Réalité numéro 59 du mercredi 9 juillet 2003 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 59 Tirage : 500 exemplaires Tél. : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
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Brèves nationales
Assises de l’ex parti unique :
Le parti d’un seul homme
Il n’aura donc fallu qu’une matinée de retrouvailles sans débat pour donner l’illusion d’un parti au pouvoir existant et travaillant. Ce conclave aura tout de même permis au Chef de l’État et président de cette formation de repeindre cette coquille vide à ses propres couleurs. L’éviction de quelques caciques du Bureau Politique ne s’est pas faite sans grincements de dents.
Quant aux nouveaux cooptés, il semble qu’ils avaient été plus choisis pour leur docilité avérée que pour une efficacité réelle. Ce vernissage démontre toutefois de manière flagrante que cette formation reste plus que jamais un parti-Etat sans base populaire, mais dirigé par les trois plus hauts responsables de l’État.
Loin d’améliorer son influence, ce rafistolage version présidentielle décrédibilisera davantage ce club de prédateurs honni par le Peuple.
En attendant sa totale disparition, cette machine à frauder demeure nuisible et réfractaire au changement, parce que bassement alimentaire. Fort heureusement, le parti d’un seul homme est surtout le parti d’un homme seul ayant fait le vide autour de lui.
Obock :
l’injustice toujours au rendez-vous
Sous le titre « Obock : l’espoir au rendez-vous », le journal gouvernemental « La Nation » en date du 3 juillet relatait les festivités du 27 juin dans cette ville sinistrée et toujours engluée dans des difficultés sociales incommensurables.
La seule perspective d’amélioration annoncée par l’article de ce journal d’opinion gouvernementale concernait la prochaine reconstruction des habitations détruites (et pillées) par les troupes gouvernementales au début du conflit civil.
Sachant que ce régime d’esbroufe cherche à récupérer à son profit les bénéfices de la générosité extérieure, nous avions quant à nous exprimé des réserves quant à cette réhabilitation à la réalisation de laquelle le FRUD-armé et les populations concernées n’avaient pas été associés. En effet, le projet de reconstruction des maisons d’Obock, financé par l’Union Européenne et exécuté par le PNUD, ne concerne qu’un quart (1/4) des habitations détruites et laisse toute latitude au régime d’établir sa liste sélective des futurs bénéficiaires, apparemment sélectionnés sur une base exclusivement partisane. C’est pour avoir dénoncé une telle injustice que le Président du Croissant-Rouge d’Obock, natif du coin faut-il le préciser et donc de ce fait mieux à même que sa hiérarchie djiboutoise d’apprécier les réalités de la détresse matérielle de sa ville natale, a été tout simplement démis de ses fonctions pour avoir dévoilé ce chantage au dénuement (lire sa correspondance en page 8).
Il n’est pas nouveau de constater que sous ce régime d’arbitraire, l’intégrité est un critère de sanction. Ce n’est pas une nouveauté. Rappelons que dans le cadre de la préparation de la tournée présidentielle de février 2002, le directeur de l’école d’Obock, interrogé par la RTD sur les problèmes scolaire de cette région, avait déclaré que les élèves du district d’Obock, comme tous ceux des zones affectées par le conflit, n’avaient pas bénéficié du soutien scolaire par dérogation exceptionnelle prévu dans les accords de paix de 1994 et 2001.
A croire que les médias gouvernementaux jouent principalement un rôle de délateur : pour avoir exprimé cette dramatique et criminelle réalité, ce directeur consciencieux a été muté à Djibouti-ville et mis en marge de l’enseignement pour se retrouver inactif dans un bureau, affecté à des activités bureaucratiques qui ne correspondent pas à sa vocation première.
Le régime djiboutien qui, pour des raisons difficilement compréhensibles pour le bon sens citoyen, a fait d’Obock son laboratoire d’expérimentation de toutes les injustices sociales, serait mieux inspiré de ne pas remuer le couteau dans la plaie : ce sont de telles injustices qui sont directement à l’origine du conflit civil de dix ans que le Chef de l’État lui-même avait qualifié des « dix années les moins glorieuses de notre Histoire » dans son discours au Palais du Peuple un certain 12 mai 2001. Tout cela semble bien oublié.
