Réalité numéro 125 du mercredi 9 février 2005 |
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Sommaire
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Directeur de Publication : ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 125 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
PAS D’ÉLECTION
SANS NOUS !
La raison d’être d’un parti politique, c’est d’un jour assurer la gestion de la chose publique en accédant au pouvoir par la voie des urnes, grâce aux suffrages librement exprimés en sa faveur par des électeurs ayant rempli leurs devoirs de citoyen responsable. Si une telle banalité se doit d’être aujourd’hui rappelée, c’est parce qu’une proche échéance électorale commande aux partis politiques regroupés au sein de l’UAD de clarifier leur position : espérons-nous gagner lors de la présidentielle qui se profile ? Sans hésiter, nous répondons OUI ! D’où nous vient un tel optimisme ?
Tout simplement du caractère massif et préparé des fraudes par lesquelles nous avons été dépossédés de notre victoire lors des législatives de janvier 2003. L’aspiration au changement, le besoin quasi physique d’en finir avec ce régime rétrograde étant très largement majoritaires, encore faut-il que les mécanismes institutionnels en vigueur garantissent ce droit inaliénable à l’alternance politique. Mais, nous rétorquera-t-on, pourquoi vouloir encore participer en 2005 à une fraude généralisée que vous aviez prévue et dénoncée en 2003 ? Outre le fait qu’un parti n’est digne de ce nom que si et seulement si il peut incarner une alternance crédible et appliquer tout ou partie de son programme, un bref rappel historique s’impose.
C’est contre les manœuvres d’un régime qui n’aurait pas hésité à reconduire la limitation des partis politiques légaux à quatre, qu’une disposition de l’Accord de paix du 12 mai 2001 avait explicitement prévu le multipartisme intégral dès septembre 1992. Comme nous, qui avions patiemment attendu cette échéance, tous les autres partis d’opposition regroupés au sein de l’UAD (le PRD ayant été cloné) sont les enfants de cet Accord : la paix ne peut exister sans une totale ouverture démocratique par des réformes dont les trois autres volets étaient l’accès à la nationalité, l’instauration de la Commission Electorale Nationale Indépendante et la réforme du Conseil constitutionnel.
Mais, se demandera encore l’honnête citoyen, pourquoi avoir participé dans ces conditions frauduleuses aux dernières législatives, puisque ces aspects et beaucoup d’autres dont la Décentralisation, ont été violés par le chef de l’Etat, actuel candidat solitaire avec tambours et trompettes ? Pour deux raisons essentielles, toutes au service de la paix et de l’instauration d’un Etat de droit. La première, c’était l’assurance que, malgré les fraudes que tous prévoyaient, nos concitoyens devaient être mobilisés autour d’un véritable projet de société dépassant la seule personne des leaders et proposant l’indispensable ébauche d’une identité djiboutienne encore à construire. La seconde, c’était l’intime conviction que ces fraudes ne constituant qu’une nouvelle et récurrente dimension de la violation d’un accord de paix, il nous fallait impliquer le plus grand nombre (ce qui ne signifie pas prioritairement ce qu’il est convenu d’appeler la communauté internationale) : pas de paix sans démocratie et pas de démocratie sans paix.
Et maintenant ? Les leçons du 10 janvier 2003 ont été retenues par tous : par nos concitoyens qui ne veulent pas être mobilisés sur de faux espoirs de changement, par l’UAD qui ne tient pas à participer à la énième édition d’une compétition électorale truquée d’avance. Préférant moins que d’autres le chaos au changement, l’UAD a formulé des propositions claires et raisonnables afin que la prochaine consultation électorale puisse se dérouler dans des conditions à même de garantir une compétition équitable et transparente, en bref le respect du verdict des urnes, en amont et en aval. Elles sont sur le bureau du candidat-chef de l’Etat.
Alors, de deux choses l’une. Soit le régime, en fait le candidat du pouvoir, accède à nos demandes, auquel cas le vaincu sera celui dont les promesses et surtout le bilan auront été désavoués par une majorité librement exprimée de citoyens égaux et responsables, pour peu que l’égalité et la responsabilité leur soient accordées. Soit le régime refuse de garantir la transparence électorale en reconduisant une machine à frauder qui a déjà fait ses preuves auparavant, auquel cas il n’y aura pas d’élection du tout.
A chacun d’assumer ses responsabilités : les nôtres nous interdisent de cautionner l’illégalité. Et, s’il est écrit que nous devions en passer par là, il ne sert absolument à rien d’hésiter ! Parce qu’en matière de farce électorale, il n’y a qu’un seul dindon : le Peuple. Et cela, nous ne pouvons le tolérer, car il s’agit de juste faire croire à l’existence d’une démocratie qui n’existe pas. Peuple auquel l’UAD donne rendez-vous vendredi prochain à partir de 15 heures à l’Avenue Nasser.
Brèves nationales
Convention de l’UMP :
Investiture ou imposture ?
« Plus de 7.000 militants ont répondu présents au rendez-vous du meeting de l’Union pour la Majorité Présidentielle marquant la convention des quatre formations politiques dont le RPP, le FRUD, le PND et le PSD ».
