Soutenir la démocratie à Djibouti
Dans un silence médiatique impressionnant, des élections législatives ont lieu aujourd’hui même à Djibouti. Ce petit pays de 23 000 km2 occupe pourtant une position stratégique : il accueille sur son sol des bases militaires française, étasunienne, japonaise, allemande et italienne, destinées à surveiller le trafic pétrolier de la Mer Rouge et le Sahel, actuellement sous tension.
Avec la bénédiction de la France, ancienne puissance coloniale, Djibouti vit depuis son indépendance en 1977 sous le régime autoritaire d’une même famille : l’actuel président Ismaïl Omar Guelleh a succédé en 1999 à son oncle Hassan Gouled Aptidon.
Europe Ecologie-Les Verts s’inquiète de l’organisation chaotique du vote lors de ces élections : listes électorales incomplètes, cartes électorales distribuées à l’emporte-pièce… ainsi que de l’intimidation dont font l’objet plusieurs leaders de l’opposition rassemblée sous le nom d’Union pour le salut national (USN).
Alors que les meetings de l’USN, pourtant interdits, suscitent un engouement sans précédent, le pouvoir a prépositionné des éléments militaires et policiers afin de se maintenir, si nécessaire par la force. Il entend continuer à profiter des dizaines de millions d’euros que rapportent annuellement les concessions des bases militaires étrangères.
Dans cette situation, EELV :
– assure le peuple djiboutien de son total soutien pour exiger et obtenir un scrutin libre et transparent ;
– demande aux parlementaires français et européens d’exiger la transparence sur la politique de coopération militaire que l’Union européenne et certains Etats européens mènent avec Djibouti – à ce titre, une commission d’enquête parlementaire en France sur les circonstances précises de l’assassinat du juge Bernard Borrel en 1995 pourrait être envisagée ;
– demande au gouvernement français de se coordonner avec les gouvernements allemand et italien, voire étasunien et japonais, pour établir des exigences démocratiques en matière de coopération militaire avec Djibouti ;
– demande au gouvernement français et à l’Union européenne de sortir du silence et de s’engager pour soutenir la population djiboutienne dans son combat pour la démocratie.
Elise LOWY, Jean-Philippe MAGNEN, porte-parole