Communiqué de presse : Vingt-cinq civils tués par la police et situation insurrectionnelle à Djibouti,
par le représentant de l’USN en France
Un carnage en règle a eu lieu ce lundi 21/12 à Djibouti où la police a abattu 25 civils réunis pour une cérémonie rituelle dans la localité de Buldhuqo, près de Balbala en périphérie de Djibouti-ville, où la communauté Yonis Moussa avait demandé l’autorisation d’organiser une soirée de prière à la mémoire de son défunt père fondateur Yonis Moussa.
Le ministère de l’intérieur a opposé une fin de non recevoir à cette demande non seulement en vertu du décret du 25 novembre 2015 sur l’état d’urgence interdisant tout rassemblement public mais aussi sans doute en raison de l’affiliation de l’opposant USN Abdourahman Boreh à cette même famille. Le chef de l’Etat avait récemment exclu de sa garde rapprochée tout membre apparenté à ce groupe, dont sont également issus le secrétaire général de l’USN Abdourahman Guelleh dit TX ou le secrétaire général du MODEL Abdillahi Adawé.
Devant l’insistance des organisateurs et le refus de quitter le terrain vague, la situation a tourné au drame avec l’ordre donné à la police de tirer sur la foule à balles réelles. Une dizaine de camions de police remplis d’agents sur armés sont arrivés sur le lieu et ont fait usage de leurs automatiques contre les organisateurs et les pénitents. Bilan immédiat de 25 tués par balles et 150 blessés.
Le ministre de l’intérieur dénonce quant à lui dans un communiqué « l’organisation d’une manifestation religieuse orchestrée par des individus malintentionnées et agissant sur instructions des parrains agissant à partir de l’étranger. » Ce qui ne correspond à aucune réalité.
L’USN, Union pour le salut national, coalition de l’opposition djiboutienne, a alors décidé de tenir une réunion de crise dans l’après-midi pour examiner cette situation grave en conviant les membres du Haut-Conseil de l’USN au domicile de Me Djama Amareh Meidal, secrétaire aux relations extérieures de l’USN.
C’est alors que les forces spéciales du président Ismaël Omar Guelleh ont décidé de mener un véritable raid contre les membres du Haut-Conseil en défonçant la porte du domicile de Me Djama Amareh Meidal, conseiller juridique de l’USN, et en tirant à balles réelles et au lacrymogène provoquant de nombreux blessés graves parmi les dirigeants de l’USN.
Le président de l’USN Ahmed Youssouf a été touché par les projectiles des balles et est tombé lourdement sur sa hanche dans la bousculade. Il est actuellement admis au service des urgences de l’hôpital Bouffard où il est pris en charge pour une fracture au bassin.
L’ancien ministre de la justice Hamoud Abdi Souldan qui était présent à la réunion en qualité de conseil a été très durement roué de coups et transporté à l’hôpital Bouffard couvert de sang et de nombreuses blessures sur le haut de son corps et son épaule.
Le plus jeune député de l’USN Said Houssein Robleh a été touché par une balle réelle au niveau de la veine jugulaire et transféré au service des urgences de l’hôpital Bouffard où il est actuellement entre la vie et la mort et doit subir une opération au bloc opératoire. Le jeune député avait déjà fait l’objet de matraquage par la police le 10 décembre en compagnie du député Ahmed Assoweh au café l’Historil où ils étaient accusés d’organiser des rencontres avec les fonctionnaires de la place.
Il s’était fendu d’un message vidéo sur les réseaux sociaux parlant du président Ismaël Omar Guelleh comme doté d’une intelligence d’un bandit en chef qui envoie ses troupes contre qui il veut et bât qui il veut sans aucun respect pour l’immunité parlementaire. Il avait appelé les jeunes à se soulever pour leurs droits et pour l’honneur d’un drapeau sali par les bandits qui accaparent le pouvoir.
Abdourhaman Mohamed Guelleh dit TX, secrétaire général de l’USN, a été très violemment battu sur le lieu de la réunion puis emmené manu militant complètement couvert de sang par la police vers une destination à ce jour toujours inconnue.
Me Djama Amareh Meidal a été lui aussi battu dans son domicile où se tenait la réunion puis empêché de sortir pour chercher des soins. Il est bloqué dans son domicile entouré d’une équipe de policiers en armes. A noter que Me Djama Amareh est l’un des avocats conseil de l’opposant Abdourahman Boreh dans son procès contre le président djiboutien. Un fils de Djama Amareh, Ibrahim, a quant lui été interpellé et emmené par les forces spéciales pour une destination inconnue.
Daher Ahmed Farah, porte-parole de l’USN et président du MRD est détenu depuis dimanche matin 20/12 au commissariat du 3e arrondissement de Djibouti où il subit un interrogatoire interminable. De plus, 5 membres de son entourage ont été arrêtés le 21/12 : il s’agit de Kader Mohamed Egueh, Guelleh Omar Arreh, Ismaïl Farah Guelleh, Abdoulkarim Djama Guedi et Ali Robleh Omar.
Des centaines de citoyens djiboutiens sont descendus dans la rue suite à cette agression des forces spéciales, provoquant courses poursuites et lancées de projectile entre manifestants et policiers sur l’ensemble de la vile de Djibouti jusqu’en début de soirée.
Deux déclarations publiques ont été lues en fin de journée par le vice-président de l’USN Omar Elmi Khaireh et par le secrétaire permanent et député USN Ismaël Ahmed Assoweh. Ils ont appelé les Djiboutiens à ne pas tomber dans le piège de la haine et de la vengeance. « Nous n’aurons nulle part ailleurs où aller si notre pays Djibouti se détruit ». Ils ont sévèrement condamné l’acte odieux commis par le régime et soutenu qu’un gouvernement qui battait et martyrisait son peuple ne pouvait le représenter.
Les évènements graves qui se sont déroulés ce lundi 21 décembre ne doivent pas occulter la quarantaine de prisonniers déjà détenus sans aucun jugement dans les centres de Nagad et Gabode depuis plusieurs semaines au motif d’une participation à des réunions interdites.
Une enquête impartiale doit être diligentée dans les brefs délais afin de traduire devant la justice tous les responsables des actes commis contre la vie des citoyens djiboutiens.
Une fin de règne se profile sans conteste à Djibouti. Alors que l’USN reste attaché à la paix et à une transition pacifique vers la démocratie, le président Ismaël Omar Guelleh semble décidé, 3 mois avant la date d’une présidentielle déjà remise en cause en raison d’absence d’application de l’accord-cadre du 30 décembre 2014, à sacrifier le processus électoral sur l’autel d’une permanence au pouvoir et au prix d’une servitude imposée au peuple djiboutien.
Maki HOUMED-GABA
Représentant de l’USN en France
Fait à Paris, le 22/12/2015
Tél. 06.25.52.08.85