COMMUNIQUE DE PRESSE :
La répression encore et toujours comme solution politique
Djibouti, le 21 octobre 2013
8 mois après la tenue des élections législatives du 22 février 2013, la crise postélectorale perdure et l’attente sur la publication transparente des résultats définitifs bureau par bureau du scrutin demeure d’actualité pour le peuple de Djibouti et la Communauté Internationale (voir la Résolution du Parlement Européen sur la situation à Djibouti en juillet 2013).
Comme si les Djiboutiens devaient attendre encore longtemps voire très longtemps le respect de la représentation de la volonté populaire à l’Assemblée Nationale et surtout la mise en place des reformes démocratiques et institutionnelles indispensables dans un état de droit.
Nous écrivions dans un communiqué daté du 16 juin 3013 que « le pouvoir actuel après 36 ans`de règne sans partage ne peut pas et ne veut pas concevoir un dialogue avec une opposition dont il a nié et nie toujours l’existence.
Comme d’habitude pour ce dernier le scenario était écrit d’avance : fraude en amont, manipulation des résultats après les décomptes et surtout l’usage de la force répressive une fois les résultats proclamés pour faire croire à l’opinion nationale et internationale que la mouvance au pouvoir était sortie une fois encore vainqueur des élections.
Sûr aussi de la bienveillance complicité d’une CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) fidèle et d’un Conseil Constitutionnel partial. Malheureusement, dans la résolution de cette équation à plusieurs inconnues le pouvoir a oublié une donnée essentielle le peuple qui continue de contester les résultats. » Et 4 mois plus tard on dirait que la mentalité de ceux qui sont au pouvoir n’a pas évolué. Discours du Président le jour de l’ l’Aid-El-Adha
L’intervention du président lors de l’Aid-El-Adha est révélatrice d’un état d’esprit. La parole du 1er magistrat du pays était attendue sur la situation préoccupante du dialogue national qui est dans une impasse.
Malheureusement, les déclarations du président n’ont pas rassuré les Djiboutiens qui attendaient des propositions concrètes pour une sortie de crise. Le dénigrement systématique de l’opposition n’est pas une solution en soi. Aussi, il est capital de respecter ses adversaires politiques et de les considérer comme des partenaires au développement du pays. Condition sine qua non de la réussite de ce dialogue politique …
Toute expression démocratique reste interdite à l’opposition en violation des textes de la république L’opposition avait saisi le Ministre de l’Intérieur pour l’informer de l’organisation par l’USN (Coalition de l’opposition) d’un meeting d’information à Balbala pour le lundi 30 septembre 2013 pour leurs sympathisants.
La journée du lundi le secteur a été bouclé par la police et la gendarmerie pour empêcher la tenue du meeting. Parallèlement, la police a procédé à des multiples arrestations des jeunes, des sympathisants, des membres ainsi que des responsables de l’opposition. Nous déplorons cette situation systématique de bâillonner et d’étouffer l’expression de l’opposition qui jusqu’à présent, a montré une maturité politique dans l’organisation des meetings.
Il est inconcevable de constater que le pouvoir continue par ses mesures répressives à procéder à des arrestations massives et ciblées comme le samedi 19 octobre 2013 à Ali-Sabieh tôt le matin, à Balballa le même jour et hier devant le tribunal.
Enième arrestation de Daher Ahmed Farah, président du MRD et porte-parole de l’USN Daher Ahmed Farah dit DAF, porte-parole de l’USN a été arrêté à son domicile vers 15h le mardi 1er octobre 2013, c’est-à-dire le lendemain du meeting de l’opposition du 30 septembre2013, interdit arbitrairement. Aussitôt, il a été placé en mandat de dépôt à la prison centrale de Gabode.
C’est l’enième interpellation et la 5ème incarcération de DAF. D’ailleurs, après 10 ans d’exil forcé et après 9 mois de présence à Djibouti, si on fait le calcul il se pourrait que DAF ait passé plus de temps en prison qu’en liberté.
Pourquoi un tel acharnement. C’est hier, dimanche 20 octobre 2013 qu’il a été présenté au parquet de Djibouti. Son procès a été renvoyé pour le mercredi 23 octobre 2013. Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) à Djibouti La Commission nationale des droits de l’Homme est intervenue à la Commission des Droits de l’homme à Genève le mercredi 16 octobre 2013.
La dite intervention où elle s’est permise d’évoquer une situation normale des Droits de l’Homme à Djibouti. Et comme à son habitude la CNDH a fait feu de tout bois pour discréditer les organisations indépendantes des droits de l’Homme à Djibouti.
Alors que nous savons tous que la CNDH est un instrument au service du pouvoir en place, réduite à servir de caution à toutes les violations des droits humains. D’ailleurs, dans son intervention le président de la CNDH, ancien procureur de la république, s’est permis ouvertement d’affirmer que le président de l’ODDH est membre de l’opposition.
Une telle affirmation sans aucune preuve de la part d’un homme de loi (et ancien procureur de la république) est très grave. Aussi, est-il utile qu’il révise les textes en matière de diffamation et d’atteinte à l’intégrité d’une personne et d’une institution qui fait son travail malgré tous les obstacles dont elle fait l’objet.
Toute association ou organisation pour exister doit faire allégeance Nous avons appris que l’association Al-Biri, une des plus grandes associations de bienfaisances, très connue dans le paysage social djiboutien depuis 20 ans, a été dissoute par le pouvoir il y a un mois de cela. C’est la seconde fois en l’espace de quelques mois que 2 associations ont été dissoutes sous prétexte de proximité politique et sociale avec l’opposition.
En effet, on se rappelle que l’association AMAL, a fait l’objet d’une dissolution et son président Mohamed Daher a été destitué de sa nationalité après avoir subi des tortures physiques et morales. Il est indéniable que toute organisation indépendante qu’elle soit syndicale, associative ou caritative qui ne fait pas allégeance au parti au pouvoir est combattue avec la plus grande sévérité.
L’ODDH condamne la poursuite de la politique de la répression dont sont victimes les opposants, les militants ainsi que les simples citoyens. L’ODDH appelle au pouvoir public à la libération de tous les prisonniers politiques et à l’ouverture d’un dialogue sincère pour sortir le pays de la crise politique sans précédent. Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil