Réalité numéro 67 du mercredi 22 octobre 2003 |
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Sommaire
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Directeur de Publication :
ALI MAHAMADE HOUMED Codirecteur : MAHDI IBRAHIM A. GOD Dépôt légal n° : 67 Tirage : 500 exemplaires Tél. : 25.09.19 BP : 1488. Djibouti Site : www.ard-djibouti.org Email : realite_djibouti@yahoo.fr
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Éditorial
RÉPUBLIQUE PACIFIEE DU SOMALILAND VISITE
DÉMOCRATIE AUTOPROCLAMEE DE DJIBOUTI
T out le développement des rapports internationaux
entre toutes les civilisations humaines dans toutes
les zones géographiques l’atteste : il n’existe aucune Histoire ex nihilo, se déployant à partir du néant. C’est pourquoi la prétention du Chef de l’Etat de faire la Paix dans la lointaine Mogadiscio, tout en osant ignorer le proche Somaliland, ne pouvait que rencontrer le terrible désaveu de la réalité concrète, historique. Surtout lorsque l’on sait que, depuis la dislocation de l’ancienne République Démocratique de Somalie, la seule «contribution» des dirigeants de Mogadiscio à notre destin national, ce fut l’envoi en 1993 de troupes mercenaires chargées de combattre le FRUD et d’attiser un conflit fratricide.
Donc, le verdict fut en effet impitoyable : sans aller jusqu’à dire que la Conférence de Réconciliation Somalienne d’Arta fut une énorme mystification (le RPP réduit souvent la politique à la comédie), il est révélateur que le régime djiboutien se félicite aujourd’hui de l’échec de la nouvelle tentative kenyane : alors que du temps d’Arta c’était l’Egypte que Djibouti accusait de sabotage, c’est maintenant le Kenya qui serait coupable de zizanie !
Mais il est autrement plus réconfortant de voir l’Etat djiboutien adopter une position qui est celle du FUOD (du FRUD et de l’ARD) depuis 1992 : la reconnaissance du Somaliland comme entité étatique en conformité avec les règles internationales. A l’ARD, nous sommes donc extrêmement heureux qu’un terme soit de facto mis à d’inadmissibles campagnes haineuses contre de si proches voisins qu’il y a encore peu la presse gouvernementale traitait de Juifs de la Corne et contre un pays qu’elle qualifiait de Bantoustan ou encore de Disneyland.
Personne ni aucune résolution du Conseil de sécurité ne peut obliger les Somaliens à vivre ensemble : en attendant leur réconciliation, les Djiboutiens doivent impérativement, pour leur part, établir les meilleures relations de bon voisinage possible avec leurs plus proches voisins géographiquement, mais aussi historiquement, culturellement et économiquement. Notre pays ne serait pas tout à fait ce qu’il est si Hargueisa et Borama n’existaient pas.
Même si les incohérences du dispositif protocolaire déployé à l’occasion de la visite du Président somalilandais à Djibouti montrent que le régime RPP ne sait pas encore sur quel pied danser dans un revirement imposé par certaines contraintes, nous souhaitons vivement pour la consolidation de notre concorde nationale comme pour la crédibilité de notre diplomatie régionale, que la reconnaissance du Somaliland en tant qu’Etat souverain devienne à très court terme une réalité incontournable, irréversible, au plus grand bénéfice des deux peuples.
Certes, Hargueisa n’offre aucune opportunité mafieuse à certains affairistes patentés, mais le Somaliland aurait certainement quelques leçons à donner au RPP en matière de paix intérieure ou même de transparence électorale et d’alternance démocratique: d’une part parce que plus de civils ont été tués ici que là-bas par les troupes gouvernementales depuis une décennie, d’autre part parce que, contrairement à la nôtre, la CENI ne s’y est pas couverte de ridicule. Peut-être est-ce dû au fait qu’au Somaliland, où le dynamisme du secteur privé n’est pas à démontrer, le ridicule ne rapporte pas : ce Peuple a trop souffert de la dictature et du génocide pour brader sa fierté et son honneur au profit du premier opportuniste venu.Nous en sommes donc tous convaincus, si cette reconnaissance même tardive du Somaliland devait devenir réalité, elle impliquera nécessairement une réhabilitation historique par laquelle la démocratie autoproclamée de Djibouti réparera une intolérable injustice dont sont victimes depuis l’Indépendance des milliers de Djiboutiens : celle des Kaar-Dameer.
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Brèves nationales
Fatwa présidentielle contre le palmier-doum:
Un discours qui fera datte ?