Décentralisation et développement agropastoral :
Enfin, les masques tombent
Un an après la violation officielle de l’Accord de paix du 12 mai 2001, le régime récidive dans la provocation en concoctant unilatéralement un projet de loi antithèse de la Décentralisation telle que négociée par le FRUD-armé.
Un séminaire de sensibilisation de la société civile aux objectifs de cette loi foncière aurait été programmé pour la deuxième quinzaine du mois de juillet à Tadjourah.
On s’en souvient, lors de sa maladroite réponse à un courrier du Président Dini adressé au Chef de l’Etat, le Premier ministre niait catégoriquement une quelconque volonté d’expropriation, qualifiant mêmes nos craintes de « fantasmes ». Un an après, force est de reconnaître que si la décentralisation tarde à se mettre en place, une loi néfaste d’expropriation des terres relevant du droit coutumier est bel et bien en préparation. Les « fantasmes » décriés par le Premier ministre commencent à prendre forme politique sous le nom de loi d’Etat..
Si rien ne nous étonne de la part de ce régime irresponsable, il reste quand même des interrogations : qu’est ce qui peut bien pousser le pouvoir djiboutien à remettre en cause un statu quo foncier multiséculaire dont personne ne se plaint et qui n’entrave en rien le véritable développement ?
Pourquoi s’attaque-t-on maintenant à un pilier de la stabilité pastorale auquel ni le pouvoir colonial ni le régime dictatorial qui lui a succédé n’ont porté atteinte ? Après l’échec du développement durable et d’une réelle décentralisation, s’achemine-t-on cette fois vers le sabotage officiel de la Réconciliation nationale ?
Dans ces conditions, où va notre pays dirigé par un « Timonier » devenu tisonnier » ?
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Lu pour vous : Abdourahman Wabéri
DAF, UN HOMME EN QUÊTE D’UN DESTIN
par ABDOURAHMAN A. WABERI, écrivain
Il est rare de rencontrer un homme lancé sur le sillon d’un destin qui dépasse sa personne physique et son histoire, un homme en phase avec les aspirations les plus partagées de son peuple. Un homme qui ne ménage pas ses efforts, qui n’économise ni son souffle ni sa salive. Un homme, enfin, qui, contre vents et marées, tient d’une main ferme son cap. Le cheptel politique de mon pays est tellement étique que les hommes qui font métier de la respublica se sont croisés tant et tellement de fois que les rancœurs personnelles, les inimitiés d’un autre temps (avant-hier, sous le régime colonial dirigé par Monsieur Ali Aref Bourhan ; hier, sous celui orageux de Monsieur Hassan Gouled Aptidon) et les attachements claniques au-delà du raisonnable brouillent dangereusement la lecture que l’on peut se faire de leurs actes et de leurs pensées.
Daher Ahmed Farah, très jeune, s’est montré attentif au sort d’autrui, aux plus défavorisés surtout. D’où son intérêt à la chose publique depuis ses années lycéennes. D’où sa trajectoire professionnelle heurtée (études de gestion, École de Saint-Cyr, travail à l’état-major, journaliste, enseignant, écrivain, militant, chef d’un parti etc.) qui démontre son immense curiosité et sa grande disponibilité. Il me souvient que ses adversaires ont insisté sur ce parcours peu commun pour y voir le signe d’une instabilité psychologique. Il n’en est rien. Quand on veut tuer son chien, on l’accuse de rage ! Foutaises, donc. Il m’en souvient aussi DAF est également romancier, le premier en date dans notre petite république – même s’il est vrai que Splendeur éphémère est loin d’avoir révolutionné l’art romanesque, y compris à Djibouti. C’était une œuvre de circonstance certes, il fallait la faire. Un point, c’est tout.
