Réalité numéro 127 du mercredi 23 février 2005 |
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Sommaire
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Directeur de Publication : ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 127 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
A ARMES ÉGALES
Le mot d’ordre de boycott actif lancé par l’UAD contre la prochaine élection présidentielle suscite une grande effervescence. La nouveauté est à la mesure de l’incertitude qu’elle implique. Pas pour nous : par cette position salutaire, l’opposition se met tout simplement en conformité avec un environnement institutionnel caractérisé par l’abus de pouvoir et le détournement du verdict des urnes. Cela, tout le monde le sait, mais le rappeler n’est pas inutile. Emprisonnements, licenciements, salaires suspendus, carrières brisées, pensions de retraite bloquées, etc. : les démocrates qui endurent ces épreuves du seul fait de leurs convictions politiques ne peuvent, de surcroît, cautionner une injustice supplémentaire sous prétexte de rendre justice à un peuple qui n’a pas droit au chapitre. C’est cela, le boycott actif, se mettre à l’abri de l’illégalité qui fonde ce régime, refuser ses magouilles électorales en les empêchant d’advenir. Certes, la légalité n’existe que sur le papier, mais nos actions s’inscriront toujours dans un cadre pacifique et la panoplie des moyens à notre disposition est vaste. Donc, si notre position est inédite, c’est pour nos adversaires que l’incertitude doit être insupportable.
Pour tous ceux qui végètent dans la docilité contre un salaire de honte, la routine que leur assurait l’impunité établie est rompue à partir du moment où nous avons décidé de la combattre. Des membres du Conseil constitutionnel à ceux de la CENI, en passant par les fonctionnaires réquisitionnés des administrations qui squattent les bureaux de vote, peu dorment aujourd’hui la conscience tranquille. Eux qui savent que, par les méthodes répressives qu’il emploiera inévitablement contre l’opposition mobilisée, le régime les offrira à la vindicte populaire. Il ne peut en être autrement, c’est dans sa nature. Sans prétention prémonitoire, aidons-les par une parabole à y voir un peu plus clair.
Certaines vaches ont beau être sacrées et certains taureaux castrés, tous les bovins broutent de l’herbe. Après avoir ruminé, ils éliminent comme d’autres organismes humains : c’est la production de la bouse. Sous son écœurante banalité, cette bouse, et l’on en a peu conscience, a des effets dévastateurs. Elle contribue à l’effet de serre et au réchauffement de la planète, étant donné qu’elle contient du méthane. Mais pour certains humains, la bouse une fois sèche est d’une grande utilité, puisqu’ils s’en servent comme combustible, à la place du charbon ou du pétrole. Ça brûle indéfiniment et à petit feu. Quel rapport avec la politique en général et la prochaine élection présidentielle en particulier ? C’est qu’en violant l’accord de paix du 12 mai 2001 et en refusant d’instaurer un environnement institutionnel pacifié, propice à une saine compétition électorale, ce régime a lui-même mis le feu, pas aux poudres qu’il est le seul à posséder, mais à cette bouse. L’étincelle de la révolte est née de cette illégalité. Ou, plus exactement, la résistance s’apparente à cette étincelle, en ce qu’elle est sans cesse alimentée. Alors, d’où vient cette bouse ? Tout simplement de la mauvaise gouvernance : le pouvoir en place produit ainsi les conditions de sa propre perte. Et il y en a tellement !
Voilà le topo : cette fois-ci, le régime ne pourra pas prétendre qu’il aura gagné faute d’opposition. Peut-être sera-t-il condamné à balbutier qu’il aura gagné pour avoir sauvagement réprimé cette opposition. Répression qui, à l’instar de la bouse de tout à l’heure, ne fera qu’alimenter d’autres formes de résistance : qui tirera le premier aura perdu et ce ne sera jamais nous, pour qui la paix doit être une réalité, jusque dans les urnes.
Forçats des temps modernes
Dieu merci, à l’ARD, nous sommes capables de nous défendre, au moins en les dénonçant publiquement, contre les agressions multiformes du régime, telles que les violations de l’accord de paix du 12 mai 2001. La plus grande fierté de notre journal est sans conteste lorsque des victimes ordinaires de la mauvaise gouvernance nous contactent pour que les injustices qu’elles subissent soient portées à la connaissance du public. Parmi elles, les jeunes recrues spoliées de la Police attirent cette semaine notre attention : tout le monde ne travaille pas durant des années sans salaire.
L’événement était en soi extraordinaire : c’était la première fois qu’un corps (la Force Nationale de Police) perdait sa tête (son général, le défunt Yacin Yabeh). Car à part lui, aucun chef de corps n’a jamais été remplacé depuis l’Indépendance, hormis un actuel vice-président d’un parti d’opposition, brutalement radié de la Gendarmerie pour des raisons sectaires que nul n’ignore. Quoi qu’il en soit, le remplaçant de l’ancien général, nommé à la suite des tragiques incidents du Ramadan 2000, avait été invité par le sommet de l’État à procéder au recrutement de nouveaux éléments dans la Police. Histoire, paraît-il, de tempérer le monolithisme tribal de ce corps par un brassage des communautés en son sein.