Ainsi s’extasiait notre confrère gouvernemental « La Nation » dans son édition de jeudi dernier. Le journal gouvernemental n’a pas fait dans la nuance en rapportant l’évènement dont nous avions annoncé par avance, au vu des préparatifs, une couverture exceptionnelle par les médias du pouvoir. Le régime n’a pas lésiné sur les moyens (publics) pour donner l’illusion d’une popularité qu’il n’a jamais eue. En vue de ratisser large, plusieurs milliers de cartons d’invitation ont été effectivement confectionnés.
De leur côté, les bonimenteurs du régime ne se sont pas gênés pour les distribuer à tout va, allant jusqu’à menacer de représailles certains commerçants ou fonctionnaires qui oseraient bouder cette soirée d’imposture.
Selon nos informations, ce seraient au total quelque 2.000 personnes, dont une grande partie a été réquisitionnée, qui auraient fait le déplacement à l’ancien Club Hippique sur le boulevard Guelleh Batal (coïncidence ?).
Les observateurs ont relevé que nombre de réquisitionnés mécontents et fatigués ont commencé à s’éclipser à partir de 21 h 30mn. Après les animations culturelles dignes des sombres périodes du parti unique et les discours des dirigeants enlisés des partis de la mouvance, ce fut au tour du candidat solitaire de monter sur le podium.
A cette heure tardive, plus de la moitié des figurants était déjà partie. Ce qui n’a pas empêché le candidat unique de se fendre d’un hypocrite discours de plus d’une demi heure.
Dans cette grande causerie, tenue ex-cathedra, le docteur honoris causette est revenu sur la paix : « il a ainsi évoqué les efforts en faveur de la restauration de la concorde civile et l’unité nationale … La paix des braves scellée en mai 2001 lors de la signature d’un accord cadre entre le gouvernement et les rebelles du FRUD a mis un terme à un conflit fratricide ».
La plume commanditée de « La Nation » omet bien sûr de préciser la date réelle de cet accord de paix, comme la tendance du Frud qui en est signataire et sans oser rappeler la durée de ce conflit fratricide que même l’actuel candidat solitaire avait lui-même qualifié le 12 mai 2001 au Palais du Peuple : « des dix années les moins glorieuses de notre histoire ».
Ce rappel historique étant fait, il faut reconnaître que cette soirée d’imposture a été une réussite technique à défaut d’être politique. En premier lieu, saluons l’exploit des TP qui, pendant plus d’une semaine, ont mis les bouchées doubles en temps et en matériel mobilisé pour viabiliser le lieu du meeting. On aimerait bien que le ministère de l’Equipement et des Transports mette un même zèle à réhabiliter les routes défoncées de la capitale. Enfin mention spéciale pour l’équipe de retransmission de la RTD et celle du studio présidentiel qui ont su nous présenter une convention d’investiture ni démocrate ni républicaine, car financée sur les deniers publics. Rappelons que ce spectacle faisait penser à Disneyland.
Ce pitoyable gâchis aura tout de même coûté plusieurs millions de nos francs au contribuable djiboutien. Le vide continue de vider les caisses de l’Etat. Jusqu’à quand ? Pour le reste, qui vivra verra.
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Centre informatique de Tadjourah :
6 sur 10 ?
Suite à notre brève relative à l’inactivité du centre informatique de la ville blanche géré par l’AFT (Association des Femmes de Tadjourah), nous apprenons avec satisfaction cette semaine que 6 ordinateurs sur la dizaine reçue (où sont passés les quatre autres ?) seraient effectivement branchés depuis quelques jours.
Seul bémol : le local réservé à ces équipements serait peu fonctionnel et la direction de ce centre exigerait le paiement préalable d’une somme de 3.000FD aux scolaires et 5.000FD à tout jeune chômeur désirant s’initier à l’outil informatique. Au secours, les bailleurs de fonds national ! Autrement dit, le candidat richissime mais solitaire.
Quant à la connexion Internet, ce sera pour plus tard : quand les plants de khat et de café du jardin présidentiel du Day ne seront pas prioritaires pour le développement économique de la région. A suivre…
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Etudiantes djiboutiennes à Dakar :
Djibouti ne répond plus ?
En octobre dernier, une dizaine de jeunes étudiantes djiboutiennes ont été envoyées au Sénégal pour suivre des études universitaires dans les facultés réputées de ce pays d’Afrique de l’Ouest. Au moment de leur départ, les jeunes filles djiboutiennes ont bénéficié d’un billet d’avion et d’une somme de trente mille francs chacune. Depuis, le ministère de l’Education nationale n’aurait plus rien envoyé à ces étudiantes qui survivent là-bas dans des conditions difficiles et demeurent toujours à la charge de leurs familles respectives.
Pourtant, le régime clame toute honte bue que l’Education nationale et la jeunesse constituent ses priorités. Pas plus tard que samedi soir, le candidat solitaire affirmait dans un démagogique discours prononcé à la « convention » : « seuls des jeunes fiers de leur identité et confiants en eux-mêmes ainsi que des responsables n’abusant pas de leur pouvoir sont les meilleurs garants pour construire une République forte et indépendante ».