Depuis qu’il est rentré au pays, à la queue des années 1980, tout le monde s’accordera pour reconnaître que cet homme a beaucoup apporté à notre pays. Le courage et l’honnêteté exigent qu’on reconnaisse cela, surtout si l’on est en désaccord avec ses idées politiques. Ça s’appelle le fair-play.
Enfin, j’ai rencontré cet homme en quête de destin il y a quelques mois, à Djibouti. C’était une poignée de jours avant son avant-dernier embastillement dans la sinistre prison de Gabode. Je l’ai trouvé plus combatif qu’avant, plus calme aussi. Son constat après les élections législatives était sans appel, calmement devrais-je ajouter. Relisons ces quelques lignes extraites de sa Lettre à la jeunesse djiboutienne : « Ces souffrances sans nom [celles du peuple djiboutien, s’entend] ne sont pas tombées du ciel, pas plus qu’elles n’ont surgi du sol. Elles sont le produit d’un régime et de son système de gestion des affaires nationales. Elles sont les conséquences directes de l’alimentarisme de nos gouvernants qui allient absence de vision politique, cupidité, inertie et autres agissements fossoyeurs. C’est le fait de ces hommes et femmes dont le principal souci est de se servir de leur pays pour eux-mêmes au lieu de le servir au mieux de l’intérêt général.
Nos souffrances sont, en un mot, le prix que nous payons pour la prospérité exclusive de la poignée d’individus qui prétendent nous diriger. Nous souffrons et ils prospèrent sous nos yeux sommés de suivre en spectateurs captifs leur spectacle qui relève ridiculement du troupeau insatiable.
Mais, pour graves qu’elles soient, ces souffrances ne sont pas insurmontables. Nous pouvons les faire refluer jusqu’à totale disparition. C’est tout à fait possible. Mieux, cela ne dépend que de nous.
Pour y parvenir, refusons d’abord de renoncer. Ne nous laissons pas impressionner par le spectacle suranné des pâturants. Gardons la tête froide pour réagir avec méthode et résolution.
Une fois chassé le sentiment de découragement qui fait le lit de la résignation, disons-nous chacun que nous ne sommes pas seuls. Répétons-nous que c’est tout un pays qui doit trouver son salut, que la quasi-totalité des Djiboutiennes et Djiboutiens aspirent aujourd’hui au changement salvateur. Pourquoi ? Parce qu’il est psychologiquement réconfortant de ne pas se savoir seul. »
Qui pourrait honnêtement soutenir le contraire ? Quel Djiboutien/ne n’a pas, dans le secret de sa conscience, proféré les mots pour lui/elle-même, pour se convaincre qu’il/elle était en vie et en pleine possession des facultés intellectuelles ? Combien de privilégiés d’un instant dormiront tranquilles après ses paroles qui forent loin la conscience de chacun ?
Ce que d’aucuns n’osent pas encore en rêver, Daher Ahmed Farah le dit et l’écrit. C’est bien cela son seul crime. Que nous dit-il encore ? Eh bien ceci :
« À tous, je remémore que ce régime est incroyablement fragile et qu’il ne tient que par notre déficit de résistance collective. Très sincèrement, ce pouvoir est tout de faiblesses. Osons l’effort qui sauve.
Alors ACTION ! ACTION ! ACTION ! Sous toutes ses formes constructives.
La lutte continue… »
Ce lundi 16 juin 2003, cet homme affrontera à nouveau son destin… dans la cour d’un palais de Justice. Cela nous concerne tous.
Bien citoyennement
A.A.W.
COMMENTAIRES : l’engagement aux côtés des forces du progrès et de la résistance du plus connu de nos écrivains constitue, à n’en pas douter, une contribution importante. Comme l’écrit Abdourahman Wabéri, DAF « affrontera à nouveau son destin… dans la cour d’un palais de justice » :ce mercredi, il doit comparaître devant les juges, la partie civile ayant décidé de faire appel.
