Réalité numéro 126 du mercredi 16 février 2005 |
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Sommaire
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Directeur de Publication : ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 126 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
UNE FORTERESSE VIDE
Où l’on apprend que pouvoir et opposition auraient débattu des meilleures options en matière de développement économique : si la nouvelle est passée inaperçue ici, c’est que, malheureusement, cela se passait ailleurs, chez un de nos voisins plus exactement. A l’heure où l’UAD prône un boycott actif parfaitement compris par la majorité de nos concitoyens, le régime reste pour sa part fidèle à sa stratégie préférée : le mutisme sur les enjeux cruciaux. Il n’y a pas si longtemps, le Premier ministre parlait d’une nouvelle « méthodologie » qui, selon lui, caractériserait l’actuel mandat présidentiel. A défaut d’une méthodologie, qui suppose une rigueur difficilement corroborée par les faits, il faudrait plutôt parler de pathologie politique. Maladie infantile qui, dans ses multiples manifestations cliniques, nous conforte dans la justesse de notre diagnostic et du remède prescrit.
La pathologie dont souffre ce régime, c’est l’autisme. Syndrome qui se caractérise par l’incapacité à établir des relations sociales, l’absence ou les dysfonctionnements du langage, des anomalies dans la perception de la réalité et une résistance aux changements. Ainsi, l’individu autistique ne craint pas les vrais dangers, rit sans raison valable, fait le sourd, et préfère s’isoler.
Appliqués à un régime despotique, ces critères diagnostiques de l’autisme infantile, établis par l’Association Psychiatrique Américaine, se résument dans la principale caractéristique du pouvoir djiboutien: une forteresse vide. Et c’est bien compréhensible. L’usurpation compulsive n’autorisant nullement l’optimisme ou la certitude de lendemains sereins, la quête pathétique d’un nouveau mandat présidentiel à tout prix interdit toute confrontation avec une réalité perçue comme subversive. Faute de pouvoir débattre, le régime est condamné à s’isoler dans une posture défensive trahissant toute sa dangereuse fragilité.
L’enjeu est grave : quand une opposition refuse de jouer le jeu d’une compétition électorale truquée d’avance et quand elle se prévaut d’un large, pour ne pas dire majoritaire soutien populaire, tel qu’il s’était déjà exprimé le 10 janvier 2003 et tel qu’il s’est encore manifesté vendredi dernier lors du meeting de l’UAD, un large débat aurait dû avoir lieu si vraiment il y avait démocratie et respect du pluralisme des opinions. Les médias publics, pour peu qu’ils soient publics, c’est-à-dire au service du public, auraient invité des représentants de l’opposition afin qu’ils justifient leur position. Par décence et par rigueur déontologique, tel animateur télé n’aurait pas eu à spéculer sur une fantaisiste dissension au sein de l’opposition quant au choix d’un candidat. Dans le meilleur des cas, le régime l’aurait rencontrée dans un face à face contradictoire, afin que le public confronte les arguments de chacun. Mais tout cela, c’est-à-dire le respect, le peuple djiboutien sait qu’il n’y a pas droit pour le moment.
Et pour cause : par notre boycott actif, nous remettons en cause le fondement essentiel de l’imposture au pouvoir. Tant que l’environnement institutionnel ne garantira pas une vie politique pacifiée ainsi qu’une compétition transparente et honnête, il est hors de question que nous participions à quelque détournement que ce soit du verdict des urnes. Il ne s’agit pas de frileusement quitter le jeu, à la manière de quelqu’un qui, par peur d’être un jour volé, refuserait de s’acheter une voiture. Il s’agit de neutraliser les malfaiteurs afin que nul ne craigne pour ses biens, le plus précieux après la vie, étant le droit de librement choisir ses dirigeants.
Parce qu’il met en danger la vie de ses concitoyens, l’autisme despotique qui encombre encore le paysage politique africain n’a droit à aucune tolérance. Il impose ce dont il souffre : le retard et le sous-développement.
Brèves nationales
Prière du vendredi à Ali-Sabieh :
Sous haute surveillance
La nouvelle année musulmane Muharram 1426, célébrée jeudi dernier, s’annonce décidément sous de sombres auspices pour le candidat de l’imposture. Ainsi, le week-end dernier, son programme a été particulièrement chamboulé.
Dans l’après-midi de jeudi, le candidat unique avait prévu de retrouver son ranch agropastoral du Day, mais des événements de dernière minute l’ont contraint à annuler cette escapade bucolique. C’est bien dommage pour lui.
Le lendemain vendredi, pendant qu’une partie des pèlerins dépêchés à Obock priait à son intention, lui a préféré déserter une Capitale où devait se tenir un meeting de l’UAD qu’il prévoyait moins rose pour lui que sa « convention » du club hippique. Rassemblement auquel les «invités» n’ont pu assister qu’après être passés par un détecteur d’armes, sécurité que l’UAD n’a bien évidemment pas imposée à ses sympathisants : c’est au pouvoir que la confiance ne règne pas.
En grand improvisateur, il s’est donc tourné vers Ali-Sabieh pour la prière de vendredi midi. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les Assajog médusés ont été obligés pour la énième fois de prier sous haute surveillance. En effet, la soldatesque du frileux candidat s’est intempestivement mêlée aux fidèles de la mosquée d’Ali-Sabieh.
Gâchettes nerveuses que n’a pas supporté un religieux présent qui, aussitôt la prière terminée, s’est emparé du micro pour s’adresser au chef de l’État : « tous ces hommes en armes que vous nous imposez, de qui vous protègent-ils ? » La vérité est si facile pour qui l’ose. On l’imagine, le candidat solitaire ainsi apostrophé s’est éclipsé sur le champ, tandis que le courageux religieux se voyait confisquer le micro. On le voit, le premier week-end de la nouvelle année musulmane 1426 aura été difficile pour le chef de file de l’imposture.
The best is yet to come !
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Pèlerinage à Obock :
Esprit (partisan), tu étais là !
Djibouti a toujours été une terre de tolérance religieuse, la conscience collective n’y a jamais gardé aucune trace des croisades chrétiennes et des Djihad musulmans qui ont bouleversé la région au cours du XVIème siècle. Sans remonter aussi loin dans le temps, les Djiboutiens authentiques se souviennent que le repli religieux et mystique date chez nous des années 80, concomitamment au renforcement des mécanismes répressifs du parti unique. La religion est ainsi devenue le refuge de tous les déçus d’une citoyenneté bafouée.
De là à voir dans la réactivation de la ferveur mystique, comme celle du récent pèlerinage à Obock, une récupération partisane, il n’y avait qu’un pas que nous avions franchi et qui nous avait valu une vive réplique de pèlerins certainement sincères.
Malheureusement, et nous aurions préféré nous être trompés, le pèlerinage sur la tombe de cheik Bourhan, qui s’est déroulé le week-end dernier à Obock, n’a pas démenti nos craintes. Ainsi que nous l’avions prévu, tout a été organisé par le régime, et les pèlerins sincères ont dû batailler ferme pour que la récupération partisane ne prenne par les allures d’une Bérézina des consciences indépendantes.
En premier lieu, les moyens de transport dans cette région enclavée à cause de la mauvaise gouvernance, ont été fournis par le candidat solitaire, qui a mis une vedette de la Force navale à la disposition des pèlerins, pour l’essentiel natifs du coin. Alors que cette vedette, régulièrement réquisitionnée pour les déplacements des dignitaires en campagne, n’a jamais été mobilisée pour une quelconque évacuation sanitaire. Tout comme AIR FAD, toujours à court de kérosène quand il s’agit d’embarquer un malade nécessitant une évacuation sanitaire.
Pire, ce sont les forces armées gouvernementales, celles-là mêmes qui ont pillé et détruit la ville d’Obock après avoir poussé ses habitants à l’exode vers les zones rebelles, puis à l’exil dans les pays voisins, qui ont installé au centre-ville les tentes devant accueillir la cérémonie du Maoulid. Cette vérité se devait d’être rappelée, tout en nous excusant auprès des pèlerins sincères, lesquels auraient d’ailleurs refusé de s’associer à une nouveauté (Bid’a) proscrite par la religion et consistant à sacrifier des bêtes. Rite d’ignorance finalement officié par l’armée du candidat unique.
Le pèlerinage sur l’oratoire de cheik Bourhan ne serait pas la dernière trouvaille politico-religieuse du candidat fatigué et de sa secte pour assurer sa réélection : une cérémonie similaire serait pour bientôt programmée à Tadjourah, toujours dans le but de redonner des forces à la campagne d’imposture de son Excellence El Hadj.
Qui vivra verra.
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Séminaire de l’UDT au Palais du Peuple :
Silence assourdissant des médias publics
L’Union Djiboutienne du Travail (UDT), une des deux centrales syndicales de notre pays, a organisé les 10 et 11 février derniers, un séminaire de formation syndicale à l’intention de ses membres. Le thème de la formation, animée par des experts de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (ORAF/CISL) était : « Planification des stratégies et élaboration des politiques ».
Ce séminaire, boycotté par les représentants du ministère de l’Emploi, qui ont préféré ignorer l’invitation qui leur a été adressée, a regroupé une trentaine de participants, tous affiliés aux syndicats de base membres de la centrale UDT et les membres du comité exécutif de cette dernière.
Rappelons qu’une équipe de la RTD est venue couvrir l’événement, histoire de faire semblant, alors que des consignes claires de ne pas diffuser cette information aurait été dictées par la direction de ce média public. Honte au régime de tous les abus, clairement démasqué par cet énième forfait contre la liberté d’expression et la démocratie. Les experts étrangers de l’ORAF/CISL sont repartis édifié. L’Organisation Internationale du Travail (OIT) saura s’en souvenir lors de ses assises de Genève en juin prochain.
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Le Premier ministre à « Gros Plan » :
La voix de son maître
Nos lecteurs l’ont souvent constaté : quand « Réalité » annonce, le régime se prononce. Ainsi, dès que notre journal eût annoncé, dans son édition de mercredi dernier, qu’un meeting de l’UAD sur l’élection présidentielle était programmé pour le vendredi, le régime a en toute hâte envoyé aux fourneaux le premier de ses figurants.
Voilà pourquoi, vendredi dernier pendant que les Djiboutiens qui ont massivement assisté au meeting de l’UAD tenu dans l’après-midi, méditaient sur le message politique délivré par l’opposition à cette occasion, la RTD annonçait que le Premier ministre s’exprimerait dans la soirée au cours de l’émission vedette « Gros Plan ».