C’est ainsi que quelque 200 jeunes ont été incorporés dans la FNP en avril 2001. Après un stage de formation de six mois à l’école de police de Nagad, ces éléments furent affectés dans les différents services de la Police, y compris sur le terrain. Soucieux de régulariser leur situation, le nouveau patron de la Police avait aussitôt transmis leurs dossiers au ministère de l’Emploi et à celui des Finances , sous couvert de sa hiérarchie, afin que les recrues de cette ère nouvelle commencent à percevoir le solde qui leur est dû.
Les problèmes commencent alors : la régularisation de leur situation rencontre des difficultés si insurmontables… qu’elle n’aboutira jamais. Il se raconte (la confirmation viendra certainement un jour) que certaines personnalités au bras long auraient exigé un droit de péage : avaliser le document de régularisation en échange du recrutement surnuméraire de quelques cousins et neveux.
Ce que le sommet de l’Etat n’avait pas permis au colonel Ali Hassan qui, de guerre lasse, abandonna ce combat perdu d’avance contre le népotisme ambiant. Pas de régularisation, donc pas de solde : les recrues travaillèrent donc gratuitement et sans couverture sociale, pendant plus de trois ans, du 25 mai 2001 au 15 juin 2004 très exactement.
Et si l’un d’eux avait été blessé ou même tué dans l’exercice de ses fonctions ? Pour le régime, la question ne se posait pas. Comme c’était le dernier de ses soucis de savoir si des citoyens au courant que tant de policiers censés les protéger travaillaient en fait en toute illégalité, sans matricule ni solde !
Un beau jour, le colonel remplaçant fut à son tour remplacé, ne correspondant manifestement plus au profil de l’emploi. Et les choses commencèrent à se clarifient, mais pas dans le bon sens, ni par le bon sens d’ailleurs.
Par la note de service n°337/DGPN/04 en date du 15 juin 2004, c’est la radiation pure, simple et sans aucune indemnité qui leur est annoncée en ces termes :
« Les jeunes recrus dont les noms sont cités en annexe ci-joint sont rayés des contrôles pour leurs indisponibilités. Le budget de la Police Nationale ne permettant pas leur engagement, ils seront libérés dès la publication de la présente note. » Il y a comme une contradiction dans cette note : en langage décodé, l’indisponibilité est synonyme de désertion ou d’abandon de poste. Passons. Tout étant négociable, sauf le droit, une partie de ces nouvelles recrues a été radiée sans aucune indemnité, une autre travaille encore, mais sans être rémunérée. Plus grave, certains licenciés ont été à nouveau recrutés, pour l’essentiel dans les formes et perçoivent leurs soldes.
Quant aux spoliés ayant travaillé tant d’années sans salaire, puis congédiés sans indemnité, ils ont en vain tapé à toutes les portes. Après celle de leur hiérarchie policière, ce sont l’Inspection du Travail et les instances judiciaires qui se sont déclarées incompétentes en la matière. Il leur a même été suggéré de s’adresser à un Tribunal du Contentieux Administratif, qui n’existe que sur le papier : les justiciables savent qu’il n’a pas fonctionné depuis près de dix ans !
Ensuite, leurs démarches auprès du Premier ministre ont été plus brutalement improductives. Ayant déposé leurs doléances à son Cabinet dès juin 2004, il leur a gentiment été de revenir en septembre, après les longues vacances estivales. Revenus dans les délais impartis, les couloirs de la Cité ministérielle ont un beau jour tremblé sous les pas du Premier ministre qui, les poursuivant fou d’une colère sans fondement, a estimé fondamental pour son mandat, qu’ils soient purement et simplement incarcérés. Destination le commissariat central de leur ancienne Police, qui les a hébergés contre leur gré : emprisonnés pour avoir revendiqué le salaire de trois années de travail ! Intimidés et menacés d’un emprisonnement de plus longue durée à Gabode s’ils persistaient, c’est en désespoir de cause qu’ils ont finalement écrit au chef de l’État afin d’être restaurés dans leurs droits.
Dans cette nouvelle lettre en date du 8 décembre 2004, ces licenciés de la FNP sollicitaient au moins une indemnité de licenciement. Ce qui serait la moindre des choses : même en tant que chômeurs disposant de beaucoup de temps libre, ils n’ont pas le cœur à philosopher sur les voies du favoritisme en vertu duquel les citoyens sont plus égaux que d’autres.
Pour le moment, le docteur honoris causa n’a pas encore daigné donner suite à leur courrier, lui qui se prétend pourtant si proche des préoccupations quotidiennes de ses concitoyens.
A moins qu’il n’ait pas pu résoudre l’énigme ainsi soumise à sa sagacité : comment indemniser quelqu’un dont le recrutement n’a pas suivi le cours légal des choses ? En d’autres termes, il faut vivre pour mourir. Et s’il leur permettait tout simplement de revivre en les réintégrant dans une Police dont ils n’auraient jamais dû être radiés ?
A considérer la mésaventure de ces jeunes, les incorporés du SNA ont quelques soucis à se faire quant à leur avenir. L’embrigadement qui leur est proposé, sans réelle formation professionnelle, cachant mal une nouvelle militarisation de la jeunesse : future chair à canon ? Mais, pour quelle guerre ? Certainement pas celle contre le chômage et le sous-développement : les radiés de la FNP auraient été, à coup sûr, en première ligne et leurs droits fondamentaux respectés.
