Réalité numéro 120 du mercredi 5 janvier 2005 |
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Sommaire |
Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 120 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti
Site: www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
SOLIDAIRES
FACE À LA DÉSOLATION
Mogadiscio, ce n’est pas très loin de Djibouti. Pourtant, il y a eu là-bas au moins 200 morts consécutivement à un tsunami venu de milliers de kilomètres. Parce que nous sommes beaucoup moins à l’abri des catastrophes naturelles, ce qui s’est passé en ce 26 décembre 2004 devrait nous inciter à réfléchir sur notre propre vulnérabilité et nous sentir solidaires des souffrances endurées. Ce n’est pas la première fois qu’un cataclysme prend une telle dimension planétaire.
Souvenons-nous : c’était le 27 août 1883. Suite à une éruption volcanique sous-marine, l’île de Krakatoa située entre Java et Sumatra est complètement détruite. L’explosion donna lieu au bruit le plus assourdissant jamais enregistré sur Terre : il fut même entendu à cinq mille kilomètres à la ronde ! Une série de tsunamis succéda alors, la vague du dernier atteignant la hauteur vertigineuse de 35 mètres et fit plusieurs fois le tour du monde. 300 villages de la côte indonésienne furent totalement rayées de la carte et au moins 36.000 morts furent recensés.
Par les pertes humaines et matérielles causées en Asie du Sud-Est, la désolation du 26 décembre dernier constitue à n’en pas douter la catastrophe naturelle la plus dévastatrice que le monde ait vécu à ce jour. Après avoir fait le deuil des 150.000 morts à l’heure actuelle recensés (dont 80.000 dans le seul nord de Sumatra, le bilan définitif ne sera probablement jamais connu de façon précise), il faudra au moins dix ans et un colossal effort international pour reconstruire tout ce qui a été détruit en Indonésie, En Inde, au Sri Lanka, en Thaïlande ou en Malaisie.
Pour l’heure, il s’agit de parer au plus pressé : identifier les morts et assister les survivants. L’émotion suscitée étant à la mesure de la désolation, une mobilisation internationale sans précédent s’est mise en place : gouvernements, institutions multilatérales, ONG et même simples citoyens du monde. Les seules promesses d’aides publiques se chiffreraient déjà à deux milliards de dollars américains. C’est que la tâche est immense. Il s’agit d’abord de soulager la détresse des millions de sans-abri que le raz de marée a brutalement et durablement privés de toit, de nourritures, de soins et de vêtements dans les huit pays touchés. Il faudra également prévenir et combattre les inévitables risques d’épidémies qui risquent de gravement alourdir un bilan humain déjà dramatique.
Pour évaluer l’ampleur du désastre et des moyens à mettre en ouvre, une conférence internationale se réunira le 11 janvier à Genève, succédant à une réunion extraordinaire de l’ASEAN le 6 janvier en Indonésie. Le drame est là : si cette organisation régionale regroupant les États du Sud-Est asiatique avait eu la volonté politique nécessaire, un mécanisme de veille aurait pu être mis en place pour alerter les populations riveraines de tout risque sismique. Comme s’en sont dotés le Japon et les États-Unis : le problème n’est pas technique, mais hélas d’ordre institutionnel, la coopération économique ou militaire prévalant sur toute autre considération de protection civile.
Situés dans une région à haute activité sismique, nous ne sommes évidemment pas à l’abri d’une catastrophe naturelle : Djibouti-ville étant à certains endroits située au-dessous du niveau de la mer, notre Capitale est d’ores et déjà condamnée à disparaître sous les eaux suite à une élévation du niveau de la mer consécutive à l’effet de serre et au réchauffement de la planète. C’est dans un très proche avenir, et ce n’est pas là un scénario-catastrophe.
Pour l’heure, au lieu de danser pour le nouvel An, le régime aurait été mieux inspiré de communier avec la douleur internationale et surtout de rassurer l’opinion publique nationale quant à notre degré d’exposition à de tels risques naturels : à quoi servent donc nos scientifiques du CERD ?
Brèves nationales
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Contreplan sur «Gros Plan» :
Le journalisme-propagande se porte bien
L’impertinence d’un journaliste face à son invité est en règle générale, dans les pays où existe un véritable pluralisme de la presse, un gage de sérieux déontologique et de respect du public citoyen. Même en différé (nonobstant l’inévitable censure politique) et malgré la mise à distance des téléspectateurs qu’une telle formule empêche de participer aux débats par leurs questions, l’émission «Gros Plan» avait soulevé beaucoup d’espoirs dans un environnement médiatique pour le moins morose, en l’absence de médias indépendants.
Apparemment, c’était encore trop attendre d’une certaine nature humaine sacrifiant sa liberté de penser au profit de basses sollicitations partisanes et sectaires, incompatibles avec l’intérêt général.
Ainsi, dans le récent numéro de «Gros Plan» l’animateur s’est rendu coupable de flagrantes légèretés qui ne peuvent nous laisser indifférents. Non pas que nous prétendions ici prendre la défense de son invité, le président du parti politique dénommé FRUD : il a lui-même remis à sa place le journaliste prétentieux cherchant à le déstabiliser à propos d’un quolibet. Par contre, les allégations de cet animateur propagandiste selon lesquelles l’opposition djiboutienne serait actuellement divisée sur le choix d’un candidat à la prochaine présidentielle sont tout à fait infondées.
