L’opposition accuse le pouvoir d’avoir fait échouer les négociations inter-djiboutiennes (11-10-2013, Panapress)
Le pouvoir du président Ismaël Omar Guelleh est seul responsable de l’échec des négociations inter-djiboutiennes censées débloquer la crise qui a suivi la tenue en février dernier des élections législatives dans le pays, a affirmé vendredi à Paris un responsable de l’opposition djiboutienne, Ahmed Youssouf.
« Nous étions quasiment arrivés à un dénouement qui prend en compte nos trois principales revendications : la libération de tous les détenus politiques, l’instauration d’un climat apaisé marqué par la fin des arrestations et la liberté de manifestation et d’expression pour l’opposition», a-t-il précisé au cours d’un entretien avec la PANA.
Selon M. Youssouf, président de l’Union pour le salut national (USN), une coalition de l’opposition, le pouvoir djiboutien a accepté ces revendications et la réinstallation à leurs postes des élus locaux évincés par le pouvoir avant de se rétracter pour une raison inconnue.
« Alors que nous étions tombés d’accord la veille après un troisième round de discussions, le ministre des Affaires étrangères, Mahamoud Ali Youssouf, a fait lire à la télévision nationale un communiqué remettant en cause le compromis. De surcroit, il prétendait que l’opposition a accepté les dix sièges que le pouvoir lui proposait dans la nouvelle assemblée», a déploré le président de l’USN.
Il estime que la crise s’est aggravée depuis la rupture des négociations inter-djiboutiennes.
«Le refus du pouvoir d’accepter la voie du compromis a entraîné la révolte populaire qui est allée en s’amplifiant de jour en jour. Depuis plusieurs semaines, nous assistons à des manifestations tous les vendredis à Djibouti-ville et à l’étranger», a souligné M. Youssouf.
«Tout peut désormais arriver dans le pays, du fait de l’autisme du pouvoir. Il est incontestable que la situation actuelle fait peser de graves menaces sur l’unité nationale, la paix civile et la démocratie. Pour notre part, nous avons jusqu’ici fait preuve de retenue dans l’intérêt», a ajouté l’opposant.
L’opposition djiboutienne s’était regroupée lors des législatives du 22 février dernier au sein d’un front uni dénommé USN qui comprend l’Alliance républicaine pour le développement (ARD), le Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD) et l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ).
Le front uni de l’opposition djibutienne, qui revendique 80% des 65 sièges de l’Assemblée nationale, inclut également le parti pour la démocratie et le développement (PDD), le Rassemblement pour l’action de développement et la démocratie (RADD), le Centre de démocratie unifié (CDU) et le Mouvement pour la démocratie et la liberté (MODEL).
Ancienne colonie française devenue indépendante en 1974, Djibouti est dirigé depuis 1999 par le président Ismaëh Omar Guelleh, un ancien chef de cabinet de Hassan Gouled, le premier président du pays (1977-1999), chargé de la sécurité nationale.