Le plus ancien prisonnier politique djiboutien est en danger de mort
Djamil Ahmat | Mercredi 14 Août 2013
M. Mohamed Ahmed a été battu et menacé de mort par le sergent-chef de la police, en présence du directeur de la prison de Gabode.
Mohamed Ahmed dit Jabha, militant du FRUD détenu depuis mai 2010 à la prison de Gabode.
Malade et affaibli par 3 années d’emprisonnement dans des conditions qui représentent une menace permanente pour pour sa vie, Mohamed Ahmed dit Jabha a failli mourir la semaine dernière après une injection administrée sans son consentement par un détenu à la demande du directeur de la prison. Présentant des œdèmes sur une partie de son corps, il a pu être hospitalisé d’urgence pendant 2 jours grâce aux protestations de ses codétenus.
Ce n’est pas la première fois que Mohamed Ahmed Jabha fait l’objet des harcèlements policiers.
Selon l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT) M. Mohamed Ahmed, fut durant un mois transféré de casernes militaires aux locaux de la gendarmerie et de la sécurité où il a subi plusieurs formes de tortures et de traitements dégradants et inhumains avant d’être incarcéré en détention provisoire depuis juin 2010 à la prison de Gabode sans accès aux soins , ni à l’avocat ni au juge
Toujours selon l’OMCT, le 15 septembre 2012, M. Mohamed Ahmed a été battu et menacé de mort par le sergent-chef de la police, en présence du directeur de la prison de Gabode. Il aurait à nouveau été agressé par le sergent-chef, fin novembre 2012. Enfin, il a été placé en isolement cellulaire le 28 décembre 2012, privé de contact avec les autres détenus, de visites et de médicaments que lui faisait parvenir des proches.
En mai 2013, ce fut autour du caporal Moussa Chidé Moussa de s’acharner sur lui après l’avoir menotté.
L’OMCT a réagi par un appel urgent en faveur de Mohamed ahmed dit Jabha :
en priant les autorités de Djibouti de garantir, en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Mohamed Ahmed, conformément au droit régional et international pertinent et notamment aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
L’OMCT demande également aux autorités de Djibouti de mettre fin à l’isolement cellulaire de M. Mohamed Ahmed et de faire en sorte qu’il soit promptement présenté devant une autorité judiciaire compétente, qu’il ait immédiatement accès à un avocat de son choix, à des soins médicaux et qu’il puisse recevoir la visite de sa famille. L’OMCT rappelle à cet égard les recommandations formulées par le Comité contre la torture à la suite de l’examen du Djibouti en novembre 2011 (voir le document CAT/C/DJI/CO/1) et celles du Rapporteur Spécial sur la torture dans son rapport concernant l’isolement cellulaire en date d’août 2011 (voir le document A/66/268).
Enfin, l’OMCT réitère sa plus vive inquiétude quant aux faits allégués ci-dessus et demande aux autorités compétentes à ce qu’une enquête immédiate, efficace, exhaustive, indépendante et impartiale soit menée, et ce afin d’identifier les responsables, de les traduire devant un tribunal civil indépendant, compétent et impartial et d’appliquer les sanctions pénales, civiles et/ou administratives prévues par la loi.
Ordonner la libération immédiate de M. Mohamed Ahmed en l’absence d’accusations qui soient en accord avec les règles et les standards internationaux ou, si de telles accusations existent, le déferrer promptement devant un tribunal civil, impartial et compétent tout en garantissant ses droits procéduraux en tout temps