Réalité numéro 102 du mercredi 23 juin 2004 |
|||
|
|||
Sommaire
|
Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 102 Tirage : 500 exemplaires Tél : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
|
---|
Éditorial
MESSAGE DU PRÉSIDENT
27EME ANNIVERSAIRE :
LE DERNIER DE L’OBSCURANTISME
Fidèle à une liturgie festive qui a disparu partout ailleurs en même temps que les partis uniques, le régime se prépare activement à récupérer les multiples sacrifices indépendantistes en assénant à nos compatriotes chants et des chants douteux dont seules quelques troupes militaro-artistiques ont le secret. Peut-être plus activement que par le passé, car ce 27 juin 2004 est placé sous les pires auspices qui soient pour l’équipe au pouvoir, tout comme il augure de jours prochainement meilleurs pour le Peuple Djiboutien, dès lors qu’il revendique son droit à vivre décemment. Notre pays est véritablement dans une période charnière : celle du passage des Ténèbres de la manipulation politicienne vers la Lumière de l’Unité Nationale. Pour le régime, la sanction de sa faillite est sans appel, et ceci dans les domaines les plus vitaux de l’existence quotidienne.
L’Education Nationale ? Malgré toute la bonne volonté d’un corps enseignant conscient de sa mission, le constat du dysfonctionnement est patent, obérant dramatiquement l’avenir de nos enfants et laissant s’instaurer une dangereuse Ecole à deux vitesses. A voir ces cohortes toujours plus nombreuses de jeunes jetés dans la rue, les centaines d’enfants ruraux auxquels toute école est refusée, n’en prennent qu’une dimension statistiquement modeste, quoique la volonté de tuer l’avenir de toute une composante de la communauté nationale s’y trahisse dans sa plus brutale cruauté.
Le monde du travail ? Ce n’est pas par incompétence que le régime viole ses propres engagements et refuse de se conformer aux dispositions pertinentes du Bureau International du Travail, l’invitant depuis des années à respecter la liberté syndicale et à réintégrer tous les syndicalistes abusivement licenciés. Privés d’une réelle représentation véritablement soucieuse de défendre leurs droits inaliénables, les travailleurs sont quotidiennement victimes d’abus de pouvoir, le moindre des dénis n’étant pas les intolérables arriérés de salaire et atteintes fiscales au pouvoir d’achat.
La Paix civile ? Il y a bien longtemps qu’elle est devenue le dernier souci d’un régime uniquement préoccupé de sa survie, feignant favoriser tel ou tel groupe en fonction de ses contingences partisanes mais condamnant en réalité l’ensemble du Peuple Djiboutien saboté dans son profond désir de se forger un destin commun. Peuple dont la maturité a déjà mis en échec les nombreuses tentatives de division haineuse.
C’est cette résistance, pacifique et résolue, qui nous autorise à dire que, mis à part le premier, ce 27 juin 2004 est plus important que les tous autres : de la prise de conscience agissante découle inévitablement la destruction de toute forme de despotisme. Les prochains mois nous donneront certainement l’occasion pour qu’il en soit ainsi. Il est temps d’en finir avec l’obscurantisme du parti unique et d’aller vers la Lumière du citoyen responsable et d’une Nation réconciliée. C’est à cette tâche que l’UAD convie tous nos compatriotes. Avec l’aide du Très-Haut, nous y parviendrons car c’est dans la logique de l’Histoire.
AHMED DINI
Président de l’ARD
|
|
Brèves nationales
Jeunesse au chômage :
L’UJA courtisée ?
Après les menaces, voici le temps des promesses. Cette semaine, nous apprenons qu’après les avoir traités de tous les noms, le régime tenterait une offensive de charme en direction des jeunes chômeurs regroupés au sein de l’Union des Jeunes d’Arhiba. Ainsi, la Présidence et la Primature rivaliseraient d’imagination dans le but de séduire ces jeunes injustement brimés et condamnés à l’oisiveté. Des promesses d’embauche auraient, paraît-il, été formulées sans que l’on sache si c’est pour tout de suite ou alors après 2005. Toujours est-il qu’il faut rester prudent avec ce pouvoir du mensonge et de la manipulation.
Pour notre part, nous serons les premiers à nous féliciter de tout geste positif, tout en demandant à ce qu’une réelle politique de lutte contre le chômage soit initiée au profit des jeunes de toutes les régions du pays. Malheureusement, ce régime en campagne électorale a pour fâcheuse habitude de présenter un droit comme une faveur assortie de conditions. Cela, la Jeunesse au chômage de tout notre pays doit la rejeter et continuer sa légitime lutte jusqu’à ce qu’une véritable politique nationale de l’emploi soit effectivement mise en place en faveur de tous les chômeurs Djiboutiens.
La juste résolution de l’épineuse question du chômage est à ce prix. Tout le reste n’est qu’esbroufe électoraliste.
Salubrité publique :
Coup de balai… annuel ?
