs de basses oeuvres, les seconds couteaux de la barbarie, mais aussi et surtout leurs commanditaires, doivent rendre des comptes, quitte à se faire pardonner une fois les coupables identifiés, la justice rendue. Il n’y a pas d’autre antidote au crime, au déni de justice et à la dictature.
L‘ARD en tournée de mobilisation
UNE ARDEUR DÉTERMINÉE
Le Comité Exécutif de l’ARD conduit par le nouveau Président du parti M. Ahmed Youssouf Houmed a effectué les journées de vendredi, samedi et dimanche derniers une tournée de travail dans les annexes de la Capitale. L’incontestable réussite de cette tournée témoigne de la vitalité et de la détermination tant de ses militants que de ses dirigeants.
Tout le comité de la fédération d’Arhiba était présent au siège dès 14 heures pour accueillir la délégation du parti emblématique de l’opposition qu’est l’ARD. Les vieux sages ont tenu à assister à cette réunion. Après avoir observé une minute de silence à la mémoire du regretté Président Ahmed Dini Ahmed, le nouveau Président a rappelé que l’année dernière du vivant de son prédécesseur mains en son absence il avait déjà eu l’honneur de diriger une délégation qui a sillonné la Capitale et les régions de l’intérieur durant tout le mois du Chaaba’an 1424.
Cette année la disparition du Père de la Nation et fondateur de l’ARD confère à cette tournée une plus grande importance et exige de tous, dirigeants comme militants, une mobilisation permanente. M. Ahmed Youssouf a déclaré être parfaitement conscient du poids des responsabilités qui sont les siennes et promis de donner de sa personne pour conduire le parti à la conquête des droits inaliénables du peuple djiboutien. Il a affirmé être entouré pour la réalisation de cette mission exaltante mais nécessitant sacrifices et patience, d’une relève dynamique, expérimenté et crédible.
Les vieux sages ainsi que les militants et le comité de fédération ont tour à tour exprimé leur détermination à s’organiser sur des bases nouvelles afin d’insuffler une nouvelle ardeur à la lutte. La même ferveur militante et la volonté de sacrifices se dégageaient de tous les militants rencontrés au cours de ces trois journées passées avec la base du parti dans les trois fédérations que sont Arhiba, Balbala et Quartier 1,2 et 3.
Tous ont dit leur détermination à redoubler d’efforts pour parachever la mission que s’était assigné le défunt qui a déjà tracé le chemin à suivre, non seulement pour honorer sa mémoire mais aussi par conviction religieuse. « Nous avons adhéré à l’ARD comme on entre en religion » ont-ils proclamé en choeur argumentant que si chaque musulman n’ayant pas associé d’autres divinités à Allah peut espérer la Miséricorde divine dans l’Au-Delà, Allah l’accorde généreusement et immédiatement ici-bas à ceux qui refusent d’abdiquer leurs droits inaliénables. Les exemples abondent en Afrique ou ailleurs, de peuples ayant conquis leurs droits de haute lutte, malgré les tentatives désespérées des despotes à se maintenir à tout prix au pouvoir.
« Malgré les mesquineries et les entourloupes du pouvoir, nous sommes déterminés à faire appliquer les Accords de paix d’une manière ou d’une autre ». Les vieux sages priant pour que dirigeants et militants ne soient pas de ceux abdiquent leurs droits, ni de ceux qui empiètent sur les droits de leur prochain. Le saint mois de Ramadan s’annonce studieux pour tout le monde pour préparer le congrès de l’ARD convoqué pour le mois de Shawwaal 1425. Plus que jamais l’heure est à la mobilisation pour surmonter cette pénible épreuve, car le dit un verset du Saint Coran : «…Nous vous éprouverons jusqu’à discerner les combattants d’entre vous et les patients ». Nous en serons ont-ils fini par conclure.
Cette tournée des dirigeants de notre Parti, sous la conduite de M. Ahmed Youssouf, continuera, d’abord dans la Capitale, puis dans tous les districts de l’Intérieur. Elle s’inscrit enfin dans le cadre de la préparation du congrès de notre mouvement.
Ultime instance au sein de laquelle les délégués auront à officiellement se prononcer sur des thèmes cruciaux, tels que les violations de l’Accord de paix du 12 mai 2001 ainsi que les fraudes institutionnalisées qui rendent impossible toute alternance démocratique.
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