Réalité numéro 118 du mercredi 22 décembre 2004 |
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Sommaire | Directeur de Publication : ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 118 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti
Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr |
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Éditorial
DÉMISSION PUBLIQUE NATIONALE,
MÉCÉNAT MILITAIRE ÉTRANGER
La commémoration du massacre d’Arhiba, à laquelle nous accordons une large place cette semaine, pose une question de fond, relative au sens que l’on doit donner à un tel événement. En une telle circonstance, le rappel d’un passé douloureux masque mal l’inachèvement de l’indispensable travail de deuil qui doit impérativement être celui d’une Nation désireuse de se réconcilier avec elle-même au sortir d’un douloureux conflit civil. Dans cette perspective seulement, il peut s’agir d’un rite d’expiation, afin que les erreurs du passé ne se renouvellent pas. Encore faut-il pour cela que toutes les parties se persuadent d’une telle nécessité, comme les y invite d’ailleurs une disposition essentielle de l’accord de paix du 12 mai 2001, en vertu de laquelle il s’agit d’œuvrer à l’instauration d’une culture de paix.
Malheureusement, considérant qu’une action citoyenne comme celle du FestHorn investit dans cette culture de la paix beaucoup plus que le régime djiboutien, force est de regretter que ce dernier semble peu soucieux d’une paix civile sans laquelle aucune politique équilibrée de développement n’est envisageable. Nier les problèmes intérieurs par la promotion d’une manifestation culturelle à prétention régionale, tout en cantonnant à la clandestinité les actions citoyennes à impact national comme celle qui s’est déroulée le 18 décembre dernier dans notre Capitale, ce n’est qu’une piètre et dangereuse façon d’annoncer des troubles à venir. Pour mieux les discréditer, dans l’optique d’une politique solidement établie et consistant à diviser pour régner.
C’est dans cette optique négationniste qu’il convient d’analyser un événement rapporté par le journal gouvernemental « La Nation » : le village de Randa disposerait désormais d’un terrain de football digne de ce nom. Il était temps ! Là où le bât blesse, trahissant toute l’impudeur de ce régime, c’est qu’il s’agit d’une initiative privée, soutenue par une sorte de mécénat militaire découlant de la dimension purement géostratégique à travers laquelle notre pays est de plus en plus perçu par les puissances étrangères. Donc, palliant la démission des pouvoirs publics djiboutiens, les troupes françaises auraient généreusement doté le village de Randa d’un terrain de football. Or, nul n’ignore à moins d’être ambassadeur de Djibouti à Washington, qu’il s’agit là d’une zone durement affectée par le conflit et qui devait, de ce fait, bénéficier d’un programme de réhabilitation qu’apparemment plus soucieux de paix civile que la partie gouvernementale cosignataire dudit accord de paix, les bailleurs de fonds étaient disposés à financer.
Il n’est pas question ici de jeter la pierre sur ces forces militaires étrangères : la réhabilitation des pistes et des infrastructures publiques (écoles et dispensaires) de l’Intérieur profitent directement à ces populations aussi défavorisées que nécessiteuses. Mais le fait, peu glorieux, qu’elles oeuvrent dans le domaine social beaucoup plus que nos forces armées nationales, renvoie aux faibles préoccupations du gouvernement en matière de consolidation de la paix.
D’ailleurs, même le rapport de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire a relevé que les crédits affectés à ce chapitre étaient très peu utilisés. Et quand ils l’étaient, ce n’était que rarement vers leur destination initiale. Tout se passe donc comme si le régime s’acharnait à maintenir en l’état le dénuement des zones affectées par le conflit : s’agit-il en quelque sorte d’en punir les habitants d’avoir osé se révolter contre l’oppression ?
Dès lors, il est normal que la commémoration, à laquelle ont participé toutes les composantes de la communauté djiboutienne désireuses de s’impliquer de façon citoyenne dans la réconciliation nationale, du massacre d’Arhiba soit passée sous silence par la presse gouvernementale. Parce que le pouvoir en place n’a aucun intérêt à ce que s’instaure un climat de confiance intercommunautaire qui ne peut que saper les bases de son arbitraire.
Cela, la majorité l’a bien compris. Même les futurs footballeurs de Randa pour qui un terrain est certes nécessaire, mais pas suffisant quand le minimum manque à ce point, à commencer par l’électricité et l’eau courante, faute d’une implication minimale des pouvoirs publics.
Même les mécènes militaires des puissances étrangères qui, en attendant, parent au plus pressé, conscientes que ce n’est pas là leur mission première, mais désireuses de contribuer un tant soit peu à l’instauration d’une indispensable stabilité intérieure.
Brèves nationales
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Rassemblement au cimetière d’Arhiba :
Un devoir de mémoire
Ils étaient plusieurs milliers de Djiboutiennes et de Djiboutiens, jeunes et vieux, de tous les quartiers de la Capitale, à s’être rassemblés au cimetière des martyrs d’Arhiba le 18 décembre dernier. Cette commémoration des tragiques événements de 1991 était placée sous le signe de la dénonciation de l’impunité et du devoir de mémoire envers toutes les victimes de la répression.