Elles semblent surtout participer d’une intoxication médiatique dont le seul bénéficiaire est incontestablement le candidat solitaire à sa propre succession. Dans un système politique où les vocations se résument à rejoindre le parti au pouvoir uniquement pour des raisons personnelles et alimentaires, auxquelles les candidats donnent une justification tribale, ce journaliste maison cherchait, à travers cette contrevérité, à discréditer l’UAD. Mais surtout à rabaisser le débat de société en privilégiant les individus au détriment des personnes.
Rappelons que si l’UAD a décidé d’exclure de son sein un parti dont le président s’était trop précipitamment déclaré candidat à la présidentielle d’avril prochain, c’est parce que, moins que sa personne, respectable au demeurant, le seul fait de participer à une fraude électorale prévisible est contraire à la contribution que l’opposition entend apporter dans l’instauration d’une véritable démocratie.
En un sens, le président du FRUD a eu raison de dire que l’opposition ne jouerait pas un grand rôle dans la prochaine consultation électorale : au sens du jeu traditionnel consistant à cautionner l’illégalité instituée, certainement pas ! Tout simplement parce que, contrairement à ses illusions bien compréhensibles, il n’y a pas encore de réelle démocratie à Djibouti. La meilleure preuve en étant ce journaliste lui manquant de respect et tentant de le piéger dans des élucubrations sans intérêt.
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Mégaboum officielle du nouvel An :
Danses, chants et feux d’artifices
En signe de solidarité avec les nations dévastées et endeuillées par les tsunamis, la plupart des Etats du globe ont décidé de limiter ou même d’annuler les festivités officielles marquant le passage à la nouvelle année. En effet, selon les derniers décomptes officiels, ce sont plus de 150.000 personnes qui auraient péri dans les huit pays touchés par les raz-de-marée du 26 décembre 2004.
C’est dans ces circonstances tragiques à l’échelle mondiale que le régime djiboutien a choisi de pompeusement fêter le nouvel An à la résidence du Premier ministre. Ainsi, dès 20 heures vendredi, des policiers filtraient la circulation sur la route entre La Siesta et Boulaos. Vers 22h30, plusieurs dizaines de véhicules 4×4 étaient garées le long de cette voie, donnant une idée de l’affluence exceptionnelle à cette fête organisée par le pouvoir. Selon nos informations, des centaines d’heureux invités, ou de malheureux réquisitionnés, ont pris part à cette soirée, aux frais du contribuable bien sûr.
Rien n’a été négligé pour donner un éclat sans précédent à cette fête de l’insouciance : lampions multicolores, agapes des mille et une nuits, musique branchée et assourdissante, gigantesque feu d’artifice à minuit. On raconte que les derniers fêtards auraient dansé jusqu’à très tard dans la nuit, pratiquement aux aurores.
Tout ce beau monde n’a évidemment pas eu le temps de visionner le « Gros Plan » consacré à la paix d’Ab’a, ni encore moins de se recueillir au moment du pathétique et insipide message présidentiel du nouvel An, enregistré pour l’occasion au quartier général de campagne de Haramous s/mer. Ils étaient peut-être trop pressés de jouir de l’instant présent : demain est un autre jour, comme le disait Scarlett O’ Hara dans «Autant en emporte le vent».
Mais, pour être tout à fait honnête, admettons que la petite histoire de cette grande soirée dit aussi qu’avant de se déhancher au rythme endiablé des musiques dans l’air du temps, les illustres danseurs auraient observé une longue minute de silence à la mémoire de toutes les victimes du tsunami, dont 200 rien que dans la république soeur de Somalie, cinquième pays le plus touché.
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L’opposition se renforce :
Galafi hisse les couleurs de l’ARD
La localité de Galafi, dans le Sud-Ouest du pays et par où transite l’essentiel du trafic commercial routier avec l’Éthiopie, reste une région particulièrement désolée, en dépit de ses potentialités. La présence de l’État se limite à un petit détachement militaire, quelques fonctionnaires de police et un agent des Douanes. Dans un rayon de 20 km, aucune trace de développement n’est visible, pas même agropastoral, n’en déplaise à tel docteur honoris causa en la matière.
Ainsi, faisant suite aux multiples demandes de la population de ce secteur, l’ARD y a ouvert une annexe la semaine dernière. A peine le tableau de notre parti accroché dans ce village, le régime pris de panique a officiellement protesté par la voix d’un ministre, natif de l’étape. Les notables lui ont fermement répondu que les citoyens oubliés de Galafi n’avaient désormais plus d’autre alternative que de soutenir le combat juste de l’ARD, le parti qui ose dénoncer l’injustice, qui lutte pour que la vérité éclate et qui ne tolère aucune discrimination entre les Djiboutiens.
Dans une région où cartes d’identité nationale, extraits d’acte de naissance, dispensaire et école sont encore plus rares que la mousson d’hiver, aucun doute que notre parti n’aura aucune difficulté à mobiliser. Surtout que, sans même parler de réhabilitation, dans cette zone durement affectée par le conflit, des fillettes ont encore été mutilées en septembre dernier par des mines antipersonnel que l’Armée se refuse obstinément à neutraliser. Et cela, les habitants de cette région ne peuvent l’admettre.
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Conseil des ministres de campagne :
Dikhil boude le candidat solitaire
Entamant sa campagne par des voies détournées, le candidat solitaire a tenu le deuxième « Conseil des ministres décentralisé » à Dikhil mardi dernier. Malgré le zèle des rabatteurs dépêchés sur place, la population de la ville de l’Unité aurait allégrement boudé la visite démagogique du candidat fatigué à sa propre succession. La RTD aura tout de même réussi à concocter un pénible reportage sur cette région, lassée comme toutes les autres du mensonge officiel et du gâchis. Déçu du voyage, le docteur honoris causa serait brutalement rentré à Arta, où il aurait poursuivi ses méditations solitaires sur la suite des événements. On raconte même que l’escapade à Dikhil l’aurait passablement fatigué.
Pourtant, soucieux qu’il serait de ne faire aucun jaloux, il projetterait courageusement de tenir de prochains «Conseils de ministres décentralisés » à Ali-Sabieh, Tadjourah et Obock.
Qui vivra verra.
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La Première Dame à Abou-Dhabi :
Tardives larmes de crocodile
Notre article de la semaine dernière consacré à la condition féminine à Djibouti et dans lequel nous faisions allusion au récent voyage en Boeing présidentiel de la présidente de l’UNFD aux Emirats Arabes Unis a, paraît-il, particulièrement déplu en haut lieu. Aussi, sommé de donner une explication à cette visite privée, le journal gouvernemental « La Nation » s’est empressé de publier en dernière page de son édition du jeudi 30 décembre, un court article en forme de mise au point.
Le texte aussi risible que maladroit cherchait à faire diversion en prétendant que la Première Dame aurait effectué ce déplacement uniquement pour présenter ses condoléances à la veuve du président d’Abou-Dhabi décédé il y a plus de deux mois.
Tout ce que nous avions avancé, c’est que ce voyage privé avait été financé par les deniers publics : le régime n’a pas osé affirmer que la Première Dame avait voyagé en boutre ou en charter de Daalo-Airlines !
Quant aux condoléances, bien tardives, la population djiboutienne aurait pour sa part apprécié que ses propres doléances soient prises en considération par celle qui, apparemment, a plus de pouvoir et de moyens que nombre de ministres.
L’Aïd approche : elle pourrait inviter son président de mari à verser aux agents de l’Etat les deux mois d’arriérés de salaire injustement retenus parce qu’affectés à d’autres urgences : comme tel voyage privé en Boeing présidentiel ou telle boum de la primature ?
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La Présidence s’agrandit :
Le bâtisseur national voit grand
Visiblement à l’étroit dans les murs du modeste palais présidentiel qu’il hante depuis plus de 27 ans, et dont certains couloirs datant du début du 20 ème siècle interdiraient l’épanouissement de son envergure grandissante, le candidat solitaire projetterait une extension du Beit El Wali. Depuis son accession à la magistrature suprême, il y a ainsi fait procéder à de multiples travaux de rénovation et de décoration pour plusieurs centaines de millions de nos francs.
Pris d’une frénésie de construction et disposant d’un budget occulte conséquent, le bâtisseur national serait sur le point, pour cela, de faire disparaître la dernière mangrove de Djibouti, située côté mer, aux fins d’agrandir le domaine de la Présidence. Aura-t-il le temps de terminer ses futurs travaux pharaoniques ? Dieu seul le sait.
Toujours est-il qu’il s’y emploie activement. Ainsi, tel Pharaon, il échafauderait des plans cherchant à agrandir sa pyramide de béton. Quand on songe à l’état de délabrement de certaines routes, dispensaires, écoles ou autres édifices publics, on reste révolté par un tel gâchis financier perpétré par un seul homme.
Après en avoir militarisé la plus grande partie, pourquoi ne rénoverait-il pas ce qui reste public de l’ancienne Jetée du Gouvernement ou route de l’Escale ? Peut-être cherche-t-il à définitivement effacer tout ce qui reste d’une sombre période coloniale qu’il préfère oublier !
Quoi qu’il en soit, l’homme reste un bâtisseur né: il suffit pour s’en convaincre de voir l’état impeccable des deux routes donnant accès au modeste quartier de Haramous sur mer, émirat tropical dont il est fondateur.
Si ses ingrats compatriotes lui confiaient spontanément un deuxième mandat, nul doute qu’il aurait reconstruit notre Capitale à l’image de la ville de Dubaï. Mais les Djiboutiens appauvris par ses dépenses inconsidérées, rechignent à le reconduire, comme ils ne l’avaient pas vraiment élu en 1999.
Dommage pour le génie de Haramous, jurant cette fois avoir des idées constructives plein la tête.
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La force de la Nature
Les chiffres de la grandeur
A l’heure où la Nature a dramatiquement démontré sa toute-puissance, il n’est pas inutile de rappeler à l’homme moderne quelques éléments, pour mieux mesurer la petitesse de notre condition de mortel.
