COMMUNIQUE DE PRESSE
Dérive dangereuse et sectaire
Djibouti, le 27 juillet 2013
« La parole du sage s’écoule dans la clarté. Mais de tout temps les hommes ont préféré boire l’eau qui jaillit des grottes les plus obscures. » Amin Maalouf
Le Pouvoir rend fou, dit-on. D’autres affirment que le pouvoir est une drogue dure. Comment ne pas penser à ces adages lorsque nous sommes face à des hommes politiques et de surcroit ministres de leur état, capables de distiller la haine et l’appel à la vindicte populaire sur leurs adversaires politiques.
En effet, ces derniers temps le pouvoir en place dévoile une stratégie aux antipodes des annonces sans lendemain de négociation politique avec l’opposition. A travers des tournées intitulées « Tournées ramadan du RPP (Rassemblement Populaire pour le Progrès, sigle du parti au pouvoir) », nous avons pu observer à travers Youtube et les réseaux sociaux des ministres et non des moindres porter des accusations graves sur des concitoyens et en particulier les membres du MoDeL qui sont stigmatisés.
De quoi s’agit-il ?
L’un des objectifs premiers de ces « tournées ramadan du RPP » est de présenter le mouvement MoDeL (Mouvement pour le Développement et la Liberté), formation affiliée à l’USN (Union pour le Salut National, coalition de l’opposition) comme un groupement de corpuscules religieux sectaires et fanatisés dont l’agenda caché est la destruction de la république de Djibouti.
Pourtant, la réalité est tout autre. Le MoDeL est principalement constitué des jeunes issus de la société civile surtout d’enseignants de terrain et d’universitaires, de cadres d’établissements, de travailleurs indépendants, d’animateurs sociaux,…. D’autre part, parmi les quarantaines des membres fondateurs il n’y a que 3 cheiks ce qui représente statistiquement moins de 8% et l’un d’entre eux est avant un docteur en lettres (thèse sur Henry de Monfreid) diplômé de l’INALCO de Paris (France).
Malheureusement ces raccourcis hasardeux et inhabituels ne convaincront ni le peuple de Djibouti ni la Communauté Internationale. D’ailleurs, tant que la parole des cheiks était perçue par le pouvoir comme «l’opium du peuple », elle était la bienvenue. Ceux dont on revendiquait hier la proximité et l’amitié sont devenus aujourd’hui des parias. Ceux dont on passait hier leur discours sur la seule et unique radio et télévision nationale sont aujourd’hui assimilés à des terroristes notoires qu’il faut nettoyer de la place publique.
En fait, leur seul crime c’est leur engagement politique pour apporter une éthique et une nouvelle gouvernance dont le leitmotiv est une démocratie véritable, une gestion transparente de la chose publique et un partage équitable des richesses du pays. Face aux sensationnelles mensongères distillées médiatiquement nous devons opposer une lucidité et un esprit critique pour condamner ces agissements qui risquent de compromettre la paix sociale. L’histoire récente est riche d’exemples de pays entrainés dans des abîmes effroyables par manque des règles démocratiques et par des appels à l’animosité des gouvernants. Il n’y a aucune raison que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets et le brasier ne faisant pas de quartier nul n’est sûr de tirer son épingle du feu.
L’ODDH lance un appel pressant aux hommes et aux femmes de Djibouti et à la Communauté Internationale pour une vigilance accrue sur la situation actuelle.
Agir pour la démocratie, la dignité et la justice.
Le Président de l’ODDH
Farah Abdillahi Miguil