Dès quinze heures, plusieurs centaines de jeunes déployant de larges banderoles où l’on pouvait lire entre autres « Le Peuple condamne fermement les auteurs des massacres », avaient pris position à quelques mètres du cimetière où reposent plusieurs dizaines d’innocents froidement exécutés par les forces de répression le 18 décembre 1991.
Vers seize heures, une foule très nombreuse a rejoint la cérémonie qui a débuté par la lecture des versets du saint Coran.
L’ambiance était au recueillement et à la fraternisation.
Cette cérémonie du souvenir et de la solidarité a été ponctuée de quelques brefs messages de soutien lus ou improvisés par différents responsables de la société civile, dans toutes les langues nationales et en français. Les inévitables indicateurs de la police politique, présents sur les lieux, n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles, ne s’attendant certainement pas à la totale réussite d’un tel rassemblement fraternel, où communiaient ensemble toutes les communautés nationales révoltées contre les manœuvres divisionnistes du régime en place depuis 27 ans.
Ce rassemblement organisé onze jours après la brutale répression des récentes manifestations se voulait également l’expression d’un ras-le-bol populaire unanime contre les menées répressives récurrentes à l’approche d’une élection présidentielle. La cérémonie du souvenir a pris fin au coucher du soleil et l’immense foule s’est dispersée dans le calme et la dignité.
Le succès historique d’une telle manifestation fraternelle et citoyenne à quelques mois d’une nouvelle farce électorale devrait donner à réfléchir à tous ceux qui s’extasiaient par avance sur la victoire programmée du candidat solitaire, principal responsable de tous les malheurs du Peuple Djiboutien.
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Duplicité gouvernementale :
Le dire sans le faire
Dans notre pays, un seul qualificatif résume l’action gouvernementale : la duplicité. En effet, les exemples abondent pour illustrer cette situation. Ainsi, pendant que le chef de l’Etat, par la voix du porte-parole de son gouvernement, se félicitait de l’état de salubrité de Djibouti, Arhiba et d’autres quartiers de la Capitale se débattaient dans le cloaque et les mares d’eaux usées.
Inutile d’être un expert pour juger des conséquences sur la santé de ces populations : paludisme, diarrhée, etc. Si d’aventure les habitants de ces taudis protestent contre les mauvaises conditions de vie qui leur sont ainsi imposées par la démission de l’Etat, la réaction des pouvoirs publics est le plus souvent violente. Pas d’autre alternative : mourir de ces maladies ou crever sous les balles des policiers.
Il en résulte alors un profond sentiment d’injustice et de désarroi chez les administrés ainsi méprisés.
Mais pourquoi diable ne punit-on pas les principaux responsables de la mauvaise gouvernance qui, au lieu de convenablement faire leur travail, passent leur temps à palabrer dans les mabraz et afficher leurs privilèges ? Les rares fois qu’ils daignent venir dans ces quartiers insalubres, c’est pour exhiber leur insolence d’apparatchiks : bolides 4×4 rutilants et tenues vestimentaires impeccables.
Pendant ce temps, les élèves d’Arhiba et d’ailleurs marchent dans le cloaque pour rejoindre leur école envahie par les eaux usées. Dans ces conditions, quel peut valablement être le rôle éducateur de l’Etat : comment peut-on demander aux enseignants d’inculquer aux écoliers les règles de l’hygiène publique et les bienfaits de la propreté quand, de l’autre côté, l’Etat-éducateur ne fait rien pour endiguer ces eaux usées ?
Mais qu’est-ce qui justifie donc ce sentiment d’impunité ? Est-ce peut-être une politique délibérée que de laisser mourir ces populations abandonnées à leur triste sort ?
Tout ceci n’est pas sans rappeler une anecdote édifiante : du temps de la Russie impériale, la tsarine Catherine avait pour habitude, lors des réceptions d’ambassadeurs des pays étrangers, d’entourer d’un gigantesque rideau rouge les quartiers mal famés de Saint-Pétersbourg. Ne serait-il pas tentant de faire le parallèle avec ce qui se passe dans notre pays ?
Etait-elle moins bien inspirée que le régime djiboutien qui se contente de nier verbalement et inlassablement la réalité insalubre devant les bailleurs de fonds ?
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Haramous s/mer :
QG de campagne?