I) LA TERRE EN CHIFFRES
Superficies– Superficie totale : 510 100 000 km2
– Superficie des océans : 360 700 000 km2 (70,71 %) – Superficie des terres émergées : 149 400 000 km2 (29,29%) – Superficie de l’Océan Pacifique : 179 700 000 km2 – Superficie de l’Océan Atlantique : 106 100 000 km2 – Superficie de l’Océan Indien : 74 900 000 km2 – Superficie de l’Asie : 43 807 785 km2 – Superficie de l’Afrique : 30 281 812 km2 – Superficie de l’Amérique du Nord et Centrale : 24 343681 km2 – Superficie de l’Amérique du Sud : 17 845 439 km2 – Superficie de l’Europe : 10 392 855 km2 – Superficie de l’Antarctique : 14 107 637 km2
> Points culminants (par continents) – Asie : Mt Everest (8 847 m) – Afrique : Mt Kilimandjaro (5 895 m) – Amérique du Nord et Centrale : Mt McKinley (6 194 m) – Amérique du Sud : Cerro Aconcagua (6 960 m) – Europe politique : Mt Blanc (4 810 m) – Europe géographique : Mt Elbrouz (5 562 m) – Océanie : Puncak Jaya (5 030 m) – Antarctique : Vinson Massif (5 140 m)
> Profondeurs océaniques et marines
Profondeur moyenne : -3 800 m – Pacifique Est : fosse des Mariannes (-11 035 m) – Fosse Tonga (-10 882 m) – Pacifique Ouest : fosse Pérou-Chili (-8 064 m) – Fosse du Guatemala (-6 662 m) – Atlantique : fosse de Porto Rico (-9 218 m) – Fosse des Sandwich du Sud (-8 264 m) – Indien : fosse de la Sonde-Java (-7 450 m) – Fosse de Madagascar Ouest (-6 400 m) – Méditerranée : Sud du cap Matapan (-5 121 m) – sud-est de la Sicile (-4 115 m) – Glacial Antarctique : -6 972 m – Glacial Arctique : -5 520 m – Mer Rouge : -3 039 m – Mer Noire : -2 245 m – Adriatique : -1260 m – Mer de Marmara : -1 273 m – Baltique : -470 m – Mer du Nord : -725 m – Manche : -172 m – Golfe Persique : -110 m – Mer d’Azov : -13 m
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> Superficies des principales îles– Groenland : 2 175 600 km²
– Nouvelle-Guinée : 785 000 km² – Bornéo : 736 000 km² – Madagascar : 596 000 km² – Baffin : 476 000 km² – Sumatra : 471 000 km² – Grande-Bretagne : 228 200 km² – Hondo : 228 000 km² – Ellesmere : 198 400 km² – Victoria : 192 700 km² > Superficies des principaux lacs – Mer Caspienne : 371 000 km² – Lac Supérieur : 84 131 km² – Lac Victoria : 68 100 km² – Lac Huron : 61 797 km² – Lac Michigan : 58 016 km² – Mer d’Aral : 34 000 km² environ en 2 000 – Lac Tanganika : 32 893 km² – Grand Lac de l’Ours : 31 792 km² – Lac Baïkal : 31 500 km² – Lac Nyassa/Malawi : 30 800 km² – Grand Lac des Esclaves : 28 438 km² – Lac Érié : 25 612 km² – Lac Winnipeg :24 514 km² – Lac Ontario : 18 941 km² – Lac Ladoga : 18 400 km² – Lac Balkhach : 16 300 km² > Longueur des principaux fleuves – Nil – Kagera : 6 671 km – Amazone – Ucayali : 6 280 km – Mississippi – Missouri – Red Rock : 5 970 km – Chang Jiang (Fleuve Bleu) : 5 800 km – Amazone – Maranon : 5 500 km – Ob – Irtys : 5 410 km – Gange-Brahmapoutre : 5 401 km – Huang He (Fleuve Jaune) : 4 845 km – Congo : 4 700 km – Amour : 4 667 km – Léna : 4 400 km – Irtych (affluent de l’Ob) : 4 248 km – Niger : 4 184 km – Ienisseï : 4 129 km – Parana : 4 025 km – Mékong : 4 023 km – Volga : 3 701 km > Population – Nombre d’habitants : environ 6,2 milliards – Nombre de villes et villages : environ 2 millions |
II) LES RECORDS DE LA NATURE
PHENOMENE RECORD DATE
Climatologie
Brouillard maritime le plus long : plus de 120 jours par an à terre-neuve (Canada)
maximal : 97% Sahara
Grêlons les plus lourds : blocs de 7 kg en Espagne janvier 2000
le plus gros : 18 cm de diamètre, 50 cm de circonférence (Nebraska) juin 2003
Chutes de neige
les plus fortes : 31,1 m à Paradise Mont Rainier (Washington, USA) du 18/02/1971 au 18-02-1971
les plus fortes : 1,93 m à Silver Lake (Colorado, USA) 14-15/04/1921
Orages
nombre maximal par an : 322 jours à Bogor (Java, Indonésie) 1916
nombre d’impacts (en France) : 62 000, le 22/09/1992
Précipitations
Hauteurs maximales : en un jour : 1,87 m Cilaos (La réunion) 15-16/03/1952
Hauteurs maximales : en un mois : 9,3 m Cherrapunji (Inde) juillet 1861
Hauteurs maximales : en une année : 24,461 m Cherrapunji (Inde) du 01/08/1860 au 31/07/1861
Moyennes annuelles : à Mawsyrnam 11873 mm
Moyennes annuelles : Tutunendo (Colombie), 11 770 mm
Minimales : Antofagasta (Chili) 0,4 mm
Engendrée par un cyclone : 2 200 mm en 2 jours, 4 150 mm en 4 jours mars 1962
Cyclone Lenny : 300 mm en 48 heures sur Point à Pitre novembre 1999
Températures
La plus élevée : 57,8°C El Azizia (Libye) 13/09/1922
deuxième plus élevée : 56,7°C Vallée de la Mort (Etats Unis) 1913
troisième plus élevée : 53,9°C à Tirat Zévi (Israël) 1942
la plus élevée en France : 44°C à Toulouse 08/08/1923
La plus basse : -89,2 °C Vostok (Antarctique) 21/07/1983
Amplitude annuelle maxi : 104,4°C (de -67,7°C à +36,7°C) à Verkhoïansk, Sibérie.
