L’opposition djiboutienne exclut de recourir à la lutte armée (Panapress, 11-10-2013)
Le président de l’Union pour le salut national (USN), une coalition de l’opposition djiboutienne, Ahmed Youssouf, a affirmé vendredi à Paris que la lutte armée n’était pas la solution à la situation de blocage politique que connaît son pays.
«Nous préférons un autre moyen que la guerre pour résoudre le problème politique à Djibouti, car nous ne souhaitons pas ajouter à la souffrance de notre peuple», a-t-il déclaré au cours d’un entretien accordé à la PANA.
Il a rappelé que l’Alliance républicaine (ARD, opposition) a expérimenté la lutte armée sous la présidence de feu Hassan Gouled, le premier président de Djibouti (1977-1999), avant de conclure un accord de paix.
« Nous étions presque à 50 km de Djibouti et quasiment sûrs de remporter la victoire militaire, mais nous avions préféré nous asseoir à la table de négociations pour signer l’accord de paix salué en son temps par le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, l’Europe et le reste de l’Occident», a affirmé M. Youssouf, de passage à Paris.
« Aujourd’hui, nous préférons obtenir par les urnes ce que nous aurions pu imposer par les armes : la démocratie, la paix et l’unité nationale », a-t-il poursuivi.
Le président de la coalition de l’opposition a toutefois mis en garde le pouvoir djiboutien contre l’impatience de la jeunesse, assurant qu’elle rêve de changement et de perspectives prometteuses.
« La paix sociale et l’unité nationale sont actuellement maintenues dans le pays grâce à nous. Mais le pouvoir doit faire attention à ce qui peut arriver demain : 80% de la population est jeune. Cette jeunesse voit que l’avenir est bouché pour elle. Elle rêve aussi de changement. C’est pour éviter toute explosion que nous appelons le pouvoir à la raison», a ajouté l’opposant djiboutien.
Selon lui, le pouvoir doit reconnaître la victoire de l’opposition lors des législatives du 22 février dernier, mettre fin à la chasse aux opposants et réinstaller dans leurs fonctions les élus locaux.
« L’enjeu pour l’USN, c’est d’obtenir par le dialogue la reconnaissance de sa victoire lors des législatives. Nous souhaitons y arriver avec le souci de l’unité nationale, de la préservation de la paix sociale. Le pouvoir en place doit le comprendre afin d’éviter des épreuves inutiles à notre peuple », a dit M. Youssouf.
La coalition de l’opposition, qui a pris part aux dernières législatives sous le nom d’USN, comprend l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), le Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD) et l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ).
Le front uni de l’opposition djibutienne, qui revendique 52 des 65 sièges de l’Assemblée nationale, inclut également le parti pour la démocratie et le développement (PDD), le Rassemblement pour l’action de développement et la démocratie (RADD), le Centre de démocratie unifié (CDU) et le Mouvement pour la démocratie et la liberté (MODEL).
Après plusieurs jours de négociations, le pouvoir et l’opposition se sont quittés sans avoir trouvé un compromis qui résout la crise post-électorale et prend en compte d’autres revendications telles que la liberté de manifestation et d’expression.