La nouvelle et modeste résidence présidentielle de Haramous a, pour la première fois, fait parler d’elle en 1999, lorsque le candidat RPP y avait reçu la visite du ministre Français de la Coopération de l’époque, Charles Josselin. Depuis cette date et le début de l’actuel mandat présidentiel, le lieu est devenu familier à tous les hôtes de marque de passage dans notre Capitale. Ainsi, jeudi dernier, le président allemand et sa délégation en visite pour quelques heures à Djibouti, y ont été conviés à une réunion de travail par le président-candidat, loin du bruit et de la misère ambiante. Dans ce nouveau quartier résidentiel aux allures futuristes, le médiateur régional, uniquement préoccupé par la stabilité dans la sous-région, n’aurait eu aucun mal à se positionner comme le candidat le mieux placé pour trouver des solutions miracles à tous les problèmes de l’heure. Sauf ceux de chez lui !
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Djibouti-Union Européenne :
Dialogue ou monologue ?
Dans le cadre de l’accord de Cotonou, l’Union Européenne s’est engagée depuis quelques années dans un dialogue politique avec certains Etats bénéficiant de son aide économique, mais connaissant également une transition démocratique difficile. De leur côté, désireuses de voir se renforcer leur coopération avec l’Union Européenne, beaucoup de nations africaines à la traîne de cette démocratisation sont ainsi contraintes de jouer le jeu et d’apporter leur contribution à l’ouverture démocratique à travers un dialogue constructif avec leurs oppositions respectives.
Le récent dialogue politique initié entre le gouvernement djiboutien et l’Union Européenne est-il d’un genre nouveau ? Selon la presse gouvernementale relatant la réunion de travail du 13 décembre dernier, le régime ne semble pas en attendre grand chose, puisqu’il affirme que tout s’est bien passé comme d’habitude.
Tout juste apprend-on que « conformément aux dispositions de l’article 8 de l’accord de Cotonou, les deux parties ont convenu d’instaurer un dialogue permanent et ont décidé de poursuivre tous les six mois le dialogue politique afin de renforcer le partenariat ».
Si ce dialogue politique entre Djibouti et l’Union Européenne s’est vraiment limité au monologue de la partie djiboutienne, pourquoi donc le poursuivre inutilement ?
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Budget virtuel 2005 :
La méthode Coué appliquée aux Finances publiques
Une croissance du P.I.B de 3,5%, une inflation contenue à 3%, la suppression de la surtaxe sur le pétrole lampant, la réduction de la TIC sur les denrées alimentaires, les automobiles,… le Budget 2005 accorderait, à en croire notre confrère « La Nation » du 16 décembre, la part belle au social. Rien n’est moins sûr ! Dans son dernier rapport général public, la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire nous a éclairé sur le taux très moyen d’exécution des lois de finances pour les exercices 2000, 2001 et 2002.
D’autre part, les mal-élus n’ont toujours pas à ce jour examiné ledit Budget 2005, dont ils n’ont pourtant adopté, lors de la récente session budgétaire, que les grandes lignes lues sur un ton monocorde par un Premier ministre qui ne l’a certainement pas lui-même examiné. C’est pourquoi nous saluons les efforts techniques et financiers du PNUD pour le renforcement de nos capacités institutionnelles et notamment le dernier séminaire sur les procédures budgétaires.
Mais, dans un pays où les dysfonctionnements sont la règle et le respect de la loi l’exception, nous apprenons, dans un erratum paru dans le n°146 de « La Nation » du jeudi 9 décembre 2004 que la Commission des Affaires Etrangères a examiné le lundi 6 décembre un projet de loi portant compte définitif du budget de l’Etat pour l’exercice 2003 et un projet de loi portant budget rectificatif de l’exercice 2004.
Depuis quand l’examen de ces projets de loi relèvent-ils de la compétence de la Commission des Affaires Etrangères ? Pourquoi la Commission normalement compétente a-t-elle été court-circuitée ?
La Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire a décidément du pain sur la planche pour conseiller (et obliger ?) les mal-élus à respecter la légalité des procédures budgétaires. Et à la faire respecter par l’Exécutif !
Avis de recherche
PORTRAIT D’UN « SERIAL KILLER » POLITIQUE
Un dangereux et insatiable tueur sévit ces dernières années dans notre pays. Les éléments de similitudes qui attestent que nous sommes en présence de crimes en série, commis de surcroît par un seul et même individu, sont nombreux. Personne n’ayant malheureusement pu identifier ce mystérieux « serial killer » qui rode toujours autour de nos ornières, nous nous contenterons de la fine expertise qu’un « profiler » de métier a bien voulu nous esquisser de cet individu, selon les données disponibles à ce jour sur ce dossier. C’est dans l’espoir que vous nous aiderez, à travers vos témoignages, à débusquer cet individu malfaisant, que nous lançons cet avis de recherche. A défaut de vous proposer une quelconque prime (contrairement à lui qui, manifestement, bénéficie d’une prime à tuer) (sic), soyez certain de l’éternelle reconnaissance de la Patrie.
Nous nous interrogions la semaine dernière sur la disparition des intellectuels djiboutiens, ne remplissant pas le rôle de libre penseur qu’une société en quête de développement serait en droit d’attendre d’eux. Il se trouve malheureusement que de lourdes menaces pesant sur eux les inciteraient à la démission discrète, pour ne pas tomber comme certains d’entre eux, sur le champ peu glorieux des règlements de compte artisans, victimes d’un serial killer frappant impunément.