Amplitude thermique diurne maxi : 55,5°C (de -6,7°C à 48,8°C) à Browning, Montana, USA 23-24/01/1916
Vents
les plus forts : USA mont Washington, 371 km/h 12/04/1934
les plus forts en France au mont Ventoux : 320 km/h 19/11/1967
Super-typhon Zoe avec des rafales atteignant 340 km/h (région de l’archipel des îles Salomon dans le Pacifique Sud-Ouest et plus particulièrement l’île Tikopia) 30/12/2002
Trombe au large d’Eden (Australie) : colonne d’eau d’environ 1850 m de haut et 3 m de diamètre 16/05/1898
Pression
Plus basse : 870 hPa (œil du typhon Tip par 17° de latitude Nord et 138°de longitude Est – Pacifique) 12/10/1979
Plus haute : 1083,8 hPa Agata (Sibérie) 31/12/1968
géomorphologie / géologie
Lac
le plus profond : 1519 m, Baïkal (Sibérie, URSS) le plus élevé : 3810 m au dessus du niveau de la mer, Titicaca (Pérou-Bolivie) sous-glaciaire
le plus grand de l’Antarctique : lac Vostok, 240 km de long, 50 km de large, jusqu’à 1 km de profondeur, situé sous 3750 mètres de glace depuis des millions d’années
Gorge
la plus profonde : 2400 m, hells Canyon (Idaho, USA)
la plus longue : 349 km, Grand Canyon (Arizona, USA)
Marée : amplitude maximale : 16,2 m, dans la baie de Fundy (Canada) Océan
la plus grande profondeur : fosse du Challenger, 11 033 m dans la fosse des Mariannes (océan Pacifique)
Mer la plus basse en altitude : -394 m, la mer Morte (Proche Orient) Vague
La plus haute : 34 m, 342 m de long, période de 14,8 s, vitesse de 23m/s lors d’une tempête avec des vents jusqu’à 120 km/h. Cette vague a été mesurée à bord du pétrolier USS Ramapo février 1933
Jusqu’à une trentaine de mètres pour les tsunamis
Montagne
sommet le plus haut : 8846 m, Chomo Lungma dit l’Everest
la plus haute : 9450 m (4214 m d’altitude et -5236 m dans l’océan Pacifique), le Mauna Kea
le plus haut plateau : 4800 m, le Tibet
Fleuves
le plus gros débit : l’Amazone avec 150 000 m3/s
le plus long : Nil – Kagera : 6 671 km
la plus grand embouchure : l’Amazone avec 350 km de large
le plus grand bassin versant : l’Amazone avec 7 000 000 km2
Volcan : Explosion la plus colossale : celle du Krakatoa (Indonésie) qui fût entendue jusqu’à l’île Rodrigue à 4 811 km du volcan. 27/08/1883
Roche : La plus vieille : 4,016 milliards d’années
Dunes : Les plus hautes : jusqu’à 500 m dans le désert Badain Jaran à l’ouest de la Mongolie intérieure (Chine)
biologie
Arbre: le plus vieux : 5000 ans estimé pour les pins de Californie Pinus longaeva. Le vétéran a été abattu en 1964 et devait avoir 4900 ans
vie
Condition thermique maximale : 121°C
Les comptes de la Chambre des Comptes (3)
Endettement extérieur et dépenses inconsidérées
Le rapport de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire (CCDB) se cantonne à masquer la réalité en compliquant les observations par l’étalement de tableaux comparatifs, de graphiques inutiles comme de variables relatives, non conséquents pour toute étude de ce genre. Sans vouloir réitérer nos analyses qui dépassent la période étudiée par son « Rapport Général Public – Spécial n° 3 du 15 novembre 2004 », nous constatons l’inventoriage, partiel et partial, de ce qui est qualifié d’« entorses budgétaires » par la CCDB mais, malheureusement, grave pour l’avenir de la communauté nationale obligée de payer les erreurs gouvernementales dans la gestion et les dépenses exponentielles, dont cette instance dépend directement.
Ce document étant simplement destiné à la consommation extérieure, il ne peut nullement justifier le piteux état du pays en ce sens que son étude se limite seulement à un constat purement comptable et non à une analyse globale intégrant la condition sociale de la population et la situation économique du pays.