Depuis quelques jours, des dizaines de balayeurs s’échinent à la nuit tombée sur les principales artères de la Capitale, non sans risque pour leur sécurité et la circulation routière. Les Djiboutiens, habitués à cette frénésie de nettoyage annuel, savent pertinemment que ces efforts des pouvoirs publics indiquent simplement l’approche de la célébration des fêtes de l’Indépendance. La propreté relative sera donc de courte durée, avant que l’insalubrité ne reprenne ses droits dès les lampions éteints. Insalubrité étant surtout synonyme de mauvaise gouvernance, il est navrant de constater que la Capitale reste, avec ce régime, l’endroit le plus sale de notre pays.
Le plus grave, c’est que ces balayeurs de circonstance sont pour certains des « clandestins » raflés : ce serait leur impôt pour pouvoir rester dans notre pays. C’est ce qui expliquerait peut-être qu’ils soient cette fois-ci encadrés par des hommes en armes : si ce n’est pas du travail forcé, on veut bien comprendre ce qui se passe. Tout le monde s’accordant sur le fait que la Voirie officielle, privée de moyens techniques, continuera malheureusement d’être défaillante dès le lendemain des fêtes.
Plages surveillées :
Sécurité policière avant secours sanitaires ?
Sur les plages de tous les pays où le régime se soucie de la sécurité des baigneurs, il existe des maîtres-nageurs sauveteurs et au moins une ambulance prête à intervenir pour convoyer les accidentés de la mer vers les urgences d’un hôpital. A Djibouti, la plage est surtout encombrée de policiers dont nul n’a encore très bien compris l’utilité sur ces lieux. Les automobilistes empruntant la route du front de mer entre la Siesta et la Pêcherie de Boulaos, doivent rester vigilants le vendredi entre 13 heures et 19 heures, sous peine d’écraser un passant utilisant cette voie pour accéder à la plage.
Ainsi, chaque vendredi, des milliers de jeunes Djiboutiens fuyant la canicule viennent se baigner ou se délasser sur l’unique plage accessible de la Capitale. En raison de la présence dans l’eau d’un tel nombre de baigneurs, dont plus de la moitié est constituée de jeunes enfants ne sachant pas forcément nager, tout pouvoir responsable aurait disposé à cet endroit des secouristes. Or, dans ce régime de mauvaise gouvernance, la dissuasion policière reste privilégiée avant la sécurité des citoyens.
C’est ainsi que des policiers armés de gourdins patrouillent le long de la plage, prêts à intervenir dans une rixe entre gamins, au lieu de mettre prioritairement en place une structure sanitaire destinée à faire face aux risques de noyade ou d’hydrocution que courent les baigneurs les moins expérimentés ou les plus exposés Ainsi va le bien-être de la population à Djibouti, bien-être version RPP bien sûr…
Unité nationale :
Soif et délestages du Nord au Sud
L’arrivée des grandes chaleurs signifie toujours soif et corvée d’eau pour les populations rurales de notre pays. Mais, depuis l’instauration de la mauvaise gouvernance, des localités semi-urbaines connaissent les mêmes problèmes. Ainsi, depuis le mois de juin et à la veille du 27ème anniversaire de notre Indépendance, la soif et le manque de courant sont devenus le lot des administrés d’Obock-ville, Randa, Arta, Yoboki et As-Eyla. Dans ces villes et villages, les populations souffrent de l’absence régulière du courant électrique et de l’eau courante. Motif invoqué par les représentants de la mauvaise gouvernance dans ces secteurs : la pénurie de carburant pour faire fonctionner les générateurs électriques et les motopompes. Il est vraiment regrettable que sous ce régime de gaspillage d’un côté et de pénuries de l’autre, les seuls moteurs voraces à ne jamais manquer de carburant soient les véhicules de la garde présidentielle et les modestes hélicoptère et autre Boeing présidentiels.
A ce rythme, le réveil risque d’être brutal…
Rafles ciblées :
La bourse ou la vie
Scène de la vie quotidienne à la Place du 27 juin et ailleurs. Des hommes en uniformes arrêtent au hasard des passants plus ou bien mal habillés pour tranquillement circuler en cet endroit de la Capitale. Papiers s’il vous plaît, rien de plus normal. Mais, tout de suite, la question fatidique : qu’as-tu ? Sur les deux arrêtés, l’un propose 500 FD : circule, tu es en règle. Le second, malheureux ayant probablement oublié sa misérable bourse chez lui, est illico presto invité à prendre place dans le fourgon. Direction : inconnue. Ce qui ne semble pas l’inquiéter outre mesure : Djibouti est une terre d’accueil dont la réputation n’est plus à faire !
Dans ces conditions, pourquoi s’étonner de voir nos rues à nouveau surpeuplées des milliers de faux clandestins économiques ?