Présidentielle 2005 : la LDDH s’inquiète pour la paix civile
Se posant de légitimes questions quant au devenir de notre pays avant, pendant et après l’échéance électorale à venir, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains a publié la note d’information ci-dessous reproduite, à l’intention de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH). Il nous a semblé utile que nos concitoyens en prennent également connaissance.
DU 20 FEVRIER 2005
SUR LE REPORT DES ELECTIONS PRESIDENTIELLES
1) Histoire coloniale
L’actuelle République de Djibouti est devenue une colonie française avec le traité de 1862.
Après qu’un contentieux avec les autorités indigènes ait conduit la France à quitter la rade d’Obock, c’est autour de la nouvelle ville de Djibouti, créée pour les besoins du chemin de fer à destination de l’Éthiopie, que des populations en quête de travail se sont rassemblées, devenant ainsi des citoyens français.
Aux fins de pérenniser sa présence, face aux résistances de toutes origines, la puissance coloniale a mis en place une politique de balance entre les différentes composantes, au gré des rapports de force.
Politique de division qui se retrouve dans les différentes dénominations du territoire : Territoire d’Obock et Dépendances, Côte Française des Somalis et Territoire Français des Afars et des Issas. Changements de dénomination qui allaient déterminer tout le processus de décolonisation.
2) Processus de décolonisation
Bien malgré elle, la présence coloniale allait provoquer une remarquable élévation de la conscience de classe, à travers la naissance des premiers syndicats de travailleurs dès 1948, plaidant pour une égalité de traitement avec les travailleurs métropolitains.
Après des révoltes sporadiques et circonscrites dans l’arrière-pays contre la puissance coloniale, les premiers mouvements massifs de décolonisation apparaissent à partir de 1958 dans la Capitale.
Au référendum sur l’autodétermination de cette année-là, Mahmoud Harbi avait appelé à voter Non contre la présence française. Après cet échec, Mahmoud Harbi décide de s’exiler.
Le référendum de 1967 donnera officiellement le même résultat en faveur du maintien de la présence française, grossissant un peu plus les rangs du FLCS (Front de Libération de la Côte des Somalis) créé dès 1963.
3) Indépendance
Après ces deux échecs, la lutte pour l’indépendance allait connaître un renouveau décisif avec la création de la LPAI (Ligue Populaire Africaine pour l’Indépendance). Toutefois, derrière sa façade unitaire, la suite des événements allaient rapidement démontré que tous ne combattaient pas exactement pour la même cause : celle de l’unité nationale.
4) Instauration du parti unique
Les divergences au sein de la LPAI ont éclaté au grand jour dès les premiers mois de l’Indépendance. A la suite d’un attentat contre le Palmier en Zinc, le nouveau régime procède à une vaste répression dans la communauté afar. Ce qui conduit le Premier ministre Ahmed Dini à présenter sa démission. Tandis qu’une partie de la jeunesse de cette communauté choisit l’exil et la lutte armée. Tous les attentats déstabilisateurs restent évidemment encore dans l’impunité la plus absolue car profitable pour un groupe.
Au congrès du 4 mars 1979, la LPAI se transforme en RPP (Rassemblement Populaire pour le Progrès). En vertu d’un multipartisme hérité des textes juridiques de la période coloniale, certains hommes politiques tentent de mettre sur pied un parti politique dénommé PPD (Parti Populaire Djiboutien) en septembre 1981. Ils seront emprisonnés dans différentes casernes de l’Armée dans le Nord et le Sud du pays. En corollaire, tous les partis politiques autres que le RPP sont interdits par une loi de mobilisation générale en octobre 1981.
II) HISTORIQUE DES CONFLITS ARMÉS
1) Premier conflit dès 1977
Une partie de la jeunesse du MPL (Mouvement Populaire de Libération) et de l’UNI (Union Nationale pour l’Indépendance) choisit de combattre le nouveau régime par les armes. Ainsi est née le FDLD (Front Démocratique de Libération de Djibouti), basé en Ethiopie. Mais devenu un petit pion sur le grand échiquier régional, et malgré quelques actions militaires plus symboliques qu’efficaces, ce mouvement se désagrège dès 1983 et l’essentiel de ses membres regagne le pays. Pour la plupart, ils y seront sauvagement torturés, puisque aucune loi d’amnistie les concernant n’avait été votée, ni même envisagée.
2) Du FRUD aux FRUD
Malgré cela, la situation intérieure n’évolue pas dans le sens d’une pacification. Le parti unique, caractérisé par une politique de ségrégation tribale et un étouffement des libertés, provoque à nouveau une résistance armée. Un coup d’Etat est avorté en janvier 1991. Suite à la fusion de trois mouvements, le FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie) naît en août 1991 et déclenche des opérations militaires de grande envergure dès novembre de la même année. Son programme est relayé par une opposition pacifique connue sous le nom de FUOD (Front Uni de l’Opposition Djiboutienne), donnant une dimension nationale à ce qui est présenté condonnant une dimension nationale à ce qui est présenté comme un combat contre la dictature du parti unique. Des exactions perpétrées contre les civils par les troupes régulières un peu partout dans le pays accompagnent chaque succès militaire du FRUD. Après avoir rapidement conquis les ¾ du pays, le FRUD voit son offensive bloquée par une médiation française qui n’aboutira pas. Chassé des zones qu’il contrôlait à la suite d’une offensive générale des troupes gouvernementales, le FRUD connaît de profondes dissensions internes. Une partie importante de ce mouvement signera avec le gouvernement un accord de paix en décembre 1994. Lequel accord prévoyait, entre autres, un rééquilibrage ethnique et une décentralisation territoriale. Des responsables de cette faction entrent d’abord au gouvernement, puis à l’Assemblée nationale dans le cadre d’une alliance avec le RPP. Aucune réforme démocratique n’est initiée dans le cadre de cet accord qui n’a même pas été dûment soumis à l’Assemblé nationale pour ratification, contrairement au suivant. L’autre faction continue sa lutte armée jusqu’à ce qu’un accord-cadre soit signé entre elle et le gouvernement le 7 février 2000 à Paris. Une troisième faction verra alors le jour, contestant le bien-fondé de cette initiative de paix et lui préférant l’exil, en attendant la reprise de la lutte armée.
3) L’Accord de paix du 12 mai 2001
Ce premier pas initié à Paris conduit à des négociations à Djibouti entre le gouvernement et la faction désormais dénommée FRUD-armé. Au bout d’un an, elles aboutissent à la signature d’un accord de paix définitive le 12 mai 2001. Outre la réhabilitation des zones affectées par le conflit et l’indemnisation des biens civils détruits ou pillés par les troupes gouvernementales, les deux volets les plus importants de cet accord prévoient
a) une réelle décentralisation territoriale,
b) d’importantes réformes démocratiques, à travers l’accès à la citoyenneté pour tous les citoyens privés de pièces d’identité et la transparence électorale qui a toujours fait défaut à grâce au multipartisme intégral, la mise en place d’une Commission Electorale Nationale Indépendante et le réforme d’un Conseil constitutionnel uniquement et directement intégré au pouvoir en place dans le contexte actuel.
III) LES ÉLECTIONS DEPUIS LE RÉFÉRENDUM
SUR LA CONSTITUTION DE SEPTEMBRE 1992
1) Tenue du référendum dans un contexte de partition du pays
Sommé par la communauté internationale de procéder à une ouverture démocratique, le régime met en place une Constitution qui sera adoptée par référendum en septembre 1992. Mais, à cette époque, l’essentiel du pays était sous contrôle du FRUD qui avait d’ailleurs appelé au boycott à travers le FUOD
2) Législatives du 18 décembre 1992
Profitant de la relative ouverture politique, deux nouveaux partis ont vu le jour : le PRD (Parti pour le Renouveau Démocratique) et le PND ( Parti National Djiboutien). Seul le PRD a participé avec le RPP aux législatives du 18 décembre 1992. Ce parti d’opposition en a par la suite contesté les résultats, dénonçant des fraudes massives.
3) Présidentielle de 1993
Outre trois autres outsiders, deux concurrents s’affrontent : le Président sortant Hassan Gouled, dont c’était là le troisième mandat anticonstitutionnel, et celui du PRD, M. Mohamed Djama Elabé. Là encore, le représentant de l’opposition a contesté le résultat.
4) Présidentielle de 1999
Toute l’opposition, y compris le FUOD qui avait jusqu’à présent boycotté chaque consultation électorale, se range derrière son candidat unique, M. Moussa Ahmed Idriss, face à celui du régime, neveu de Hassan Gouled et son chef de cabinet depuis 1977 : M. Ismael Omar. Aux fraudes aussitôt dénoncées, succède un assaut de la Police contre le domicile du candidat malheureux, au cours duquel son fils adoptif tombe sous les balles des policiers et lui-même arrêté et jeté en prison.
5) Législatives de janvier 2003
Avec l’instauration du multipartisme intégral à partir de septembre 2002, cinq nouvelles formations politiques voient le jour, dont deux rejoindront le camp du régime : il s’agit du PSD (Parti Social Démocrate) et du PND (Parti National Djiboutien). Les quatre autres, l’ARD (Alliance Républicaine pour le Développement), l’UDJ (Union pour la Démocratie et la Justice) le MRD (Mouvement pour le Renouveau Djiboutien) et le PDD (Parti pour la Démocratie et le Développement) concluront une alliance de l’opposition dans le cadre de l’UAD (Union pour l’Alternance Démocratique) lors des législatives de janvier 2003.
De multiples fraudes ont, encore une fois, été constatées et dénoncées : 52% du corps électoral ne s’étant même pas rendu aux urnes, soit faute de carte d’électeur, soit pour la majorité des cas n’ayant plus du tout confiance dans la sincérité, à la transparence du processus électoral. L’ensemble de ces fraudes a été consigné dans un dossier de recours en annulation déposé par l’UAD auprès du Conseil Constitutionnel. Une fin de non-recevoir lui a été opposée, malgré les preuves flagrantes, dont les moindres ne sont pas les brutalités contre les délégués de l’opposition, les détournements des urnes par l’Armée ou encore un représentant de la CENI pris en flagrant délit de bourrage d’urne à Tadjourah. Sans oublier le fait que les membres de ladite CENI n’ont jamais rédigé un rapport final : celui officiellement remis au chef de l’État par son président est donc manifestement un faux établi en dehors de toute légalité.