Ainsi que nous l’annoncions dans notre brève de la semaine passée, le Chef de l’Etat n’a pas hésité à prodiguer ses sages conseils à la population de Yoboki et de tout le Sud-Ouest. Le nouveau lauréat de l’université d’agriculture de Tokyo a ainsi proposé une culture de substitution au palmier-doum dont est extrait le vin de palme, doma en langue locale. L’auguste visiteur, apparemment soucieux de préserver la santé de ses concitoyens, suggère de cultiver le palmier dattier.
L’expert en question agropastorale semble ignorer que le palmier-doum donne un fruit savoureux et que ses feuilles servent à tresser des nattes utilisés dans la fabrication des maisons traditionnelles(daboïta), des tapis et des ustensiles de conservation du lait et des denrées alimentaires. En outre, en période de sécheresse, les vaches se nourrissent de ses feuilles. Quant au palmier dattier, en plus de ses dattes nourrissantes, il donne également un vin de palme. Tout dépend de l’utilisation, bonne ou mauvaise, que la population fait de ces palmiers, doum ou dattier.
Les méchantes langues se rient des conseils d’un « agronome » lui-même promoteur de la culture de khat, en rappelant l’utilité socioéconomique du palmier doum contre lequel le Président a lancé son épique fatwa. Ironie de l’histoire, quelques heures après ce discours présidentiel, des dizaines de sacs de khat ont été généreusement distribués aux habitants de Yoboki : pour fêter la journée mondiale de l’alimentation ?
Un cadavre remuant :
Parabole à propos de l’affaire Borel
Cette parabole tirée du Coran vaut ce qu’elle vaut. Elle n’en est pas moins riche d’enseignements. Moïse, sur ordre divin, demande aux fils d’Israël d’abattre une vache. Les enfants d’Israël tergiversent, tournent autour du pot, rechignent mais finissent par obtempérer, après description détaillée de la vache à sacrifier.
Il y avait là le cadavre d’un homme assassiné. Le coupable restant introuvable, il fut demandé aux fils d’Israel de frapper le cadavre avec un morceau de viande prélevée sur la vache sacrifiée. Ceci fait, le cadavre ressuscita et désigna son meurtrier.
Le rappel de cette parabole est inspiré par le récent rebondissement de l’affaire Borel. La partie civile reste convaincue que, d’une manière ou d’une autre, le cadavre du magistrat français désignera les coupables : commanditaire, complices et exécutants de ce crime maquillé, selon les derniers développements de l’enquête, en suicide. Rappelons toutefois que tout suspect (si, comme semblent le laisser croire les nouveaux éléments de l’enquête, il s’agit d’un crime) reste par définition présumé innocent. Mais cette parabole démontre enfin qu’aucun crime ne reste impuni ici-bas, ni a fortiori dans l’au-delà, quelles qu’en soient les circonstances.
Grave accident sur la route Dikhil-Galafi :
La négligence tue encore
Samedi dernier, vers 9 heures trente du matin, un grave accident a coûté la vie à un jeune policier embarqué quelques minutes plut tôt à bord d’un camion militaire lourdement chargé et roulant en direction de Dikhil. L’accident survenu au lieu-dit Sabir, entre Gallamo et Gorabous, a été provoqué par la rupture du capot qui a violemment heurté ce passager. Un taxi-brousse en route vers Dikhil a accepté de convoyer le blessé jusqu’au dispensaire. Une fois sur les lieux, les autorités médicales de Dikhil bien que disposant de plusieurs véhicules, et malgré l’état préoccupant du blessé, ont demandé au taxi-brousse, déjà lourdement chargé, de procéder lui-même à son évacuation sur Djibouti-ville. C’est donc à bord de ce taxi-brousse que le policier blessé est décédé aux environs de Wéa, victime de la négligence des autorités médicales de Dikhil. Il s’appelait Ali Cheiko Hamad.
Inna Lillah Wa Inna Ilayhi Raaji’uun
Immigrés clandestins :
Pignon sur rue ?
A l’approche du mois béni du Ramadan et après qu’ils aient appris le caractère ephémère des rafles, les clandestins expulsés en août dernier, ont refait surface à Djibouti de manière ostentatoire. Dans tous les quartiers de la Capitale, sur les principales artères ainsi que dans les transports en commun, leur retour remarqué alimente les conversations quotidiennes des Djiboutiens. Le camp d’Awr-Awsa se dépeuple chaque jour au profit de la Capitale. Les immigrés clandestins ont donc gagné du terrain et les Djiboutois pourront aisément vérifier cette réalité durant le Ramadan.