Ignorant les dispositions recommandables pour une équation entre les multiples accroissements budgétaires et les dépenses dont les destinations varient en fonction des priorités circonstancielles du régime, la CCDB semble vouloir séduire à travers ses 400 pages les bailleurs de fonds en vue du maintien sinon de l’augmentation de leurs injections financières dans un pays d’un peu plus de 500.000 âmes, où la corruption demeure être la plus exemplaire d’Afrique. Une corruption qui fait partie des mœurs politiques depuis l’indépendance et s’est renforcée depuis 1999.
Nous réservant pour un prochain numéro l’étude chiffrée et les comparatifs des données de la CCDB, nous nous limiterons cette fois-ci à l’analyse macrobudgétaire des années retenues dans ce rapport et des constats importants tirés, en plus des recommandations.
Les rapports distants entre les Lois des Finances Initiales et celles des Lois des Finances Rectificatives constituent un des éléments majeurs de l’évaporation des recettes de l’Etat à travers les dépenses non maîtrisées dit le rapport. Par exemple, en 1999, le budget prévisionnel « voté » étant de 28,4 milliards FD il s’était accru de près de 7 milliards FD, soit plus de 23% lors de l’adoption du budget rectificatif.
Comme toutes les années et dans tous les budgets, il constate que la ligne « Moyens de Service » affiche une dépense globale représentant plus de 75% des recettes en plus de l’accroissement gravissime des dettes publiques dues essentiellement à la poursuite de la politique vieille de 27 ans.
Passant de 27 milliards FD à environ 35 milliards FD, cette flambée de la dette si elle n’est expliquée a de quoi inquiéter. Le montant des engagements contractés par l’Etat reste dans l’immédiat provisoire. Néanmoins, ce rapport pointe du doigt la défaillance des services du Ministère des Finances qui, malgré les dernières restructurations ayant mis en place une Direction chargée des financements extérieurs, demeurent toujours inopérationnels : de multiples défaillances responsables de la non-communication des données fiables et définitives sur l’endettement réel du pays.
Seule explication avancée par cet organisme public: l’accroissement important de la dette publique serait d’origine principalement bilatérale. Cette dette bilatérale aurait été aggravée par les non-remboursements de prêts anciens tels que celui de l’Espagne de 2,4 millions USD destinés à la réhabilitation de l’Hôpital Peltier en 1997 ou des trois prêts de la Chine ayant permis les constructions du Palais de Peuple et du Stade Hassan Gouled, en plus de la dernière acquisition à crédit, du système des contrôles des conteneurs dans un Port mis en concession pour deux décennies.
Cette situation d’endettement grave est d’autant plus alourdie par la capitalisation des charges d’intérêts des emprunts non-remboursés qui, à terme, conduiront à hypothéquer l’avenir des générations futures.
Les principales irrégularités relevées au titre des Dépenses du Budget de l’Etat, que nous avons décidé d’examiner cette semaine, concernent les dotations budgétaires sur ou sous-évaluées, ainsi que les dépassements de crédits. Nos magistrats observent que « d’une manière générale, les crédits destinés aux dépenses de matériels enregistrent des dépassements excessifs » . Et systématiques, dans certains ministères, ajouterons-nous. Les textes réglementaires sont pourtant explicites : « sauf exception prévue par les textes, les crédits sont limitatifs et les dépenses sur lesquelles ils s’imputent ne peuvent être engagées et ordonnancées que dans les limites des crédits ouverts ».Et comme nous l’avions déjà montré il y a un an, c’est la Présidence de la République qui montre, comme en d’autres domaines, le mauvais exemple. En 2000, ces dépassements s’élevaient 374.197.775 FD. Ces inimaginables dépassements de crédits pour une seule ligne budgétaire sont injustifiables et d’ailleurs injustifiés.
Leur cause exacte reste inexpliquée : parce qu’inavouables ? Les tentatives d’explication des magistrats de la CCDB ne sont pas vraiment convaincantes. Selon eux, cet excédent « provient en réalité des engagements de dépenses au profit de différents ministères… Du fait du contrôle redondant du ministère des Finances, les ministères se tournent assez souvent vers la Présidence, pour entreprendre des activités prioritaires de leur programme. » A quoi servent ces ministères et leur budget s’ils doivent se tourner vers la Présidence pour la réalisation de leur programme supposé être prioritaire, mais apparemment pas budgétisé ?
La palme des irrégularités revient cependant à l’Assemblée nationale, qui dispose d’un compte spécial au Trésor et qui doit en principe jouer un rôle dans le contrôle budgétaire. Il est clair que les prêts comme les priorités budgétaires découlent d’une politique économique favorisant les manipulations afin de pérenniser un régime despotique.
Sinon, comment peut-on comprendre que les crédits budgétaires dépendant plus de l’Exécutif que d’un Législatif, simple chambre d’enregistrement, offrent la plus importante ligne de dépenses (400 millions FD, ce qui donnerait une moyenne de 6.154.000 FD par député) à une Assemblée Nationale constituée de mals-élus ?
Nous apprenons ainsi qu’ « au chapitre 40.10 de la comptabilité interne, les dépenses excèdent en fin d’exercice de 49.000.000 FD les crédits d’origine en 2000. Quant aux frais de mission, qui étaient de 8 millions FD en 1999, ils ont connu en 2000 une hausse de 42 millions FD. L’anomalie, nous dit la CCDB, « réside dans le mode de perception de ces frais», sans préciser lequel, mais l’on devine.