IV) FAUT-IL CAUTIONNER
LA PROCHAINE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE ?
1) Les réformes démocratiques prévues par l’Accord sont-elles effectives ?
Pour le gouvernement, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, fier d’une paix des armes somme toute bien précaire. Il affirme avoir respecté tous ses engagements afin de consolider la paix
2) Le point de vue de l’opposition
Pour sa part, l’autre partie signataire de l’accord de paix du 12 mai 2001 dénonce inlassablement les multiples violations perpétrées par le gouvernement et l’ayant vidé de toute réalité. De fait, deux points méritent d’être soulignés.
D’une part, la décentralisation, même sous sa forme amendée par l’Assemblée nationale, n’a toujours pas été mise en place, malgré les promesses gouvernementales. Les actuels conseils régionaux désignés par la Présidence de la République sont loin de satisfaire les profondes aspirations des populations, surtout que la population de la Capitale en est pour le moment exclue.
D’autre part, les réformes démocratiques prévues n’ont pas connu non plus l’application attendue : la mise en place de la CENI a été menée unilatéralement par le régime, la distribution des pièces d’identité nationale reste marginale et discrétionnaire, le Conseil constitutionnel n’a pas été réformé et la transparence électorale est loin d’être garantie, d’autant plus, que depuis sa timide mais courageuse décision d’annuler en 1993 quelques Bureaux de vote, le Conseil Constitutionnel s’est depuis lors fait valoir d’inefficacité face aux fraudes et aussi, et surtout, les risques de répressions restent très menaçants.
3) Le point de vue de la population
Si l’on considère les seuls chiffres officiels, pourtant contestés par l’opposition, 45% du corps électoral auraient désavoué le régime lors des législatives de janvier 2003. Le boycott prôné par l’UAD (Union pour l’Alternance Démocratique) rencontre un écho favorable au sein de tous ceux qui avaient estimé que leur alliance avait été spoliée de sa victoire à l’époque et qui ne désirent pas renouveler cette douloureuse expérience de frustration prévisible.
V) QUE FAIRE FACE À UN RÉGIME
QUI AFFECTE (TOUS TRÉSORS CONFONDUS) 47% DU BUDGET NATIONAL
À SES FORCES DE DÉFENSE ET DE SÉCURITÉ ?
Force est de regretter que le régime djiboutien n’accorde ni crédits ni importance à la consolidation de la démocratie et d’une culture de paix, comme ce devrait être le cas pour tout pays sortant d’un conflit civil. Plus grave, l’impunité la plus totale est accordée aux soldats qui s’étaient rendus coupables d’exactions contre les civils.
L’ouverture démocratique reste donc introuvable, même au niveau de la liberté syndicale autant bafouée que par le passé : la notion de société civile, dont la vitalité conditionne la valeur démocratique d’un système politique, n’a aucune réalité palpable à Djibouti
A côté de cela, la plus grande opacité demeure dans la gestion des deniers publics. D’ailleurs,
– où passe le budget du Port, celui de l’Aéroport, et autres dons extérieurs ?
– à combien s’élève la contribution des forces militaires amies et présentes en République de Djibouti ?
– combien y a-t-il exactement de Trésors publics, dès lors qu’existent différentes comptabilités opaques pour ne pas dire occultes ?
VI) RECOMMANDATIONS
Face à ces conditions, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) reste réservée et inquiète quant au bon déroulement de la prochaine présidentielle d’avril 2005, que l’opposition s’est engagée d’empêcher tant que le régime continuera à ignorer ses exigences en matière de transparence électorale. C’est pourquoi, craignant plus que jamais pour une paix civile menacée, la LDDH aurait souhaité le report pur et simple de la prochaine présidentielle.
Si le régime persiste à ignorer le profond malaise et si l’opposition (notamment l’ARD, (Alliance Républicaine pour le Développement), continuité historique du FRUD-armé partie signataire de l’Accord de Paix du 12 mai 2001), maintient son mot d’ordre de boycott actif, il est clair que l’on s’achemine vers une période d’incertitude qui risque de gravement remettre en cause la fragile paix civile.