En fait, ce fut un démagogue de second plan et second couteau qui a maladroitement essayé de démontrer 50 minutes durant que le candidat solitaire nourrissait de grandes ambitions pour son pays. Dans un entretien avec un journaliste-maison peu inspiré, le souriant numéro deux virtuel a tout d’abord rappelé tout ce qu’il devait à son Pygmalion politique : « il m’a beaucoup aidé et encadré, c’est mon maître » s’est-il écrié.
On le savait. Et après ? « le gouvernement compte débloquer les avancements et favoriser le pouvoir d’achat. Tout ira mieux désormais » s’est-il avancé. Comme quoi, et nous avions encore raison sur ce point, l’énorme ponction fiscale et tout le dispositif mis en place au début du conflit, ne devaient pas être reconduits à partir du moment où la paix avait été signée.
Allant toujours plus loin dans l’audace qu’autorise le soliloque, sa plaidoirie se fait plus précise : « il faut donner une chance au candidat qui a déjà beaucoup fait et qui espère faire mieux. Les élections auront lieu dans tous les cas de figure, avec ou sans l’opposition. J’espère qu’elles ne seront pas troublées… » Malheureusement pour lui, qui n’existe que par lui, elles ont très peu de chances d’avoir lieu sans l’opposition et tout le monde le comprendra.
« Malheureusement » est, soit dit en passant, l’adverbe qui est revenu une vingtaine de fois au cours du pitoyable plaidoyer de l’inexpérimenté avocat du candidat solitaire. Ce sera certainement la réalité de la fin, malheureusement pour eux.
Mais, alors que les téléspectateurs l’attendaient sur la réaction officielle face au boycott actif annoncé par l’opposition, il a préféré fuir ce débat (le journaliste n’a pas trop insisté non plus) en croyant savoir, selon le compte rendu généreux de « La Nation » que : « l’opposition, après le décès de leur leader charismatique feu Dini se cherche encore un leader ».
Tout d’abord, en tant que musulmans, nous sommes en devoir d’atténuer son acculturation : la formule « feu » en parlant d’un défunt est un héritage culturel des anciens Aryens, qu’un nomadisme perpétuel obligeait à systématiquement brûler les dépouilles, au lieu de les enterrer. Crémation formellement interdite par toutes les religions monothéistes. Dire « feu » à propos d’un défunt musulman n’a donc aucun sens.
Ensuite, la politique de l’opportunisme impliquant pour ses praticiens l’amnésie de leurs paroles et de leurs actes, nos concitoyens aspirant à une autre politique n’oublient pas pour leur part que, de son vivant, le regretté Ahmed Dini n’était pas si « charismatique » que cela aux yeux de notre dilettante Premier ministre. Qui n’avait pas hésité, dans un courrier officiel, à traiter de menteur l’ancien président du FRUD-armé, à propos des multiples violations de l’accord de paix du 12 mai 2001.
Violations dont certaines justifient aujourd’hui le refus de l’UAD de cautionner la prochaine mascarade électorale : refus de délivrer des pièces d’identité nationale, refus de mettre en place une CENI véritablement indépendante et un Conseil constitutionnel digne de ce nom.
Tant que des institutions réellement démocratiques n’existeront pas, le plus valeureux des leaders ne servira strictement à rien, sauf s’il refuse de participer à un jeu truqué d’avance, parce que le verdict des urnes n’est pas un jeu : c’est de l’avenir d’un Peuple qu’il s’agit.
Les fraudes du 10 janvier 2003 l’ont amplement démontré, un illustre inconnu sans aucune expérience politique aurait alors battu un leader charismatique.
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Nos oubliés du Sénégal :
Un étudiant nous écrit
Suite à notre brève de la semaine dernière consacrée aux difficiles conditions d’études et de séjour des étudiants djiboutiens au Sénégal, l’un d’eux nous a adressé un émouvant courrier électronique libellé en ces termes : « Tout d’abord, je vous passe tous mes meilleurs vœux pour cette belle année 2005. Que cette année soit prospère pour votre parti. Je me présente : je suis étudiant au Sénégal et je vous écris pour me plaindre de notre gouvernement qui n’arrive pas à tenir ses promesses électorales en faveur des jeunes.
Cette année, nous sommes de nombreux étudiants Djiboutiens dont la plupart est théoriquement boursier de l’Etat. Mais quelle bourse ? Une bourse fictive qu’on attend depuis fort longtemps. Beaucoup d’entre nous restent encore à la charge de leurs parents.
Je vous prie de transmettre mon message de détresse pour que le peuple Djiboutien sache dans quel enfer nous vivons. Excusez-moi, je suis obligé de garder mon identité secrète pour éviter des représailles à ma famille.»
Rappelons que depuis le mois d’octobre 2004, notre journal s’est fait par deux fois l’écho de la situation de nos étudiantes et étudiants au Sénégal et ce pour interpeller les autorités djiboutiennes sur le désarroi de nos jeunes injustement abandonnés.
« Réalité » continuera d’être la voix des sans voix, quoi qu’il advienne !
Merci pour ce courrier.
Combattre l’injustice jusqu’à l’anéantir
COMBATTRE L’INJUSTICE JUSQU’À L’ANÉANTIR :
ELLE EST UNE ANOMALIE
ET LE SORT INÉVITABLE DE TOUTE ANOMALIE
EST SON ANÉANTISSEMENT.
Nous avons reçu ce courrier de notre fédération de Tadjourah. Qui montre à quel point le boycott actif prôné par l’UAD est conforme à ce que notre base attend de nous.
Chers compatriotes, le 10 janvier 2003 est une date inoubliable pour tous les Djiboutiens. C’était le premier jour de vote pour plusieurs générations qui n’ont connu que la dictature pendant vingt-six ans. Autrefois, c’était le bourrage des urnes dès la matinée, sans la participation du peuple. Le 10 janvier 2003, le résultat au ministère de l’Intérieur n’a pas changé, il a été transformé.
Mais le vrai résultat sur le terrain, que nous connaissons tous, c’était la victoire de l’UAD, qui avait comme slogan « UAD 100% ». Cette victoire revient tout d’abord à notre président défunt (que Dieu l’accueille en Son Paradis). Ensuite à vous, vous avez vaincu les malfaiteurs, les corrompus. Vous les avez empêchés de voler, vous les avez fait pleurer, ce jour-là à 18 heures, aux annonces des comptes des bureaux de vote, ceux qui vous font aujourd’hui des fausses promesses habituelles ressemblaient à des gens auxquels l’on annonce la mort dans un proche moment.
Certes, nous avons perdu un grand leader politique, un sage parmi les quelques sages de l’Afrique. Il est mort au combat, il n’a jamais été flexible devant l’injustice et l’oppression.
Aujourd’hui, après sa mort, est-il normal que nous cherchions l’amitié de ceux qui ont combattu sans réserve notre défunt président, le Père de l’Indépendance ? Non ! Ce serait trahir sa mémoire, son honneur et son combat pour nous, pour notre pays. Non ! Il serait immoral de se soumettre passivement à l’injustice. Dieu sera avec nous, au degré de notre détermination. Dès que notre point de vue commun dépassera les 50%, Dieu démolira tout seul ce château de cartes de malheur qui est le régime sanguinaire et intolérant qui nous gouverne. Unissons-nous pour la bonne cause (un État de droit) et notre Créateur nous aidera.
Aujourd’hui, nous avons des exemples concrets devant nous, un prétendu ministre n’a pas le pouvoir d’embaucher un frère qui chôme à la maison, un député mal élu n’a même pas le droit de parler dans l’Assemblée. Assis sur une chaise, il ressemble à un enfant qui écoute la leçon de son maître. Chaque député mal élu attend impatiemment la sortie, la fin de la séance comme un enfant fainéant. Ces malfaiteurs essaieront de vous tromper de plusieurs manières.
Vêtu d’un beau costume brillant, il vous appellera « cousine ou cousin, neveu ou nièce, après la réélection de notre cher président M. Ismaël, ton embauche est assurée. Il faudra que tu te montres à la campagne électorale en faveur du président. »
Autre anecdote : « ton cousin, M. X, se montre opposant. Donc, il faudra que tu lui fasses abandonner l’opposition, toi qui parles si bien, toi qui te dis responsable, tu remplaceras ton cousin irresponsable en tant qu’okal de la tribu. Pour cela, montre-toi en faveur du président Ismaël et, après sa réélection, ce sera toi, l’okal de notre région. »
Cette fois-ci, c’est à un jeune commerçant que le député mal élu s’adresse : « toi qui es riche, offre quelques millions pour la campagne électorale du président Ismaël. Tu récupéreras facilement ces millions car, dès qu’il sera réélu, on te donnera une licence de commerce international et tu t’enrichiras très vite. » Mais, le samedi après le vote, toutes ces promesses se transforment en autant de cauchemars.
Chers compatriotes, leurs méthodes de tromperie sont simples et féroces. Méfiez-vous surtout de vos proches, ceux qui vous approchent à l’approche de la campagne électorale. En politique, il n’y a pas de lien de parenté qui tienne : il n’y a que des intérêts communs, qui sont des intérêts généraux dans lesquels réside l’intérêt de chacun. Si les routes sont bien entretenues, si notre port fonctionne, si les échanges commerciaux avec les pays limitrophes (Éthiopie, Somaliland et Yémen) se font directement avec notre port auxiliaire de Tadjourah dans les règles commerciales, si les trois pouvoirs se séparent (Exécutif, Législatif et Judiciaire) et se conforment aux notions d’État de droit, le nombre de nos chômeurs diminuera, la cruauté de la misère s’atténuera et nos dirigeants se comporteront comme de vrais responsables politiques.
L’heure de vérité est proche : il suffit de rester constant dans l’objectif et demeurer vigilant face aux fossoyeurs. La formule est simple, restez fidèles à Dieu et vous resterez fermes dans votre engagement. Dieu aime les endurants et, en récompense, Il les soulève.
En conclusion, toute lutte a besoin d’un appui financier pour la bonne continuité : chers compatriotes, adhérez à votre parti qui milite pour la Justice, la Fraternité et la Paix ! Régularisez vos cotisations mensuelles. N’oubliez pas notre défunt président Ahmed Dini, n’enterrez pas son combat avec lui. Son combat est le nôtre. Il est mort combatif, comme son compagnon Chehem Daoud. Nous devons prendre la relève.
Comme le disait le regretté Ahmed Dini, la quincaillerie n’a jamais gagné la guerre et l’argent volé à l’Etat ne nous vaincra pas. La détermination du peuple l’emportera tôt ou tard. Toute chose a une fin, surtout la dictature idiote qui opprime ses concitoyens. Qu’Allah Accueille notre défunt président, son compagnon Chehem Daoud et tous les martyrs en Son Paradis Eternel.
Et leur combat doit continuer jusqu’à la victoire : elle ne dépend que de nous !
Djibouti : la lente descente aux enfers
Sous la plume de Mohamed Qayad, l’édition papier des Nouvelles d’Addis a publié, dans son édition de janvier-mars 2005, le texte ci-dessous reproduit posant de façon lyrique, le contexte de misère généralisée dans lequel prétend se dérouler la prochaine présidentielle. Comme quoi, les masses opprimées en général et la jeunesse sans avenir en particulier n’ont plus rien à perdre, à part leurs chaînes, en sanctionnant le premier responsable de leurs malheurs.
Les Djiboutiens(nes) vivent au sein d’un leurre magistral, d’une République disparue que le régime autocratique s’acharne à ne pas reconnaître telle, et que ses politiques artificielles prétendent perpétuer.
La réalité est insensée, les chiffres sont terrifiants: 40.000 personnes meurent de faim chaque jour dans le monde, ce sida qui tue deux millions d’Africains chaque année. Combien meurent-ils de faim ou de sida à Djibouti ? Nous ne le saurons jamais?
Cette dictature qui broie des centaines de milliers de Djiboutiens sous la répression, la torture. Ce peuple affamé, anéanti, au vu et au su de tous, pour « la très juste cause » et les intérêts de l’ex-puissance colonisatrice. Un peuple livré à lui-même… Mais nous posons toujours les mêmes questions fantômes auxquelles, beaucoup le savent, rien ne répondra sinon le désastre des vies que ce silence ravage et dont on oublie qu’elles représentent chacune un destin.
Que devient-elle la RDD ? Une promesse de Vie? Un Enfer, déjà, qui ne dit pas son nom?
Mais Dante a-t-il imaginé l’Enfer de ceux qui réclameraient l’Enfer en vain? De ceux pour qui la pire damnation serait d’en avoir été chassés?
N’est-il pas terrifiant de demeurer ainsi passifs, comme paralysés, tétanisés devant ce dont dépend notre survie? Ne faut-il pas se demander si cette survie est programmée ou non?
A fuir ces questions, on s’épargne dans l’immédiat la révélation du pire, mais craindre la révélation du pire, n’est-ce pas risquer d’y être mieux précipité?
Or, ce régime dictatorial s’emploie à dévier, supprimer ces questions ; il se mobilise, converge vers d’autres, et focalise autour d’elles l’opinion qu’il tient de la sorte en suspens autour de faux problèmes.
Demandez-vous à quel point la cruauté de ces vies abrège leur durée, et s’il est besoin de murs, de miradors pour incarcérer ces gens.
Revisite-t-il/elle (Djiboutien(ne) ce temps d’une lenteur insidieuse au cours duquel il/elle est devenu(e) l’un de ceux qui, même vus, même entendus, ne sont pas regardés, ne sont pas écoutés, et qui, d’ailleurs, se taisent?
De ces chômeurs rejetés, puis écrasés sur les bords de la route. Une route qui ne mène plus aux mêmes lieux. Où conduit-elle ? Nul ne sait.
Destins annulés, jeunesse détériorée. Avenir aboli. Que peuvent-ils attendre de l’avenir? Quelle sera leur vieillesse, s’ils l’atteignent?
De ces enfants exclus d’un système scolaire inique et impitoyable qui n’ont plus rien à espérer puisque cette démocrature ne leur a jamais rien donné.
Qu’ont-ils à perdre puisqu’ils n’ont rien reçu, sinon des modèles de vie que tout les empêche d’imiter?
On atteint ici à des sommets de l’absurde, de l’inconscience planifiée. De la tristesse, aussi.
Ce siècle nous a appris que rien ne dure, pas même les régimes les plus bétonnés.
Qu’allons-nous devenir? Que faire? Par où commencer ? Autant de questions qui restent sans réponses face à ce régime génocidaire.
Quel avenir peuvent-ils imaginer? Même le rêve ne leur a jamais été permis. Que peuvent-ils attendre de l’avenir? Avenir sans projet? Un avenir qui leur réserve « chômage », « misère », « rejet », le sentiment d’être inutiles, ou, même, parasitaires? Des virtuoses de l’exclusion !
De ces enseignants humiliés, ruinés puis exilés. On leur reproche le choix de l’exil avec raison, certes; mais on oublie bien vite le caractère dévastateur de la violence et du déni de droits qu’ils subissent en amont.
De ces répudiés, de ces laissés-pour-compte, jetés dans un néant social. De ces oubliés-là (les retraités), abandonnés, proscrits. Hors jeu!
De ces jeunes filles désorientées, désemparées qui se prostituent afin de subsister un temps. On le sait. Et il Y a des clients. Qui hurle, sinon les parents de ces victimes? Quels boucliers levés contre cette pédophilie tolérée? Seuls à réagir, les consommateurs.
Le régime ne devrait-il pas s’attaquer non pas tant aux épiphénomènes que sont l’alcool, la drogue, la prostitution, mais aux phénomènes qui en sont l’origine : la pauvreté dont nous savons qu’elle conduit ces jeunes filles à se prostituer au bénéfice des possédants, à seule fin de survivre encore un peu.
Encore faut-il qu’ils aient la volonté de le faire ? Devrait–il fuir le désespoir au moyen de mensonges, de camouflages, de fuites aberrantes? Cette attitude-là est désespérée, désespérante.
Discours sur discours annonçant « des priorités» qui n’apparaissent pas, qui n’apparaîtront pas. Ces malfrats ont transformé Djibouti en une immense tombe : vivants, nous sommes morts – des morts-vivants. Leurs discours survolent les vrais problèmes ou les faussent, des discours qui sans fin ressassent les mêmes promesses intenables, ces discours-là sont passéistes et remuent sans fin des nostalgies qu’ils sauront toujours utiliser pour mieux mentir davantage.
La remise en cause des fausses questions posées, le rétablissement de celles évitées, la dénonciation de celles escamotées: dénoncerait sans doute la duplicité du pouvoir autoritaire, ou plutôt des ioguistes, et leur intérêt à ce que la société djiboutienne demeure inféodée au système périmé, fondé sur la culture de la bassesse, de l’avilissement.
Le régime ioguiste utilise alors le système quasi parfait de la double pensée que Georges Orwell avait inventé en 1949, un an avant sa mort, pour… son célèbre « 1984 » ! : « Il fallait oublier un critère devenu inopportun, mais aller le rechercher quant il redevenait nécessaire, aussi longtemps qu’il le fallait. »
Cette réalité, qui ne souffre aucune controverse chez les gens de bonne foi, définit la différence fondamentale du climat électoral: dans cette république (Djibouti), soumise à la terreur d’une machine à tuer devenue folle, soutenue ou dirigée par la France, les conditions de n’importe quel scrutin sont compromises à l’avance.
La route de leur paradis est courte et ils jouissent de ce qu’ils trouvent de meilleur : l’alcool, la drogue, la prostitution… Leur espoir est plein de mépris, mais le cri des opprimés est plein de paix.
Notre ultime espoir c’est la raison, que l’homme a laissé disparaître dans un océan de malhonnêteté. L’Amour du Créateur me donne l’espoir qu’une vie meilleure se prépare.
Réalité du développement humain (2)
Nous concluons cette semaine le commentaire sur le Rapport National du Développement Humain 2004, en nous arrêtant sur ses recommandations dans lesquelles, malgré la présence de représentants de l’Etat dans le comité de rédaction, transparaissent l’amertume et le doute sur la volonté politique de ce régime à assurer un développement humain harmonieux à Djibouti.
Nous avons examiné la semaine dernière l’un des axes autour duquel s’articule le développement humain selon les critères pertinents retenus par le rapport mondial du PNUD de 1995 était la justice sociale. Pour y parvenir, tous les obstacles entravant les potentialités économique et politique doivent être éliminés. Parmi lesquels la centralisation administrative et économique identifiée comme source de la pauvreté humaine à Djibouti et qu’il fallait par conséquent « œuvrer au plus vite en faveur des régions en activant le projet de décentralisation administrative et économique, voire politique », et que nous avions largement commenté la semaine dernière.
La durabilité est le troisième critère considéré par le Pnud : l’accès aux potentialités économique et politique devant être assuré non seulement aux générations actuelles mais aussi aux générations futures. D’autre part, le PNUD considère la dimension féminine comme un élément clé pour atteindre à juste titre les objectifs de développement du millénaire, connus sous le sigle d’ODM en rapport avec la Déclaration du Millénaire de septembre 2000 adoptée par 191 pays dont le nôtre.
Parce qu’aucun renouvellement du capital humain n’est possible sans une éducation et une santé performantes, figurant en bonne place parmi les objectifs à atteindre : l’assurance d’une éducation primaire universelle, la réduction de 2/3 de la mortalité infantile et la réduction de ¾ de la mortalité maternelle…
C’est donc dans ce contexte, qu’il faut lire l’intérêt soudain de nos dirigeants pour les secteurs sociaux et comprendre à travers l’apparition de slogans incantatoires dans les discours officiels et la multiplication des séminaires, symposiums, états généraux et autres ateliers consacrés à ces sujets et financés à cet effet par le don multilatéral dont Djibouti est dépendant et devant lequel il est comptable. Près de un quinquennat après la ratification de cette déclaration, force est de constater, à l’aune des réalisations que tous ces slogans se sont révélés poudre aux yeux.
Ayant pris acte des intentions gouvernementales consignées pour certaines dans les textes officiels, les rapporteurs constatent que si des avancées ont été enregistrées dans ces domaines, elles restent superficielles et limitées. Si la représentation législative féminine est de 10%, grâce à une loi imposant ce quota, la condition féminine à Djibouti est déplorable. Représentant 52% de la population totale, la femme est une « pauvre parmi les pauvres » dont le quotidien et fait de corvée de bois et de mutilation génitales. Selon une enquête IDAM IS 2, DISED 2002, son taux de scolarisation dans l’enseignement passe de 41,6% dans le primaire (contre 44,7 seulement pour les hommes) à 19,2% dans le secondaire et 0,9% dans le supérieur. La santé n’est guère mieux lotie, une analyse détaillée de l’indice d’accessibilité aux services de santé montrant qu’un nombre « non négligeable » de la population n’a pas accès aux services de santé, puisque la ville de Djibouti concentre 84% du personnel de la santé, 14% dans les districts et 1,3% pour les zones rurales. Le taux de mortalité infantile est de 102/1000 en 2002 contre 85/1000 au Yémen et 73/1000 en Erythrée.
Le constat sans complaisance établi par le rapport nous dispense de nous étaler davantage sur les chiffres pour nous contenter de l’essentiel : la gestion de l’aide par l’administration est jugée inefficace car « des pratiques contestables et contre-productives servent comme règles de gestion… les ateliers et les séminaires de formation à l’extérieur du pays ne bénéficient pas forcément aux cadres selon leur profil et leur compétence mais renforcent l’apanage des hauts fonctionnaires de l’administration qui utilisent ces ressources comme autant de prébendes pour gratifier leurs obligés… les projets de développement sont devenus comme autant d’occasion d’enrichissement personnel et de redistribution notamment pendant les périodes préélectorales. Ce phénomène entrave à terme le développement d’une société civile saine.
Le problème est que si les autorités nationales sont davantage comptables de leurs actes devant les bailleurs de fonds, elles le sont moins devant leurs propres citoyens. Cette situation caractérise la faiblesse des institutions publiques et l’inefficacité des actions en matière de bonne gouvernance. La responsabilité nationale dans l’échec pour l’utilisation de l’aide est largement admise… ».
Il ne faut donc pas s’étonner dans ces conditions que l’Aide Publique au Développement (APD) exprimée en % du PIB soit passée de 13,7% en 1999 à 9,4% en 2001 contre pour la même période de 10% à 17% en Éthiopie et 18% à 34% en Érythrée, dans un contexte de rude concurrence entre pays en développement pour attirer l’aide des bailleurs de fonds.
Après Eyadema, Eyadema ?
CRIME DE LÈSE CONSTITUTION AU TOGO
Après le décès du vieux baobab Etienne Gnassimbé Eyadema, au pouvoir depuis 1967, l’armée togolaise a nommé à sa place son fils Faure Eyadema, jusque là ministre de l’Equipement et des Mines. Cette transition anticonstitutionnelle inquiète tous les démocrates africains et la communauté internationale.
Auteur du premier coup d’Etat de l’Afrique post coloniale en 1963, Etienne Gnassimbé Eyadema accède officiellement au pouvoir à la faveur d’un second coup de force en 1967. Originaire du Nord et d’ethnie Kabré, le jeune lieutenant-colonel Eyadema instaure aussitôt un régime autoritaire et sanguinaire. Dans la foulée, il crée un parti unique, le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), toujours au pouvoir sous une autre forme. Durant trente-huit douloureuses années, le général-président a dirigé le Togo principalement au profit de son ethnie Kabré, qui ne représente que 20% de la population totale. Au début de la décennie 1990, de violentes manifestations le contraignent à une timide ouverture politique.
Depuis cette date, toutes les élections présidentielles et législatives « pluralistes » ont toujours été remportées par le président Eyadema et sa mouvance. L’opposition togolaise, essentiellement incarnée par l’Union des Forces du Changement (UFC) de Gilchrist Olympio, fils du premier président Sylvanius Olympio assassiné en 1963 par Eyadema père, s’est vu à plusieurs reprises dépossédée de sa victoire, quand elle n’a pas choisi le boycott, comme en 1993, 1998, 1999 et 2003. Le vieux baobab récemment éteint laisse donc un pays économiquement et politiquement en crise. En suspendant la Constitution et en faisant succéder Faure Eyadema à son père, l’armée togolaise monoethnique a préféré une transition clanique à la démocratie pourtant prévue par les textes. C’est pour dénoncer le complot contre la Constitution que des milliers de manifestants sont descendus dans la rue dimanche dernier. Au cours des échauffourées, un manifestant a été tué. La communauté internationale a clairement condamné le coup de force anticonstitutionnel et appelé à la tenue d’élections libres dans les plus brefs délais. Le géant de la région, le Nigeria, menace même d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel.
De son côté, la diaspora togolaise se mobilise. Ainsi, dimanche dernier, à l’appel de l’opposition en exil, une grande manifestation a été organisée dans la Capitale française. Craignant que Djibouti et le Togo soient même topo, et constatant que de dangereuses similitudes existent entre le RPT et le RPP, l’ARD de France a participé à cette manifestation à Paris, aux côtés des démocrates Togolais. Voici le compte rendu de cette journée, que nous a fait parvenir notre représentant en France, M. Maki Houmed Gaba :
« Selon l’article 150 de la Constitution du Togo, « en cas de coup d’État ou de coup de force quelconque, tout Togolais a le droit le plus sacré et le devoir le plus impératif de s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime ». D’où l’« Initiative150 » pour la coalition contre le coup d’État au Togo, comme un devoir constitutionnel pour les Togolais et une exigence de solidarité pour les amis des démocrates togolais.
C’est pourquoi l’Alliance républicaine pour le développement (ARD) en France a apporté son soutien à l’Initiative150 en participant à la manifestation qui s’est tenue dimanche 13 février 2005 de 14 heures à 16 heures à Paris, de la Place de la République à la Place de la Bastille, pour dénoncer l’accaparement de la présidence du Togo par Faure Gnassimbé après le décès du tyran Eyadéma Gnassimbé.
L’article 150 de la Constitution n’est pas le seul en cause. Selon l’article 65-1, « En cas de vacance de la Présidence de la République par décès, démission ou empêchement définitif, la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le Président de l’Assemblée Nationale».
Or Faure Gnassimbé n’était pas Président de l’Assemblée Nationale, ni même parlementaire, mais Ministre de l’Équipement et des Mines conformément à l’article 76-2 qui stipule « Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire».
Quant à une « révision » à la hâte de ces dispositions de la Constitution, l’article 144-5 énonce « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie en période d’intérim ou de vacance ou lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ».