Pas ailleurs, la CCDB note « la déliquescence des opérations d’inventaire, graves manquements généralisés dans la tenue, le suivi et le contrôle des biens de l’Etat, de nature à développer un état de gaspillage préjudiciable aux deniers publics ». Il faut donc en conclure que cette situation de gaspillage est générale et avancée. Les conditions déplorables d’archivage des documents administratifs et comptables créent des divergences entre les données des administrateurs de crédits et les ordonnateurs subdélégués :
– Non-respect des autorisations budgétaires,
– Mouvements contradictoires et incohérents des crédits,
– Dépassements
– Imputations budgétaires irrégulières (« outre qu’elles constituent des infractions à la règle de la spécialité des crédits, ces irrégularités ont pour effet de nuire à la transparence indispensable des comptes »),
– Avantages et espèces et en nature non-réglementaires,
– Infractions au Code des Marchés Publics ;
On le voit, le tableau est sombre et risque de le rester, à en croire le constat amer mais lucide de nos magistrats selon lesquels « le ministère des Finances fait peu cas des injonctions de la Chambre. »
Dans le rapport sur l’exécution des Lois de Finances de 1999 à 2001, la CCDB avait déjà soulevé ces pratiques dont la récurrence finit par porter préjudice à la crédibilité des autorisations budgétaires.
Au niveau des dépenses proprement dites, la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire n’a pas pu expliciter ou a semblé ignorer les raisons qui ont conduit à l’augmentation disproportionnée des indemnités parlementaires en 1999, comme les fortes élévations des crédits alloués en 1997 et 1998 à la Primature et certains ministères par rapport à d’autres.
Et pourtant, cette institution de contrôle est censé savoir que si ces dépenses ont été relevées cette époque, c’est tout simplement qu’elles devaient couvrir les frais nés de la campagne de mobilisation des nouveaux parlementaires issus d’Ab’a et d’un gouvernement de circonstance dont le successeur de son oncle avait énormément besoin. Pour l’année de son « élection », les Ministères « activistes » que sont : La Primature, les Affaires Etrangères, les Finances et l’Emploi et la Solidarité devaient bénéficier des largesses budgétaires en raison de la tenue de la Conférence de réconciliation somalienne d’Arta qui a fini, malgré les efforts titanesques déployés, dans un fiasco total.
D’ailleurs, cette explication est justifiée par la chute importante des crédits alloués à ces ministères « activistes » depuis.
Enfin, ce rapport ne portant que sur les exercices antérieurs à l’état actuel des finances publiques, les recommandations de la Chambre des Comptes restent timides et purement administratives, sans effet positif majeur pour l’instauration d’une réelle transparence dans la gestion des deniers publics. Une nécessité pourtant urgente jusque-là rendue impossible par un dirigisme politique allergique à l’avènement de tout contrepouvoir, base d’une vraie démocratie.
Une vérité qui trouve sa justification dans l’aggravation de la corruption et de l’enrichissement illicite d’administrateurs et de responsables politiques continuant en toute impunité à commettre des crimes financiers, car aucune condamnation n’a été prononcée à leur encontre depuis l’Indépendance de notre pays. Observant toutes les anomalies dans la gestion du denier public, « Réalité » a, depuis sa parution et sous diverses formes de critiques se voulant constructives, fait les mêmes constats que le rapport de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire, et avant lui.
C’est pourquoi nous sommes convaincus que le chapelet de recommandations que la CCDB égrène en fin de chapitre pour pallier aux innombrables irrégularités qu’elle a décelées, restera un vœu pieux et lettre morte.
Tout comme les recommandations des innombrables séminaires, ateliers, symposiums et états généraux qui ont émaillé le mandat du candidat solitaire à la poursuite de la politique-spectacle.
Vrais et faucons
80% AU BOUT DE 10 ANS !
Le dernier passage à l’émission « Gros Plan » de M. Ali Mohamed Daoud, président du FRUD, ne restera certainement pas dans les annales de la politique politicienne. Non pas qu’il n’y ait rien dit d’intéressant, bien au contraire. C’est justement que le ton mesuré de ses propos et son refus de la polémique stérile ont dû déplaire à un journaliste en service commandé peu soucieux de la vérité historique que tout citoyen est en droit d’attendre concernant le douloureux conflit civil qui a endeuillé notre pays de 1991 à 2000. Vérité historique que ni le présentateur ni son invité n’ayant respecté à des degrés divers et pour des raisons différentes, il est de notre devoir de rétablir, de notre modeste point de vue.
La première règle de toute information objective, c’est la fidèle restitution de la pluralité des points de vue. Ainsi, l’on se souvient que, pour relativiser les propos du regretté Ahmed Dini lors de son passage à « Gros Plan », des clips de personnalités d’un horizon politique opposé avaient ponctué l’émission, souvent peu amènes à l’endroit de l’invité certainement pas consulté pour une telle présentation des faits.