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L’ARD dans le Sud-Ouest
Le flambeau ARDent contre l’obscurantisme RPP
A l’invitation des militants de cette région, une forte délégation de notre parti, conduite par M. Ahmed Youssouf, président par intérim, a effectué vendredi et samedi derniers une tournée de travail dans le district de Dikhil. Partout où elle est passée, la direction de l’ARD a reçu un accueil enthousiaste. Moins de 24 heures après la visite présidentielle à Galafi et Yoboki, l’incontestable réussite de cette tournée d’un mouvement emblématique de l’opposition nationale dans le Sud-Ouest sonne comme un désaveu cinglant de la politique-spectacle instituée, depuis bientôt cinq ans, par le Chef de l’Etat.
« Merci d’avoir répondu favorablement à notre appel, nous vous attendions impatiemment ». C’est par ces mots que les militants et sages de la ville d’As-Eyla ont accueilli notre délégation arrivée sur place vendredi à 11 heures. Après la grande prière du vendredi, un copieux et sympathique déjeuner a réuni à l’annexe de notre parti les membres du comité d’As-Eyla, les sages de la région et la direction venue de la Capitale. Dans l’après-midi, une réunion élargie aux militants de cette ville a été organisée à l’annexe de notre parti. La direction de l’ARD a délivré un message d’espoir en rappelant que le combat contre l’injustice continue jusqu’au triomphe du droit sur l’arbitraire.
De leur côté, les militants et sages ont largement évoqué l’obscurantisme et la mauvaise gouvernance du système RPP, basé sur le sectarisme, le mensonge et le bakchich. Pour illustrer leurs propos, les notables ont fait goûter à la direction de l’ARD l’eau courante du robinet d’As-Eyla. Cette eau aigre provient d’un forage situé à quelques dizaines de mètres d’un puits traditionnel dont l’eau est excellente et abondante. A plusieurs reprises, les habitants de cette ville se sont plaints aux autorités de la mauvaise qualité de l’eau courante provenant de ce forage, tout en demandant un autre forage produisant une eau potable vraiment douce.
A ce jour, leurs appels n’ont pas été entendus : les habitants continuent donc de consommer une eau difficile à avaler et à l’origine, semble-t-il, de multiples problèmes digestifs et dentaires dont, se plaint cette population ignorée. Dans la soirée de vendredi, la délégation est rentrée à Dikhil où elle a tenu une grande réunion toute la nuit durant avec les membres du comité de l’annexe ARD de cette ville. La direction de notre parti a passé la nuit dans cette vaste annexe que le président de la fédération de Dikhil avait superbement organisée en maison d’hôtes pour la circonstance.
Le lendemain matin, la délégation a tôt quitté Dikhil pour la localité de Gorabous et le poste administratif de Yoboki.
Gorabous rend hommage au courage et à la dignité de l’ARD
Dans la matinée de samedi le cortège de la direction de l’ARD, composé de trois véhicules 4X4, est entré triomphalement dans le village de Gorabous, situé sur l’axe routier Dikhil-Galafi. Les membres de notre délégation ont été portés en triomphe par une population qui scandait : « bienvenu au parti du courage et de la dignité! vive l’ARD ». Rappelons que la population de ce village martyr, détruit par les troupes gouvernementales en février 1992, avait vivement protesté lorsque, mardi 14 octobre 2003, cinq de nos responsables avaient été arbitrairement arrêtés à Yoboki.
Le lendemain mercredi 15 octobre, les jeunes de Gorabous ont déployé une banderole où l’on pouvait lire en français et en arabe : « Nous sommes tous rebelles ! ». Ce qui signifiait rebelle au système RPP. Ce geste symbolique aurait-paraît-il, donné quelques sueurs froides au convoi de la fameuse garde présidentielle qui avait traversé le village ce jour-là, en route pour Yoboki. Après s’être entretenu avec les jeunes et les sages de Gorabous, la délégation de l’ARD a pris le chemin de Yoboki, dernière étape de sa tournée dans la région.
Yoboki brandit le flambeau ARDent
Samedi matin, il régnait une effervescence particulière à Yoboki : la population rassemblée devant l’annexe de l’ARD s’apprêtait à réserver un accueil délirant à la délégation de notre parti qu’elle attendait depuis fort longtemps. Signalons par ailleurs que l’ancien tableau de notre parti avait été endommagé quelques heures après le départ de Yoboki du Chef de l’Etat, par des nervis du régime aux ordres, paraît-il, d’un membre de l’entourage présidentiel. Le nouveau tableau est arrivé dès le lendemain.
