Communiqué de presse de l’ODDH : Déni de la volonté populaire
COMMUNIQUE DE PRESSE
Déni de la volonté populaire
Djibouti, le 24 février 2013
Vendredi 22 février 2013 se déroulaient à Djibouti des élections législatives pour renouveler les 65 sièges de l’Assemblée Nationale. Cela faisait exactement 10 ans que l’opposition avait boycotté toutes les élections (communales, législatives, présidentielles) en exigeant à chaque scrutin des conditions de transparence à savoir : une CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) réellement indépendante, la refonte de la liste électorale, … .
Ce scrutin de 2013 avec cette connotation de 20% proportionnelle constituait une nouveauté dans le paysage politique et une avancée, certes très timide vers la voie de la démocratisation. Par ailleurs, cette nouvelle coalition des partis d’opposition USN (Union pour le Salut National) renforcée par une nouvelle génération des jeunes de la société civile a apporté un regain de confiance au processus électoral.
Il est à prendre en compte également la maturité des Djiboutiennes et Djiboutiens qui ont démontré une fois encore une retenue manifeste face aux provocations et répressions (arrestations arbitraires des leaders de l’opposition, lieu de meeting interdit, intimidations, …) durant la campagne. Comme d’habitude les élections se sont déroulées dans la paix sauf qu’il y a lieu de constater que les résultats provisoires annoncés par le Ministre de l’Intérieur (membre du parti au pouvoir) ne reflètent guère la volonté populaire.
A Obock, refus aux délégués de l’opposition d’accéder aux bureaux de vote, expulsions et menaces avec armes dans certaines localités de Dikhil, de Tadjourah, d’Arta et d’Ali-Sabieh selon l’USN. Et surtout, à Djibouti-ville où malgré l’usage de tous les artifices de la corruption, de l’intimidation, des ordres de missions pour la Garde République, des ordonnances, … le peuple a voté pour la coalition de l’opposition.
La déclaration du Ministre de l’Intérieur vers 4h30 du matin le samedi 23 février ressemblait à la fois à une gifle et une insulte au peuple djiboutien et s’apparentait à une boutade « Si le peuple a voté contre le pouvoir on dissout le peuple ». Que Monsieur le Ministre sache que rien ne pourra supplanter la volonté populaire et qu’à la fin la démocratie triomphera.
Comme d’habitude on s’acheminerait vers une contestation de l’opposition dont l’issue reste incertaine au regard de l’entêtement du pouvoir en place et d’une certaine complaisance de la communauté internationale. Aujourd’hui, après 36 ans de règne sans partage de la vie politique par le même pouvoir, il est indéniable que la vérité de ce scrutin soit respectée si on a une certaine considération de ce peuple qu’on veut représenter et défendre leurs intérêts sur le plan national et international.
L’ODDH demande à la CENI et au Conseil Constitutionnel de prendre en compte les revendications légitimes de l’opposition que ce soit au niveau de l’examen des pièces présentées et au niveau du respect de ce droit fondamental de recourir aux instances juridictionnelles.
L’ODDH appelle la communauté internationale à prendre la mesure de la gravité de la situation et à agir en conséquence en prenant ses responsabilités.
Et enfin, l’ODDH demande aux observateurs internationaux et régionaux de faire preuve d’impartialité et d’indépendance pour aider Djibouti pour l’avènement d’une démocratie véritable.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil