26/02/2013 / DJIBOUTI
Législatives à Djibouti : l’opposition dénonce l’irrégularité du scrutin dans la rue, Par France 24
Les manifestants et membres de l’opposition dénoncent les résultats du scrutin du 22 février à Djibouti. Photo publiée sur Twitter.
Depuis l’annonce des résultats des élections législatives, qui ont donné le parti au pouvoir vainqueur, les militants de l’opposition et beaucoup d’étudiants sont dans la rue. Ils accusent le pouvoir d’avoir truqué le scrutin et sont prêts à en découdre.
La coalition des partis au pouvoir, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP), a remporté cinq circonscriptions sur six et 80 % des 65 sièges de députés. L’opposition, l’Union pour le salut national (USN), qui présentait une liste pour la première fois depuis dix ans, a, quant à elle, gagné 13 sièges grâce à l’introduction d’une dose de 20 % de proportionnelle.
Mais l’USN dénonce des « fraudes massives », sans avoir réussi jusque-là à les prouver. Ses partisans sortent donc manifester tous les jours depuis le scrutin. Ils dénoncent une répression sévère de la part des forces de police, notamment dans le quartier populaire de Balbala, au sud-ouest du centre ville de la capitale.
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Une vidéo des manifestations dans le quartier de Balbala circule sur les réseaux sociaux. On y entend la police tirer pour disperser la foule qui réplique en lançant des pierres.
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L’opposition dénonce le renforcement de la présence policière et la répression dont sont victimes les manifestants. Photo publiée sur Facebook.
Les observateurs internationaux, notamment de l’Union africaine, ont salué le « civisme et la maturité politique » des Djiboutiens, appelant l’opposition à contester par les voies légales les résultats du scrutin si elle l’estime nécessaire.
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a, quant à elle, dénoncé l’arrestation de 120 membres de l’opposition et parlé d’irrégularités entachant la crédibilité du scrutin, par exemple l’expulsion des observateurs de l’USN dans la ville d’Obock, sur la côté nord-est de Djibouti.
Indépendant depuis 1977, Djibouti est gouverné depuis 36 ans par le même parti, et par le président Ismaël Omar Guelleh depuis 1999. Le pays abrite la principale base militaire française en Afrique et la seule des États-Unis sur le continent.
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Des étudiants de l’université de Djibouti ont manifesté ce matin devant le palais de justice. Vidéo publiée sur YouTube.
Contributeurs
« Les policiers ont frappé des collégiens de 12 ou 13 ans qui avaient rejoint la manifestation »
Abdirahman (pseudonyme) est étudiant en licence d’administration publique à l’université de Djibouti. Il a participé au rassemblement de ce matin et explique le ras-le-bol des étudiants.
Ce matin, nous sommes allés faire un sit-in au palais de justice. C’était une manifestation totalement pacifique, nous avons crié ‘Liberté !’ et ‘Justice !’ et la police a lancé des bombes lacrymogènes pour nous disperser.
Des lycéens et des collégiens nous ont également rejoints. Les policiers ont frappé des mineurs de 12 ou 13 ans. Ils n’écoutent personne et tapent dans le tas pour disperser les manifestants [la police centrale de Djibouti, contactée par FRANCE 24, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet, expliquant « qu’aucun interlocuteur ne pouvait répondre à ces questions »]. Certains tentent de filmer, mais les policiers les menacent de leur confisquer leur matériel.
De nouvelles marches auront lieu demain et les jours suivants s’il le faut. On ne se laissera pas gouverner par des gens qui refusent la démocratie.