Pour l’heure, force est de déplorer que les étudiants djiboutiens à l’étranger soient ainsi abandonnés par le pouvoir de tous les abus.
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Campagne présidentielle :
Le Trésor occulte n’y suffit plus
Le candidat solidaire a beau engranger un trésor de guerre censé assurer sa réélection, les fonds publics accumulés à cet effet lui paraissent toujours insuffisants tant ses besoins et dépenses restent énormes. Ainsi, il se murmure dans les cercles dirigeants dont les membres alimentaires s’entredéchirent, que la mise en route d’un nouveau programme de financement ayant pour but de renforcer la machine électorale gouvernementale serait sur pied.
C’est semble-t-il la raison pour laquelle le régime aurait récemment vendu à un particulier membre d’un parti de la mouvance, la cargaison de riz débarquée le 8 janvier dernier et provenant de l’aide alimentaire japonaise au peuple djiboutien. Selon des informations concordantes, ce riz japonais écoulé au prix fort sur le marché local devrait rapporter une centaine de millions de nos francs aux caisses du régime. Par ailleurs, il serait également question de mettre en vente la résidence de notre Ambassadeur dans une capitale européenne, celle-là même que l’actuel candidat solitaire avait inauguré en grandes pompes il y a plus de deux ans.
Dans cette affaire, si « Réalité » pouvait se permettre une suggestion, ce serait celle-ci : il serait préférable de mettre en vente la modeste villa de notre Ambassadeur à Washington, qui rapporterait une coquette somme. Mais nos financiers savent que le dollar continue son repli face à l’euro.
Alors, que faire ? L’argent permet d’acheter des voix, certaines consciences fatiguées, mais pas tout. N’en déplaise aux cupides qui affament leur peuple.
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Manifestation anti-française avortée :
Détente nerveuse ?
Au plus fort de l’escalade anti-française, le pouvoir avait convoqué pour le 28 janvier dernier une manifestation populaire « spontanée » devant la résidence de l’Ambassadeur de France. Ce jour là, le régime avait dès 6 heures du matin positionné des forces de police chargées de contenir la marée humaine attendue.
Pour des raisons que les organisateurs patentés n’oseront jamais avouer, l’appel est resté ignoré. Pas un seul « jeune patriote » version locale n’est venu se frotter aux grilles de cette résidence côté zone portuaire sud où devait avoir lieu ce rassemblement. Il est vrai que la veille au soir, la vigilance française en a découragé plus d’un. Certains djiboutiens n’hésitent pas à établir le parallèle entre l’échec cuisant de cet appel à manifester et la tenue intra muros et intime d’une pseudo convention d’investiture. L’imposture finit par lasser sérieusement.
Ce que n’a pas compris le candidat solitaire qui, évoquant maladroitement ses relations avec l’ancienne métropole, s’est exclamé à la « convention » samedi dernier : « s’il existe des gens ou des Etats désireux de nous discréditer à travers des affaires dont nous n’avons rien à voir, qu’ils sachent que nous ne ferons aucune concession en ce qui concerne nos droits et notre souveraineté ».
De son côté, une veuve déterminée et confiante en la justice indépendante de son pays, dit à peu près la même chose. Une belle empoignade en perspective !
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3ème anniversaire de la Garde présidentielle :
Les figurants en première ligne
La toute récente unité dévolue corps et âme à la défense du chef de l’Etat et de sa famille, a fêté le week-end dernier le troisième anniversaire de sa création. Cette milice clanique est particulièrement choyée par le frileux candidat unique.
Pourtant, ce dernier n’a même pas assisté à la fête de cette garde prétorienne organisée dans l’enceinte du camp Omar Aline, sis sur la route de Boulaos menant à Haramous. Le chef des Armées a préféré déléguer à cette cérémonie deux figurants de son gouvernement, en l’occurrence le Premier ministre et le ministre de la Défense, qui étaient les moins qualifiés pour s’adresser à un corps ne relevant que de la Présidence.
Autre curiosité protocolaire : l’ambassadrice des Etats-Unis a été chargée de remettre des médailles à certains officiers distingués. Pourquoi ? Quoi qu’il en soit, les observateurs ont noté l’absence de l’ambassadeur français, alors que les officiers des FFDJ étaient présents. A-t-il préféré bouder cette cérémonie ?
Tant mieux s’il a compris!
BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 1426 |
A l’occasion du Nouvel An musulman Muharram 1426, l’UAD et la Rédaction de « Réalité » souhaitent aux Djiboutiens et aux Musulmans du monde entier une bonne et heureuse année. Que cette nouvelle année soit pour le Peuple Djiboutien celle de la paix, de la réconciliation et de l’alternance démocratique.
L’UAD invite tous ses militants et sympathisants, ainsi que les Djiboutiennes et Djiboutiens souhaitant le changement démocratique, à assister massivement à son grand meeting sur l’élection présidentielle, le vendredi 11 février 2005 à partir de 15 heures devant le siège de l’UDJ à l’avenue Nasser.
Réalité du développement humain
Nous avions consacré le mois dernier une série d’articles au rapport général public de la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire, qui démontrait clairement que notre pays est tout sauf un Etat de droit. Le Rapport National sur le Développement Humain pour 2004, le deuxième du genre après celui de 2002, publié par le PNUD, est tout aussi accablant pour le gouvernement.
Apparu en 1990, le concept de développement humain, parce qu’il considère les individus comme les bénéficiaires des politiques du bien-être social et non comme de simples maillons du processus de production, est un meilleur outil d’analyse que les théories classiques. Celles-ci considèrent les chiffres froids de la croissance économique se rapportant à l’augmentation du PNB, l’équilibre budgétaire ou les taux d’inflation et sur la base desquels les institutions de Bretton Woods accordent ou non des prêts conditionnés par la privatisation tous azimuts du secteur public, comme si c’était une panacée.
Le rapport mondial sur le développement humain de 1995 a retenu trois indicateurs : l’IDH (Indicateur de Développement Humain), l’ISDH (Indicateur Sexo-spécifique de Développement Humain) et l’IPH (Indicateur de la Participation des Femmes), pour mesurer le développement humain. Lequel s’articule autour de quatre pôles :
– la productivité,
– la justice sociale devant éliminer tous les obstacles entravant les potentialités économiques et politiques de manière à permettre aux individus de jouer un rôle actif dans la société et tirer parti de ces potentialités,
– la durabilité en assurant le renouvellement de toutes les formes de capital (matériel, humain et naturel) et enfin,
– le contrôle des personnes, les individus devant être des acteurs du développement, participant aux processus de prises de décisions, qui décident du cours de leur vie.
Pour en finir avec la méthodologie qui a conduit à l’élaboration de ce document indispensable en ce qu’il enrichit et complète les données statistiques officielles, rarement fiables, saluons l’idée originale et enrichissante de la « caravane de développement humain » qui, en sillonnant l’ensemble du pays et en allant au contact des populations, a permis à celles-ci de participer à la production de ce document.
Les salamalecs d’usage qu’impose la bienséance protocolaire sitôt expédiés, le document pour l’année 2004 entre dans le vif du sujet, dressant un état du développement humain. Il constate que « Djibouti se caractérise actuellement par des indicateurs sociaux en dessous des normes des pays en développement à faible revenu et des pays arabes, avec un PIB par tête d’habitant estimé à 890 dollars et un indicateur de développement humain de 0,462 (0,445 en 2002) qui le classe à la 153ème place dans le classement mondial sur un total de 175 pays. »
Le PNUD définit la pauvreté comme étant relative lorsque la dépense journalière d’un adulte est inférieure à 3 dollars US et la pauvreté extrême lorsque le seuil de cette dépense tombe à moins de 1,8 dollars US par jour. Les efforts des pouvoirs publics pour redresser une désastreuse situation économique entre 1996 et 2002, ont permis d’obtenir des résultats macroéconomiques jugés satisfaisants.
Mais, au cours de la même période, la détérioration des indicateurs sociaux s’est particulièrement accélérée, comme l’ont démontré les enquêtes djiboutiennes auprès des ménages (EDAM-IS 1 et 2, financées par la Banque Mondiale et le PNUD) : la pauvreté relative touchant 74,4% de la population en 2002 contre 45,1% en 1996 ; tandis que la pauvreté extrême est passée de 9,6% en 1996 à … 42,2% en 2002 ! La caravane constatant que « la pauvreté frappe les quartiers périphériques et les zones rurales montrant ainsi l’exclusion spatiale touchant les couches vulnérables de la population que sont les jeunes et les femmes, preuve de la marginalisation sociale. »
Pointant le chômage et la centralisation administrative et économique comme causes et déterminants de la pauvreté qui s’est accélérée en même temps que le redressement du taux de croissance entre 1996 et 2002, les clairvoyants rédacteurs de ce document concluent que, pour y remédier, « il faudrait par conséquent, en attendant le retour d’un taux de croissance soutenu, œuvrer au plus vite en faveur des régions, notamment en activant le projet de décentralisation administrative et économique, voire politique. » Tout est dit.
Même aussi explicitement formulée et même si ce gouvernement nous donnera l’occasion d’en reparler, la décentralisation mérite que l’on s’y attarde quelque peu. Inscrite dans la Constitution, elle est toujours reportée aux calendes grecques. Prévue par l’Accord d’Aba’a, elle a été inappliquée. Elle constituait le volet le plus important des Accords de paix signés avec le FRUD-armé en 2000 et 2001. Restée inappliquée, elle a été plus gravement violée.
Tous les partenaires impliqués dans le développement de notre pays (Etats et Organisations) ayant toujours été et demeurant disposés à accompagner et soutenir financièrement cette nécessaire et indispensable réforme, les difficultés pécuniaires invoquées par le gouvernement pour la retarder sont un prétexte fallacieux. La raison de son inapplication est essentiellement politique, le régime cherchant préalablement à sa mise en œuvre à déstructurer les fondements socio-juridiques structurant la société semi-nomade de l’arrière-pays.