LES FAITS
Depuis près de quatre ans, on dénombre une dizaine de hauts fonctionnaires sauvagement trucidés dans leurs bureaux et dans l’exercice de leurs fonctions, (l’arme des crimes, invariablement, serait un stylo à plume de grande marque au bout doré, planté au cœur des victimes) et en plein jour. De plus, à chaque récidive, tel Fantomas, l’auteur de ces actes disparaît dans la nature. Et, aussi bizarre que cela puisse paraître, les enquêtes officielles n’ont fait état jusqu’à ce jour d’aucun témoin leur ayant révélé un quelconque indice tangible.
La première uniformité que l’on peut déceler entre ces crimes, c’est en premier lieu le mobile : les victimes ont été choisies sur la seule base de l’inimitié personnelle. Et elles sont toutes, en second lieu, des hauts cadres de l’administration, intellectuels pour certains, et plus ou moins « intellectuellisants » pour d’autres.
Pour mémoire, rappelons à nos lecteurs qu’ils ont pu lire dans nos colonnes, à différentes périodes et sous différentes rubriques, de mystérieux décès administratifs (les liens entre ces actes ne transparaissant que progressivement) de tels Commissaires de la République, de tel Directeur d’un grand établissement autonome, de tel chef de corps fraîchement nommé à la suite d’une retentissante défection de son prédécesseur, ou encore de celui qui fut en charge d’un fond social, pour ne citer que les plus illustres d’entre eux.
Et… last but not the least, nous ne pouvons ne pas citer la dernière sommité victime du serial killer, qui lui, était chargé d’un fond de retraites et qui, à l’examen de ses innombrables victimes privées du droit à leur pension de retraite, avait permis à l’Etat d’engranger de substantielles économies sur leurs dos, économies certainement réutilisées de façon opaque dans de sombres activités partisanes, allant du Day à Hanlé, en passant par Mabla.
LES INDICES
Nous affirmions un peu plus haut que des indices, il n’y en avait point. L’absence flagrante d’éléments, alors qu’il s’agit d’actes répétés en plein jour et en des lieux publics, nous donne de facto, un faisceau d’indices relevant du bon sens. L’auteur de ces actes opère en toute confiance, convaincu d’être couvert quoi qu’il advienne.
Cette « couverture », qui est manifestement de taille et peut être même d’un poids exceptionnel démontre qu’indéniablement, notre surprotégé est pour le moins le « chouchou » d’un grand gourou. Mais alors, agit-il de son propre chef ou existerait-il un commanditaire à qui profite réellement ces crimes administratifs ? Nous reviendrons sur cette question, car les éléments de réponse figurent dans le profil psychologique du serial killer.
Par ailleurs, nos constats nous ont amené (permettez-nous de vous épargner les menus détails de nos investigations) à affirmer que notre homme figure parmi les supérieurs hiérarchiques des victimes, et connaissait parfaitement les lieux, ainsi que les habitudes de chaque administrateur. Les côtoyant de surcroît à l’occasion d’une tasse de café populaire, cette proximité lui fournissait des raisons supplémentaires pour les désigner comme prochaines victimes, coupables de lui renvoyer une image dévalorisante de sa fonction.
Et une prétention immodérée à vouloir pourtant le remplacer : la vie rampante est sans pitié pour les apprentis Iznogoud !
LE PROFIL PSYCHOLOGIQUE
Paradoxalement, ce tueur en série opère immuablement au sein d’une seule communauté nationale donnée. Nous ne sommes donc pas en présence d’un individu sociopathe, dont la fureur frapperait sans aucune distinction d’origine, comme on pourrait le croire de prime abord. Il s’agit donc de comprendre les ressorts psychologiques et politiques de cette pathologie ciblée et chronique. Cette forme de déviance, constatée et analysée ces quinze dernières années par le docteur Réalitus dans ses manifestations cliniques et qui se développe dangereusement, selon les criminologues, au sein d’une mystérieuse caste de dignitaires courtisans, mériterait un plus large développement de notre part, mais nous y reviendrons.
Vous aurez en outre remarqué que toutes les victimes lors de leur décès étaient en charge de hautes responsabilités, que ce soit dans l’administration publique ou dans les arcanes des départements ministériels. A ce titre donc, ces hauts fonctionnaires étaient perçus dans leur société (à tort ou à raison) et en premier par leur bourreau comme figurant parmi les élites intellectuelles dirigeantes de ce pays.
Nous constaterons par conséquent que notre homme est aussi un « intellophobe » patenté. La question relative à la disparition des intellectuels, que nous posions la semaine dernière dans nos colonnes trouverait-elle ici un début d’explication ?
Toujours est-il que ces phobies cumulées démontrent indiscutablement que cet individu souffre de profondes inhibitions et de sérieux complexes d’infériorité, comme s’il était mal assuré d’une place que beaucoup convoitent.
Les pathologies identifiées donnent à penser que ce tueur en série ne se sentant manifestement pas fait à sa place, se venge de ses lacunes sur ceux qui pourraient se gargariser de titres ronflants ou s’en prévaloir pour prétendre le remplacer et faire mieux que lui. Surtout que, conformément à la loi universelle des affinités électives que romançait Goethe, un supérieur affublé du titre de docteur honoris causa peut légitimement chercher un adjoint universitaire, à moins que l’honoris causa opère là comme un repoussoir.
Ces fixations ne s’expliquent que dans le cas où ce serial killer exerce une fonction qui, de son point de vue, est convoitée par ses subalternes, et qu’il ne songe nullement à quitter, même au prix des plus horribles crimes administratifs.
N’étant nullement assuré d’avoir le temps d’acquérir le savoir « sur le tas » et ne daignant se forger par sa propre volonté comme tant de self made men ; il use par conséquent de la seule solution expéditive à sa portée qui, à défaut d’être finale, n’en demeure pas moins efficace : l’élimination pure et simple des concurrents présumés ou potentiels.
Enfin, nous tenons à souligner un des points saillants de ce profil, en affirmant que l’aspect délibérément ciblé de ces crimes administratifs indique, contrairement à ce que l’on pourrait croire, que son auteur est issu de la même communauté que ceux qu’il décime à tour de bras.
Ces singuliers crimes « fratricides » s’expliquent aisément au vu du système politico-administratif en vigueur, qui inculque aux cooptés du système (comble d’un éhonté mensonge auquel ne persistent à croire cupidement que les plus servilement intéressés ) que leurs sièges ne pourraient être menacés que par leurs cousins. La division du travail politique détermine donc l’origine sociale des victimes. Avidement accrochés à leur meuble, certains se contentent de s’équiper d’œillères et de boules Quiès, mais ouvrent grande leur bouche, implorant des deux mains le grand Manitou d’y laisser choir quelques miettes du gargantuesque gâteau. S’ingéniant à plaire et à s’effacer, on se tenait pour dit, semblait-il, que leur monotone carrière perdurerait, tant que leur numéro de faire-valoir servira de devanture minimale aux curieux regards inquisiteurs des étrangers de passage.
Mais voilà qu’opère désormais un dangereux frère prédateur, chamboulant du coup les règles du jeu (quel jeu ? Mais celui du « qui perd gagne », bien sûr !) qu’on pensait établies au sein de cette secte. Son commanditaire protecteur aura certainement décidé de réduire comme peau de chagrin cette devanture communautaire minimale, et il ne pouvait manipuler meilleur exécutant que ce serial killer convaincu d’agir selon ses propres convictions.
Les vraies raisons de ces curieux agissements sont donc ailleurs. Les inhibitions, craintes et autres pathologies de l’individu semblent habilement entretenus, attisés, exploités et dirigés de main de maître, à d’inavouables fins autrement plus machiavéliques et jusqu’au-boutistes que la légitime recherche de l’efficacité bureaucratique. Des horizons que l’esprit peu mature (politiquement s’entend ) de notre tueur en série ne pourrait en aucun cas entrevoir.
PREMIÈRES CONCLUSIONS
Nous sommes finalement arrivés à cerner, du moins dans ses traits essentiels, la personnalité du serial killer, ses motivations et son environnement. Mais il court toujours, et de la même manière qu’un portrait robot aussi réussi soit-il ne peut remplacer un fidèle photomaton, les analyses d’un « profiler » attendent d’être corroborées ou démenties par un réel et exhaustif témoignage.
Pour preuve, le seul « rescapé » à ce jour des agissements du tueur en série fait état, apprend-on de source sûre, d’une curieuse singularité réfractaire à toute analyse objective, depuis les déroulements de ces faits, à deux semaines d’aujourd’hui.
Ce directeur de l’Hôtel des prélèvements, ayant tardé dans son bureau au-delà de 13 heures, aurait échappé in extremis au serial killer, ayant promptement eu le réflexe de claquer la porte au nez d’un individu masqué à la Zorro et brandissant de la main droite un scintillant stylo à plume.
Et, dans ce contact furtif, il aurait nettement aperçu sur les lèvres de ce tueur en série, un large et fendant sourire. Mystère et boule de neige.. Appel à témoins !
La Somalie se cherche encore
LA MÉFIANCE RESTE DE MISE
Dans cette région sensible de la Corne de l’Afrique, le cas de la Somalie demeure une préoccupation majeure pour tous : somaliens d’abord, la communauté régionale, le monde arabe et la communauté internationale. L’insolubilité de cette situation de guerre, de plus d’une décennie, aurait, peut-être, trouvée la solution si les interactions politiques des intérêts (internes et externes) étaient atténuées, du moins, le temps nécessaire pour la réalisation sinon la finalisation et le succès d’une réelle réconciliation entre les parties en conflit en Somalie. Malheureusement, la toute dernière conférence de réconciliation, engagée sous l’égide de la communauté régionale et internationale à Mbgathi au Kenya, semble, elle aussi rendre l’âme, après deux années de discussions et de tiraillement et plus de vingt millions de dollars américains de frais engagés.