Journée Mondiale des Réfugiés :
Juste pour les banderoles
Nous avions évoqué la semaine dernière le triste destin des réfugiés du camp d’Awr-Awsa dont cinq pensionnaires se seraient suicidés pour ne pas être rapatriés vers leur pays d’origine. Information gravissime qui aurait soit dû être vigoureusement démentie par les autorités concernées, soit conduire à une enquête pour déterminer les responsabilités : information erronée ou drame véridique, l’erreur est par définition humaine à condition de l’admettre, surtout quand il s’agit d’êtres humains arrachés à leur terre d’origine et parqués dans des conditions de survie que nul citoyen ne devrait connaître. Au lieu d’une réponse sérieuse, qui aurait démontré pour lui le sérieux de la presse d’opposition, le régime s’est malheureusement contenté de célébrer la Journée Mondiale des Réfugiés du 20 juin d’une façon purement instrumentale, propagandiste ne correspondant nullement aux énormes efforts consentis par notre pays dans l’accueil de réfugiés de la région. Ainsi, c’est juste une pitoyable rétrospective à des fins électoralistes qui a été proposée aux téléspectateurs de la RTD, dans laquelle certains dignitaires actuels cherchaient maladroitement à récupérer le travail de leurs prédécesseurs. Par contre, silence radio sur la situation actuelle des vrais réfugiés politiques ayant fui leur pays d’origine à cause de leur engagement partisan. S’il est bien évident que notre pays ne doit à aucun prix devenir une base arrière pour qui que ce soit, dans quelque entreprise de déstabilisation que ce soit, il est scandaleux de voir un régime mercenaire se vendre au plus offrant et fouler au pied l’inaliénable droit d’expression, surtout des plus faibles.
Pérégrinations présidentielles :
Après Dubaï, Bangkok
L’actuel locataire du palais présidentiel semble particulièrement affairé ces derniers temps. Après avoir inauguré la zone franche de Djibouti en compagnie des représentants de Djebel-Ali, notre globe-trotter national s’est rendu à Kampala, afin de prendre part au sommet des Chefs d’Etat des pays membres du COMESA. Le Chef de l’Etat connaît bien l’Ouganda, pays où il conserve de solides attaches, principalement dans les milieux d’affaires. Il n’a donc pas dû rencontrer de difficultés à promouvoir sa zone franche dans cette partie enclavée de notre continent.
Par ailleurs, selon certaines informations, le « numéro un » djiboutien projetterait également dans le courant du mois de juillet de se rendre en visite officielle en Thaïlande. Désireux de booster l’économie nationale et ainsi élever le niveau de vie de ses concitoyens, comme il le prétend sans rire, le citoyen-président cherche à diversifier ses sources d’inspiration en matière de développement. Nul doute qu’il n’aura aucun mal à transposer les modèles de développement des dragons asiatiques à son petit pays. En attendant ces lendemains qui chantent, la grande majorité des Djiboutiens continuent de végéter dans la plus extrême précarité. La morosité ambiante n’est pas seulement due à l’arrivée des grandes chaleurs de l’été.
Libération de Houssein Ahmed Farah :
La LDDH salue la décision de justice
Dans une note d’information diffusée le 17 juin 2004, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) se félicite du jugement rendu par le Tribunal de Première Instance dans l’affaire ayant «sérieusement» opposé le cortège de la Première Dame à notre confrère Houssein Ahmed Farah.
Après avoir été arrêté et incarcéré sous un prétexte digne des plus ubuesques dérives des plus stupides dictatures subtropicales, notre confrère du Renouveau Djiboutien a été finalement innocenté de toutes les charges retenues contre lui et relaxé dans la journée du jeudi 17 juin 2004. Réalité se réjouit de cette libération et encourage notre confrère dans son juste combat pour la justice et la démocratie.
|
Pour avoir refusé de ramper (3)
Quels postes pour les cadres du FRUD-armé ?
3ème partie
Dans la première partie, pour y avoir été maladroitement invités par un régime plus habitué à insulter qu’à argumenter, nous avions publié toutes nos correspondances restées sans réponse, relatives à l’intégration, conformément à l’Accord de Paix du 12 mai 2001, des cadres et combattants du FRUD-armé ayant perdu leur emploi du fait du conflit civil. Silence impoli qui n’a pas empêché le ministère de l’Emploi, comme l’a montré la seconde partie, d’adresser à ces cadres une correspondance conditionnant leur simple recrutement à partir de 2004 à un engagement ferme et écrit, dont aucun fonctionnaire n’a jamais entendu parler. Dans cette troisième et dernière partie, il est temps de mettre un terme à cette comédie, en reproduisant in extenso la lettre commune adressée au Ministre de l’Emploi par les cadres concernés qui, loin de voir dans le règlement de leur situation un simple problème individuel ont, à juste titre, tenu à remettre l’injustice perpétrée contre eux dans le contexte plus global de la paix civile qui doit normalement renforcer toute réconciliation nationale.