L’attestent la maladroite tentative d’acquisition de la concession du Day, où le docteur honoris causa tente d’acclimater le khat ; la dénaturation et la violation du projet de loi organique portant décentralisation, adoptée en Conseil des ministres, par une Assemblée de mal élus au prétexte de sa souveraineté et, plus récemment et gravement sournois, le projet de loi sur l’agropastoralisme, que nous avons dénoncé.
Nous savons de source sûre que tous ces projets attendent, pour être exhumés, la réélection du candidat en campagne à sa propre succession, que nous mettons en garde : ces projets scélérats trouveront en l’ARD un irréductible adversaire, qui empêchera leur réalisation par tous les moyens. Ces entraves politiques au développement humain harmonieux expliquées et dénoncées, nous vous proposons d’examiner avec nous ces données comparées de développement humain.
Nous reviendrons la semaine prochaine sur les conclusions de ce très riche rapport, mais l’examen de ces données statistiques démontre clairement, s’il en était encore besoin, que malgré ses importants atouts le peu enviable classement de notre pays est essentiellement dû à la mauvaise gouvernance.
Comment expliquer autrement qu’avec dix fois plus d’Aide publique au Développement par tête d’habitant que nos voisins immédiats, le taux de croissance du PIB par habitant soit ici négatif ? Comment expliquer, autrement que par l’injuste redistribution des richesses et les choix politiques et budgétaires irrationnels, l’aggravation des inégalités et de la pauvreté extrême durant la même période qui a vu un taux de croissance positif avec le boom des activités portuaires et la rente des présences militaires étrangères ?
Mauvaise gouvernance aggravée par le caractère délibéré des violations (consignées dans le Journal officiel) des lois et règles fondant la coexistence pacifique dans un Etat. Inaccessible parce que ne voyant et n’écoutant que ses obligés et griots, dont le plus obséquieux semble être notre confrère à prétention intellectuelle « Balbala », le candidat solitaire à sa propre succession donne l’image d’un paon malvoyant et malentendant avançant en terrain marécageux. Plus dur sera le réveil.
Développement humain, pauvreté humaine et pauvreté monétaire.
Quelques éléments de comparaison internationale
Source : PNUD. Rapport mondial sur le développement humain. 2002
Source : PNUD. Rapport mondial sur le développement humain. 2002
Les coups bas d’Ali Coubba
Uguta/Toosa : c’est sous cette appellation qu’un nouveau mouvement politique est né le mois dernier en Europe. Animé par M. Ali Coubba, il se place résolument dans le camp de l’opposition. Si nous ne pouvons que saluer l’engagement militant de la diaspora djiboutienne en général et d’un allié démocrate en particulier, nous sommes toutefois au regret de prendre quelque distance, à la lecture de la présentation qui en est donnée sur le site www.uguta.org, auquel nous renvoyons nos lecteurs internautes pour plus amples informations.
A l’occasion du premier anniversaire de son accession à la magistrature suprême, l’actuel chef de l’Etat avait brièvement évoqué ce qu’il pensait des exilés djiboutiens : beaucoup de mal. Pour lui, ils ne seraient que des enfants ingrats, préférant trahir leur patrie au profit d’une mesquine amélioration ailleurs de leurs conditions matérielles d’existence. Un tel mépris est somme toute bien compréhensible : ce sont trop souvent l’étouffement des libertés et l’absence de perspectives d’avenir qui expliquent l’exode de nos concitoyens.
Le président du nouveau mouvement politique Uguta (Toosa) en sait quelque chose. Sauvagement torturé par la police politique en août 1990 au prétexte d’un tract dénonçant les collusions entre les régimes djiboutien et irakien, les causes de son exil sont directement imputables aux actions néfastes d’un ancien chef de cabinet aujourd’hui devenu chef de son cabinet.
Parce que la dignité interdit d’oublier les sacrifices consentis et les persécutions endurées, Ali Coubba n’a jamais faibli dans sa détermination à combattre ce régime. En connaissance de cause, il en parle sans détour : « Dans notre pays, le chef de l’Etat ne respecte ni les lois ni la Constitution nationale. Notre combat vise donc à éradiquer la classe politique actuelle dont Ismaël Omar Guelleh est la caricature absolue et répugnante. » lit-on dès l’introduction.
C’est la continuité historique d’un engagement initié, apprend-on, dans le cadre de « l’Alliance des forces pour la démocratie (A.F.D. : Ali Coubba) entre 1988 et 1992, date à laquelle les militants de ce mouvement ont préféré rejoindre individuellement le FRUD…) Des noms auraient été les bienvenus, car nous regrettons, sans nullement nous sentir concernés, que ce sigle AFD ne soit connu que de rares initiés indétectables même au microscope !
Après avoir défini en cinq principes la démocratie qu’il souhaite voir s’instaurer à Djibouti, ce mouvement se fixe les objectifs suivants :
– conquérir la diaspora djiboutienne installée en Europe, aux Etats-Unis et au Canada ;
– nouer des relations avec les partis politiques et les organismes internationaux qui luttent dans le domaine des droits de l’homme ;
– participer activement à l’information, à la sensibilisation de la population djiboutienne sur la campagne présidentielle prévue pour l’année 2005.