La Communauté internationale qui avait salué le succès « inattendu » du Président de la région autonome du Puntland, le Général Abdillahi Youssouf Ahmed, se trouve perplexe devant la position adoptée par l’Assemblée Nationale Transitoire qui l’avait élu il y a de cela deux mois seulement.
En effet, la nomination dans les délais d’un Premier Ministre, Dr Mohamed Ali Guedi, n’ayant pas posé de problème particulier et apparent, la constitution de son équipe gouvernementale s’était heurtée à de multiples difficultés de divers ordres, lesquelles « auraient transgressé » et la Constitution et l’Unité Nationale : une base pour une véritable réconciliation. Cette conférence du Kenya, contrairement au processus de réconciliation d’Arta, avait le mérite d’engager les Chefs de guerre pour qu’une chance définitive à la paix soit donnée. Malheureusement, le problème somalien reste toujours tributaire des ingérences politiques internes et externes dont les impacts demeurent encore minimisés.
Ce dernier point nécessite une autre analyse mais dans l’immédiat la somalie se trouve une fois de plus dans l’impasse. Depuis la mise en place du gouvernement formé par le Premier Ministre le Dr. Mohamed Ali Guedi, une opposition ouverte s’était instaurée entre l’Exécutif et le Législatif.
En effet, alors que déjà un tiraillement grave opposait les parlementaires sur des points du Règlement Intérieur de l’Assemblée provisoire, une réunion avait été convoquée à cet effet. Or, un groupe puissant de cette instance considérait que cette réunion devait débattre plutôt du non-respect de plusieurs articles de la Constitution par le Premier Ministre, notamment ceux portant sur l’équilibre des pouvoirs entre clans dans le gouvernement et la précipitation du Chef de Gouvernement dans la publication de la liste de son équipe avant d’avoir obtenu la confiance de l’Assemblée. En priorité ont-ils jugé par rapport à la révision des articles du règlement intérieur de la Chambre.
Le Président de cette chambre provisoire M. Sharif Hassan jugeant qu’un tel débat prendrait plus d’une séance avait reporté cette rencontre au samedi 11 décembre 2004.
C’est donc lors de cette journée qu’en l’espace de quelques heures et après un débat houleux que celui-ci ordonna le passage au vote de la motion de confiance qui fut procédé à main levée et se solda par le renversement sans appel de la première équipe gouvernementale du Président Abdillahi Youssouf Ahmed, élu par cette même instance un peu plus de deux mois auparavant.
Cette résolution définitive de l’Assemblée provisoire a transformé l’hémicycle en champ de bataille, en ce sens que l’affrontement physique entre parlementaires a fait plusieurs blessés, dont l’ancien Président de l’Assemblée issue d’Arta, M. Abdallah Deero, évacué d’urgence vers un hôpital.
Selon certains témoins présents sur les lieux, des erreurs en matière du non-respect de la constitution avaient été commises de part et d’autre (Exécutif et Législatif) et cette séance devait être l’occasion de les corriger. Malheureusement, celle-ci a constitué la mise à mort de l’unité de la Somalie, puisqu’elle a porté atteinte à l’Intérêt Suprême de la Nation Somalienne telle que prévue dans la Constitution provisoire. Cependant, compte tenu de l’atmosphère tendue ce samedi-là, le Président de l’Assemblée Nationale provisoire aurait volontairement ignoré qu’il avait la possibilité de clore cette séance comme lui autorisait le règlement intérieur. Dans la mesure où il avait appelé au vote de la motion de confiance, cette consultation aurait dû se faire à bulletin secret plutôt qu’à main levée en raison de l’importance de la question. Ce qui aurait pu éviter la transformation de la Chambre en champ de bataille et les députés en chefs de guerre.
Aussi regrettable que soit cette situation pour la Somalie, toujours est-il que, selon certaines sources dignes de foi, un grave malaise se serait néanmoins instauré entre le nouveau Président somalien et le Président de l’Assemblée depuis la nomination de l’équipe gouvernementale. En effet, ce dernier semble considérer que la représentation clanique au sein du gouvernement serait sabotée et remettrait en cause le principe de l’Unité Nationale. D’ailleurs, cette opposition aurait été remarquée, en ce sens que le Président de la Chambre aurait brillé par son absence à la réception offerte en l’honneur de l’Exécutif mis en place.