Se déroulant à peine 48 heures après l’inutile et clownesque visite présidentielle dans cette ville, notre tournée avait pour but de démystifier la politique officielle basée sur le mensonge, la division et le bakchich. En se mobilisant massivement pour accueillir fièrement l’ARD, les Yobokois entendaient de leur côté prouver que leur cœur battait pour l’ARD : le seul espoir de demain. C’est finalement aux environs de 10 heures du matin que la délégation de l’ARD, continuité historique du FRUD a fait une entrée remarquée dans cette ville martyre de Yoboki, pour y délivrer un message historique de paix et de réconciliation nationale.
Aussitôt arrivée, une foule nombreuse et enthousiaste a commencé à danser et à chanter. Les jeunes filles ont alors entonné un chant mémorable en l’honneur de l’ARD et de toute l’opposition regroupée au sein de l’UAD. Preuve que la Jeunesse ne voit pas son avenir avec l’actuel régime, synonyme pour elle d’injustice, de fraude et de mépris permanent.
Après une réunion avec les notables de la ville rassemblés à l’intérieur de notre annexe, les dirigeants de l’ARD se sont ensuite adressés à une foule en liesse. Tour à tour, MM. Ahmed Youssouf, Adan Mohamed et Ali Mahamadé ont remercié la population yobokoise pour l’accueil historique réservée à notre délégation. Tous ont insisté sur le caractère démagogique et électoraliste des attentions que le régime feint d’accorder maintenant à Yoboki et aux autres zones affectées par le conflit.
Après avoir expliqué la vraie réhabilitation, contenue dans l’Accord de paix du 12 mai 2001, tous ont conclu : Yoboki et toutes les zones affectées par le conflit doivent lutter contre ce système qui refuse d’œuvrer à la réconciliation nationale par une réelle réhabilitation. Message reçu cinq sur cinq. A quoi la population de Yoboki a massivement répondu : « nous rejetons l’obscurantisme du régime. A bas le RPP ! »
A la fin du meeting, le cortège de l’ARD a effectué une émouvante visite de l’ancienne ville de Yoboki, totalement détruite par les troupes gouvernementales en février 1992. Quel spectacle de désolation et de mépris gouvernemental : qu’est ce qui a empêché ce régime de la reconstruire depuis 1994, date des fameux accords d’Ab’a signés à quelques kilomètres de cette localité ? Le constat est donc alarmant : des dizaines de maisons en dur, sans toit ni portes ou fenêtres, totalement abandonnées et non reconstruites, alors qu’aucune contrainte sécuritaire ne le justifie. Même le siège du RPP est toujours situé dans un bâtiment aux trois-quarts détruits.
Quelle honte pour ce régime prétendant électrifier quelques maisons reconstruites par les Yobokois eux-mêmes, et se contentant pour l’instant d’allumer quelques lampadaires. Oui, et là est l’aberration : samedi, une dizaine de poteaux d’éclairage public récemment installés sur les abords de la route de Galafi traversant Yoboki étaient allumés toute la journée.
Pendant ce temps, les habitants sans électricité depuis onze ans continuaient pour leur part à suffoquer chez eux, dans leurs maisons délabrées. Lamentable gâchis de ce régime de gaspillage, mais aussi formidable prise de conscience politique latente, qu’est venue réveiller l’ARD, (UAD) chez une population yobokoise édifiée et brandissant désormais le flambeau ardent de sa victoire sur l’obscurantisme et le chantage clientéliste. Yoboki a donc définitivement tourné la page des années sombres, symbolisée par le régime RPP, en entrant dans l’ère nouvelle chargée d’espoir avec l’ARD.
La population yobokoise désenchantée par le RPP et désormais mûre a réaffirmé sa détermination à ne plus se laisser intimider par des exactions d’un autre âge. Tout comme elle ne se laissera plus abuser par des bakchichs inutiles (khat cette semaine encore ) ou des inaugurations (groupe électrogène) en trompe-l’oeil et autres promesses sans lendemain.
Mobilisée, elle n’attend du concret que de l’UAD.
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M. Ismaël Guedi répond
Suite à la polémique soulevée dans les colonnes du « Progrès », M. Ismael Guedi, Président de l’UDJ, nous a fait parvenir la mise au point suivante que nous publions bien volontiers.