***
MM |
Djibouti, le 25 avril 2004 |
A
Monsieur le Ministre de l’Emploi
et de la Solidarité Nationale
Réf : Décision n°2002-0167/PR/MESN du 2 mars 2002 portant recrutement des cadres du FRUD-armé ;
Notre lettre du 23 novembre 2002 à nos ministères de tutelle relative à notre situation administrative ;
PJ : vos correspondances n° 262, 263, 264, 265 et 266 du 8 avril 2004 relatives à notre situation administrative ;
Monsieur le Ministre,
C’est avec un réel intérêt que nous avons accusé réception de vos lettres citées en référence, relatives à notre situation administrative. En effet, après les petites soustractions d’une Présidence cherchant à violer dans ses moindres aspects l’Accord de Paix du 12 mai 2001, et la grande impuissance d’une Primature qui n’a même pas été capable de faire respecter ses directives par les différents ministères concernés, nous pensions sincèrement que l’engagement dans ce dossier d’une nouvelle partie, à tout le moins vierge de tout sabotage, ne pouvait qu’augurer d’un règlement définitif de ce contentieux qui, soit dit en passant, n’est qu’un aspect particulier d’un problème plus gravement général : celui du refus gouvernemental d’instaurer un climat propice à la réconciliation nationale et à l’indemnisation des victimes.
Malheureusement, force est de regretter qu’à sa lecture, votre correspondance n’offre aucune perspective d’application dudit accord de paix, ni a fortiori de règlement de notre situation individuelle : tout au plus pouvons nous, sans préjuger de votre bonne volonté conciliatrice, vous reconnaître le bénéfice d’une profonde méconnaissance de notre dossier.
Méconnaissance en premier lieu pour ce qui concerne la procédure qui vous autorise à nous sommer de hanter les couloirs des différents départements ministériels. Car, lorsque vous écrivez : « je ne saurai accéder à votre demande de rétablissement de salaires par des simples promesses », il s’agit tout simplement d’une contrevérité car vous serez bien incapable, Monsieur le Ministre, de rendre publique la moindre correspondance de notre part vous mendiant une quelconque faveur : nous n’avons jamais demandé que la stricte application d’un Accord de Paix faisant obligation à la partie gouvernementale de nous réintégrer, avec tout les droits à l’ancienneté et à la retraite que cela implique, et non de nous recruter comme vous osez le proposer.
Méconnaissance en second lieu pour tout ce qui relève de la procédure administrative conduisant aussi bien à l’intégration dans un service qu’à la suspension de salaire pour absentéisme. Permettez-nous de vous rappeler, Monsieur le Ministre, que tout fonctionnaire intégré dans un service reçoit du département du personnel de ce dernier une convocation l’invitant à venir prendre connaissance des modalités de sa prise de fonction.
Or, si nous avons bien été recrutés (et non réintégrés) dans la Fonction Publique à compter du 1er janvier 2002 (et non du 1er juin 2001 comme convenu d’accords parties), par une décision prenant effet pour compter du premier jour de l’année 2002, et si quatre mois de salaire nous ont été versés au Trésor Public, ceci est intervenu sans qu’aucun d’entre nous n’ait été convoqué par son ministère de tutelle et sans que ce dernier ne lui ait signifié, dans le respect dudit Accord de Paix, le poste de responsabilité qui lui a été confié. Nous osons vous mettre au défi de nous renvoyer à une quelconque correspondance ou décision en ce sens publiée dans le Journal Officiel, en violation de la requête officielle de notre mouvement : notre situation individuelle ne prend tout son sens non pas en vertu d’un quelconque diplôme universitaire ou d’une quelconque sollicitation personnelle, mais dans le contexte général d’une légitimité supérieure découlant de la démobilisation et du désarmement de tous les combattants du FRUD-armé.
Pour ce qui relève de la suspension de salaire, il serait discourtois de notre part de vous renvoyer, Monsieur le Ministre, aux dispositions du Statut Général de la Fonction Publique prévoyant les deux conditions dans lesquelles le traitement d’un fonctionnaire est suspendu : soit parce que ce dernier a accumulé un certain nombre de jours d’absentéisme, soit parce qu’il a demandé une mise en disponibilité pour raison personnelle. Or, comme aucun de nos ministères de tutelle ne nous a jamais transmis la moindre convocation de prise de fonction, aucun de nous a jamais fait part d’un quelconque absentéisme ou abandon de poste : encore une fois, nous vous mettons respectueusement au défi de nous transmettre la moindre correspondance officielle à vous adressée par les départements ministériels en question ou à nous adressée par vous ou par eux, relative à notre refus de prendre des fonctions administratives qui nous auraient été régulièrement assignées.
Donc, n’ayant été ni régulièrement réintégrés ni régulièrement suspendus, il nous est impossible, Monsieur le Ministre, d’accorder la moindre pertinence à votre correspondance citée en référence : d’un bout à l’autre, le gouvernement auquel vous appartenez s’est rendu coupable d’une inadmissible violation d’un Accord de Paix, dans le contexte duquel notre modeste condition individuelle n’est que quantité négligeable : le conflit ne trouve ni son origine ni encore moins sa résolution dans notre promotion individuelle qui semble être brandie comme instrument de chantage.