Dans cette logique, il aurait donc été plus honnête que l’animateur de cette émission interviewe, pour sa dernière édition consacrée au dixième anniversaire de la paix d’Ab’a, un représentant de tous ceux ( nombreux, dont au moins un actuel député RPP) qui avaient refusé de cautionner ce qu’ils considéraient comme une capitulation pure et simple. Mais il est vain et candide d’attendre de la RTD un minimum de rigueur déontologique : le service y est moins public que partisan. C’est pourquoi tous ceux qui en espéraient un moment de vérité ont été dépités : si les causes du conflit ont été prudemment esquissées par l’invité, ils ont par leur deux voix unanimes surestimé la portée de l’accord de 1994.
De chef de Guérissa
à chef de guerre issa
Le président du FRUD a raison de regretter toutes les victimes du conflit, et c’est tout à son honneur : seuls ceux qui transforment les sacrifices humains en autant de marches ponctuant l’escalier de leur promotion personnelle peuvent oublier à quel point il est injuste de mourir sous les balles uniquement quand elles sont tirées parce que résister par les armes constitue le dernier recours face à un régime ségrégationniste.
On aurait aimé voir le régime, dans un même élan d’humilité, regretter la mort de toutes les victimes civiles que ses troupes ont sauvagement torturées, assassinées ou violées, de décembre 1977 à novembre 1999. Sans oublier les malheureux policiers, militaires et gendarmes uniquement morts pour défendre une dictature et non une République.
Et ce n’est pas un hasard : les causes du conflit sont à rechercher dans l’intransigeance bédouine de l’ancien chef de l’Etat qui n’a pas hésité à trahir son compagnon de lutte pour instaurer une intolérable répression, malheureusement au nom d’une communauté à laquelle il interdisait, ce faisant, de trouver une place respectable au sein d’une Nation djiboutienne qu’il sabordait dès l’Indépendance.
C’est donc la dictature issue de l’Indépendance, avec tout ce que cela implique comme déséquilibre et étouffement des libertés individuelles, qui est à l’origine du conflit civil, comme y a pudiquement insisté le président du FRUD, bien qu’il ait préféré employer l’euphémisme de « difficulté » au lieu de tout simplement parler d’injustice. D’ailleurs, l’ancien chef de l’Etat avait lui-même défini la nature du conflit et de la paix d’Ab’a, avec la maladresse inculte qui est la sienne : «Les Danakils et nous avons fait la guerre. Ils m’ont demandé à manger et je leur ai donné à manger.» Si ceux de la paix d’Ab’a se sont effectivement contentés de manger, lui n’avait pas fait qu’affamer : il s’était bel et bien comporté non pas en responsable politique, mais en brutal chef de guerre tribal. Comme quoi, il n’y a pratiquement rien à dénoncer à la posture soumise de l’ancien Premier ministre qu’un actuel ministre avait justement rabaissé dans son livre au rang d’« afar de service ». Ce qui vaut évidemment pour son pathétique successeur. A quoi riment alors toutes ces festivités de commémoration ?
Coupable
d’être victime
Sans reconnaître une puissance surnaturelle à la médiation internationale, le second point qu’il convient de relativiser est la prétendue vertu du dialogue interdjiboutien : 1994, 2000 ou 2001, l’absence d’une tierce partie n’a nullement constitué un gage de respect de quelque accord de paix que ce soit. Les violations des accords de Marcoussis par la partie gouvernementale montrent clairement que, quand un régime s’obstine à reconduire les causes d’un conflit interne, aucune garantie internationale ne suffit.
Mais en souvenir des sacrifices consentis, aucune rébellion ne devrait se sentir seule responsable du chaos consécutif au déclenchement des hostilités armées : quand l’on porte soi-même les stigmates de la torture infligée par le SDS que dirigeait tel chef de cabinet de la présidence, on devrait être le moins prédisposé à sacrifier son engagement sur l’autel de la seule et petite ambition personnelle.
Surtout quand il s’agit de crédibiliser la capitulation de 1994 : la prétendue paix d’Ab’a n’a en fait réuni que tous ceux qui avaient un intérêt immédiat et personnel à fuir une médiation africaine conduite par l’Egypte et cherchant à instaurer les conditions d’une paix véritable à Djibouti. C’est donc une véritable paix par la résolution des causes véritables qui a été sabotée en 1994 : malgré les vœux pieux du président du FRUD, l’indispensable rééquilibrage ethnique n’a trouvé aucun début d’application, ni à l’époque, ni après l’accord de paix définitive du 12 mai 2001.
La seule différence, c’est que nous, nous osons le dénoncer : prétendre que les dispositions de la paix d’Ab’a auraient été appliquées à 80% en dix ans, c’est gravement nier le bien-fondé des sacrifices consentis. Et l’Histoire est sans pitié pour la mauvaise conscience des vrais opprimés reconduisant les conditions de leur oppression. S’il ne fallait retenir qu’une seule morale de cette histoire, c’est qu’il vaut mieux être un faucon qu’un vrai : il est regrettable que les victimes participent encore à leur répression. Parce que les vrais responsables dorment encore tranquillement.
Mais il est bien évident que si l’actuel ministre de la Défense avait été l’invité de cette émission, notre critique aurait été un peu plus acerbe : ce n’est pas pour rien que le régime lui accorde l’essentiel de ses louanges dans ce qui est arrivé en décembre 1994.
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