«L’auteur de la « Tribune libre » généreusement présenté par « Le Progrès » s’est lamentablement trompé de référence historique. Il a confondu Ismaël Omar, le policier et l’agent de l’administration coloniale avec Ismaël Guedi, l’inspecteur du Travail qui s’acquittait de son travail avec foi et rigueur.» Ismael Guedi
Sous la rubrique « Tribune libre » le journal du RPP, « Le Progrès » a publié dans son édition n°94 du 9 octobre 2003, les propos d’un certain L.M qui n’a même pas eu le courage d’écrire son nom en critiquant et commentant au nom de ses maîtres, l’entretien que j’ai accordé à l’hebdomadaire « Réalité », organe de l’Alliance Républicaine pour le Développement. Les accusations proférées à mon encontre appellent de ma part la mise au point suivante.
En tant que démocrate et fervent partisan de la liberté d’expression, je ne récuse pas les critiques, à condition qu’elles soient fondées. C’est pourquoi la mise au point qui suit me tient à cœur, non seulement pour répondre à L.M., un courtisan des hommes du pouvoir et du RPP, mais aussi pour mieux éclairer en général les Djiboutiens et les lecteurs du « Progrès », et en particulier les jeunes de la génération de 15 à 35 ans, n’ayant ni suivi ni vécu l’Histoire des quarante dernières années de notre pays, surtout en ce qui concerne la lutte pour l’Indépendance. Ne rien dire ou ne rien faire, serait laisser passer des contrevérités inadmissibles, destinées à influencer pour mieux induire en erreur les Djiboutiens, par des écrits entachés d’ignorance et de mauvaise foi.
L’auteur de l’article du « Progrès » est surpris de mon entretien avec M. Mahdi Ibrahim de « Réalité» : il oublie que depuis plus de huit ans je suis un acteur politique, un opposant qui rejette et condamne la gestion désastreuse du gouvernement. Et que je suis de surcroît le Président de l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ), formation politique qui agit au sein de l’UAD (Union pour l’Alternance Démocratique) et dont l’importance et l’audience sont incontestables.
Dans notre pays, la fièvre pour une certaine émancipation, un début de prise de conscience de la situation coloniale de notre pays a commencé depuis plus de 40 ans. Quand bien même il y aurait quelques mouvements ou quelques cas isolés, la vraie lutte a débuté avec l’arrivée sur la scène politique djiboutienne du grand héros national Mahamoud Harbi Farah.
En 1960, l’année des indépendances africaines, un parti nationaliste que les falsificateurs de l’Histoire du pays ont tendance à ignorer était né à Djibouti. Il s’agissait du Parti du Mouvement Populaire (PMP) dirigé par des hommes valeureux dont l’un des principaux acteurs était M. Moussa Ahmed Idriss. La manifestation de 1960 contre le Ministre de la France d’Outre-Mer, M. Robert LECOURT, en visite à Djibouti, et celle de 1966 contre le Général DE GAULLE a été organisée par ce parti. J’ai été un militant et adhérent de la première heure de cette formation.
Ma carte d’adhésion toujours en ma possession jusqu’à aujourd’hui illustre bien mon patriotisme et mon rejet du colonialisme. D’abord Premier Vice-Président puis Président de l’Association des Etudiants et Stagiaires Djiboutiens à Paris, avec mes amis, nous avons dénoncé et condamné constamment auprès des médias et des mouvements d’étudiants des partis français de gauche, la répression qui s’abattait sur nos concitoyens.
Après mon retour à Djibouti en 1966, j’ai été un des rédacteurs, sinon le principal rédacteur qui assurait chaque semaine la publication du bulletin d’information du PMP, jusqu’au mois de mars 1967, date d’interdiction par l’administration coloniale du Parti du Mouvement Populaire. Plusieurs ténors politiques djiboutiens encore en vie pourront confirmer aisément, y compris des personnalités liées au pouvoir actuel, s’ils sont de bonne foi.
A l’extérieur de Djibouti, s’est formé un Front de Libération de la Côte des Somalis (FLCS) dirigé par le patriote Aden Robleh Awaleh, qui lui aussi avait interrompu ses études pour venir, en même temps que moi, au secours des djiboutiens.A peu près à la même époque, se sont constitués plusieurs partis : l’UPA (l’Union Populaire Africaine) dirigée par Hassan Gouled, l’AJP (l’Action pour la Justice et le Progrès) de Moumin Bahdon, et la LAO ( Ligue pour l’Avenir et l’Ordre) dirigée par Ahmed Dini Ahmed.