Quoi qu’il en soit, cette guerre de tranchée paraît encore plus sérieuse, puisque certains députés affirmaient ouvertement qu’en cas de refus de la destitution de l’équipe gouvernementale par le Président de la République, la Chambre se verrait dans l’obligation d’agir en conséquence en lui retirant sa confiance, puisqu’il aurait failli aux responsabilités que lui conférait la Constitution, à savoir la garantie des institutions républicaines et de l’Unité Nationale.
En vérité, selon certains, le Président de l’Assemblée nationale provisoire aurait activement participé au renversement du premier gouvernement intérimaire formé au Kenya, avec des membres de l’Exécutif tels que Mohamed Kanyaré, Ismaël Bouba et le Colonel Shaati Gaduud. Ces ministres se seraient considérés comme lésés dans ce gouvernement et auraient par conséquent choisi la mise à mort de toute l’équipe. D’ailleurs, M. Bouba n’a pas caché sa position puisqu’il a affirmé que le gouvernement de Mohamed Ali Guedi contrevenait à l’Unité scellée au Kenya.
La Constitution permettant au Président Abdillahi Youssouf de reprendre une seconde fois M. Guedi , c’est ce qu’il fit et, à l’heure ou nous mettons sous presse, celui-ci n’a toujours pas formé son équipe depuis une semaine.
En attendant, force est de regretter que les incessantes tables rondes, dépendant d’une diplomatie extérieure avec ce qu’elle comporte d’effets (négatifs ou positifs), s’avèrent être vouées de plus en plus à l’échec, en raison de l’endossement conscient et collectif d’une irresponsabilité de la part de la communauté internationale, à commencer par celle des Etats du premier front : L’Igad.
Cette démission collective face à la détresse humanitaire d’un peuple somalien victime d’une situation de génocide indescriptible et d’une fin définitive pour une destination sans nom, ne semble pas interpeller la conscience collective. La dernière décision de Assemblée Transitoire relève de cet état de fait qui reconduit le statu quo ante pour une permanence de l’anarchie et de la mort pour des centaines de milliers de victimes civiles. « Réalité » reviendra prochainement sur ce dossier.
Communiqué de la LDDH
COMMUNIQUE DE PRESSE
DU 18 DECEMBRE 2004
COMMEMORATION DU MASSACRE D’ARHIBA
LE 18 DECEMBRE 1991
Dans l’après-midi du samedi 18 décembre 2004, sous l’égide de l’Association Djiboutienne des Victimes et des Handicapés de la Guerre, s’est tenue une cérémonie de commémoration au cimetière d’Arhiba, dans une ambiance de prière et dans un contexte de mobilisation en Mémoire aux victimes d’Arhiba et à toutes les victimes de la répression en République de Djibouti.
Malheureusement, force est de regretter que les répressions aveugles continuent de s’abattre sur les populations civiles djiboutiennes, répressions insoutenables, répressions qui perdurent avec leurs lots de morts mystérieuses et d’exécutions extrajudiciaires, répressions qui tuent surtout lors des manifestations pacifiques ou à l’approche, entre autres, des élections présidentielles. Et pourtant, l’indépendance nationale devait en principe permettre à notre Peuple de bénéficier des Libertés fondamentales – c’est l’essence même de l’indépendance -.
Il est légitime de se demander, de se poser des questions, d’essayer de savoir si les dirigeants de notre République continueront encore à salir et de souiller notre drapeau avec le sang de ses enfants ; il serait intéressant d’effectuer des recherches en vue de comparer le nombre des victimes des répressions avant et après l’indépendance ?
Des principes doivent s’imposer et constituer le leitmotiv du combat des Défenseurs des Droits de l’Homme: la lutte contre l’impunité, le combat pour le Droit à la Mémoire des victimes d’Arhiba, de toutes les victimes des Répressions intolérables de la Machine gouvernementale et ce depuis l’accession du pays à l’indépendance.
Dans un esprit de Réconciliation nationale, il est demandé au Chef de l’Etat dans le cadre des pouvoirs qui lui sont conférés, de déclarer et de décréter le « Pardon de l’Etat » ainsi que le droit à la Mémoire à l’égard et à l’attention de toutes les victimes civiles de la répression sur tout le territoire national depuis l’accession de notre pays à l’indépendance Nationale.
Le Président de la LDDH
M. NOEL ABDI Jean-Paul
COMMENTAIRE |
Comme le Président de la LDDH, nous constatons et regrettons la persistance de dangereuses pratiques répressives et le règne de l’impunité. Sans nous livrer à une macabre comptabilité historique, il ne nous semble pas exagéré d’avancer que les victimes de ce régime se comptent par milliers depuis l’indépendance.
Ainsi, dans une interview accordée à notre journal à l’occasion du premier anniversaire (de la violation) de l’accord de paix du 12 mai 2001, le regretté Président de l’ARD déclarait : « je ne regrette pas d’avoir fait la paix, même si l’accord qui la sanctionne n’est toujours pas appliqué ; tout comme je ne regrette pas d’avoir lutté pour l’indépendance, même s’il y a eu plus de morts par balles ou torture à l’ombre de notre drapeau qu’en 115 ans de colonialisme. »
L’époque des libertés et de la justice ne semblant pas encore arrivée pour le Peuple djiboutien, il ne lui reste qu’à lutter.
LA REDACTION
Les comptes de la Chambre des Comptes (2)
2 : LA CONFUSION BUDGÉTAIRE
Après un premier survol la semaine dernière, entrons dans le détail du rapport public de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire. A l’heure où le régime vante les mérites de son Budget 2005, examinons les incohérences notoires dont souffre ses prévisions en matière de recettes.
I) la censure exportée
Nous avions suggéré la semaine dernière que la version publique du rapport de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire, paru dans le Journal Officiel, n’était qu’une parure expurgée aux fins de tromper les bailleurs de fonds. Le seul fait que, contrairement aux règles de procédure normalement en vigueur pour ce type de travail, les établissements publics épinglés n’aient pas été explicitement mentionnés, donnait une petite idée du volume de non-dit. Mais, pour qui voudrait encore s’en convaincre, voici in extenso un court extrait d’un flagrant délit de censure, tel qu’il apparaît à la page 351, sous la rubrique 5 des « anomalies diverses :
La délibération N° 475 stipule, en son article 34 alinéa premier, que « certains chapitres peuvent comporter des crédits globaux destinés à faire face à des dépenses éventuelles ou accidentelles ». Conformément à cette disposition le chapitre 39.11 inclut l’article 84 intitulé « dépenses imprévues ». De l’examen approfondi des dépenses de cet article ressort des dysfonctionnements graves au regard de la loi budgétaire.
Il fait l’objet, en premier lieu, d’un dépassement chronique des crédits disponibles. Les taux de dépassements de crédit sont faramineux (134,16% en 1999, 104,37% en 2001 et sept fois le crédit en 2000).
En second lieu, cet article est le réceptacle des dépenses diverses et variées. Son existence encourage des telles dérives qui autrement n’auraient pas existées. Au nombre de ces dépenses on peut citer :
Les dépenses imprévues révèlent enfin une gestion budgétaire laxiste par le biais des opérations imputées et l’importance des dépenses de régularisation. »
Comme le lecteur, nous sommes donc restés sur notre faim, car l’énumération que précédaient les deux points a manifestement été censurée dans la version publique de ce rapport.
Sur la base des informations ayant échappé à cette rétention, examinons à présent l’amateurisme, certainement pas innocent, qui préside à l’élaboration du Budget national.
II) des Recettes
Le Rapport note que les procédures prévues par le code des impôts sont souvent ignorées, irrégularités se manifestant par :
1) des écarts entre les recettes indirectes constatées et le recouvrement ;
2) des restes à recouvrer d’impôts directs non justifiés;
3) la non cohérence des informations chiffrées détenues par les structures d’un même service ;
4) la gestion des redevances pour services rendus, susceptibles d’être qualifiée de gestion de fait ;
5) l’irrégularité de la méthode de répartition des pénalités, qui peut constituer également une gestion de fait ;
6) l’abandon de la procédure du traitement des réclamations contentieuses et de la procédure d’admission des émissions en non valeur ;
7) l’absence de politique de contrôle fiscal et de recensement des personnes et produits imposables avec en place d’un fichier central d’identification et de suivi des contribuables ;
8) absence totale de contrôle et de suivi des régies des recettes d’avances en dehors de l’arrêté de caisse effectué le 31 décembre.
Quand on sait que l’élaboration d’un Budget consiste à programmer des dépenses en fonction de recettes escomptées, les dysfonctionnements ci-dessus montrent clairement le laxisme en la matière : même retenu à la source, il existe d’importants écarts entre prévisions virtuelles et réalisations concrètes de l’impôt sur les salaires !
Parmi les recommandations de la Chambre des Comptes en ce domaine, il faut citer :
1) que la Direction de l’Elaboration Budgétaire, du ministère des Finances, présente au plus tard au mois de juin des prévisions argumentées ;
2) que chaque service concerné mette tout en œuvre pour atteindre ses objectifs dans le recouvrement des recettes à sa charge ;
3) engager la responsabilité personnelle et pécuniaire pour les sommes non encaissées ;
4) appliquer rigoureusement la procédure du Code général des impôts en ce qui concerne les réclamations contentieuses et les recours gracieux;
5) renforcer les brigades de contrôle fiscal ;
6) mettre en place un identifiant unique pour chaque contribuable ;
7) répartir clairement les responsabilités entre le Directeur des Recettes et celui des Finances d’une part, de dernier et son chef du service de Recouvrement d’autre part.
Dans un prochain numéro, nous examinerons les incohérences qui président à la définition et à l’application du Budget en ce qui concerne les dépenses.
Là aussi, c’est la pagaille la plus complète qui prévaut, et les critiques à l’égard du premier responsable du ministère des Finances sont pour le moins acerbes et explicites.
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