En attendant d’obtenir sa légalisation ici, Uguta (Toosa) souhaiterait enfin « servir de vitrine politique à l’Opposition intérieure, en relayant son combat sur le plan international. » Merci pour cette touchante attention mais, même modeste, nous avons déjà notre propre « vitrine » à l’étranger. Le problème est malheureusement là : si nous souscrivons à ses analyses sur la nature despotique du régime en place, nous regrettons cette posture d’ « entrepreneur de la 25ème heure » consistant à dénigrer toute forme d’opposition nationale pour justifier son positionnement… tardif.
« La création de Uguta s’imposait d’elle-même pour défendre les intérêts de tous les Djiboutiens et Djiboutiennes –cette majorité silencieuse- qui ne se reconnaissent ni dans le régime qui les considère moins que terre, ni dans le mutisme de l’opposition complaisante qui devient aphone dès qu’il s’agit de défendre la vraie cause du peuple. »
Le tout est dit le plus sérieusement du monde : c’est peut-être à cause de l’éloignement géographique que ce mouvement n’a pas pu prendre la juste mesure de l’énorme adhésion populaire suscitée par l’UAD lors des législatives de janvier 2003.
Dans la justification de sa nécessité historique, la présentation du mouvement ne fait pas dans la dentelle, puisqu’il se positionnerait « face à l’opposition de façade atrophiée (chacun se reconnaîtra) qui est aux abonnés absents, dont la véritable philosophie est « chacun pour soi » et qui guette des hypothétiques miettes qui pourraient glisser de la bouche de IOG. On ne peut malheureusement que constater au jour d’aujourd’hui qu’une fraction de l’opposition djiboutienne, non seulement ne remplit pas sa tâche, mais elle est à la remorque de IOG dont elle attend un renvoi d’ascenseur. Attendu qu’on a rien en commun avec cette opposition, il est urgent et vital pour le salut du peuple djiboutien de proposer des hommes et des femmes de Uguta (Toosa) capables d’apporter un changement profond dans le paysage politique de la république de Djibouti.»
Alors, de quelle opposition intérieure ce mouvement souhaite-t-il devenir la vitrine internationale ?
Seule l’inexpérience fait croire que la virginité est toujours un gage de fidélité. C’est ce qui amène ce mouvement à dénoncer « la présence d’une classe politique, hier complice du régime de parti unique de Hassan Gouled et qui se réclame aujourd’hui de l’opposition, ce qui gêne la visibilité des mouvements démocratiques. En même temps, ces partis politiques et la promptitude avec laquelle leurs dirigeants apportent leur caution au dictateur en place, ne facilitent pas le travail de sensibilisation et de dénonciation du régime. Ces revirements… parasitent le travail de véritables démocrates. »
Sidérant ! Sachant que dans les quatre partis regroupés au sein de l’UAD, il y a au moins un responsable à avoir connu la prison de Gabode, prétendre qu’ils seraient tous dans un starting-block prêts à bondir à la première offre d’achat (ou de rachat) du régime, c’est accessoirement mal cerner les ressorts de chaque engagement et tout simplement mépriser les souffrances endurées par autrui. Ce qui est grave lorsque l’on a été soi même emprisonné et torturé.
Alors, aux côtés de quel parti d’opposition le mouvement Uguta (Toosa) veut-il s’engager lors de la prochaine présidentielle « dans le but de faire des propositions concrètes » ? Il convient de ne pas confondre vitesse et précipitation : la hâte dans le positionnement ne doit pas passer par le dénigrement systématique et irresponsable du camp que l’on prétend rejoindre.
Mais, parce que nous sommes persuadés qu’il n’y a pas de nouvel électorat à conquérir ici, demandons-nous sur quelles terres ce nouveau mouvement compte chasser, lui qui s’affirme volontiers d’une «opposition qui sache s’opposer à IOG, représenter une force d’alternance et qui possède un vrai projet politique et la volonté de le mettre en œuvre en dépassant les clivages partisans et les intérêts tribaux. »
La réponse est à chercher dans la page en langue afar, dont nous traduisons le point essentiel : « Vous voyez tous de vos propres yeux ce qu’est devenu le FRUD. Petit à petit, ses responsables ont fini par soutenir le régime. » Telle est, nous semble-t-il, le véritable objectif d’Uguta, auquel Toosa ne serait qu’un faire-valoir linguistique parce que tribal : séduire tous les déçus de la paix d’Aba’a. C’est pour cela que, pour lui comme pour les signataires de cette paix qui a effectivement tant déçu, le conflit civil a pris fin en 1994. C’est peut-être pour cela qu’il n’évoque pas la violation de l’Accord de paix du 12 mai 2001. Silence qui ne déplaîra certainement pas au régime.
Encore une fois, c’est peut-être l’éloignement géographique qui l’a empêché de voir les dizaines de milliers de citoyens qui ont accueilli ici la délégation du FRUD-armé, après la signature de l’Accord-cadre du 7 février 2000.