Ces dernières ont fusionné et ont pris le nom de Ligue Populaire Africaine pour l’Indépendance (LPAI) dont les principaux dirigeants ont été Hassan Gouled et Ahmed Dini.
Par ailleurs, un groupe de députés appelé les 13 parlementaires à la tête desquels se trouvait Barkat Gourad Hamadou a joué un rôle éminemment décisif dans la marche vers l’Indépendance. Je confirme ici ce qu’a dit le dénommé Baxwell ( cadre de la LPAI à n’en pas douter ) dans ce numéro 66 de « Réalité ». Effectivement, j’ai été invité, bien qu’Inspecteur du Travail avec d’autres à assister à des réunions de travail, les après-midi, au domicile du Président Hassan Gouled souvent sous sa présidence. Nous abordions des sujets aussi divers que l’organisation administrative de la future république, les finances, et chacun des participants faisait un exposé dans le domaine de sa compétence. C’est lors d’une de ces réunions que j’ai fait la connaissance d’hommes comme Maître Antoine PINET ou encore Patrick MILLON.
Mon militantisme pour la liberté, engagé en 1960, a culminé en 1976 avec ma participation à la Conférence de Paris, après que le Président Valéry GISCARD D’ESTAING eut reconnu la vocation du TFAI d’accéder à l’indépendance. Tous les mouvements extérieurs et tous les partisans de l’indépendance basés à Djibouti étaient présents. La partie française et les nombreuses délégations du TFAI se sont mises d’accord et ont arrêté la date du 27 juin 1977 jour de l’Indépendance.
Là aussi, j’avais apporté ma modeste contribution pour rapprocher les positions des uns et des autres. Ce fut le couronnement d’un long combat pour tous ceux qui, des années durant, ont lutté inlassablement pour l’Indépendance de notre pays.
C’est vrai, j’étais un fonctionnaire modèle, inspecteur du travail, responsable d’un secteur très important de l’administration, un arbitre entre toutes les parties, mais je ne négligeais pas pour autant les activités tendant à faire bouger le pays, pour qu’il rejoigne les autres pays libres de l’Afrique post-coloniale.
Bien que tenu par l’obligation de réserve, j’ai été quelque fois contraint d’évoluer sur des terrains hérissés d’obstacles, je n’ai jamais failli à ma mission. Je ne me suis jamais dérobé. Chaque fois que les partis qui combattaient le colonialisme avaient besoin de moi, j’étais présent. Je n’ai jamais été un collabo, ni policier ni agent de renseignements, et encore moins lié à une quelconque administration chargée de la répression des indépendantistes qui, quotidiennement, intimidait les cœurs et les esprits épris de liberté. Comme l’a très bien souligné le courrier publié par le numéro 66 de « Réalité », l’auteur de la « Tribune libre » généreusement présenté par « Le Progrès » s’est lamentablement trompé de référence historique. Il a confondu Ismaël Omar, le policier et l’agent de l’administration coloniale avec Ismaël Guedi, l’inspecteur du Travail qui s’acquittait de son travail avec foi et rigueur.
Au siècle dernier, notre continent a connu deux sortes de colonisation. La colonisation de peuplement comme l’Algérie et l’Afrique du Sud et la colonisation d’encadrement. La nôtre était de la deuxième catégorie. Elle consistait à occuper les postes clés. Pour pouvoir remplacer un titulaire de ces postes, il fallait une formation théorique et pratique solide, ainsi qu’un sérieux et une expérience suffisante. Les nominations et les fonctions au rabais d’aujourd’hui uniquement justifiées par le népotisme, le tribalisme, le clanisme et la fidélité servile n’existaient pas. Seuls les éléments solides, sérieux et compétents accédaient aux postes occupés par les européens. C’est la raison pour laquelle l’administration coloniale d’alors était efficace, dynamique et performante dans tous ses différents secteurs.
C’est grâce au mérite, seul critère de promotion en vigueur, que j’ai pu gravir toute la hiérarchie et ainsi connaître une ascension rapide dans l’administration. Pendant cette longue lutte pour la libération du pays, de quel côté était le thuriféraire LM et ses maîtres ? Sûrement du côté de l’administration coloniale.
Mes activités antérieures, mon passé, mes différentes responsabilités et ma disponibilité ont été pour beaucoup dans ma nomination en qualité de Directeur de Cabinet par le Président Hassan Gouled Aptidon. Cet homme politique, perspicace, a compris combien je serai utile à mon pays dans mes nouvelles responsabilités, au moment où l’Etat djiboutien, à peine proclamé, demeurait extrêmement fragile comme un nouveau-né.
