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COMMUNIQUE DE PRESSE
Djibouti, le 28 décembre 2013
Déjà 10 mois d’une crise politique sans précédant …
Déjà 10 mois que le pouvoir fait tout pour étouffer la contestation populaire initiée par la coalition de l’opposition, l’USN (Union pour le Salut National). Une contestation sans précédant suite aux élections législatives du 22 février 2013. 10 mois de répressions, d’intimidations, d’arrestations, d’emprisonnements, de détentions arbitraires, de gardes à vue illégales, de placements abusifs en mandat de dépôt, de harcèlements et de tortures pour beaucoup d’opposants, des militants de l’opposition, des défenseurs des droits ainsi que des simples citoyens.
Déjà 10 mois que durent les manifestations après la prière des vendredis pour réclamer la démocratie, la dignité mais aussi la libération des 3 leaders et oulémas de l’USN ainsi que de tous les prisonniers politiques.
Déjà 10 mois d’attente de la publication des résultats définitifs bureau par bureau du vote du vendredi 22 février 2013 par le peuple de Djibouti et la Communauté Internationale (voir la Résolution du Parlement Européen sur la situation à Djibouti en juillet 2013). Une 1ère dans l’histoire de la République ! Du jamais vu même sous les heures sombres de la colonisation.
Apres 10 mois le dialogue politique toujours au point mort …
Et c’est le 14 août 2013 qu’a eu lieu la 1ère rencontre de dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir … soit plus de 3 mois après la 1ère annonce du 7 mai 2013 à Londres par le Président de la république d’une ouverture politique.
Et après plusieurs réunions de travail, ce dialogue est entré dans une impasse. La coalition de l’opposition (l’USN) a saisi le Président de la République pour un déblocage des négociations. C’est à travers le discours du jour de l’Aid-El-Adha que le Président de la république, 1er magistrat et garant des institutions, s’est exprimé pour répondre aux doléances de l’opposition.
Malheureusement, les déclarations du président étaient aux antipodes des attentes de la coalition de l’opposition. Et face à l’impasse politique l’USN a saisi l’Union Africaine pour une médiation début novembre afin de trouver les voies et moyens pour sortir de la crise postélectorale du 22 février 2013.
Déjà plus de 10 mois que les 3 cheiks et leaders de l’USN sont à Gabode …
C’était le 25 février 2013 qu’Abdourahman Barkat God, Abdourahman Souleiman Bachir et Guirreh Meidal Guelleh ont été arrêtés ensuite placés en mandat de dépôt avant d’être condamnés arbitrairement et injustement à des peines lourdes (2 ans de prison et 5 ans de privation de droits civiques)
Leur seul véritable crime reste leur engagement contre l’instrumentalisation de la pauvreté, l’exploitation du tribalisme, la corruption généralisée, la démission de la magistrature, … Et pourtant être condamné pour son engagement politique constitue une violation de l’article 25 du pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par la république de Djibouti.
Durant ces 10 mois il y a eu aussi la disparition brutale de Mahamoud Elmi Rayaleh en prison
C’est brutalement que nous avons appris la mort de feu Mahamoud Elmi Rayaleh à la prison Centrale de Gabode, le jeudi 29 août 2013. Professeur de français, militant de l’USN, Mahamoud était un citoyen dont l’engagement était total. Sa dépouille avait été enlevée de la morgue de l’hôpital General Peltier et mise sous terre à PK12 à la hâte par la voirie sous la surveillance de la Police sans la présence d’aucun membre de sa famille et de ses amis. Les circonstances de la disparition ainsi que sa mise sous terre interrogent et interpellent la conscience de tout un peuple.
L’ODDH demande et exige la mise en place d’une véritable Commission d’Enquête Indépendante sur la mort de Mahamoud Elmi Rayaleh.
L’ODDH dénonce et condamne la poursuite de la répression, de l’arbitraire et des violations systématiques des droits des citoyens.
L’ODDH recommande au pouvoir de se conformer aux dispositions constitutionnelles relatives à la protection des citoyens, au respect des libertés fondamentales, à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, au Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi qu’à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
L’ODDH appelle au pouvoir public à la libération de tous les prisonniers politiques et à l’ouverture d’un dialogue politique sincère pour sortir de la crise.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Migui