C’est dommage, car il a raté le plus important : la consolidation de la paix et la réconciliation nationale mobilisent plus et plus durablement que tous les discours sur les droits de l’homme et la relève des générations. Tout ceci, sans rien enlever à la détermination des membres de ce mouvement.
Droit de réponse
Notre brève de la semaine dernière, consacrée aux préparatifs d’un pélérinage à Obock, sponsorisé par le régime, nous a valu ce droit de réponse ci-dessous.
Au nom du droit de réponse qui s’impose en vertu de la liberté d’expression, je vous prie de bien vouloir publier le texte suivant. Nous avons beaucoup d’estime pour votre journal. C’est pourquoi il nous est difficile de l’accuser de subjectivité scandaleuse. Cependant, grande fut notre surprise lorsque parurent les quelques lignes relatives à un prochain pèlerinage à Obock.
Elles nous ont profondément touchés car vous y insinuiez que nous étions proches de l’actuel régime, qui nous utiliserait à des fins partisanes pour bientôt célébrer cette cérémonie à Obock.
Or, vous semblez ignorer le fait que ce pèlerinage sur la tombe de Cheik Bourhan s’effectuait depuis très longtemps et qu’elle avait été interdite avec l’accession de notre pays à l’indépendance et l’arrivée de quelques prestigieux religieux d’obédience wahhabite. Les informations qui vous ont été transmises sont absolument fausses et infondées : il se pourrait même qu’elles émanent de personnes malintentionnées cherchant à semer la zizanie et troubler la cérémonie qui est sur le point de retrouver son importance d’antan.
Tous ceux qui sont habilités à l’officier l’ont toujours soutenue, de génération en génération, indépendamment de toute influence extérieure et de tout parrainage partisan. Il est donc de notre devoir de vous le rappeler, afin d’apporter à vos propos les rectificatifs qui s’imposent.
M.A.H.
COMMENTAIRES |
Le pouvoir spirituel fait rarement bon ménage avec le pouvoir temporel, sauf quand il s’est agi pour le premier de cautionner le second, quelle que soit la religion. Et, quel que soit le caractère forcément sujet à réticences, de nos informations, nous pensions avoir été assez clairs dans notre brève de la semaine dernière. Le pèlerinage programmé sur la tombe de cheik Bourhan est une initiative du régime et financé par lui.
C’était tout : votre droit de réponse ne nous contredit pas sur ce point. D’autre part, nous n’avions pas remis en cause la légitimité religieuse de ce genre de pèlerinage sur la tombe d’un saint homme, quoi que même celle du Prophète (PSL) n’a jamais fait l’objet d’une telle vénération.
Ceci pour rappeler, mais vous le savez peut-être, que la tombe d’un certain Abu Yazid est fréquemment visitée au Day, alors qu’il est tranquillement mort chez lui à Bistam, en Iran. Or, en matière de pèlerinage, ce sage a laissé à la postérité une puissante maxime, que l’on retrouve dans ses « Dits » : «Mon Dieu, les créatures sont à Toi ; Tu es leur propriétaire ; qu’ai-je à m’interposer entre vous, n’était-ce l’insouciance ? » Le fait de se recueillir sur la tombe d’un saint homme pour y implorer Allah, n’est-ce pas une forme d’intercession que récusait Abu Yazid Al Bistami ?
Pour le reste, comme le dit un proverbe du coin, « la bouche qui a prié ne peut en même temps maudire ». Or, prier en ayant bénéficié pour son transport de deniers publics détournés (car tout ce que ce régime qui n’accorde même pas une évacuation sanitaire aux malades ou aux parturientes, mobilise pour sa promotion partisane constitue un vol au détriment de l’intérêt général), c’est de notre point de vue se rendre complice d’un délit. D’autant plus grave que l’on se trouve dans le domaine religieux.
Enfin, ce ne sera pas la première fois que le régime aura recours au surnaturel pour manipuler les consciences : l’on se souvient des moutons égorgés en sacrifice pour que les générateurs de l’EDD se remettent miraculeusement à fonctionner !
L’Éducation rend sa copie
Bilan : Illettrisme et Chômage
A deux jours de la tenue du Forum-bilan qui devait clôturer la tournée des districts de l’Intérieur sur la « Réforme de l’Ecole », le Ministre chargé de l’enseignement a, par souci de transparence, jugé utile de nous adresser, pour information seulement, trois exemplaires des résultats de l’action engagée après les Etats Généraux de l’Education organisés à la fin de l’année 1999. Alors que nous avions publié, dès réception il y a de cela quelques mois un droit de réponse émanant de ce ministère, c’est tardivement que nous avons reçu son Livre-bilan. Nous le remercions quand même pour ce geste. Il n’empêche, toutefois, que cette initiative ministérielle ne modifie en rien notre position vis-à-vis de la politique démagogique du gouvernement. C’est pourquoi, à partir de ce numéro, nous vous proposons une série d’articles sur l’action de ce département, avec nos analyses et propositions sur l’état actuel de l’enseignement dispensé à nos progénitures et les perspectives réelles pour les générations futures ; celles d’aujourd’hui subissant les effets de l’échec scolaire dont le chômage et l’illettrisme.