Enfin, s’agissant des conditions préalables que vous posez à l’éventuelle normalisation de notre situation administrative, permettez-nous de vous éclaircir les deux points suivants:
1) quant à une reprise effective de notre service, étant donné les très nombreux bras-cassés sans aucune affectation ni bureau de fonction émargeant à la fonction publique et dans tous les ministères, nous attendons encore que nos départements ministériels respectifs nous convoquent dans le respect des dispositions statutaires communément admises de par le monde et dans toutes les organisations bureaucratiques dignes de ce nom ; en vous renvoyant à notre correspondance en date du 23 novembre 2002 expédiée à nos ministères de tutelle, dans laquelle nous demandions une convocation en bonne et due forme et un rétablissement de notre salaire injustement suspendu sans aucun préalable ni justification..
2) pour ce qui est de « respecter intégralement les dispositions statutaires en vigueur », nous vous saurions gré de bien vouloir clairement expliciter desquelles il s’agit. Si un tel « engagement ferme et écrit » est exigé de tous les recrutés de la Fonction Publique, vous voudrez bien nous transmettre par retour de courrier la référence s’y rapportant dans ledit Statut Général de la Fonction Publique. De même que vous devrez nous expliquer dans quelle mesure des combattants recrutés ou réintégrés en vertu d’un Accord de Paix prônant la Réconciliation Nationale, et de ce fait respectant difficilement toutes les exigences dudit Statut quant à leur nomination (qui Chef de Cabinet de la Présidence, qui Secrétaire-Général d’un ministère) n’ont pas été sabotés, contrairement à nous, dans leur juste promotion eu égard à leur sacrifice dans l’édification d’un Etat de droit et la consolidation d’une Nation égalitaire. C’est parce que nous connaissons les droits du citoyen et les devoirs du fonctionnaire que nous estimons inadmissible d’être traités différemment des autres.
Dans l’espoir que vous trouverez une juste solution solution à notre dossier, une prompte réponse de votre part nous obligerait.
Copie conforme : M le Premier Ministre
***
LE MOT DE LA FIN
Depuis cette correspondance, aucune réponse n’est parvenue du Ministre de l’Emploi : certainement parce qu’il n’était pas habilité à sérieusement régler ce problème. Il a donc manqué une occasion de se taire et c’est pour cela que nul ne peut lui en vouloir. Tout comme personne n’en voudra au Premier ministre qui, en criant sur tous les toits qu’il se chargeait personnellement d’empêcher ces cadres d’être réintégrés, s’est uniquement comporté comme tel bédouin ramenant chez lui le cadavre d’un homme mort trouvé sur son chemin. Quand le plus corvéable des ministres refuse d’obéir à ses directives, il faut vraiment être méchant ou se tromper de responsable pour lui en vouloir. Car le seul responsable de toutes ses violations, c’est le Chef de l’Etat et lui seul.
Mais, comme il a failli à sa parole sur des chapitres beaucoup plus graves et importants que ces minuscules réintégrations, il est superflu d’attendre quelque rédemption de sa part : la mesquinerie n’a pas à être commentée outre mesure : elle est trop pitoyable !
|
M. Kadamy s’exprime dans LNA
Aux gros mots, les méchants remèdes : pourquoi donc la presse du chef de l’Etat, spécialisée dans la production des graffitis officiels, persiste-t-elle dans ses attaques ad hominem contre des membres de notre Rédaction ?. C’est parce qu’il s’agit d’une regrettable littérature de caniveau par laquelle le Chef de l’Etat cherche vainement à détourner des véritables enjeux pour porter les « débats » sur des futilités dont le Peuple n’a que faire et des mensonges que nos concitoyens ont depuis longtemps condamnés !
Cela dit, si les scribes présidentiels autorisés sont à ce point nerveux parce que nous disons la vérité sur la nature de ce régime despotique, nous nous faisons un plaisir et un devoir d’élargir leur horizon en soumettant à leur sagacité mercenaire la première partie d’une longue et récente interview accordée par un opposant en exil, M. Mohamed Kadamy. Ses analyses sont d’une pertinence rare, preuve que même loin du pays, il en suit avec attention l’évolution politique. Tout ce que nous pourrions regretter, c’est que notre ancien Représentant en Europe ait été victime par deux fois d’un contre-pied de l’Histoire.