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Droit de réponse de M. Eleyeh
PETITION CONTRE LA BCI-MR : Réaction irréfléchie ou face cachée de « Réalité » ?
Notre article consacré aux déboires que connaît actuellement une grande banque de la place avec le régime (sous couvert d’une pétition dont le journal gouvernemental « La Nation » s’était fait l’écho) nous a valu un long droit de réponse d’un lecteur s’étant présenté comme membre d’une association de défense des consommateurs. Si nous laissons nos lecteur juges de savoir s’il existe une « face cachée de Réalité », nous avons estimé utile de reproduire intégralement ce droit de réponse, même si son auteur nous ayant demandé de préserver son anonymat, ce que, connaissant la nature répressive du système en place nous avons accepté. Ceci par souci de susciter un débat constructif autour de la seule question que pose ce sujet : existe-t-il à Djibouti une réelle société civile autonome, dont les différents segments sont capables de défendre leurs intérêts contre tous les abus quotidiens de ce régime autocratique ?
L’arrivée de votre journal dans le paysage méditico-politique, a été pour tout citoyen détestant le mensonge et les flagorneries, l’espoir de voir un jour la fin d’un système monolithique qu’on peut qualifier de «mafio-cratie ».
Dans une mentalité locale, où les retournements de veste, la sauvegarde des positions partisanes et particulières, ont biaisé l’environnement politique, il serait réconfortant pour nous, simples citoyens, que les hommes qui prônent une autre vision, adoptent une démarche courageuse et cohérente pour les multiples «campagnes de discrédit » menées par le pouvoir en place.
Je suis un fidèle lecteur du Renouveau et de Réalité car ces deux journaux préconisent le changement et la fin d’un système politique dont l’issue – si rien ne fait – nous conduira vers un non état et une anarchie à la somalienne.
Au delà de la sympathie politique que j’ai pour votre journal, j’apprécie énormément votre style et vos références qui tranchent avec les smicards de la «plume gouvernementale ».
Ceci dit, j’ai été attristé voire peiné que « mon journal » fait sien des méthodes des mercenaires de la plume locale. J’ai été consterné de voir dans l’édition du mercredi l8 juin 2003, un article intitulé «La mauvaise gouvernance contre la BCI-MR».
Dans ces lignes, vous fustigiez et pire encore vous ironisiez sur la réaction d’une société civile sans défense face au diktat de la BCI.
L’article paru sur « La Nation » auquel vous faites allusion, a été apprécié par tous les signataires de la pétition nationale, toute confession politique incluse.
Je ne crois pas que ce soit une « plume gouvernementale » qui l’a produit comme vous le devinez mais un jeune et courageux journaliste qui a servi d’écho amplificateur aux contestations murmurantes et susurrantes des clients de cette banque, moi le premier.
Son seul crime est peut-être d’avoir écrit sur « La Nation», journal fonctionnant avec les frais de contribuables mais réduit au rôle propagandiste et hagiographique d’un pouvoir qui n’est pourtant rien d’autre qu’un accident de l’histoire et restera sûrement demain comme une anecdote dans la mémoire citoyenne.
Cette façon de disqualifier par avance sans débats ni discernements, ressemble beaucoup au terrorisme de la pensée unique et inique que le pouvoir actuel nous impose depuis plus d’un quart de siècle.
En méditant sur votre réaction, je ne peux m’empêcher de me remémorer ces mots d’un grand journaliste «A pensée unique, pensée unique et demie: je te combats en t’ignorant à l’abri d’une superbe solitude où je n’entends que mon écho et ne voit que mon image».
C’est ainsi que nous vivons de curieux temps, de révision et d’inversion, de mensonges et d’impostures, où les mots sont vidés de toute vérité, où la liberté d’expression devient une dictature quotidienne, où la démocratie se dévoile en néototalitarisme.»
Sincèrement, j’ai été plus que surpris voire même choqué par votre réaction intempestive. Au fond, je me demande d’où vient l’allergie du journal « Réalité » ? Est-ce un des journaliste, qui a des intérêts à défendre à la BCI ou est-ce la ligne éditoriale qui joue la BCI contre les citoyens ?