Il est absolument anticonstitutionnel de laisser le clan Gnassimbé se faire la belle avec la liberté des Togolais. La chance historique que la nature elle-même voulut offrir aux Togolais en faisant que Eyadéma soit rappelé à Dieu, ne doit pas échapper à son bénéficiaire qui doit être le peuple togolais. La solidarité de tous les démocrates d’Afrique est impérative pour résister au rapt de l’Afrique par ses dictateurs.
L’opposition djiboutienne représentée par l’ARD en France a assuré les démocrates togolais du soutien indéfectible du peuple djiboutien à la cause du peuple togolais. L’ARD a profité de cette occasion pour inviter les démocrates togolais à prendre connaissance de ce que Djibouti aussi a enduré et continue d’endurer sur la voie d’une démocratisation rendue impossible par le régime d’Ismaël Omar Guelleh. L’échange a permis de renforcer la détermination des uns et des autres à poursuivre leur combat main dans la main jusqu’à éradiquer totalement l’autocratie dans nos pays respectifs.
Les Djiboutiennes et les Djiboutiens de la diaspora devraient compter des amis togolais à leur prochaine manifestation prévue pour dénoncer la mascarade électorale en gestation à Djibouti.
Communiqué de l’UAD
UNION POUR L’ALTERNANCE DEMOCRATIQUE (U.A.D)
(ARD, UDJ, MRD)
Adresse: Héron Djibouti Tél: (253) 25 09 19 Email: realite_djibouti@yahoo.fr
Djibouti
Djibouti, le 13 février 2005
COMMUNIQUE DE PRESSE
SUR L’ELECTION PRESIDENTIELLE D’AVRIL 2005
La prochaine échéance électorale est une étape fondamentale pour le devenir de la République de Djibouti, eu égard au caractère présidentialiste de notre Constitution. C’est pourquoi l’Union pour l’Alternance Démocratique y accorde une importance particulière. Pour le régime, la campagne est déjà lancée depuis plusieurs mois, à grand renfort de médias publics détournés de leur mission d’information et de l’ensemble des ressources de l’État.
Décidée le dimanche 6 févier 2005 par le Haut Conseil de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD), la tenue du meeting du vendredi 11 février avait un double objectif : démontrer sa capacité à mobiliser ses militants et sympathisants en un temps record et annoncer à cette occasion sa position sur la prochaine élection présidentielle.
L’UAD, se félicitant de la participation massive à son premier meeting de la présidentielle constate une fois encore l’arrogance et l’inique comportement de l’actuel chef de l’État, candidat à sa propre succession, en campagne depuis plus de cinq mois, au mépris des textes et des règles de conduite élémentaires pour l’avènement d’une compétition transparente. Pourtant, il n’est toujours pas en mesure de répondre à nos multiples courriers posant les conditions sine qua non pour un réel concours démocratique respectueux de l’expression de chaque électeur et par-delà du peuple djiboutien,.
Formulées dans une correspondance adressée au président de la République le 9 octobre 2004, nos exigences portaient, outre l’indispensable refonte du Conseil Constitutionnel, prévue par l’accord de paix du 12 mai 2001 sur:
1) La refonte des listes électorales qui doivent refléter la réalité du corps électoral tel qu’il est actuellement ;
2) L’établissement de ces listes par bureau de vote dans les régions de l’Intérieur,
3) La publication de toutes les listes électorales mises à la disposition de tous les partis politiques ;
4) La mise en place d’une véritable Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), composée à parité égale de représentants de l’Opposition et de représentants des partis au pouvoir, sous la présidence d’une personnalité indépendante acceptée par les deux parties ;
5) L’élaboration conjointe (Opposition/Gouvernement) du Statut Spécial de la Capitale ;
6) La modification de Loi relative aux élections dans ses articles 27 et 54, portant sur la proclamation des résultats et la remise des Procès-verbaux, consécutive au dépouillement du résultat des scrutins. Désormais, pour une réelle transparence des élections, chaque partie devant disposer de son exemplaire de PV et les résultats proclamés par la CENI ;
7) L’abandon pur et simple des pratiques de l’ancien système du parti unique dans la désignation des assesseurs par le pouvoir. Ces assesseurs devant représenter les parties en compétition ;
8) L’accès libre et équitable des partis politiques aux médias publics ;
9) L’amendement et l’application effective de la loi de 1992 sur la communication qui autorise l’ouverture de radios et de télévisions libres.
Consciente d’incarner une véritable alternance démocratique, l’UAD a clarifié sa position sur la prochaine consultation électorale, à savoir : son rejet pur et simple, cette élection ne devant pas avoir lieu sans l’UAD ;
C’est pourquoi l’UAD exigeant l’avènement d’une réelle démocratie et forte de la confiance populaire, réitère ses sommations ignorées depuis trois ans par le régime, basées sur la stricte application de l’accord de paix du 12 mai 2001, lance un appel :
1) Au Peuple djiboutien :
Par notre action de mobilisation, il est de notre intérêt commun de rejeter ce régime qui s’obstine à saboter la consolidation d’une paix réelle. Nous ne devons plus accepter cette dictature responsable de la corruption, du chômage, de la pauvreté, de la maladie, de l’immoralité et de l’enrichissement illicite d’un cercle restreint.
2) A la communauté internationale :
L’Union pour l’Alternance Démocratique appelle la communauté internationale à prendre ses responsabilités et à faire pression par tous les moyens à l’encontre de la dictature.
AVEC L’AIDE DE DIEU, INCHA ALLAH , L’UAD VAINCRA.
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