Elections législatives à Djibouti: un scrutin incertain
Les Djiboutiens sont appelés aux urnes, ce vendredi 20 février, pour élire leurs députés. Soixante-cinq sièges sont à pourvoir au Parlement. Pour la première fois, l’élection introduit une dose de 20% de proportionnelle et les mouvements d’opposition se sont tous unis autour d’une coalition, l’Union pour le salut national (USN). Le parti du président Ismaël Omar Guelleh – l’Union pour la majorité présidentielle (UMP) – est ainsi confronté à sa plus sérieuse menace électorale depuis dix ans.
Sont appelés à participer à ce scrutin 173 900 électeurs dans ce petit pays de moins d’un million d’habitants. Djibouti bénéficie d’une position stratégique, à l’entrée de la mer Rouge, qui lui vaut d’accueillir les plus importantes bases militaires française et américaine en Afrique.
Changements
Il y a, pour ces législatives, quelques nouveautés. Tout d’abord, il est question, pour la première fois, d’un scrutin de liste mixte avec une dose de 20% de proportionnelle. Jusqu’à présent, le scrutin majoritaire à un tour assurait à l’UMP (le parti au pouvoir) la quasi-totalité des 65 sièges de l’Assemblée nationale.
Pour la première fois également, l’opposition a renoncé à boycotter les élections comme elle l’avait fait depuis les législatives de 2003, estimant que les conditions n’étaient pas réunies. Par ailleurs – ce qui est aussi une nouveauté – les différents partis de l’opposition ont réussi à faire taire leurs divergences pour s’organiser en une coalition – l’Union pour le salut national (USN) – et autour d’un programme législatif commun. L’opposition a fait campagne en promettant notamment de « restaurer les droits de l’homme et les libertés individuelles et collectives » ; « promouvoir la démocratie » et « combattre le tribalisme, la corruption et le népotisme ambiants » à Djibouti.
Un scrutin à caractère plus démocratique
L’opposition et la majorité présidentielle présentent ainsi des candidats dans toutes les circonscritions dont la plus importante est celle de la capitale, Djibouti, qui comptabilise à elle seule 35 sièges de députés. Le nouveau mode de scrutin permettra de donner un caractère plus démocratique à la représentation nationale. Reste toutefois à savoir si l’élection législative se déroulera dans des conditions d’équité et de transparence. L’opposition – qui ne dispose que d’un représentant au sein de la commission électorale et n’a pu obtenir de copie du fichier électoral – émet des doutes.
Joint par RFI, Daher Ahmed Farah, porte-parole de l’USN, explique pourquoi, après dix ans de boycott électoral, les leaders de l’opposition ont décidé, cette fois-ci, d’aller à la bataille.
Daher Ahmed Farah
Porte-parole de l’Union pour le salut national Nous avons estimé que nous pouvions, compte tenu de cette volonté de changement, de nouveau aller aux élections. 21/02/2013 par Ghislaine Dupont |
« Stopper la répression et garantir des élections crédibles »
La FIDH et son organisation membre, la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) s’inquiètent du climat politique et sécuritaire délétère qui a prévalu à Djibouti durant toute la campagne électorale. Elles dénoncent une campagne biaisée par l’action du président Ismaël Omar Guelleh et demandent aux autorités djiboutiennes de garantir des élections équitables et transparentes, et de permettre aux populations de pouvoir se rendre aux urnes sans craindre de représailles.
Joint par RFI, Abdillahi Zakaria, président de la LDDH , dénonce des actes d’intimidations policières à l’encontre de certains responsables de l’opposition.
Abdillahi Zakaria
Président de la Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH). Entre cinq et dix dirigeants de l’opposition regroupés au sein de l’Union pour le salut national ont été arrêtés à plusieurs reprises. 21/02/2013 par Olivier Rogez |