Si la société civile s’organise en association des consommateurs pour défendre leurs intérêts y compris contre une banque, en quoi elle vous dérange?
Chaque chose a un début, demain peut être cette organisation embryonnaire d’une société sans boussole pour l’instant, dénoncera les insuffisances de l’État et demandera des comptes aux responsables politiques.
Alors, pour votre crédibilité et pour tous ceux qui croient à l’alternance (dont moi-même), il serait temps que « Réalité » cesse de faire le sniper embusqué qui se trompe de cible. Citoyennement.
Ileyeh
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QUESTION A LA REPONSE
Défenseur des consommateurs : un don qui choque ou un Don Quichotte ?
Croyant à un regrettable malentendu, nous avons failli être agréablement surpris, presque sur le point de rêver d’une mobilisation citoyenne qui ne soit pas, pour une fois, instrumentalisée par le régime. En effet, nous n’avions pas saisi la raison de ce droit de réponse car, en ce qui concerne la pertinence d’une association de défense des consommateurs, même vis-à-vis d’une banque, nous pensions avoir été précis : « Quant à affirmer que les clients « exigent un peu de considération. Ils entendent se constituer en une association des consommateurs pour faire respecter leur intérêt », c’est une excellente nouvelle : à quand alors la défense des usagers d’une Voirie défaillante à cause de la mauvaise gouvernance, des fonctionnaires auxquels l’Etat n’est même pas capable d’assurer un salaire mensuel ? ».
Ce que vous avez compris comme ironie n’était qu’un vœu sincère de notre part. Tout le problème est donc là : si l’altruisme qu’implique la défense d’intérêts généraux (dans le cadre d’une association au service des consommateurs par exemple) ne nous a jamais semblé « un don qui choque », le procès d’intention que vous nous intentez nous amène à nous poser une question. A savoir : par votre démarche en faveur d’une pétition, ne seriez-vous pas en train de renouveler le personnage de Don Quichotte ?
Permettez-nous, tout d’abord, de vous rafraîchir la mémoire. Dans les années 70, une boulangerie de la place vendait aux djiboutiens du pain impropre à la consommation parce fait à partir d’une farine dans laquelle les charançons pullulaient. Pour mettre un terme à ce scandale, il a fallu qu’une certaine presse enquête puis, s’en fasse l’écho. Ce journal, vous vous en doutez, ce n’était pas « Le Réveil de Djibouti », organe de l’administration coloniale : c’était « Le Populaire », organe de la LPAI qui avait révélé ces faits discriminatoires.
Mutatis mutandis, nous persistons à croire que « La Nation » n’est pas la tribune appropriée pour faire avancer les choses dans le bon sens à Djibouti. Mais, contrairement à vous, ce n’est pas à cause de ceux que vous nommez avec un mépris inexplicable « les smicards de la plume gouvernementale » : comme la plupart des agents de l’État, ils ne font pas toujours ce qu’ils voudraient faire ; la preuve, ce sont souvent des pigistes plus exploités qu’ailleurs. Si les journalistes sont parfois courageux, comme vous le dites, le problème, c’est que le journal gouvernemental d’un régime despotique peu soucieux de pluralisme de l’information ou même de déontologie, étouffe ce genre de qualité : sa ligne éditoriale (si l’on ose ce non-sens), interdit de poser les problèmes que la police politique estime indignes d’être posés.
D’autre part, le jugement plutôt déplacé que ce journal gouvernemental s’est permis de porter à propos du contentieux opposant l’ancien Président du Croissant-Rouge d’Obock (lire en page 8), nous amène à penser qu’il ne se préoccupe pas toujours de la défense des faibles à laquelle vous prétendez : les habitants d’Obock et d’ailleurs, auxquels le régime refuse encore tout droit à la Réhabilitation, sont un peu plus nombreux que vos pétitionnaires clients de banque, à moins que votre association estime prématuré (ou déplacé) de se faire leur porte-voix.
