Djibouti : « Un laboratoire militaire et maritime international »
17 avril
Le think tank britannique Chatham House vient de publier une analyse sur les changements stratégiques intervenus ces 15 dernières années à Djibouti. Selon celui-ci, le pays, qui est le centre stratégique de la Corne de l’Afrique, est devenu « un laboratoire militaire et maritime international ».
Le rapport du think tank met en exergue quatre facteurs pour expliquer les changements stratégiques intervenus à Djibouti depuis ces 15 dernières années : la guerre entre l’Erythrée et l’Ethiopie ; la rapide transformation économique de l’Ethiopie ; les changements dans la stratégie africaine des Etats-Unis après le 11 septembre ; la hausse de la piraterie dans le Golfe d’Aden et le long des côtes somaliennes.
Djibouti accueille, depuis 2002, sur son territoire des troupes américaines dans le cadre des opérations post-11 septembre. Il s’agit de la seule base américaine permanente en Afrique subsaharienne. Les Etats-Unis versent annuellement 38 millions de dollars à Djibouti pour les infrastructures utilisées. 3200 Américains sont en tout stationnés là-bas. Les bases militaires américaines servent à la fois pour le lancement de drones, la lutte contre Al-Qaïda dans les pays voisins et l’aide aux forces africaines présentes en Somalie.
Face à cette montée importante de la présence américaine, la France reste le partenaire militaire le plus important pour Djibouti bien que l’Etat hôte essaie sur un plan diplomatique de tisser des relations au-delà des réseaux d’influence français. En outre, la présence française a tendance à se réduire et à être modifiée, étant donné la logique de baisse des dépenses dans le domaine militaire.
En 2009, Djibouti est aussi devenu la première base pour la Mission Atalanta, force mise en place par l’Union européenne pour lutter contre la piraterie dans le Golfe d’Aden. De plus, le Japon a installé à Djibouti sa première base militaire hors de ses frontières depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des navires chinois utilisent aussi de plus en plus les infrastructures portuaires djiboutiennes et la Chine entretient des relations progressivement plus étroites avec Djibouti. En outre, d’autres pays utilisent les ports djiboutiens, comme la Russie, l’Iran, la Malaisie et l’Inde.
Toutes ces données font que le pays est devenu une place stratégique très importante et selon l’analyse du Chatham House, cette réalité ne devrait pas être modifiée dans le futur. C’est aussi pour cela que le think tank se réfère à Djibouti comme un « un laboratoire militaire et maritime international ».
Toutefois, l’analyse du think tank met aussi en lumière les problèmes internes auxquels est confrontés l’Etat djiboutien. Il s’agit des grandes disparités économiques au sein de la population, un taux de chômage de 60% notamment, de la pauvreté d’une partie des Djiboutiens et des problèmes politiques liés au mode de fonctionnement du parti au pouvoir.
Sources : Analyse du Chatham House, Assajog