Compte-rendu du quatrième Congrès ordinaire de l’Alliance Républicaine pour le Développement A.R.D.
Djibouti, le 11 Janvier 2021
Le quatrième congrès ordinaire de l’Alliance Républicaine pour le Développement s’est tenu du 25 au 26 Décembre 2020 au siège de l’ARD à Wahle Daba.
Le congrès s’est ouvert avec la récitation de la « Fatiha » par Mohamed Kamil Doran en mémoire des regrettés pères fondateurs de l’A.R.D. Ahmed Dini Ahmed, Chehem Daoud Chehem, Ahmed Youssouf Houmed, Ali Mahamade Houmed et Ahmed Hassan dit « Ahmed Goura » rappelés à Dieu, et des versets coraniques de la sourate « An-Nasr ».
Dans une brève allocution le président du Haut-Conseil de l’ARD, Adan Mohamed Abdou, a remercié les congressistes ainsi que les représentants des partis amis de l’opposition (UDJ, MoDeL, PND et RADD) venus honorer de leurs présences à l’ouverture du congrès pour exprimer leurs solidarités agissantes à l’A.R.D.
Après la présentation de l’ordre du jour par le président de la Commission d’Organisation du Congrès Mr Mohamed Abakari Mohamed, les travaux se sont déroulés dans une ferveur militante sans précèdent. Les délégués venus de toutes les régions et fédérations du pays ont débattu des points inscrits à l’ordre du jour de manière franche et sans concession.
Le secrétaire général de l’ARD, Mr Kassim Ali Dini a quant à lui présenté le rapport moral des activités écoulées. Il a fait référence au troisième congrès ordinaire de Novembre 2014 pour établir un bilan et tracer une feuille de route suite aux graves évènements survenus après la mascarade électorale de février 2013. Plus précisément, les répressions multiformes exercées sur les opposants, la violation de l’accord cadre du 30 Décembre 2014, l’éclatement de l’USN, notamment.
Le secrétaire général a rappelé que « l’A.R.D. a été victime ces dernières années d’entraves répétées à son fonctionnement, menaçant son unité et son intégrité, de violences policières contre ses militants et autres menées subversives du pouvoir dictatorial…
Cependant les résolutions du troisième congrès avaient remobilisé l’A.R.D. qui, après avoir mené des activités de mobilisations et de sensibilisations dans la capitale et dans les régions de l’intérieur, a lancé le bal de la contestation légale en organisant des meetings et des marches pacifiques dans tout le pays, ayant culminé avec les manifestations monstres du 1er Janvier 2015 à l’Avenue Nasser et du 20 Novembre 2015 à Balbala organisées par la coalition de l’USN dont l’ARD était une composante essentielle.
Les militants de l’ARD comme les militants des autres partis de l’opposition ont été déconcertés par l’éclatement de la coalition USN lors des élections présidentielles de 2016. Des élections que l’ARD a boycottées sur décision du Conseil National du parti dès lors que le scrutin était non crédible, notamment en l’absence totale d’une CENI indépendante, tout comme elle a boycotté pour les mêmes raisons les élections régionales de 2017 et législatives de 2018.
La même désaffection a gagné les citoyens djiboutiens à l’endroit de toute élection organisée sous l’égide des autorités djiboutiennes actuelles.
ANALYSE DE LA SITUATION ET PERSPECTIVE DE LUTTE
• Les débats au sein du Congrès ont essentiellement porté sur le contexte national :
Les congressistes ont tous rappelé que l’A.R.D. (ex-Frud-armé) est le fruit d’une longue lutte multiforme.
Les délégués ont rappelé avec force que les violations de l’Accord de Paix de 2001 et de l’accord-cadre du 30 Décembre 2014 avaient directement reconduit et aggravé les causes des conflits, entrainant une situation préjudiciable à la cohésion nationale et à tout développement économique et social harmonieux.