En clair, si Don Quichotte se battait contre des ennemis imaginaires (des moulins en l’occurrence), il nous semble que votre association ( dont la discrétion étonne plus d’un) ne pose pas la vraie question, au moins dans le cas précis de cette pétition : pourquoi l’État djiboutien détenant 33% du capital de cette banque et constituant de ce fait une minorité, de blocage, ne défend-il pas lui-même ses citoyens au lieu de masquer son incompétence et son insouciance derrière la plume d’un de ses journalistes de service ?
Alors, de nous ou de vous, qui devrait réellement cesser de « faire le sniper embusqué qui se trompe de cible ? ». Demandez à nos cibles ce qu’elles pensent de nos tirs. Concitoyennement !
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L’honnêteté sanctionnée
A propos de l’éviction du Président du Coissant-Rouge d’Obock
Djibouti, le 06/07 12003
A
Monsieur le Directeur
du Croissant Rouge Éternel de Djibouti
Monsieur ABDI KAIREH
Réponse à la mise au point par le Directeur
du croissant rouge paru sur la nation du jeudi 3 juillet 2003
En réponse à votre mise au point, j’ai le regret que votre réaction soit si déplacée car je n’ai fait que faire valoir au Ministre les droits des réels nécessiteux consistant à la réhabilitation de leurs logements endommagés par la guerre. Ceci n’est pas de la politique mais d’actes d’humanisme en faveur de personnes humaines.
J’ai voulu donner donc la priorité à ces gens en question et non aux terrains vides et aux habitations de fortune qui existaient avant la guerre et qui par surprise figure sur la liste.
C’est pourquoi, j’ai trouvé injuste que les vrais sinistrés de la guerre soient ignorés et que les autres soient servis alors qu’ils ne sont pas concernés par la réhabilitation.
Faisant donc profiter cette aide au nom de l’humanité aux personnes qui ont subi des préjudices par la guerre.
Quant à la décision de mon écartement de la présidence du croissant rouge branche d’Obock et mon remplacement par le vice-présidente, je souhaite à cette dernière un succès dans l’exercice de cette responsabilité ainsi qu’au comité.
Aussi, vous avez cité que les paragraphes
– Impartialité
– Neutralité
– Et Indépendance
Mais vous aviez omis le chapitre le plus important qui est d’ailleurs bien avant ces trois chapitres dans les statuts qu’est : L’humanité : qui est un mot très important et dont la signification prime sur tous les autres car un monde sans humanité n’est qu’une jungle
Le chapitre humanité stipule :
« Née du souci de porter secours sans discrimination aux blessés des champs de bataille, la croix rouge, sous son aspect international et national s’efforce de prévenir et d’alléger en toutes circonstances les souffrances des hommes. Elle tend à protéger la vie et la santé ainsi qu’à faire respecter la personne humaine. Elle favorise la compréhension mutuelle l’amitié, la coopération et une paix durable entre tous les peuples. »
A mon avis il faudrait donner du sang nouveau à ces honorables organisations humanitaires «croissant rouge de Djibouti».
Et merci.
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COMMENTAIRES : on savait qu’une administration démotivée par la mauvaise gouvernance ne pouvait qu’être déshumanisée, oubliant complètement la mission de service public qui doit être la sienne. Mais, dans le cas présent d’un fonctionnaire démis de ses fonctions pour avoir fait preuve de l’honnêteté qu’exige le travail humanitaire, c’est tout simplement le degré zéro de la morale. Ce n’est pas un scoop : tout le monde sait que dans ce régime délinquant, le Mal est devenu la norme des promotions partisanes. Même quand il s’agit de soulager une détresse humaine qu’un gouvernement peu soucieux de paix civile a largement contribué à provoquer : la preuve, c’est qu’il l’entretient encore en refusant toute Réhabilitation ! Si aucun citoyen n’est dupe, avis aux bailleurs de fonds.
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