Après son périple régional, le Forum « volant » animé par le Ministre en charge de l’Education a fini par atterrir pour sa clôture, aux fins d’une campagne électorale, chez son génie géniteur, le candidat solitaire. L’ambiance de la cérémonie de clôture a bien entendu été à la hauteur de l’échec du programme édicté par les Etats Généraux de l’Education, dont le coût financier a été le plus important sous l’actuel mandat de son concitoyen d’origine.
Résumée dans un Livre-bilan d’une qualité exceptionnelle et tout en couleur (document auquel nous attribuons d’ailleurs une note honorable de 17/20, seulement pour son aspect purement esthétique), l’action du ministère de l’Education est certainement d’un grand intérêt national. Raison pour laquelle, ce Livre-bilan est une pièce de collection rare qui trouvera, certainement dans les jours prochains, une place à la mesure de son succès « au musée » des échecs politiques du régime. La principale richesse de ce recueil réside donc dans son aspect physique, suggérant l’importance de l’investissement financier consacré à la production de ses cent quatre-vingt pages.
Une première impression à laquelle s’ajoute la place accordée au mariage intelligemment réussi entre le texte et les photos dont vingt neuf clichés ont été consacrés au Superministre contre dix-sept à son Guide Suprême. Les enseignants, les parents et surtout les premiers concernés que sont nos enfants n’ayant récolté qu’entre douze et dix-sept poses.
Certainement que l’investissement engagé dans la confection de cette brochure de campagne en milliers d’exemplaires sur papier glacé, dépasse outrageusement la réhabilitation de l’école de Médého qui n’a coûté qu’un million francs Djibouti déboursé par les FFDJ. La corvée qu’est la réhabilitation des établissements scolaires s’avérant nécessiter un engagement financier et humain sans aucune retombée, ces travaux ont, comme il se doit, été confiés aux forces étrangères présentes sur notre sol. Leur concours, dit-on plus haut, est normal compte tenu de l’exceptionnel terrain d’entraînement pacifié mis à leur disposition par l’ingénieux bradeur et ses intermédiaires.
Dans ce même ordre d’idée, l’énorme contribution des Américains à l’Education nationale à travers la distribution de kits scolaires à la rentrée comme la fourniture d’équipements et autres matériels de formation comme l’outil informatique à nos progénitures, constitue un des éléments majeurs dans la lutte contre le terrorisme international. Il se dirait dans les arcanes du pouvoir que contribuer à l’Education de nos enfants c’est prévenir, c’est conscientiser les jeunes, à la base, pour mieux lutter contre ce danger international. Peut-être ! Mais il est regrettable que le geste des Américains ait été quelque peu détourné de sa gratuité, puisque les dons de matériels scolaires ont transité en partie par des boutiques privées avant d’arriver à leur destination finale : les écoliers. A ce chapitre, la contribution du ministère est nulle, donc une note de 2/20 lui est attribuée : peut mieux faire. Dispose d’une capacité financière importante, mais n’investit pas dans les créneaux porteurs pour un développement durable du pays !
A la matière « vivres, bourses, transport et conditions de travail », le concepteur de la réforme comme le chef de chantier n’auraient pas ménagé leurs efforts en faveur des nos enfants du milieu rural, de nos étudiants à l’étranger comme de nos enseignants. En effet, sollicitant un secours familial (pour ceux dont les parents perçoivent normalement les salaires) nos étudiants à l’étranger et nommément au Sénégal souffrent de précarité, les bourses se faisant attendre.
Dans les districts de l’Intérieur, les élèves des zones rurales subissent le même sort que leurs frères et sœurs partis étudier à l’étranger. Les cantines scolaires alimentées par l’aide du PAM sont curieusement vides et les restaurants qui devaient servir les repas à nos enfants dans les chefs-lieux n’ont pas été payés depuis longtemps par la Présidence.
Physiquement et psychiquement affectés par l’irresponsabilité voulue du ministère de l’Education nationale dont les errements sont couverts par la Présidence, ces enfants resterons-ils les « damnés de notre terre » ?
Quant au corps enseignant, rescapés des actions syndicales durement réprimés au milieu des années 1990, rejoints depuis par d’autres formateurs susceptibles de combler le déficit né de l’exil forcé de nombreux enseignants, leurs conditions de travail demeurent pitoyables : des classes surchargées, des avantages supprimés, des salaires en retard, des mises à niveau délaissées, etc.…
Mal-vivre qui explique la multiplicité des grèves, aggravé par les troubles dans les établissements scolaires : l’autorité se perdant, la maïeutique s’accouche au forceps.
Au génie donc : une note de 0/20 pour cette matière pluridisciplinaire. Un chapitre qui relève de cette mauvaise gouvernance dont les effets se font cruellement sentir en matière d’Education.
Décision du conseil national de fin de mandat : n’est pas apte à continuer. Orientation : Vie active. Attention au chômage ? La bête dévoreuse de nos jeunes !
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