Après l’indépendance, devant un sentiment de méfiance ou d’attentisme de certains, d’excès d’euphorie chez d’autres, il a fallu consolider le nouvel Etat, organiser la vie post-coloniale, et cela a nécessité beaucoup d’efforts et de réflexion, de nuits entières d’insomnie. C’est pourquoi, je trouve tout à fait injustifiées les critiques de ceux qui n’ont rien fait ou ont étroitement collaboré avec la police coloniale et les services de renseignements. Une fois le pays partiellement stabilisé, il a fallu s’attaquer aux problèmes les plus urgents : La lutte contre la soif, le développement agricole tous azimuts, le développement des ressources nationales, pêche et élevage.
Mais le plus urgent des points cités dessus était le développement de nos ressources humaines. La formation des hommes, de la jeunesse djiboutienne était devenue une priorité des priorités. Ne dit-on pas qu’ « il n’est de richesse que d’hommes ». Devant les nouvelles administrations telles que les Affaires Etrangères, beaucoup d’enseignants décidèrent de quitter leur département considéré comme exigeant et moins rémunéré. Pour les intéresser, les encourager à se maintenir en place, des avantages leur ont été consentis (logements et indemnités). Cette initiative dénote la pureté des intentions des responsables d’alors. Elle a développé la consommation intérieure et relancé la création d’emplois en poussant les djiboutiens à investir dans le bâtiment, elle a relevé le moral du corps enseignant.
Aujourd’hui, nous constatons que le salaire des enseignants est un salaire de misère. Ils fuient leur propre pays pour aller s’établir à l’étranger. Le gouvernement assiste sans réagir à la fuite massive des cerveaux, des intellectuels, des enseignants et des cadres de haut niveau qui étouffent sous ce régime dictatorial. La démotivation des enseignants est à l’origine du niveau alarmant de notre enseignement.
Le gouvernement du RPP se complait dans le recrutement d’étrangers à prix d’or au lieu de mettre sur pied une politique audacieuse et généreuse comme nous l’avons fait en 1978 pour rassurer les enseignants.
Concernant l’ancienne OPS, je précise que j’ai activement participé à la création de l’entité qui lui a précédée c’est-à-dire la CPS en 1968, suivie en 1976 du SMI. J’ai même été Vice-Président de son Conseil d’Administration durant 6 ans, avec une gestion exemplaire. Lorsque j’ai quitté le Ministère du Travail pour la Présidence, la CPS disposait de 6 milliards FD de réserve. La Caisse des Prestations Sociales a prêté au gouvernement djiboutien, en bonne et due forme, avec contrat de remboursement du capital et intérêts, comme l’on fait d’autres établissements : le Port, l’Edd, l’Oned, etc.
Il est normal que les fonds des établissements publics servent à l’investissement, quand on sait combien notre pays avait, par exemple, besoin d’un hôtel de classe internationale. Le Sheraton a coûté à peu près 3 milliards FD et était la fierté de notre pays. Qu’est devenu le Sheraton aujourd’hui ? Qui l’a bradé pour quelques centaines de millions FD ? Qui a dilapidé un capital d’une telle importance, sans aucun remboursement des créanciers ?
La seule réponse : c’est le gouvernement RPP en place. Pourquoi donc rechercher des boucs émissaires, quand chacun connaît celui ou ceux qui sont à l’origine de cet énorme gaspillage des deniers publics.
La Banque de Développement de Djibouti (BDD) est victime de la crise financière qu’a connue notre pays, car le Trésor National doit plusieurs centaines de millions à cette banque. On avance même le chiffre de 700 millions FD qui est la somme des retenues opérées sur les fonctionnaires et autres agents de l’Etat mais qui n’a pas été reversée à la BDD.
Le PK 20 était un projet agricole expérimental. Tous les essais étaient concluants mais malheureusement le coût de production a été trop élevé pour pouvoir poursuivre ce projet. Faut-il rappeler que celui qui officiait à l’époque en qualité de gestionnaire du PK 20, est aujourd’hui l’intendant de la Présidence.
L’administration existait bel et bien, elle fonctionnait correctement, les salaires étaient payés régulièrement, la retraite assurée, la corruption limitée et combattue, la justice quasi indépendante, la santé et l’éducation étaient réellement des départements prioritaires.
