Pourquoi a-t-on torturé Mohamed Daher Robleh? Par Mohamed Qayaad
Les bons sentiments s’estompent trop facilement face au pragmatisme, je dirais même au cynisme de la politique.Et le torchon Djibouti24 est passé maître en ce domaine.
Un compatriote du nom Mohamed Daher Robleh fut torturé par ce régime moribond.
Toutefois, la milice politique s’est également rendu coupable de telles actions.
La torture se développe alors telle une épidémie et plusieurs personnes qui avaient subi la torture sont mortes. Les séquelles traumatiques sont profondes et déteignent sur la population tout entière. L’objectif est atteint : détruire l’âme et l’avenir d’un pays.
Face à un régime dictatorial qui torture à cœur joie ses propres citoyens dans le seul but de se pérenniser au pouvoir. Quiconque, membre du système ou non, qui a encore un peu de conscience et une capacité d’analyse élémentaire, a réalisé sa nature cruelle.
Beaucoup de personnes se demandent comment le régime tient. Toute l’explication repose sur deux mots, deux seuls mots : la peur et la terreur que ces vautours charognards suscitent autour de et dans l’ensemble de tous leurs « sujets ».
Ce silence, encore explicable dans les années 1990, quand certains chantaient les « charmes » de la révolution frudiste, est aujourd’hui injustifiable.
Ainsi, la pratique du régime djiboutien en place dont la communication est basée sur le prêche du faux, du mensonge, de la falsification des réalités sociales, de l’état des libertés individuelles et du camouflage de la pratique systématique de la torture, un comportement qui prouve une volonté, réfléchie et planifiée, d’affirmer deux objectifs.
Projeter une belle image de la République De Djibouti auprès de l’opinion internationale, le contrôle de la situation policièrement et maintenir une politique basée sur la peur, la terreur du peuple. Face à cette politique, on aurait pu s’attendre à voir une opposition virulente, forte et surtout proche du peuple. Il n’en est rien et c’est là où se situe le paradoxe de la République De Djibouti.
Que faisons-nous lorsque les droits liés à la citoyenneté sont violés?
Personne ne peut ignorer les provocations , les humiliations,les traitements inhumains infligés à Mohamed Daher Robleh, dont le seul crime est de s’être attiré la colère d’un système tortionnaire par excellence. La torture donc, existe. MDR, sauf à en mourir, revenait de ce traitement à l’état de loque sanglante, disposé le plus souvent à dire n’importe quoi, plutôt que de connaître une nouvelle expérience.
Et malgré les faits il y a toujours de nombreux idiots utiles qui sont prêts à encenser celui qui pourrait en quelques instants devenir leur bourreau. En disant cela je pense à Me Aref , aux responsables de Djibouti24- des morts vivants qui ne font que pleurnicher les faces cachées sur leur sort en réduisant tous leurs malheurs au système, au pouvoir ; à la politique et ses ténors, et hommes d’affaires somaliens qui après avoir encensé IOG ont été insultés, discrédités, ont vu leurs propriétés confisquées et se sont vu interdire de retourner à Djibouti.
Djibouti est devenu un antre de tortures, où sont enfermées des centaines de personnes, séquestrées un peu partout à Djibouti.Qui de nous, qui de vous, qui de nos compatriotes admettrait tout bonnement que MDR puisse être torturé ? Il est judicieux de s’interroger sur l’opportunité réelle d’un dialogue avec un régime sans scrupule incapable de protéger et de respecter le droit à la vie qui reste un droit sacré.
On dirait que plus le mensonge est grand plus il est capable de tromperie, d’annulation du sens critique. Comme si la démesure, l’utilisation de la farce pure et simple avait un pouvoir de séduction magique et de réduction jusqu’à l’infantilisme de la conscience humaine.
Notre big brother national vit dans la psychose de se voir malmener par la population djiboutienne.
L’imagination est intarissable lorsqu’il s’agit de réduire au silence les opposants djiboutiens. Elle induit des méthodes de plus en plus insidieuses. Toutes les formes de l’oppression: violences et arrestations gratuites, culte abrutissant de l’idéologie et de la personnalité.
Le peuple vit dans l’arbitraire et la crainte, le silence et la délation.
Pourquoi l’opposition n’arrive pas à se faire entendre? Est-on condamné à vivre avec ces multiples compétitions décoratives?
Pour l’instant, la seule réponse que j’observe est celle-ci : Peu importe ces violations… nous continuons à dialoguer avec la dictature et continuons à être terriblement impuissants face à l’injustice qui frappe nos concitoyens.
Et je dis nous, parce que d’une part j’éprouve une part de responsabilité, et d’autre part je ne suis pas en position de rupture vis-à-vis de l’opposition démocratique, mais en position d’un soutien non moins critique.
Je ne m’arrête pas à méditer sur ce vers d’un fameux poète arabe qui dit : « Si vous êtes condamné à vivre us un tyran soyez injuste et si vous vous trouvez avec des ignorants soyez aussi ignorant».
Jamais un dictateur qui a ruiné son pays, mis en esclavage son peuple, exporté la guerre, trafiqué de la drogue à si grande échelle, trompé les investisseurs, menti, torturé, exécuté, ostracisé et éliminé jusqu’à ses amis les plus proches n’aura été aussi encensé. Malgré la réalité si terrible cet homme est apparu pendant longtemps aux yeux des autorités françaises- promptes à dénoncer sélectivement les exactions de certains régimes mais gardant un silence total sur la situation djiboutienne -, comme un bienfaiteur. Leur silence permettant à la dictature de tirer sa révérence pour se prévaloir de sa légitimité de fait.
Faudra-t-il parler de complicité active? Qui blâmer alors ? Le peuple djiboutien? L’opposition djiboutienne? La France? La vie injuste? La mort? Le destin? Je n’en sais rien ! Peut-être personne, c’est ainsi que va la vie ! Mais qu’importe !
La plupart des États européens font de même ; et si d’aventure l’un d’eux rompt l’assourdissant silence, c’est pour dire, comme pour s’excuser de tant d’audace, qu’il ne peut que condamner de si inhumaines pratiques.
Ils se montrent peu diserts pour dénoncer les dérives d’un pays qui fonde sa citoyenneté sur des critères tribaux, érigeant ainsi le tribalisme en système, légalise la torture et l’assassinat d’opposants politiques .
La République De Djibouti a besoin d’une classe politique qui assume les aspirations du peuple et dont la conviction et l’ascèse pourraient tenir un projet de société.
Mohamed Qayaad