Dès lors,
1) face à la permanence des fraudes électorales depuis le référendum de septembre 1992 ;
2) face à la persistance d’un régime quasiment despotique violant sans vergogne et constamment les droits fondamentaux, les droits économiques, politiques, sociaux et culturels ;
3) face à la régression juridico sociale imposée par un système fondé sur le mensonge et l’inexistence du principe de la Séparation des Pouvoirs ;
4) face au refus méprisant d’accorder une quelconque considération à tout dialogue avec l’opposition nationale et les forces vives du pays ;
5) face à l’inexistence d’une Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) véritablement indépendantes et d’une Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire véritablement opérationnelle ;
6) conformément à la mission, de tout défenseur des Droits de l’Homme, consistant à la prévention des conflits ;
7) Tenant compte des récentes déclarations radiotélévisées et aux aspects belliqueux du ministre de l’Intérieur « escortées » par la visite du chef de l’État dans un camp militaire avec « un bâton de maréchal » rappelant tristement Mobuto et les dérives impardonnables à l’encontre du peuple Zaïrois ;
8) constatant que toute velléité d’indépendance en matière syndicale est étouffée par ce régime qui ne conçoit de société civile qu’à son service ;
la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) considère qu’il est de son devoir le plus urgent d’attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur la situation potentiellement et réellement explosive qui prévaut aujourd’hui en République de Djibouti ;
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) ne peut qu’exiger le report d’un an de cette élection présidentielle, afin :
1) d’instaurer des conditions favorables à des processus électoraux réellement transparents ;
2) de procéder à la refonte effective des listes électorales avec la participation de tous les partis politiques et la présence des Observateurs internationaux notamment ceux des Défenseurs des Droits de l’Homme ;
3) d’instaurer un gouvernement de transition chargé de la mise en place de tous les processus électoraux et du bon déroulement des élections indépendantes pour la Magistrature suprême (élection présidentielle) ;
4) d’organiser rapidement les élections des Assemblées Régionales promises par l’actuel chef d’Etat pour la fin de l’année 2004 ;
5) d’éviter toutes les interférences illégales des Forces armées et des instances juridico-administratives en faveur flagrante à l’équipe au pouvoir ;
6) de rendre rapidement opérationnel le Tribunal du Contentieux administratif afin que tout recours contre les abus de pouvoir soient pris en considération.
Sans l’instauration des conditions favorables à une concurrence électorale loyale, juste et équitable ;
Sans l’éradication des fléaux des fraudes électorales, alors les dangers des dérapages sanglants et les risques de conflit armé sont plus que jamais omniprésents.
NOEL ABDI Jean-Paul
Gros plan sur Adan Mohamed Abdou
Non, la célèbre émission locale ne l’a pas invité : c’est sous ce titre que le site de la Confédération Internationale des Syndicats Libres a publié une interview du secrétaire général le plus atypique, puisque c’est un responsable syndical abusivement licencié. En forme de gros pan sur le régime violeur des droits syndicaux !
Bruxelles, le 17 février 2005 (CISL En Ligne) : Adan Mohamed Abdou est le secrétaire général de l’Union djiboutienne du Travail (UDT), affiliée à la CISL. Alors qu’un nouveau code du travail défavorable au syndicalisme indépendant est en préparation à Djibouti, il nous parle entre autres de la situation précaire des travailleurs djiboutiens, des pressions menées contre l’UDT et de possibles détournements d’argent.
Où en est Djibouti en ce qui concerne les violations des droits syndicaux ?
Nos problèmes ont commencé en septembre 1995, lorsque nous avons fait une grève générale pour protester contre les ajustements structurels issus des institutions de Bretton Woods, qui aboutissaient à une retenue sur les salaires d’une somme drastique, de l’ordre d’environ 40%. A cette époque, des centaines de syndicalistes ont été licenciés pour avoir lancé des grèves de protestations, dont des dirigeants de deux centrales, l’UDT et l’UGTD (Union générale des travailleurs djiboutiens). Ces dirigeants syndicaux, dont je fais partie, demeurent toujours licenciés à l’heure actuelle. L’entreprise qui se hasarderait à nous embaucher peut être poursuivie. Cela fait donc près de dix ans que nous vivons sans salaire. Nous demeurons harcelés quotidiennement dans nos activités syndicales par les services de l’Etat. Nous vivons cette situation très difficilement, elle est intenable.
La situation syndicale dans notre pays s’est encore aggravée en 1999, lorsque l’actuel ministre de l’Emploi a hérité de ce portefeuille et a décidé de réaliser un « coup d’Etat » contre les deux centrales indépendantes en créant deux organisations syndicales fantoches, des clones syndicaux portant les mêmes sigles que les authentiques. Clones qu’il invite et prend en charge dans les réunions officielles à l’étranger, notamment à celles de l’Organisation arabe du travail, de l’OIT, etc. en les présentant partout comme des représentants de travailleurs djiboutiens, alors qu’ils ne le sont pas.
Vous êtes aussi inquiets concernant un projet de nouveau Code du travail…
Oui, un nouveau code du travail a été élaboré, puis adopté par le Conseil des ministres, en attendant son adoption par l’Assemblée nationale. Le ministère de l’Emploi y travaille seul depuis 1999 en se refusant à associer les syndicats et les employeurs à son élaboration. Les employeurs ne se sont jamais sentis menacés par cette réforme, peut-être parce que le ministre est lui-même un employeur et que les faits passés les ont rassurés. Jusqu’à présent, le code du travail en vigueur à Djibouti est celui de 1952, il date donc de l’époque coloniale.
Nous sommes déjà en retard de plus de 50 ans avec ce code, mais aujourd’hui, le nouveau code du travail remet en cause tous les droits fondamentaux de l’OIT, notamment la liberté syndicale, la négociation collective et le droit à l’organisation. Désormais, selon ce code, pour créer un syndicat, il faudra l’autorisation du ministère de l’Intérieur, du ministère de l’Emploi, de l’inspection du travail, du ministère de la Justice et du Procureur de la République.
Et si ces ministères demandent la dissolution d’un syndicat donné, le Procureur de la République pourra, sur simple décision administrative, y procéder. Ce serait revenir un siècle en arrière pour la législation djiboutienne du travail, alors que le code de 1952 n’avait pas fait l’objet d’une quelconque amélioration.
Le code du travail pourrait être adopté dès cette année, mais nous sommes en train de mener une campagne de sensibilisation et de mobilisation pour nous y opposer, via des communiqués de presse, des pétitions, des contacts au sein de l’Assemblée nationale, etc. Nous prévoyons également de manifester à cet effet.
Les syndicalistes djiboutiens sont-ils confrontés à la violence physique ?
Pas pour l’instant mais si demain nous manifestons, nous pouvons toujours être victimes de violence, ou notre famille avoir des problèmes. Nous sommes sans cesse sur le qui-vive. Nous avons pu célébrer le 1er mai 2004 sans grand incident, le gouvernement n’a pas osé nous brusquer car nous étions préparés à la confrontation mais l’année précédente, on nous avait interdit de le célébrer.
Quelle est la situation de l’emploi ?
Le chômage est galopant : selon les chiffres du gouvernement, son taux est de 70 % mais sur les 700.000 habitants de Djibouti, il n’y a qu’environ 40.000 travailleurs dans l’économie formelle. Tous les autres vivent dans l’informel, et tous ne sont pas comptabilisés dans les 70% avancés par le gouvernement. Une très grande majorité de ces chômeurs sont des jeunes. Dans ces circonstances, beaucoup de jeunes s’inquiètent pour leur avenir.
Au nom de la lutte contre le terrorisme international, en plus de l’armée française, les armées américaine, espagnole, allemande et hollandaise sont aujourd’hui présentes à Djibouti. Toutes versent de confortables subsides à l’Etat djiboutien, qui n’a jamais été aussi riche qu’aujourd’hui en raison de cet argent. Mais cette manne étrangère ne profite pas au peuple djiboutien puisque, selon les rapports des Nations unies, la misère persiste et augmente. Le chômage reste donc endémique, tandis que le pouvoir d’achat est en chute libre.
Comment se débrouillent les gens dans l’économie informelle ?
Beaucoup dépendent de leur famille. Plus de 20% sont des nomades. Les travailleurs de l’informel sont actifs dans toute une série de domaines : chauffeurs de bus, magasins, vendeurs à la criée, vendeuses de produits agricoles de l’Ethiopie, … Nous avons organisé un syndicat de chauffeurs, mais ce n’est pas facile de maintenir le nombre de membres car il y a toujours des changements : aujourd’hui ils sont chauffeurs, demain autre chose.
Quel est le salaire d’un travailleur djiboutien ?
Le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) était d’environ 100 dollars, mais il a été annulé par une loi qui sera ensuite inclue dans le nouveau code du travail. Les écarts de salaire sont très importants : si le SMIG est à 100 dollars, un chef de service ou un directeur touche environ 2.000 dollars. Le salaire mensuel moyen est d’environ 300 à 400 dollars, mais il faut au moins 1.000 dollars par mois pour mener une vie décente, car la vie est très chère à Djibouti.
La présence de l’armée américaine a généré quelques emplois, notamment sur le plan de la sécurité. Les Américains ont voulu utiliser leur propre barème de salaire, mais il a été exigé d’eux qu’ils se conforment au barème en vigueur à Djibouti. La première fois qu’ils ont payé, les travailleurs ont reçu un salaire moyen de 500 dollars ou plus, mais le gouvernement a dit qu’il fallait payer moins, comme les autres employeurs de Djibouti.
Où en est la création de zones franches?
C’est en cours. Pour l’instant, nous constatons que ces zones franches sont confiées à une société du port de Dubaï qui, pour les construire, importe des travailleurs Philippins, car elle estime qu’ils sont moins chers que les ouvriers djiboutiens! Les ouvriers djiboutiens sont en train de préparer une offensive contre cette utilisation abusive de la main-d’œuvre étrangère pour des emplois pouvant être occupés par des Djiboutiens compétents.
C’est aussi le port de Dubaï qui s’est vu confier la gestion du port de Djibouti. Celui-ci génère des rentrées financières énormes, mais personne, en dehors de la Présidence de Djibouti, ne sait où aboutit cet argent. Même à l’Assemblée nationale ou au gouvernement, personne ne connaît la nature du contrat qui a été signé entre le port de Dubaï et celui de Djibouti. Pareil pour l’aéroport. Cette prospérité n’a donc aucune influence favorable sur le reste du pays. Des privés en bénéficient peut-être, mais pas le peuple.
Propos recueillis
par Samuel Grumiau
Le régime condamné par l’ORAF-CISL
20 janvier 2005
Objet : Lettre de protestation.
Excellence,
L’organisation Régionale Africaine de la Confédération Internationale des Syndicats Libres (ORAF/CISL) qui regroupe 60 organisations syndicales nationales dans 48 pays africains dont l’UDT, vient d’apprendre avec indignation, l’adoption par le conseil des ministres de Djibouti tenu le mardi 08 novembre 2004, d’un nouveau code de travail élaboré unilatéralement par les autorités nationales sans une consultation préalable des partenaires sociaux que sont les organisations syndicats.
