Dès 2003, il apparaissait clairement que l’impasse politique consécutive à la violation de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 était imputable au chef de l’Etat. Il confirme ici le bien-fondé de nos accusations : A l’occasion d’un meeting de campagne à Arta, il se livre sans détour dans l’exercice de sa méthode de gouvernement favorite : semer la discorde en favorisant une Région au détriment d’une autre et en dressant les populations les unes contre les autres.
Devant un parterre de militants du RPP qu’il transporte de quartiers en villes lors de chaque campagne, en langue somali et à l’attention de la population d’Arta-ville, il explique que « la Région d’Arta s’étend du PK51 à Loyada englobant le Lac Assal et Karta. »
Dans ces conditions, Les Régionales 2017 auront-elles lieu ?
La question mérite d’être posée et le doute est permis.
L’écrasante majorité des populations concernées ( Debnek-Weïma) d’Arta, Tadjourah et Dikhil ont, deux vendredis de suite, déjà voté NON à la modification des limites des Régions en manifestant comme un seul homme dans la ville blanche.
En ordonnant il y a peu à son ministre de l’intérieur d’organiser les Régionales et Communales qui se dérouleront « dans les mêmes limites (modifiées) territoriales qu’au dernier scrutin » dixit le ministre de l’Intérieur, le chef d’orchestre dévoile sa stratégie : Entériner la modification des limites des Régions par un passage en force et en fraudes en maniant le bâton et la carotte :
– En faisant miroiter à certaines listes (peut-être crédibles dans leur composition) mais crédules, l’éventualité de la gestion d’une Commune ou d’une Région….
– En neutralisant la contestation contre la modification des limites régionales par une promesse verbale que le Lac Assal continuera d’appartenir à la Région Tadjourah. Quand on se souvient du sort réservé par le chef de l’Etat à tous ses engagements (nationaux ou internationaux) écrits, il faut être niais ou malintentionné pour le croire sur parole….
– En interdisant enfin comme en 2008 et 2012 au camp (savamment atomisé) du Boycott de mener campagne.
Il offre ce faisant au peuple Djiboutien l’occasion de surmonter ses contradictions : on ne peut pas à la fois saluer (tous partis politiques confondus) comme il l’a fait en 2001 La Paix et l’Accord qui l’entérine et en toutes occasions s’accommoder de sa violation !
Cette contradiction surmontée, il sera offert à un peuple divisé et réprimé tour à tour et sans distinction, l’occasion de s’exprimer d’une même voix pour faire barrage à la discorde.
Après un douloureux conflit armé qui a duré dix ans, au terme de trois mandats d’une désormais intenable situation de ni guerre ni paix, Djibouti est un Etat failli et anomique.
A la veille du quarantième anniversaire de son Indépendance, il est au bord du gouffre politique et financier.