La première fois lorsqu’il s’est hâtivement désolidarisé de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 pour prôner la poursuite des actions armées, alors que tous les Djiboutiens ne demandaient que la Réconciliation Nationale. La seconde fois, en prônant actuellement une action politique pacifique alors que la violation dudit Accord de Paix lui donne toute la légitimité de relancer sa guérilla : en dépit qu’en auraient ceux qui, comme nous, ont opté pour le combat pacifique, il aurait certainement mobilisé plus de combattants que les militants de tous les partis politique légalisés réunis. Pour l’heure, voici ce qu’il pense. Devant cette urgence de salubrité publique, notre aimable lecteur voudra bien nous excuser d’avoir déprogrammé la dernière partie de l’article consacré à la situation actuelle du Bataillon Somali. Elle sera publiée la semaine prochaine.
Paris le 17 mai 2004. Propos recueillis par Alain LETERRIER
Mohamed Kadamy responsable du Frud : « Rassembler largement à Djibouti, y compris parmi les membres déçus du pouvoir actuel »
======================================================================================
Les Nouvelles d’Addis : Nous sommes à un an de l’élection présidentielle à Djibouti. Selon toute vraisemblance, l’actuel chef de l’Etat, Ismaël Omar Guelleh, briguera un second mandat. Comment se positionne l’opposition djiboutienne et plus particulièrement le Frud que vous dirigez, dans le cadre de cette échéance électorale ?
Mohamed Kadamy : Pour que le changement puisse se faire par la voie des urnes, des conditions minimales sont nécessaires. Or, Djibouti a accepté du bout des doigts le multipartisme en septembre 2002. La première des conditions est la transparence des listes électorales.
A Djibouti, des milliers d’électeurs ont été radiés des listes électorales, d’autres n’ont jamais pu s’inscrire. A cela s’ajoutent les fraudes massives auxquelles se livrent les dirigeants du pays.
Une dictature ne peut se démocratiser sans une étape de transition. On ne peut pas confier au chat le soin de garder la viande.
L’opposition est asphyxiée économiquement. L’opposition autorisée mesure ses faiblesses face au pouvoir, et ses limites légales privée de moyens d’action. Les conditions de fonctionnement des partis légalisés restent précaires : les dirigeants sont arrêtés, les cadres sont licenciés ou ne perçoivent pas leur salaire. Les proches des dirigeants, harcelés par la police, subissent des discriminations économiques, leurs biens immobiliers sont expropriés par décision des tribunaux.
L’opposition non autorisée, clandestine, même si elle dispose d’éléments armés, manque de visibilité. Mais il y a aussi de plus en plus de Djiboutiens de la diaspora susceptibles d’être mobilisés pour un changement démocratique. Nous travaillons pour créer un vaste rassemblement pour une alternance démocratique. Ce rassemblement doit viser très large au-delà de l’opposition actuelle, y compris des membres actuels de la coalition au pouvoir.
Le PND d’Aden Robleh, le parti de Moumin Bahdon et une grande partie de la faction du Frud alliée au pouvoir, et même des membres du Rpp, déçus de la dérive du régime.
Le Frud, qui reste un mouvement modeste de proposition après les deux scissions qu’il a subies, est prêt à participer à l’émergence des conditions d’une véritable alternance. Nous avons déjà entrepris des discussions avec les autres tendances issues du Frud, pour faire le bilan des positions respectives et travailler à une recomposition politique.
Djibouti reste une dictature à visage multipartite de façade. Nous avons à faire à un esthète de la forme, qui s’approprie tout le champ sémantique de la modernité et de la démocratie. Il se veut l’inventeur des droits de la femme à Djibouti, il qualifie Djibouti de pays émergent en technologie de la paix, de modèle de la démocratie, et se proclame le pompier de la Somalie. Mais les viols des femmes afars par l’AND restent impunis ; l’hôpital manque de sparadrap et de seringues ; un des rares coopérants français ayant construit des retenues d’eau à Dorra (région de Tadjourah), sauvant ainsi 15.000 nomades et leur cheptel de la soif, a été expulsé manu militari, les ONG qui pourraient soulager les souffrances de la population sont toujours interdites d’accès aux régions nord.
LNA : L’opposition est-elle en mesure de présenter un candidat unique à la présidentielle?
MK : Nous avons plus besoin de programme commun que d’homme providentiel. Pour aborder cette échéance déterminante, l’opposition doit se réunir dans l’urgence, hors de Djibouti, pour élaborer une plate-forme commune de transition susceptible de mobiliser l’ensemble des forces démocratiques et associatives. La diaspora doit prendre une part active dans cette mobilisation.
Il faut une double pression : pression populaire multiforme ; pression diplomatique, dans la mesure où 75% du budget de Djibouti provient de subsides extérieurs. Une fois ces étapes franchies, le choix d’une personnalité porteuse de ce programme de changement peut être abordé sans difficulté, ce sera un homme ou une femme de consensus.
LNA : Plusieurs hommes politiques ont été récemment épinglés par le pouvoir : Ahmed Dini (La Nation), Daher Ahmed Farah et Aden Robleh (Jeune Afrique). On notera que M. Robleh est membre de l’UMP (au pouvoir). Comment expliquer ces graves accusations portées y compris par le Président ?