Comme chacun le sait, l’Exécutif djiboutien était composé comme suit par ordre d’importance :
– Le Président, Chef de Gouvernement Hassan Gouled Aptidon élu par le Peuple et responsable devant le Peuple ;
– Le Cabinet du Président, Directeur et Chef, responsable devant le Président ;
– La Primature (Premier Ministre) ;
– Le Cabinet du Premier Ministre ;
– Le Conseil des Ministres, responsable devant le Président de la République.
Hormis tout ce qui avait trait aux questions relevant de la sécurité intérieure et extérieure, dévolues au seul Chef de Cabinet et au SDS, toutes les autres décisions se prenaient soit en Conseil des Ministres, soit sur décision du Président de la République, assisté du Directeur et du Chef de Cabinet.
Monsieur L.M, l’auteur de l’article de la « Tribune libre » du journal « Le Progrès » semble ignorer complètement l’organisation ci-dessus, ainsi que les responsabilités des uns et des autres.
En ce qui me concerne, je n’ai pas à avoir honte de mon passé, car j’ai œuvré dans l’intérêt supérieur de notre jeune Nation.
Je ne rejette donc pas mon passé : il a été pour moi source de formation, d’enrichissement, d’expérience et surtout d’humilité car aucun responsable ne peut exister sans la confiance que lui accordent les administrés. C’est enfin ce passé qui m’a préparé pour le Présent et pour mieux me préparer pour l’Avenir. Incha Allah.
Ismaël Guedi Hared
Président de l’Union pour la Démocratie et la Justice
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La LDDH rend hommage à l’UDC
Trente années d’existence travailleuse : l’occasion devait être fêtée à sa juste mesure. Consciente du rôle primordial de l’Union pour le Développement Culturel (UDC) dans l’éducation et la culture, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains nous a fait parvenir l’hommage suivant que nous reproduisons. Nous reviendrons plus en détail la semaine prochaine sur le destin exceptionnel de cette association.
HOMMAGE AUX MEMBRES DE
L’UNION POUR LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL (UDC)
LE 20 OCTOBRE 2003
Hommage aux membres de l’Union pour le Développement Culturel (UDC) ;
Hommage aux membres de I’UDC qui nous ont quittés pour leur dernière Demeure, que Dieu Tout-Puissant leur accorde Sa Paix et les accueille dans Son Paradis céleste ;
Hommage aux membres qui continuent sans relâche à oeuvrer au développement du patrimoine culturel de notre pays, au sein de l’UDC avec indépendance et sérieux.
En cette période du trentième ( 30eme ) anniversaire de I’UDC, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) rend un vibrant Hommage à I’UDC pour les raisons suivantes :
– Considérant le fait que I’UDC a énormément oeuvré sans publicité, avec discrétion, efficacité et abnégation exemplaires au développement et à la promotion de l’Education non seulement des jeunes qui aujourd’hui, et il faut le dire, assument des responsabilités au plus haut niveau de l’Etat, des jeunes donc les études ont été financées, lorsque l’Etat avant ou après I’indépendance faisait défaut, ont été financées grâce au concours de I’UDC, mais aussi à participer à la promotion du Patrimoine de la Culture et des Arts ;
– Considérant le fait que l’UDC a toujours avec discrétion et efficacité oeuvré à la promotion de la transcription et à la diffusion de la langue Afar, en effet, alors que la transcription de la langue Somalie s’était rapidement propagée, parallèlement, I’UDC avait pris avec ses faibles moyens « le taureau par les cornes » en participant avec ténacité et par des méthodes pragmatiques au succès de la promotion de la langue Afar et à la réussite d’une meilleure alphabétisation dans notre Territoire.
– Considérant les actions de I’UDC en vue de mieux propager les instruments internationaux et nationaux, actions dont la dernière en date a consisté à traduire en langue Afar la Déclaration Universelle des Droits de I’Homme et de procéder à sa diffusion dans les secteurs mêmes les plus reculés du Nord et de l’Ouest de la République de Djibouti.
La liste des actions de I’UDC en faveur de la promotion de la dignité de la personne humaine étant longue, la LDDH ne peut que rendre Hommage à toutes les actions positives des membres de I’UDC ;
La Ligue Djiboutienne des Droits Humains encourage vivement les membres de I’UDC à continuer et à amplifier le combat légitime pour le développement de la Culture et des Arts djiboutiens, ses combats légitimes tout en continuant à préserver avec vigueur dans sa volonté d’indépendance par rapport aux pouvoirs étatiques, volonté d’indépendance qui doit servir d’exemple en tant que doyenne des Organisations djiboutiennes Non Gouvernementales.
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