La conférence de presse a été organisée à Paris par le représentant de l’USN en France à l’occasion de la présence en France de Me Zakaria Abdillah, avocat au barreau de Djibouti et président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). Une trentaine de participants ont fait le déplacement à la conférence dont le thème principal était l’Etat de droit au quotidien et la situation politique à Djibouti.
Etaient intervenants :
– Me Zakaria Abdillahi Elmi, président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH)
– Maki Houmed-Gaba, représentant de l’USN en France
– Abdourahman Waberi, écrivain djiboutien et militant des droits de l’homme
– Dimitri Verdonck, président de l’Association Culture et Progrès (ACP) en Belgique
– Hassanatou BA, représentante de la Fédération Internationale des Droits Humains (FIDH)
– Jean-Loup Schaal, président de l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti (ARDHD)
Le représentant de l’USN a introduit le débat sur la situation de l’Etat de droit qui prévaut à Djibouti en présentant les intervenants invités à la conférence
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Me Zakaria a le premier dressé un tableau précis des exactions récurrentes commises à Djibouti dans l’irrespect des droits de l’homme. Me Zakaria a pu donner de multiples illustrations de ce que Djibouti est caractérisé par une absence totale d’Etat de droit, les juges rendant des décisions en totale violation de la constitution. La tendance s’inversant parfois, un prévenu libéré par le juge pouvant rester en détention à la demande du ministre de l’intérieur, ce qui a été le cas de l’opposant Daher Ahmed Farah. Me Zakaria également a rappelé dans quelles circonstances des détenus croupissaient dans des prisons privées sans avoir été jugés.
Abdourahman Waberi, l’écrivain de renom, a évoqué son engagement citoyen en dehors des cadres des partis politiques pour accompagner au plus près et épouser le rythme de la société djiboutienne. Abdourahman a évoqué le regard critique sur la société djiboutienne qui a été son fil conducteur dans les différents romans qu’il a écrits. Enfin, Abdourahman a relaté l’organisation par les Djiboutiens des Etats-Unis de la manifestation historique devant la Maison blanche le 5 mai de cette année lors de la réception d’Ismaël Omar Guelleh par le président Barak Obama. Il a insisté sur le besoin de maintenir la pression sur ce régime qui ne survit que par le mensonge médiatique. Abdourahman a rendu hommage aux Djiboutiens des Etats-Unis qui ont aussi bien compris combien l’interpellation des pouvoirs publics et des élus locaux était une méthode qui pouvait donner de bons résultats.
Hassatou BA a rappelé au nom de la FIDH dont elle représente le bureau Afrique à cette conférence, les actions de défense des droits humains menées sur Djibouti où la situation est malheureusement bien connue de leur organisation. Madame BA a rappelé que la FIDH avait soutenu les actions de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) à Djibouti où une mission sera programmée sous peu.
Dimitri Verdonck, présidente de l’Association Culture et Progrés (ACP) a rappelé dans quelles circonstances l’Association ACP qu’il préside à Bruxelles se tient aux côtés des Djiboutiens pour les soutenir dans la lutte pour la démocratie. Les démarches effectuées par cette association en collaboration avec le représentant de l’USN auprès de l’Union européenne Ali Déberkalé a permis de nouer des liens forts avec les députés européens et ont pu obtenir des soutiens qui ont permis d’aboutir notamment à faire adopter en juillet 2013 la résolution pour la défense des droits de l’homme à Djibouti. Dimitri Verdonck a appelé les Djiboutiens a avancer aussi des propositions pour changer leur pays et ne pas se limiter à la dénonciation bien que légitime.
Jean-Loup Schaal, Président de l’ARDHD, a remercié les Djiboutiens pour la reconnaissance de son parcours par l’organisateur de la conférence. M. Schaal est en effet le doyen d’un soutien historique à la lutte pour la démocratie à Djibouti depuis 1992. Il a ensuite porté son élocution sur le besoin pour l’USN d’élaborer un véritable programme d’alternance politique pour montrer qu’elle est prête pour une relève démocratique à la dictature. Il a appelé les Djiboutiens à persévérer dans leur actions de lutte et que l’ARDHD serait toujours à leur côté pour soutenir leurs démarches en faveur de la restauration des libertés et des droits de l’homme dans leur pays.
La conférence touchant à sa fin, le représentant de l’USN a ouvert la série de questions réponses entre l’assistance et les intervenants.
Makaïla Nguebla, blogueur journaliste tchadien et défenseur des droits de l’homme, a présenté un parallèle entre les dictatures au Tchad et à Djibouti, et a appelé à aider les femmes djiboutiennes dans les difficultés qu’elles connaissent au quotidien, autant sur le plan du droit de la famille que sur celui des représailles qu’elles vivent pour leur participation active à la révolte.
En réponse à une question du journaliste Régis Marzin concernant la médiation de l’Union africaine, Me Zakaria a répondu que la proposition de médiation a été effectuée sur la recommandation de la commission européenne, laquelle a pour sa part toujours soutenu la demande de l’USN que les résultats des élections du 22 février 2013 soient publiés bureau par bureau par le gouvernement djiboutien.
Avant de conclure, le représentant de l’USN a répondu dans une synthèse aux observations les plus récurrentes pendant la conférence. Le rôle de l’USN a notamment été rappelé. Elle consiste en une structure de l’opposition qui rassemble, au-delà des partis politiques, les opposants djiboutiens et les citoyens attachés à la défense des Droits de l’homme. Si l’USN a été créé et une participation aux élections législatives de février 2013 a été décidée, ce fut avec le soutien et la complicité des citoyens, en toute conscience des fraudes à venir mais déterminés à battre le pavé jusqu’à la reconnaissance de leurs votes.
La demande de négociations politique adressée par l’USN au gouvernement djiboutien avec la médiation de la commission de l’Union africaine vise à établir, a rappelé le représentant de l’USN, les conditions minimales d’élections transparentes en 2016 et au-delà.
S’agissant de la genèse et du projet de l’USN, le représentant en France a rappelé que l’élaboration de la Charte et de la Plateforme était destinée précisément à renforcer la structure de cette coalition, et qu’il existait bel et bien un projet politique en cours d’approfondissement avant sa publication.
Le représentant de l’USN a conclu la conférence en appelant à un grand rassemblement à Bruxelles le 27 juin, jour anniversaire de l’indépendance nationale, pour marquer une nouvelle étape dans la dénonciation de la dictature et pour présenter l’avancement des projets de la coalition USN.
Maki Houmed-Gaba
Représentant de l’USN en France
Fait à Paris, le 30 mai 2014