MK : Le journal gouvernemental « La Nation » est connu pour ses frasques. Il exerce avec brio son magistère de boue à l’endroit des opposants. Plus étonnant est que Jeune Afrique l’Intelligent devienne le véhicule des accusations graves portées par Guelleh contre Aden Robleh, député de la majorité, qui, sans possibilité de défense, se trouve désigné comme le commanditaire de l’attentat anti-français du Café de Paris (qui a fait 1 mort et 15 blessés en 1990).
Guelleh a tout au plus agi comme un simple accusé essayant de sauver sa peau en chargeant un autre ; c’est peut-être le système de défense choisi par son avocat français établi de longue date à Djibouti. Ces insultes, ces diatribes contre les opposants et parfois contre ses partenaires ne sont que le prolongement d’autres violences.
Le chef de l’Etat reste prisonnier de sa structure de pensée d’ex-auxiliaire de police et de responsable de la sécurité, où il a pu exercer des violences inouïes contre les opposants et contre des civils innocents.
Il est l’un des commanditaires du massacre d’Arhiba, où 59 civils afars ont été tués par les forces de l’ordre en 1991. Il fut l’instigateur de torture contre les opposants, les civils Gadaboursis et les viols des femmes afars par l’armée (ce qui est contraire à toutes les traditions afar et somali). Il n’a d’ailleurs jamais prononcé un mot d’excuse ou de repentance pour ces centaines de victimes, principalement de son fait. Pire, il a installé sa résidence secondaire au sommet du village de Day, où sept personnes ont été brûlées vives par l’armée en septembre 1993, et dont les corps n’ont jamais été retrouvés.
LNA : Les autorités djiboutiennes ont aussi tenu des propos virulents à l’égard de la France. Comment analysez-vous ces faits ?
MK : Réflexe d’enfant gâté ! La France a assuré la pérennité de ce régime depuis l’indépendance. Durant les cinq premières années, elle a formé et financé l’armée, pourtant monotribale, tout en apportant des aides multiformes.
Elle a donc renforcé une dictature, participé à l’enrichissement d’Ismaël Omar Guelleh et de son entourage, dont la fortune est évaluée comme la sixième fortune africaine. Guelleh ne serait pas au pouvoir si le 28 février 1992 l’armée française ne s’était pas interposée face aux combattants du FRUD qui se trouvaient à 52 km de la Capitale. Ses valises étaient bouclées pour l’exil. Enfin, pour remplacer son oncle vieillissant, Ismaël Omar Guelleh a bénéficié d’un soutien important de la part de la France et de l’Ethiopie en 1999.
A un an de la présidentielle, Guelleh, qui a perdu tout crédit auprès de sa population, a besoin plus que jamais du soutien français et éthiopien. Il estime qu’il n’est pas assez soutenu par ces deux pays.
L’affaire du juge Borrel (ce magistrat coopérant français assassiné, selon toute vraisemblance, à Djibouti en 1995) connaît un nouveau rebondissement avec la déclassification des documents « secret défense ». La thèse du suicide, longtemps privilégiée, est battue en brèche. C’est à la justice française de faire toute la lumière sur cette affaire. Cette évolution a d’ores et déjà soulevé un vent de panique à la présidence, qui accuse la France de déstabiliser le chef de l’Etat. C’est peut-être une manière de forcer la main aux autorités françaises pour un soutien conséquent au deuxième mandat d’Ismaël Omar Guelleh.
De notre point de vue, Ismaël Omar a tort de gratter là où ça ne le démange pas, comme disent les Tziganes.
A suivre…
|
La LDDH vulgarise la décentralisation
Quand le théâtre de la rue est plus sérieux que la comédie politique
C’est avec un réel plaisir que nous reproduisons ci-dessous la lettre adressée au Ministre de l’Intérieur par la Ligue Djiboutienne des Droits Humains, relative à son initiative tendant à vulgariser par le biais d’un théâtre de la rue, les enjeux démocratiques des prochaines élections régionales, devant instaurer une réelle démocratie locale. Avant de vous livrer nos remarques, voici donc in extenso la lettre de M. Jean-Paul Abdi Noël. Il est somme toute normale que, contrairement à la propagande officielle, le citoyen prenne connaissance d’un point de vue politiquement neutre, uniquement soucieux de la promotion des Droits de l’Homme en République de Djibouti.
***
Djibouti le, 2 mai 2004
Au Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation Djibouti. République de Djibouti.
Objet :
Participation de la LDDH à la campagne de sensibilisation et de formation sur les instruments et les processus électoraux des élections régionales.
Monsieur le Ministre,
Lors des dernières catastrophes consécutives aux débordements de l’Oued d’Ambouli, avec le nombre impressionnant de morts et de disparus, vous m’avez demandé d’attendre quelques jours pour pouvoir vous pencher sur l’applicabilité des textes juridiques concernant la Décentralisation.
Aujourd’hui pratiquement deux semaines après les inondations, il est possible d’affirmer que vos actions, celles de votre Ministère, et du Commissaire de la République de la capitale, malgré le peu de moyens financiers mis à votre disposition et le manque total de stocks de premiers secours aux victimes des catastrophes, vos actions, d’une manière générale, ont été à mon avis très respectables, et je suis persuadé, que vous ne manquerez pas de soumettre au Chef du Gouvernement un nouveau plan ORSEC plus efficace et plus tangible dans les réactions de secours de première urgence.
Après ces dures épreuves pour nos populations, permettez-moi de vous soumettre notre volonté de participer activement à la campagne de sensibilisation et de formation à travers, d’abord, le Théâtre de Rue, et en deuxième étape, par une diffusion en langues Afare et Somalie sur les ondes radio de la RTD et sur le Terrain, avec si possible, le soutien concret de votre Ministère chargé de la Décentralisation, en particulier les Commissaires de la République, et les responsables du Département de la Décentralisation.
I – Sur le programme des actions de la Ligue Djïboutienne des Droits Humains (LDDH) en faveur des élections
Dans le cadre de nos prochaines actions, et compte tenu des suggestions, il a été décidé :
– 1°) la réalisation en premier lieu du Théâtre de Rue avec le calendrier que va très bientôt, nous proposer M. Saleh Daoud ;
– 2°) à une date ultérieure qui sera fixée le plus rapidement possible avec votre accord, pour des formations par diffusion Radio sur les ondes de la RTD, et par diffusion des textes de bases sur le Terrain, dans les deux langues Afare et Somalie.
Il) – En conclusion.
La mise en application rapide de notre programme de sensibilisation sera une manière d’attirer rapidement l’opinion nationale et internationale sur l’importance prioritaire de la bonne compréhension et de l’urgence de l’applicabilité de la Décentralisation qui est le principal moteur doté des outils primordiaux pour tout développement social et économique, pour la création du commerce intérieur viable, pour la mise en chantier des vecteurs de la concurrence économique et financière entre nos différentes Régions, et inéluctablement avec tous ses effets positifs’ sur l’économie nationale; pour la réussite d’une structure de jumelage dans l’intérêt d’un réel épanouissement de nos Régions.
C’est, donc, dans l’esprit de la défense de l’intérêt général, que la Ligue Djiboutienne des Droits Humains souhaite être entendue, par votre Département Ministériel, comme partenaire neutre, légitime et compétent, afin de participer à l’édification des mécanismes de la Décentralisation et à la « traçabilité » des intérêts globaux, parfois souvent négligés, et bâtir des structures solides afin d’éviter toutes antinomies ou plus exactement à faire face aux dérives antinomiques.
Avec mes sentiments déférents et fraternels
Jean-Paul Abdi Noël
Président de la LDDH
***
COMMENTAIRES
Si, indépendamment de nos réticences partisanes, nous avons décidé de publier cette correspondance, c’est pour au moins deux raisons. Tout d’abord, pour témoigner notre respect envers l’indépendance du travail effectué par la LDDH, à laquelle nous accordons bien volontiers notre tribune, dans la mesure où elle œuvre, en dépit de l’ostracisme que lui impose le régime, à la promotion des Droits de l’Homme dans notre pays. Quelle meilleure preuve de notre considération à son égard que la publication dans notre journal d’une lettre remerciant sincèrement un ministre en exercice de ce régime auquel nous avons tant à reprocher ?
En second lieu, c’est également parce que nous sommes conscients du fait que le processus de décentralisation soulève énormément d’espoirs auprès de nos concitoyens, cherchant désespérément un nouvel espace de libertés pour échapper au dispositif panoptique d’un despotisme qui a étouffé toute véritable expression de la volonté populaire. D’où notre réticence, justement : considérant que la Décentralisation telle qu’adoptée dans le cadre de l’Accord de Paix du 12 mai 2001 a été totalement vidée de sa substance (tant au niveau du contrôle des élections qu’à celui des prérogatives des élus locaux), il ne nous est pas possible de passivement cautionner cette nouvelle et intolérable entrave au développement politique de notre pays.
C’est pourquoi il est de notre devoir d’informer nos lecteurs et concitoyens qu’un profond débat s’instaurera bientôt au sein de l’UAD pour juger s’il est opportun de participer à ces élections régionales, dont Djibouti-ville serait d’ailleurs exclue.
En effet, comment peut-on parler de démocratie au niveau local quand la démocratie au niveau national est à ce point sabotée ? D’ailleurs, le congrès général de l’ARD, qui doit se tenir à la rentrée, aura également à trancher cette épineuse question : pourquoi continuer à cautionner par notre participation à une vie politique nationale truquée, un système réfractaire à tout respect de la volonté populaire ? A n’en pas douter, les débats seront houleux et l’unanimité loin d’être acquise. Nous y reviendrons la semaine prochaine.
* * *