A ces violations est venu s’ajouter un état de siège permanent : harcèlement et criminalisation des opposants, condamnations arbitraires qui ont totalement discrédité l’institution judiciaire nationale, blocus injustifié visant le nord du pays accompagné d’exactions répétées et impunies contre les civils, entraves systématiques au bon fonctionnement des partis légaux rendant ainsi toute vie partisane totalement virtuelle.
L’impunité assurée au plus haut niveau aux crimes et détournements des deniers publics, jointe à la paupérisation grandissante du plus grand nombre et à l’enrichissement sans cause d’une poignée de dignitaires ont gravement déstructuré la société djiboutienne dans son ensemble.
Face à une telle situation, nombre d’intervenants ont exprimé un ras-le-bol national et soulevé l’exigence du départ immédiat du chef de l’État tenu pour responsable principal des violations des Accords de Paix et ultime obstacle à une alternance démocratique à Djibouti.
Résolutions et recommandations
Sur le plan national :
– Accroitre la représentativité nationale de notre parti et sa couverture dans la capitale et dans les régions de l’intérieur.
– Renforcer la coordination des activités du parti à l’intérieur et à l’extérieur.
– Renforcer le parti sur le plan structurel, humain et financier.
– Améliorer la communication du parti en relançant le journal « Réalité », et en créant la télévision partisane mais ouverte sur la société depuis l’Extérieur du pays.
– Initier et mettre en place un programme de formation politique pour les militants en général et la jeunesse du parti en particulier.
– Adoption des résolutions du Conseil National de l’ARD du 3 Juillet 2020.
– Intensifier les contacts avec toutes les sensibilités de l’opposition afin de renforcer l’unité d’action et de réflexion.
– Elaborer de concert avec l’ensemble de l’opposition un programme de transition politique à Djibouti en vue de l’avènement d’une deuxième république.
– Renforcer les activités de l’opposition et de la société civile djiboutienne dans la perspective d’un cadre unifié sur le modèle de la vocation originelle de l’USN et qui impose à chacune et à chacun un nouvel horizon à réinventer pour promouvoir une dynamique et une approche stratégique nouvelles.
– Mobiliser le peuple, en premier lieu sa jeunesse et toutes les forces vives de la nation dans l’optique de faire barrage au 5ème Mandat de trop d’Ismaïl Omar Guelleh.
– Concernant la représentation extérieure, procéder à l’élargissement du parti sur toute la sphère Européenne et Américaine avec des représentants décentralisés par pays et par région.
Sur le plan régional et international
– Accompagner la dynamique de paix dans la région en normalisant nos relations diplomatiques avec l’Erythrée et trouver une issue juridique au litige frontalier sous l’égide des Nations Unies et de l’Union Africaine en y associant les anciennes puissances coloniales (France/Italie).
– Faire sortir notre pays de l’isolement en renforçant les relations de bon voisinage avec les pays de la région.
– Alerter la communauté internationale sur les risques réels à Djibouti d’un cycle de contestation/répression.
– Soutenir la lutte contre toute forme de terrorisme en rejetant l’amalgame entre Islam, Islam politique et terrorisme.
ELECTIONS DU PRESIDENT ET DU CONSEIL NATIONAL
Après avoir adopté les résolutions, les délégués ont procédé à l’élection du nouveau président de l’ARD.
A l’issue d’un scrutin secret où les délégués ont voté de manière libre et transparente et en présence d’un Huissier, le candidat Adan Mohamed Abdou a obtenu la majorité absolue des voix et par conséquent a été élu 3ème président de l’ARD.
Les délégués ont par la suite élu un Conseil National élargi.
La liste complète des membres du conseil national sera transmise à toutes les Fédérations du Parti.
Les congressistes appellent enfin les Djiboutiens épris de Paix, de Justice et luttant pour l’Alternance démocratique à renforcer les rangs de l’ARD.
Le rapporteur
Ahmed Ali Mohamed