Aussi, je me trouve en droit de vous rappeler que cette procédure est contraire aux dispositions des normes internationales de l’OIT qui consacrent la coopération tripartite et le dialogue social dont notamment:
– La Convention n° 144 sur les consultations tripartites aux normes internationales du travail de 1976 ;
– La Recommandation n° 152 correspondant à la convention n° 144 sur les consultations tripartites aux normes internationales du travail de 1976 ;
– La Recommandation n° 113 sur la consultation aux échelons industriel et national de 1960.
Aussi. il me doit de vous rappeler que la coopération tripartite se résume en l’ association des représentants des travailleurs, des employeurs et du Gouvernement à un cadre commun de recherche de décisions consensuelles, de coopération égalitaire à travers de libres discutions à caractère démocratique. C’est en substance ce que prévoit la déclaration de Philadelphie qui a servi de source d’inspiration majeure à l’OIT pour l’élaboration des normes relatives au dialogue sociale et à la coopération tripartite.
Les mandants de cette organisation, dont la République de Djibouti, ont formellement adhéré à la philosophie de cette déclaration en ce qu’elle appelle « la collaboration des travailleurs et des employeurs à l’élaboration et à l’application des politiques économiques et sociales dans chaque pays »
Il y a lieu également de vous rappeler que le Code du Travail d’Outre mer, de 1952, encore en vigueur à Djibouti, prévoyait un Conseil Supérieur du Travail composé des représentant du Gouvernement, des employeurs et des travailleurs et qui a pour mission :
– l’étude des problèmes concernant le travail, l’emploi des travailleurs, l’orientation la formation professionnelle, les conditions matérielles et morales des travailleurs ;
– d’émettre des avis et formuler des propositions et résolutions sur la réglementation à venir en ces matières.
Au vu de ce qui précède, l’élaboration et l’adoption du nouveau code de travail par le gouvernement djiboutien constituent une violation flagrante des dispositions du code de travail en vigueur et est contraire à l’État de Droit.
C’est pourquoi je vous demande d’être mon porte parole auprès du Gouvernement Djiboutien pour reconsidérer sa position afin d’éviter au pays d’autres rudes épreuves.
Dans l »espoir d’avoir été bien compris, recevez, Excellence, l’expression de ma très haute considération.
Communiqué du PDD
Parti Djiboutien pour le Développement
Siège social : Quartier 2, Avenue Cheik Houmed
Boîte Postale : 892 Tél : 35.32.43
République de Djibouti
Djibouti, le 21 février 2005
COMMUNIQUE DE PRESSE
Dans le cadre de la préparation de la présidentielle d’avril 2005, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) se serait réunie dimanche 20 février pour fixer sa composition.
Selon les médias gouvernementaux qui rapportent la nouvelle, des militants de notre Parti siègeraient au sein de la CENI.
En ma qualité de Secrétaire Général du PDD, j’apporte ici un démenti officiel à cette information : notre Parti n’a tenu aucune réunion pour désigner quelque délégué que ce soit à CENI. Tous ceux que la télévision a présentés comme des nôtres ne sont pas ni des responsables ni des militants du PDD : ils n’engagent qu’eux-mêmes.
Le PDD n’a pas non plus tenu de réunion pour déterminer sa position quant à son éventuelle participation à la prochaine consultation électorale. C’est pourquoi nous regrettons la décision hâtive de l’UAD d’exclure de son sein le PDD, fondée sur une information partielle et une initiative aussi inopportune qu’individuelle.
En conséquence, en vertu des pouvoirs que me confèrent les Statuts de notre Parti, j’entame dès ce jour toutes les démarches organisationnelles nécessaires à la tenue dans les plus brefs délais d’un congrès extraordinaire du PDD pour déterminer sa position relative à la prochaine élection présidentielle.
En attendant les résolutions de ce congrès, toute personne qui, quel que soit son rang, prendra une quelconque position à ce sujet s’exposera aux sanctions, prévues par notre Règlement Intérieur, qu’appelle ce genre de comportement anti-organisationnel et incompatible avec la ligne politique du PDD.
Mise au point d’un militant du PDD
Djibouti, le 20 février 2005
MISE AU POINT
J’ai appris avec stupéfaction par la RTD ce soir, que je figurais au nom du Parti Djiboutien pour le Développement (PDD) dans la liste des membres de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Je démens formellement toute implication de ma part dans ce qui n’est qu’une manœuvre frauduleuse : mon Parti ne m’a jamais désigné à cet effet.
Il est inadmissible que mon nom soit utilisé sans mon consentement. Si j’avais un tant soit peu confiance en la Justice de mon pays, j’aurais sans hésiter porté plainte contre la CENI pour cet usage frauduleux de mon nom dans une entreprise dans laquelle je ne suis ni de près ni de loin impliqué.
Où s’arrêteront donc les manœuvres frauduleuses d’une CENI dont l’existence commence déjà par utiliser des noms sans le consentement de leurs titulaires ?
J’invite instamment les instances dirigeantes de mon Parti à convoquer un Congrès extraordinaire afin que son nom et celui de ses membres cessent d’être abusivement utilisés et que le PDD clarifie une fois pour toutes sa position pour la présidentielle à venir.
Bourhan Mohamed Cheikh
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