Sans surprise, le parti au pouvoir a remporté les « élections » législatives du 22 février, au terme d’un scrutin marqué par les fraudes, tandis que le président Guelleh tente d’acheter le silence de Paris en se faisant l’avocat de l’intervention au Mali.
Depuis dix ans, l’opposition refusait de participer à des élections tant les tricheries étaient manifestes.
Quelques concessions très timides du régime d’Ismaïl Omar Guelleh comme une dose de proportionnelle (20%), une nouvelle coalition des partis d’opposition, l’Union pour le salut national (USN), et une nouvelle génération de jeunes membres de la société civile combatifs ont permis la participation de l’opposition au récent scrutin.
Pourtant, les conditions d’une élection honnête étaient loin d’être réunies : une Commission électorale nationale qui n’a d’indépendant que le nom (CENI) et l’absence de refonte de la liste électorale. Pis, le régime Guelleh a continué dans ses mauvaises habitudes : la campagne a été émaillée de provocations et d’arrestations arbitraires des leaders de l’opposition, les meetings interdits sans compter les intimidations diverses.
Durant le scrutin marqué par de très nombreuses irrégularités, les incidents se sont multipliés : à Obock, les délégués de l’opposition n’ont pu accéder aux bureaux de vote. Dans certaines localités, Dikhil, Tadjourah, Arta et Ali-Sabieh, l’USN dénoncait des expulsions et des menaces avec armes.
A Djibouti-ville, malgré les violences et les intimidations de tout ordre, les électeurs ont choisi la coalition de l’opposition. Sans surprise, le ministre de l’Intérieur a annoncé une victoire du parti au pouvoir (UMP) provoquant des heurts violents et arrestations massives de membres de l’opposition. Dès le lendemain du scrutin, celui-ci avait annoncé la couleur avec un cynisme inouï :
« Si le peuple a voté contre le pouvoir, on dissout le peuple ».
Le ton était donné et les manifestations de protestation qui ont suivi la proclamation des résultats ont été réprimées à balles réelles avec une dizaine de morts.
Le gouvernement français a regardé ailleurs saluant « la tenue des élections à Djibouti pour la première fois depuis 2003 avec la participation effective de l’opposition ». Quant à la répression de l’opposition, ce sont des « incidents regrettables », la France restant préoccupée « par les débordements survenus lors de manifestations ». Pas de quoi troubler le sommeil de Guelleh.