COMMUNIQUE DE PRESSE
Djibouti, le 16 juin 2013
Nécessite d’un dialogue politique s’impose …
« C’est le propre de l’homme de se tromper ; seul l’insensé persiste dans son erreur » Cicéron
La crise postélectorale qui dure depuis bientôt 4 mois à son origine dans une crise multidimensionnelle (crise économique, crise identitaire, crise sociale, …) mais surtout dans une crise relative à un déficit démocratique. D’ailleurs, depuis le 22 février 2013, les Djiboutiens et la communauté internationale attendent toujours la publication des résultats bureau par bureau. Une première dans l’histoire du pays !
A cela s’ajoute, une crise institutionnelle (2 parlements) : le pouvoir a mis en place un parlement dans lequel les représentants de l’opposition ont refusé de siéger (l’opposition rejette les résultats annoncés par le Ministre de l’intérieur lui-même membre du parti au pouvoir) et l’opposition a installé de son côté un parlement dénommé Assemblée Nationale Légitime. De plus nous sommes face à une crise de confiance entre le peuple et le pouvoir (non publication des résultats), une crise constitutionnelle (toutes les libertés publiques ont été déclarées illégales au lendemain des élections) et surtout une impasse politique qui perdure…
Le pouvoir actuel après 36 ans`de règne sans partage ne peut pas et ne veut pas concevoir un dialogue avec une opposition dont il a nié et nie toujours l’existence. Comme d’habitude pour ce dernier le scenario était écrit d’avance : fraude en amont, manipulation des résultats après les décomptes et surtout l’usage de la force répressive une fois les résultats proclamés pour faire croire à l’opinion nationale et internationale que la mouvance au pouvoir était sortie une fois encore vainqueur des élections. Sûr aussi de la bienveillance complicité d’une CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) fidèle et d’un Conseil Constitutionnel partial.
Malheureusement, dans la résolution de cette équation à plusieurs inconnues le pouvoir a oublié une donnée essentielle le peuple qui continue de contester les résultats.
Risques et conséquences …
Les conséquences pour le pays sont multiples :
Ø Après 10 ans de boycott de toutes les élections (communales, législatives et présidentielles) le peuple, à travers l’opposition qui s’est manifestée par une voix unique, risque de ne plus croire à une transition démocratique possible,
Ø Les investisseurs généralement très susceptibles au contexte sociopolitique risquent de ne plus investir ou se retirer progressivement de la vie économique de Djibouti,
Ø L’absence d’un dialogue franc et sincère risque de compromettre toute perspective de sortie de crise et peut générer par conséquent une radicalisation des 2 côtés,
Ø L’image du pays risque de se ternir au regard d’une élection contestée dont les résultats définitifs ne sont pas toujours disponibles bientôt 4 mois après.
Rendre le dialogue politique possible…
Pour créer les conditions propices au dialogue politique et à la réconciliation nationale, l’ODDH propose :
Ø La libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques,
Ø Le retour à l’ordre constitutionnel et au respect des textes fondamentaux de la république,
Ø La mise en place d’une Commission Nationale Indépendante de Dialogue,
Ø L’installation d’une période de transition permettant de créer les conditions favorables à l’émergence d’un état de droit où l’opposition pourrait jouer véritablement son rôle.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil