Réalité numéro 55 du mercredi 11 juin 2003 |
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Sommaire |
- Éditorial
- Brèves nationales
- Djibouti vue de Paris
- Le présidentialisme djiboutien (2)
- Samireh est-il pigiste au Daily Mirror ?
- Violation de la Décentralisation : mode d’emploi
Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED
Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD
Dépôt légal n° : 55
Tirage : 500 exemplaires
Tél. : 25.09.19
BP : 1488. Djibouti
Site : www.ard-djibouti.org
Email : realite_djibouti@yahoo.fr
Éditorial
CONSCIENCE CITOYENNE OU VERTU POLITIQUE ?
Un régime sans aucune perspective politique, fondant le recrutement de son personnel, il aurait été plus judicieux de parler de ses domestiques, sur la seule base de la servilité, invente forcément des subterfuges pour éviter le vrai débat public sur les obligations respectives des dirigeants comme des citoyens ordinaires. Ainsi est-on peu surpris d’apprendre, dans « La Nation » du 9 juin, que les pouvoirs publics s’échinent à inculquer aux citoyens djiboutiens « une nouvelle conscience citoyenne » tendant à faire d’eux de véritables protecteurs de notre environnement pollué et de notre écosystème aride. C’est oublier et en même occulter beaucoup de choses.
Tout d’abord, il est normal que notre société de consommation dans laquelle sont engagés tous les Djiboutiens jouissant du plus haut niveau de vie régional (soit dit en passant, un État voisin, bien que plus pauvre comme l’Éthiopie en termes de revenu par tête d’habitant, a réussi à mettre en place une politique de décentralisation qui force le respect, même dans les nations politiquement et économiquement plus évoluées) produise une quantité de déchets difficilement gérable. Mais le problème, c’est que chacun se souvient parfaitement que dans les années 80, bon an, mal an, l’État djiboutien arrivait parfaitement à assurer ce minimum de voirie que l’on est en droit d’attendre d’une administration digne de ce nom.
Le fait est que l’État djiboutien, spécialement depuis trois ou quatre ans, cherche éperdument à masquer ses lacunes : à qui la faute si la Voirie nationale n’arrive même pas à assurer le minimum qui est attendu d’elle ?
Il est donc bien facile de demander aux citoyens de s’engager dans la voie de le salubrité publique lorsque l’Etat lui-même démissionne tout simplement, abandonnant ce secteur public à la seule initiative privée, en l’occurrence aussi peu respectueuse de l’intérêt général. Ainsi, à quoi bon demander aux citoyens, avant tout soucieux de leur cadre de vie, d’œuvrer à l’assainissement de leur environnement immédiat, si les pouvoirs publics ne sont même pas capables de leur fournir les moyens techniques pour y pourvoir ?
Chacun l’admettra facilement, ce n’est la faute à aucun quartier de la Capitale si les services techniques de la voirie urbaine sont à ce point défaillants : qui est responsable de la disparition des innombrables moyens techniques généreusement offerts à la République de Djibouti par les nombreux donateurs internationaux ? Certainement pas l’actuel Chef du district de Djibouti. Car, chacun s’en souvient, notre pays a reçu l’occasion de chaque inondation, une multitude de motopompes pour conjurer tout risque d’inondation, pour ne citer que cet exemple.
Dans un tel contexte, il est vraiment malhonnête de voir les marionnettes du régime demander aux citoyens une plus grande implication dans le processus de voirie urbaine quand ses moyens techniques ont été volontairement bradés par la bourgeoisie d’État en place. A ce chapitre, il serait extrêmement facile à tout un chacun, dans un esprit purement citoyen, d’exiger des comptes quant à l’affectation des millions dégagés dans le cadre du Fonds d’Entretien Routier.
Le véritable problème est donc bien là : avant de demander aux citoyens djiboutiens de faire preuve de civisme par rapport à un environnement écologique mis en danger par la modernité, il serait plus judicieux et surtout plus honnête d’exiger des responsables politiques des comptes quant à l’affectation des innombrables dons, reçus dans ce cadre. Ce n’est donc pas aux citoyens djiboutiens qu’il convient de demander des sacrifices : c’est avant tout aux responsables politiques, qui n’ont pas hésité un seul instant à mettre en faillite la Voirie nationale, d’exiger des comptes quant à la gestion des deniers publics. Mais, comme chacun le sait, le propre de ce régime de parvenus sans conscience nationale, c’est de fuir la réalité en exigeant du Peuple une rigueur qu’il est bien incapable de respecter lui-même dans la gestion des affaires publiques. Il n’est donc pas principalement question de demander aux citoyens djiboutiens d’assurer un cadre de vie décent pour leurs enfants : il s’agit surtout de savoir si nos responsables sont disposés à respecter leurs concitoyens en arrêtant de fuir la réalité : l’assainissement de notre cadre de vie incombe avant tout aux décideurs politiques.
Mais il est, somme toute, bien normal qu’un régime qui témoigne d’aussi peu de respect pour le verdict des urnes et pour la profonde aspiration au changement d’un Peuple fatigué par de mauvaise foi affairiste, cherche à tout prix à fuir ses obligations les plus primordiales.
Brèves nationales
Chambre de commerce :
après Coubèche, qui ?
Les élections consulaires du 4 juin dernier ont connu une couverture médiatique sans précédent et l’assemblée de 44 membres qui en est issue a du pain sur la planche maintenant qu’il s’agit d’élire en son sein le bureau et son président. La Chambre de commerce est la plus vieille institution de notre pays et la plus méconnue aussi. Sous l’impulsion du Président Coubèche, homme d’affaires dynamique et charismatique, cet établissement public a pu résister à la contagion de la mauvaise gouvernance qui gangrène l’administration nationale.
En effet, le Président Coubèche avait su maintenir de bonnes relations avec les pouvoirs publics, tout en veillant à l’autonomie de cet organisme placé sous la tutelle du ministère du Commerce. Son départ constitue donc un événement ouvrant la voie à une ère nouvelle, prometteuse si son successeur et les nouveaux membres élus en décident ainsi. Si toutefois l’affairisme de la bourgeoisie d’État est maintenue à une distance raisonnable et les influences politiques contenues dans les limites permises par les textes.
Dans ces conditions, ils ne sont pas légion, les opérateurs économiques réunissant les qualités de sérieux et d’indépendance d’esprit que requiert la fonction de Président de la Chambre de commerce, compte tenu des pratiques politiques en vigueur dans notre pays. Qui qu’il soit, puisse le futur Président de cette institution devenir l’homme de la situation.
F.A.D. : la grande muette mutée au développement ?
Une fois n’est pas coutume, un article en forme de plaidoyer pour une armée de développement a attiré notre attention citoyenne. L’autocensure et la censure en vigueur dans la presse gouvernementale sont connues de tous. C’est donc avec un réel intérêt que nous avons relevé certains passages dudit article. Lesquels passages prônaient la nécessaire adaptation de l’armée nationale au nouveau contexte de paix : « mais avec la paix retrouvée, l’armée nationale doit désormais faire moins de parade et plus de travail. ».
Ayant par le passé et à plusieurs reprises fustigé toute l’improductivité de ce corps budgétivore bénéficiant de la seconde place dans le Budget national, bien loin devant la Santé par exemple, nous ne pouvons que souscrire à cette nouvelle vision des choses. Malheureusement, notre courageux journaliste ne pousse pas plus loin sa témérité, s’excusant même d’avoir suggéré tant de bon sens à un régime lui-même improductif. Il rectifie : « Notre but n’est pas de fustiger nos forces armées garantes des institutions républicaines mais de sensibiliser nos politiques d’en utiliser à bon escient pour mettre en place des projets civils visant à améliorer les conditions de vie de notre population ».
Depuis le temps que nous proposions, aux fins d’efficacité et de réconciliation nationale, que les forces de défense participent activement au vaste chantier de la Reconstruction et de la Réhabilitation. Mais le problème, c’est que faire quand le régime sabote lui-même cette Reconstruction des zones affectées par le conflit, ne trouvant même pas impudique que ce soient les Forces Françaises ou la « Task Force » qui s’occupent de la remise en état des écoles ou des pistes rurales ? En attendant le miracle, les galonnés cherchent pour le moment à défendre leur « honneur » contre DAF.
Affaire DAF : les sombres manœuvres
d’un pouvoir aux abois ?
Y a-t-il péril en la demeure ou est-ce plus banalement une manifestation de plus de l’hystérie répressive ambiante ? Toujours est-il, c’est dans la confusion la plus totale que le Président du MRD a été reconduit en prison moins de 48 heures après sa libération-surprise intervenue mardi 3 juin. Selon certaines informations, le régime serait tiraillé entre le durcissement dans sa gestion de ce dossier et la voie de la sagesse en tempérant ses ardeurs aventuristes. Le traitement chaotique de cette affaire a révélé au grand jour la cacophonie interne comme les intentions liberticides et antidémocratiques d’un pouvoir ébranlé par la dynamique unitaire de l’opposition. En arrêtant notre ami DAF et en confisquant son matériel d’impression, les autorités espéraient mettre hors-jeu le MRD et son journal, de manière à intimider toute l’opposition. Peine perdue ! Le « Renouveau Djiboutien » a continué à paraître et même à gagner de l’audience. Quant à l’opposition regroupée au sein de l’UAD, elle a poursuivi son action unitaire, comme l’ont bien démontré le meeting du 12 mai et la manifestation du 28 mai derniers. Dans ces conditions, il ne sert à rien de s’acharner contre un combattant de la démocratie dans l’espoir d’entraver le véritable combat démocratique contre cette situation de non-droit. Les forces démocratiques et le Peuple djiboutien espèrent que le procès du 16 juin sera enfin le dernier et DAF vraiment libre à son issue.
Environnement :
Remèdes inadaptés aux vraies causes
La journée mondiale de l’Environnement a été célébrée le 5 juin un peu plus bruyamment que les années précédentes, et pour cause… Ayant mis sur pied un comité interministériel chargé de lutter contre l’insalubrité de notre Capitale, les pouvoirs publics ont donné de la voix, à défaut de redynamiser une voirie défaillante. Car, comme tout le monde le sait, la préservation de l’environnement ne doit pas se limiter à des opérations médiatiques et ponctuelles de nettoyage, mais exige aussi de se donner les moyens appropriés de cette lutte permanente. Outre les moyens techniques qui font cruellement défaut à cause de la mauvaise gouvernance, c’est toute la notion d’Etat et de ses obligations qui a également disparu. Ainsi, le régime préfère discourir sur les maux, principalement engendrés par l’environnement politique et institutionnel insalubre qu’il perpétue.
Prétendre soigner les effets visibles de l’insalubrité tout en se voilant la face sur les véritables causes à l’origine de la dégradation de notre environnement, revient à faucher les mauvaises herbes en espérant qu’elles ne repousseront plus : ce sont les racines du mal qui doivent être arrachées.
QUAND LA « VACHE A LAIT » INVITE A LA RAISON
Un régime impopulaire est toujours, par définition, narcissique : tout ce qu’il fait est grand, tout ce qu’il dit est beau. A tel point qu’il déforme la réalité de son pays et empêche les citoyens d’avoir une vision claire du contexte dans lequel ils vivent ainsi que de l’appréciation que les autres portent sur nous. L’un de ces autres, c’est bien sûr la France : ancienne puissance de tutelle et principal partenaire du développement, à défaut de parler de commerce, tant il est vrai que Djibouti ne produit absolument rien, si ce n’est la stagnation provoquée par un régime archaïque. Loin des spots médiatiques et du style obligé des médias gouvernementaux, il était intéressant de savoir la vision que des décideurs politiques français ont de notre pays et de son régime. Une de ces visions est contenue dans le document officiel ci-dessous, que nous reproduisons intégralement pour le chapitre concernant la République de Djibouti. Il s’agit du rapport d’information n°200 du Sénat, annexé au procès verbal de la séance du 5 mars 2003. il s’agissait, pour les sénateurs qui en sont les auteurs, d’analyser la pertinence de la base militaire française à Djibouti, ainsi que ses incidences pour les populations locales. Avant de vous livrer notre point de vue sur ce document, au lecteur d’en prendre connaissance, en exclusivité comme on dit.
DJIBOUTI ATOUTS STRATÉGIQUES,
CARENCES ÉCONOMIQUES
La situation géographique très privilégiée de Djibouti a été encore renforcée par le nouveau contexte stratégique qui prévaut depuis le Il septembre 2001. Ainsi, les troupes françaises stationnées dans ce pays de longue date, et maintenues après l’indépendance en 1977, grâce à un accord de défense signé la même année, ont été rejointes, en 2002, par un millier de soldats américains, ainsi que par des éléments allemands et espagnols.
Les tensions qui opposent historiquement la communauté afar, soutenant la rébellion du FRUD (Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie), et le gouvernement d’origine issa n’ont cependant pas empêché la tenue d’élections générales le 10 janvier 2003. Leur résultat est certes contesté par l’opposition, mais dans un climat moins tendu que lors des précédentes consultations.
Il faut regretter que les atouts géopolitiques et économiques de Djibouti ne bénéficient guère à la population.
A. DES RELATIONS BILATÉRALES ÉTROITES,
TANT POLITIQUES QU’ÉCONOMIQUE
1. Une présence française ininterrompue depuis la fondation du territoire
La présence française dans la région remonte à la signature, le Il mars 1862, d’un traité d’amitié entre la France et les trois sultans qui règnent sur ce territoire. Les possibilités de mouillage existant à Obock sont alors cédées à la France. En 1884, la France marque son intérêt pour cette zone en y envoyant le gouverneur Lagarde, qui fonde la ville de Djibouti. Cet intérêt est affirmé par la création, en 1896, du territoire de la Côte française des Somalis, et le début de la construction du chemin de fer reliant Djibouti à Addis-Abeba, dont l’exploitation débute en 1917.
En 1946, la Côte française des Somalis reçoit le statut du territoire de l’Union française; le référendum de 1967 confirme cette appartenance à la France, malgré de premières revendications indépendantistes, et adopte la dénomination de « territoire français des Afars et des Issas » . En 1977, un nouveau référendum conduit à l’indépendance sous le nom de République de Djibouti. Des élections législatives conduisent à l’investiture d’Ahmed Dini (Afar) comme Premier ministre, et à la désignation d’Hassan Gouled Aptidon (Issa) comme Président de la République, fonction qu’il occupe sans interruption jusqu’à son retrait de la vie publique et l’élection, en 1999, du Président Ismaël Omar Guelleh (de la même ethnie).
La vie politique du territoire est, depuis l’indépendance, marquée par une constante tension entre les deux principales communautés, afar (environ 40% de la population) et issa (environ 60 %).
Cette opposition a débouché sur un conflit armé entre 1991 et 1994, qui a opposé le FRUD afar et le gouvernement issa.
Le premier accord de paix de 1994 n’a pas totalement fait taire les armes, et a été suivi de l’accord- cadre de février 2000, aux dispositions plus globales. En effet, cet accord prévoit le désarmement volontaire des combattants du FRUD, leur réintégration dans la vie civile, l’introduction du multipartisme et une décentralisation du pouvoir.
Les élections générales du 10 janvier 2003 ont donc été organisées dans un climat de liberté d’expression jamais connu auparavant, et leurs résultats ont manifesté une nette percée de l’opposition, même si le mode de scrutin (liste majoritaire à un tour) a permis à la majorité sortante de remporter les 65 sièges de l’Assemblée. Cette émergence de l’opposition (37 % des voix dans la ville de Djibouti) traduit sans doute le désarroi d’une population qui ne bénéficie d’aucune retombée des masses financières que le Gouvernement tire de l’activité portuaire et de la présence des troupes étrangères sur son sol.
2. Un fort appui économique de la France, insuffisant pour apurer la situation financière du gouvernement
La France est le premier bailleur de fonds de Djibouti, en terme de coopération civile. Le territoire a ainsi bénéficié en 2002 d’une enveloppe de 12,9 millions d’euros, permettant notamment la rémunération de 103 assistants techniques. L’application de l’accord de paix est soutenue par des actions de réhabilitation des ‘zones afar (0,76 millions d’euros en 2001 financés par le Fonds Social de Développement (FSD).
De nombreuses aides budgétaires ont également été consenties au profit du territoire, dont 1,8 million d’euros en 2001 et 6 millions d’euros en 2002. Ce soutien constant n’a pas permis, cependant, d’enrayer l’émergence d’une crise des finances publiques, dont la principale manifestation se traduit par un retard constant dans le versement des traitements de la fonction publique. La masse d’arriérés se monte aujourd’hui à environ cinq mois de salaire.
Ce constat est préoccupant car il témoigne d’un manque de maîtrise des disponibilités financières aux mains du gouvernement djiboutien.
B. LES FORCES FRANÇAISES
DE DJIBOUTI
1. Un dispositif qui a évolué avec la professionnalisation de notre armée
La délégation a consacré une des deux journées de son séjour à Djibouti à l’organisation de ces forces, qui regroupent actuellement quelque 2.800 soldats des trois armées et de la gendarmerie. Les forces terrestres comprennent le 5ème régiment inter-armes d’Outre-mer, la 13ème demi brigade de la Légion étrangère et un détachement de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre. Les forces aériennes sont composées du détachement Air 188, regroupant, outre les moyens nécessaires au fonctionnement d’une base aérienne, l’escadron de chasse « Vexin » et l’escadron de transport outre mer « Larzac ».
Le service de santé est implanté au centre hospitalier des armées Bouffard qui compte 63 lits, et dont les services sont largement ouverts aux civils français et djiboutiens. Les patients djiboutiens représentent, en effet, près de 90 % de l’activité générale de l’hôpital. Une équipe américaine de 12 médecins y exerce aujourd’hui sous l’autorité des médecins français.
C’est un protocole « provisoire » du 27 juin 1977 qui fixe les conditions de stationnement des forces françaises sur le territoire djiboutien L’accord prévoit que (art. 1) « en cas d’agression par une armée étrangère, le gouvernement de la République française apportera à la République de Djibouti la participation des Forces armées françaises stationnées sur le territoire de celui-ci ». En revanche, « les forces françaises stationnées sur le territoire de la République de Djibouti ne peuvent participer à des opérations de maintien ou de rétablissement de l’ordre ». Par ailleurs ( art. 10) « le territoire de la République de Djibouti ne pourra être utilisé comme base ou point d’ appui pour une intervention armée contre une tierce puissance, hormis le cas prévu à l’article premier ». Deux accords en matière de surveillance des eaux territoriales et de l’espace aérien de la République de Djibouti ont en outre été signés en février 1991.
Djibouti présente pour l’armée française trois avantages essentiels. Elle permet une présence française dans une zone d’intérêt stratégique majeur (accès à la Mer Rouge et au Golfe Persique), elle constitue une base relais pour des opérations se déroulant dans un cadre éloigné de la France, et enfin un terrain d’exercice idéal pour la préparation d’éventuelles interventions en milieux similaires à celui de Djibouti.
Les FFDJ assurent quatre missions principales :
– une mission intérieure de présence destinée à participer à la défense de l’intégrité de Djibouti, dans le cadre des accords de défense entre cet Etat et la République française; à concourir de façon permanente, et contre tout type de menace, à la défense des intérêts français à Djibouti, en particulier celle des ressortissants, ainsi qu’à la stabilité du pays ;
– une mission extérieure d’intervention limitée pouvant s’appliquer, sur ordre de l’état-major, aux pays limitrophes comprenant le stockage et le maintien en condition des matériels destinés à équiper un bataillon RECAMP ;
– une mission d’aide au profit de l’Etat et des forces armées nationales de Djibouti ;
– une mission de prévention et de coopération de défense.
Les forces sont actuellement de 2.800 (basées à Djibouti, Ouéah et Arta) et devraient être réduites à 2.600 en 2003. La moitié des effectifs sont des unités tournantes (de quatre mois).
Cette configuration, plus resserrée, découle de la professionnalisation de l’armée française. Elle peut conduire, dans certains cas, à des tensions au sein du personnel militaire du fait du manque de stabilité de la structure d’encadrement.
Les autorités djiboutiennes, quant à elles, semblent avoir surestimé les conséquences financières négatives de cette réduction de format. En effet, les dépenses effectuées par les familles, qui accompagnaient plus systématiquement les militaires en poste avant le passage à l’armée professionnelle, ont été largement compensées par les coûts plus élevés suscités par des forces de métier .
Rappelons qu’un contingent de 200 hommes a participé à la MINUEE durant le 2ème semestre 2001, et que deux officiers basés à Asmara y participent actuellement.
2. Un dispositif dont les bases juridiques mériteraient d’être actualisées
Cet accord de défense a incontestablement contribué à maintenir l’intégrité de Djibouti. Les FFDJ ont un rôle stratégique majeur, tant par leur localisation que par leur capacité interarmées. Elles bénéficient de possibilités appréciables d’entraînement en milieu désertique et nautique, dont elles font également profiter les forces locales. Elles sont parfaitement intégrées au sein de la population.
La présence des FFDJ permet une coopération militaire significative; ainsi, 54 stagiaires ont été formés en 2001 dans les écoles nationales à vocation régionale, pour un financement de 350.000 euros. Le nombre de coopérants militaires permanents est de 22, répartis sur sept projets: la restructuration du service de la santé, le développement des communications interarmées, l’automatisation de l’administration et de la gestion, la mise à niveau de la gendarmerie, le renforcement de l’action de l’Etat en mer, le développement des écoles de Hol Hol et Ambouli, le soutien à l’établissement centralisé des matériels.
Une aide logistique de 2,1 millions d’euros a par ailleurs été attribuée pour l’année 2002. Le protocole de 1977 devrait être actualisé, d’autant plus qu’il était qualifié de « provisoire ». Certes, des ajustements mineurs lui ont été apportés au fil des années: mais les tracasseries administratives qui entravent la vie quotidienne de nos forces devraient conduire à une négociation plus globale, qui aurait également le mérite de faire évaluer à son juste niveau par les autorités djiboutiennes le montant global de l’aide française, tant civile que militaire, dont elles sont bénéficiaires.
Cette suggestion a d’ailleurs été évoquée auprès du Premier ministre, sans d’ailleurs rencontrer l’écho souhaité par la délégation. En effet, s’il est indéniable que Djibouti constitue une zone importante pour notre dispositif outre-mer, notamment par sa situation privilégiée au débouché de la mer Rouge sur le golfe d’Aden (comme l’atteste d’ailleurs l’implantation, depuis septembre 2002, d’un millier de soldats américains sur l’ancien camp Lemonnier, contigu à l’aéroport), il est à craindre que cette rente de situation dispense les autorités locales d’une réflexion, pourtant nécessaire, sur les causes du délabrement des infrastructures publiques, qui ajoutent encore au dénuement de la population, et qui s’accroît proportionnellement aux sommes dont elles sont destinataires.
La recherche par la France de la possibilité d’implantations alternatives pour ses forces permettrait peut-être de dissiper une certaine illusion sur le caractère totalement vital de Djibouti pour notre pays. Il conviendrait, tout au contraire, d’inverser cette croyance fallacieuse, et faire réfléchir le pouvoir en place sur l’avenir réservé à leur pays si la France s’en détournait.
Cette prise de conscience n’est pas, pour l’heure, à l’ordre du jour, ainsi qu’en témoigne la conclusion, annoncée au début d’avril 2003, d’une convention entre la France et Djibouti portant sur une réévaluation du coût de notre présence militaire, et sur la situation financière et fiscale des FFDJ. Le contenu de cette convention n’a pas été rendu public.
Il faut cependant relever que la spécificité et la rudesse du territoire permettent à l’armée de terre française d’y organiser, au sein de « l’Ecole de formation au désert », la formation et l’aguerrissement d’unités tournantes aux combats et à la vie dans les zones désertiques. La délégation a pu d’ailleurs assister à une présentation terrestre, puis à des manœuvres aériennes qui ont illustré les capacités de nos troupes tant au combat qu’à des missions d’évacuation aérienne de civils, ou de blessés. L’organisation sans faille de ces manœuvres démontre, s’il en était besoin, la grande maîtrise de leurs missions dont nos forces font preuve.
QUE PENSER DE TOUT CELA ?
Le lecteur djiboutien en conviendra aisément : ce regard sans complaisance (signe caractéristique des vrais amis) n’aurait jamais été rendu public par le régime. Preuve qu’au moins les hommes politiques français sont tout aussi soucieux de rentabiliser les deniers du contribuable français finançant cette base militaire, que de ses retombées pour une population locale empêchée par son régime de pleinement profiter des retombées économiques et financières d’une telle présence, indispensable tant que les impératifs géostratégiques en décideront ainsi.
Il est donc tout à fait déshonorant de lire sous la plume de ces sénateurs qu’ « il conviendrait, tout au contraire, d’inverser cette croyance fallacieuse, et de faire réfléchir le pouvoir en place sur l’avenir réservé à leur pays si la France s’en détournait. Cette prise de conscience n’est pas, pour l’heure, à l’ordre du jour » : si l’opposition n’attend pas grand-chose d’une France pour laquelle Djibouti est avant tout un pré-positionnement et un terrain d’entraînement militaires, abstraction faite des aspirations démocratiques de sa population, le régime en place est quant à lui foncièrement responsable de ne chercher qu’à faire fructifier cette présence en treillis, sans se soucier d’assurer la bonheur des djiboutiens.
C’est donc au Peuple djiboutien, sans aucunement remettre en cause les diverses formes de présence militaire, de mesurer à quel point ce régime est irrémédiablement réfractaire à toute notion d’intérêt général.
Le présidentialisme djiboutien (2)
Démocratie, Dictature ou Caricature ? 2ème partie : nous ne sommes pas en démocratie
Nous avions présenté la semaine dernière la première partie d’une série d‘articles consacrée aux dysfonctionnements institutionnels en République de Djibouti, consécutifs à l’hypertrophie d’un présidentialisme qui pose la question de savoir si nous sommes vraiment en démocratie. Après avoir exposé l’argumentaire du FRUD-armé durant les négociations de paix, en faveur d’un réaménagement dans le sens d’un meilleur équilibre, il convient dans cette partie de démontrer pourquoi il est difficile de prétendre que Djibouti est une démocratie.
Il s’agit donc de voir dans quelle mesure le présidentialisme tel qu’il a cours à Djibouti ne s’inscrit pas exactement dans la configuration communément admise de tout système démocratique autre que populaire. Parler du rôle démesuré d’un Président de la République, c’est aussi une façon de pudiquement ignorer l’existence purement formelle de son Premier ministre : la réalité de l’un renvoie à la virtualité de l’autre.Mais dira-t-on, certaines grandes démocraties, et non des moindres, fonctionnent à merveille sur la base du système présidentiel. Évoquer les seuls pouvoirs, aussi exorbitants soient-ils, que les dispositions constitutionnelles confèrent à un Chef d’État ne suffisent pas à remettre en cause la nature démocratique des institutions politiques de son pays. Il convient donc de confronter cette position dominante aux autres caractéristiques fonctionnelles définissant communément un État de droit et une démocratie.
Le pluralisme politique
et la transparence électorale
Une démocratie se définit tout d’abord par la liberté offerte aux citoyens de librement choisir leurs représentants politiques. Nous n’apprendrons certainement rien à personne en affirmant qu’à Djibouti, cette liberté fondamentale est constamment bafouée : à notre connaissance, aucune élection ne s’est ici déroulée dans des conditions d’honnêteté minimales.
Les dernières législatives n’ont pas échappé à cette règle et ont clairement montré à quel point la consultation des citoyens n’était qu’une pénible corvée à laquelle le régime devait s’astreindre pour se parer du vernis démocratique qu’exige la nouvelle donne internationale.
Si les fraudes ont généralement lieu par la falsification a posteriori des résultats, le 10 janvier 2003 a démontré qu’un pouvoir illégitime était également capable de chercher à assurer sa survie en tout simplement empêchant les électeurs de voter. La récente actualité politique continentale a pour sa part mis en évidence que cette technique était une invariante caractéristique des formations en difficulté : l’opposition togolaise a dénoncé une pratique similaire lors de la dernière consultation électorale.
Le pluralisme de l’audiovisuel
et l’indépendance de la presse
Là encore, n’importe quel téléspectateur ou auditeur de la Radio Télévision Djiboutienne (RTD) ou n’importe quel lecteur du journal « La Nation », appartenant en principe à tous les djiboutiens et devant refléter la diversité des opinions, sont singulièrement monocolores, partisans pour tout dire. Nos médias publics n’ont de public que le nom : hormis le temps d’une comique soirée post électorale, il est impensable d’espérer que les médias officiels se fassent l’écho des activités politiques ou des points de vue de l’opposition nationale. Quant à la presse de cette opposition, les récents déboires judiciaires du directeur de publication du « Renouveau Djiboutien » montrent clairement qu’une épée de Damoclès est en permanence suspendue au-dessus d’elle et que l’invocation de délits tels que la « diffusion de fausses nouvelles » ou encore la « diffamation » suffit au régime pour l’empêcher de librement s’exprimer.
L’existence de contrepouvoir
et la séparation des pouvoirs
Il n’y a donc aucun contrepouvoir aux excès de pouvoir permanents de l’Exécutif djiboutien singulièrement personnifié(s). Par pudeur moins que par manque d’argument, nous n’insisterons pas ici sur le ridicule dont s’est couvert le Conseil Constitutionnel djiboutien en avalisant des résultats aussi fantaisistes que ceux de Daffeynaïtou : sa mission commanditée autant par le caractère limitatif des textes que par le mode de désignation de ses membres, ne l’a jamais érigée en garant de la légalité.
Quant aux parlementaires, inutile de démontrer que la cooptation dont ils sont les miraculeux bénéficiaires leur interdit toute velléité d’honnêteté professionnelle. Pour ce qui est enfin de la Justice, nous défions quiconque de démontrer son indépendance à l’égard de l’Exécutif : son seul statut violant la disposition pourtant constitutionnellement garantie de l’inamovibilité des magistrats du siège suffit à mesurer sa subordination.
La liberté syndicale
et les droits des travailleurs.
les dirigeants syndicaux licenciés pour fait de grève, c’est-à-dire pour avoir défendu les droits des travailleurs, et qui attendent, malgré toutes les promesses présidentielles, d’être réintégrés dans leur emploi, seront certainement les derniers à parler en bien de ce régime.
En fait, les sempiternels retards de salaire dont sont victimes les travailleurs djiboutiens du secteur public, sufissent à démontrer tout le mépris dans lequel ce régime d’arrivistes tient l’effort personnel et le droit à la reconnaissance individuelle.
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Ainsi donc, si le système politique djiboutien, fondé sur la prééminence du Président de la République, n’est absolument pas une démocratie, il s’agit de savoir s’il s’agit d’une dictature, même personnelle.
C’est ce que nous tenterons d’examiner la semaine prochaine voyant dans quelle mesure on peut, ou on ne peut pas, véritablement parler d’une dictature à la djiboutienne.
Samireh est-il pigiste au Daily Mirror ?
Cela faisait longtemps que le héros de la petite BD que « La Nation » propose à ses lecteurs avait réussi à mériter notre indulgence : fini le temps où il se plaignait qu’il y avait trop de Houmed parmi les dockers du Port. Peut-être parce qu’il n’est pas tout à fait libre de disposer de sa sagesse bédouine, il nous revient malheureusement, dans l’édition du jeudi 5 juin, avec des propos cryptés en langue afar (certainement le premier effet positif du symposium) qu’il nous a semblé utile de traduire afin que chacun se rende compte qu’il est indécent de présenter une lecture de caniveau comme grille de lecture de la vie politique nationale.
– Hassan-le-grand, pourquoi es-tu tout seul ? – Je pensais à ce que Ahmed Dini m’a dit. |
– Que t’as-t-il dit ? – Il m’a dit : « même après ancienneté, un notable n’en devient pas pour autant Sultan ; moi, je n’ai aucune augmentation de salaire pour un gardien. |
-Mon ami, je ne connais personne à part Ahmed Dini qui n’ait aucun respect pour le travail – Celui qui est repu pense que tu l’es aussi.
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– Ahmed Dini sera ingrat avec tout le monde comme il l’a été avec Hassan-le-grand
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Commentaires : le fameux Hassan-le-grand dont il est question dans ce feuilleton plein de bassesse serait à notre connaissance un chantre de l’Unité nationale, célèbre pour ses vers rythmés au moment de la lutte pour l’Indépendance. Ce patriote militant de la LPAI était une figure culturelle d’Arhiba et un personnage emblématique des années 70. Ancien nomade, il gagnait sa vie comme gardien à l’EDD bien après l’Indépendance. Les propos imaginaires qui lui sont prêtés dans cette bande dessinée de mauvais goût auraient été soufflés à un responsable de la rédaction de « La Nation » par un indicateur des services de la police politique. Comme par hasard, le journaliste en question aurait été félicité en haut lieu pour avoir publié de telles attaques personnelles contre un des pères de l’Indépendance et de surcroît signataire de l’Accord de Paix du 12 mai 2001. A ce jeu, il nous aurait été facile de dégonfler certaines outres réellement repues, mais nous savons que la bassesse ne grandit pas ses auteurs
Moralité : un régime à court d’arguments politiques et de réels projets d’avenir quant à la consolidation de la paix civile et de la réconciliation nationale en est réduit à s’abaisser à des attaques personnelles, assuré qu’il est que sa Justice ne laissera jamais aboutir une quelconque plainte en diffamation. Considèrant l’Etat comme sa propriété personnelle et n’ayant donc aucun sens de l’intérêt général, il poursuit sa fuite en avant. Mesquin, Maskiin !
Violation de la Décentralisation : mode d’emploi
Nous avons souvent évoqué dans nos colonnes les multiples formes de sabotage dont le régime se rendait coupable à l’encontre du processus de décentralisation tel que prévu par l’Accord de Paix du 12 mai 2001. pour qui aurait encore quelque doute à ce propos, le journal gouvernemental « La Nation », dans son édition du jeudi 22 mai 2003, dévoile en pleine page toute la mauvaise volonté du régime quant à la mise en place d’une véritable décentralisation. Passage en revue du mode d’emploi de la violation préméditée.
Il convient tout d’abord de relever un exploit dont seul un média tendancieux est capable : parler de décentralisation sans évoquer une seule fois l’Accord de Paix du 12 mai 2001 dont elle tire réellement son origine, au moins en terme de projet. Au lieu de cela, le journal gouvernemental se croit encore obligé de présenter comme une décentralisation en action des Conseils régionaux, désignés par l’Exécutif et n’ayant aucun compte à rendre aux populations administrées.
Le caractère ridicule des réalisations effectuées par ces Conseils régionaux en dit suffisamment long sur l’inefficacité et l’opacité de leur mode de fonctionnement. A voir la liste de ces réalisations, on comprend aisément que ces Conseils ne rendent jamais leurs comptes publics : « dépenses de personnel, réhabilitation des locaux abritant ces Conseils, et leurs équipements matériels informatifs et autres mobiliers de bureau, acquisition de véhicules 4×4 » nous apprend-on sans rire.
Même si, dans l’interview, le fonctionnaire réquisitionné estime à juste titre qu’ « on ne peut pas dire que le bilan soit vraiment positif », la raison invoquée pour cet échec patent ne convaincra personne : la nouveauté.
En effet, mis à part la faible dotation financières de 50 millions, l’Etat djiboutien ne s’est jamais soucié d’une dimension essentielle accompagnant toute véritable décentralisation : la mise à la disposition des entités décentralisées d’un personnel compétent, soit par transfert direct de fonctionnaires en service, soit par la formation, les deux approches étant par définition complémentaires. Le mode de désignation du personnel de ces Conseils régionaux montre bien que la bonne gestion et le respect des administrés ne sont pas forcément une priorité gouvernementale.
La vérité, c’est que ces 50 millions constituent un gaspillage supplémentaire et, dans la plupart des cas, leur affectation n’a absolument aucune incidence positive sur la qualité de vie des administrés. C’est juste une nouvelle poudre aux yeux dont la fonction est de faire semblant : un artifice supplémentaire de la mauvaise gouvernance pour en quelque sorte régionaliser l’absence de perspective globale.
Tout comme il est fallacieux de prétendre que « des pays beaucoup plus développés et plus riches que nous ont du mal à réaliser cette politique » de décentralisation : c’est mentir par omission car il est tout aussi vrai que des pays beaucoup plus pauvres que nous, le Mali par exemple, ont réussi, parce que les responsables politiques en avaient la ferme volonté, à mettre en place une réelle décentralisation. Ce n’est donc pas un problème de moyens financiers ou humains qui se pose à Djibouti.
Ce qui se passe ici, c’est que le régime, peut-être parce qu’il n’a pas assez de crédibilité intérieure pour penser et agir autrement, s’obstine à admettre que c’est justement l’étouffement de certaines régions et de certaines populations qui est directement à l’origine d’un conflit civil dont le renouvellement devait être évité par la mise en place d’une décentralisation capable de libérer les initiatives locales et d’assurer le développement régional.
Comme l’écrit lui-même le journal gouvernemental « la décentralisation est une idée forte lorsque l’Etat est fort, elle peut être une idée faible quand l’Etat est faible » : c’est donc parce que l’Etat djiboutien n’a d’Etat que le nom que ses dirigeants ne peuvent concevoir pour le moment une réelle décentralisation. Par manque général de projet de société, ils se contentent de bluffer : quand il n’y a pas de démocratie au niveau national, aucun miracle ne peut instituer une démocratie au niveau régional.
« Création de baronnies, augmentation du coût de l’administration, des espoirs déçus » : les risques inhérents à toute mauvaise décentralisation, tels que les énumère « La Nation » grâce à un document émanant du ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation peuvent parfaitement s’appliquer aux actuels Conseils régionaux. S’il est bien évident pour tout le monde que les actuels Conseils régionaux ne constituent nullement une réelle décentralisation, prétendre le contraire n’est qu’une vaine fuite en avant, la politique de l’autruche aux conséquences fâcheuses pour les uns et les autres.
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